Récit de la course : La Magnétoise 2008, par Mustang

L'auteur : Mustang

La course : La Magnétoise

Date : 24/2/2008

Lieu : Magnée (Belgique)

Affichage : 2427 vues

Distance : 64km

Objectif : Pas d'objectif

10 commentaires

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La Magnétoise

En ce dernier week-end de février, je  prends  la route  pour  aller courir en Belgique et cela pour la troisième fois en  moins de dix  mois. Cette fois-ci, je suis accompagné  par Allain et Emmanuel, la Mouette ! Après un crochet par Orly où nous avons déposé  le fils d’Allain à l’aéroport, nous prenons  la direction d’Olne, un petit village au sud-est de  Liège. Le voyage se fait sans encombre au rythme des  musiques des  années 60, 70 et 80 enregistrées sur  mon MP3 par le Lutin.  Cependant, au fur et à mesure que  nous approchons des Ardennes, la Mouette s’inquiète de  la tournure que  prend le relief. Pour  lui,  il en est resté au  plat pays de Brel. Erreur, le relief se creuse singulièrement.

A quelques  kilomètres de  point d’arrivée, notre route est  bloquée à Nessonvaux  par un carnaval. Nous essayons de  négocier une autre route en  montrant  une carte à  une policière mais celle-ci  n’a pas ses  lunettes pour  la  lire ! Après discussion avec un autre représentant de  l’ordre qui a déjà couru la Magnétoise, nous rebroussons chemins et  prenons  une  petite route vers  un village dénommé La Forêt. La  montée vers ce village se fait  par  une route avec quelques  lacets de belle allure  montagnarde qui enlèvent les dernières  illusions de  la Mouette. A Olne, nous avons vite fait de trouver le chalet d’accueil grâce  à l’obligeance d’autochtones  pour  lesquels  nous avons expliqué que  nous venions pour  un  jogging. Observateur, Emmanuel note qu’ils  ont  un accent. Nouvelle erreur de sa  part ! Ce ne sont  pas  les  habitants du coin qui ont  un accent  mais  nous ! Hé oui Emmanuel, comme  monsieur Jourdain faisait de  la  prose sans  le savoir, tu parles avec un accent !

 

 

                                                l'équipe ch'tis Philippe, Bruno et Pégase

 

A  peine entrés dans le chalet, Pégase  se  jette sur  la Mouette.Faut dire que ce dernier est illustrement connu depuis la  mémorable  photo prise au ravitaillement du off  normand. Ce ch'ti  de Lille n’est pas venu seul, il est accompagné deux autres copains, Philippe et Bruno. Tout de suite, c’est  un accueil chaleureux avec eux ! Merci Kikourou ! Bon, ça ne fait pas 5 mn qu’on est là, que nous avons déjà un verre de bière à la main !

 


 

Philippe, encore  un mais c’est  l’organisateur, nous accueille à son  tour avec beaucoup de chaleur. On passe  à l’inscription. Par  habitude, je tends  ma  licence mais le gars  ne s’en embarrasse pas ! Je  paie 43€  pour les deux  nuits avec le petit-déjeuner (2x12€), l’inscription (avec t-shirt et repas d’après course) et  la  pasta-party. Qui dit  mieux en France ? Le  petit Yéti alias Wouters Hamelinck, encore tout auréolé de sa victoire  à l’éco-trail de Paris de  la semaine dernière, fait son entrée avec son célèbre  vélo pliable. Tout en simplicité !

 

 

 
Le petit Yéti 

 

Après  le repas, direction  l’hébergement à quelques  kilomètres de  là. On suit la voiture des t’chis vers Soumagne. Surprise, on est  logé dans un  immense château ! Avec des vraies douves ! Dans  la chambre, ce sont  les  préparatifs  pour  le lendemain puis dodo. Lever matinal et  petit-déjeuner  à 6h dans  une  immense salle en compagnie d’autres coureurs.

                                                      Notre humble  hébergement 

Retour ensuite au chalet. La fébrilité  y règne. J’y retrouve des figures familières: Madness le maître d’œuvre de l’UTL, Astro de retour d’Ethiopie avec les Célestes, le Gaumais et quelques autres. Il est  passé de 7 heures, nous  nous dirigeons à pied vers  le centre d’Olne afin de  prendre  le bus  pour  Magnée, lieu du départ. Durant  le trajet, je repense  à mon naufrage au RTT, d’il y a  un mois. Et me voilà au départ d’un trail qui fait  le double en distance ! Seulement, voilà, la forme semble revenue. Décidemment  janvier  ne me réussit  pas. J’ai bien vu qu’au cross de Silly, le 9 février dernier, je n’étais pas si mal que ça. Et les derniers entrainements en forêt  me  l’ont confirmé.  Cependant, j’ai quand  même  un peu d’appréhension mais  les sensations sont bonnes.

Oh, notre chauffeur s’est trompé de route ! Avec son bus  à rallonge, sa  marche arrière est coton ! Enfin nous voilà à Magnée. On débarque sur  la  place.

 

 
avec Allain 

 

Ce sont  les derniers  préparatifs. Pas de spectateurs ! Je connecte  mon GPS.  Je cale  mon MP3. Et c’est  le départ ! Comme ça ! La troupe s’élance calmement. L’organisateur  nous a  prévenus: quand  ça ne descend  pas, c’est que ça  monte ! Bon, et bien  pour commencer, ça descend ! Nous cheminons ensuite dans  un bois. La  piste est  glaiseuse  à souhait, gare à celui qui a  mal  lacé ses chaussures !  J’ai emporté  mon gros appareil  photo que  j’ai mis dans mon sac  à dos.  Au bout de quelques  kilomètres, je  le sors  pour  prendre quelques  photos  mais  je  me rends compte que cela  me prend du temps, que  j’emmêle les fils du MP3. Bref, je ne vais pas faire de  photos aussi souvent que  je  le souhaite. C’est dommage, car les  paysages traversés sont vraiment superbes. La région est donc extrêmement vallonnée et je suis  un peu surpris  par  la raideur des  pentes  à gravir et  à descendre. Le profil me rappelle tout  à fait celui du trail de la Vallée de  la Vère en Suisse Normande.  La  Mouette et Allain sont  partis devant. Pour  l’instant, mes  sensations sont bonnes.  Bientôt, on arrive à Chaudfontaine  au km5. On traverse  la route. Il y a encore des signaleurs mais  plus tard, il n’y en aura pas. Et il faut  beaucoup de  prudence  pour traverser au milieu de la circulation ce qui étonnera  beaucoup la Mouette. En France, c’est bien sûr, impensable. Les  premiers  kilomètres ont donné  le tempo. Ce  ne sera  pas  du gâteau ! Bon, je file  mon train, mais surtout pas d’excès !  Enfin si ! Vers  le 13e  km, il y a  une bien belle descente dans  un chemin creux assez étroit. Vraiment  pour frimer, je  m’élance à la Lutin. C’est grisant. Au passage, je  passe Allain.  Bon, ce sera  mon seul coup de folie ! Faut  bien se  faire  plaisir. Dans  un chemin bien  humide,  je croise  une équipée  motorisée. Pas de salut entre  les coureurs et  les  motards, c’est  un autre  monde ;

Mine de rien  les  kilomètres défilent. J’arrive au Km 25 à Cornemont pour  le  premier ravitaillement en 2 h 44, ça donne  un petit 9 à l’heure, ce n’est pas si mal que ça ! Je fais quelques  photos et  bois de  l’eau. Tout  le  long de  la course, je vais m’alimenter et boire très régulièrement. J'ai  le camel-back de Raidlight car je voulais avoir la contenance  la  plus élevée mais le système d'aspiration est  nul. Il faut trop d'effort  pour aspirer  l'eau si bien qu' à chaque fois que  je veux boire, j'enlève tout  le système  pour boire directement au tuyau - si Benoît me  lit, s'il te  plaît, change ce système idiot!- Mais j’arrive bientôt dans  ma zone de doute, celle des 30-40km ! J’essaie de  ne pas trop regarder  le cadran du GPS où les  kilomètres défilent avec lenteur ! Mais je  ne suis  pas vraiment    pour  ça. Un semblant de ciel  bleu éclaire  la région.  Nous traversons des vallons étroits où les chemins sont  parfois assez  gras, d’autres  sont  plus secs avec  des affleurements schisteux.

Nous traversons des  hameaux avec des  maisons  bien cossues. Le  plus souvent, ce sont des  bois de résineux. Les coupes fraîches  embaument  la résine. Etonnamment, la végétation est en avance. Des feuillages de  jacinthes et de  muguets tapissent déjà les  sous-bois. A un endroit  même, les  jacinthes ont sorti leurs clochettes violettes. Ces  jeunes  feuillages foulés exhalent  une odeur tenace d’ail. Les vues qui s’offrent sont superbes. Je chemine tranquillement. La trentaine de coureurs que  j’avais  passés dans  la  première partie commence  à me remonter. C’est le cas  pour Astro, puis le  jeune Philippe.

 

 


 

A Becco, au km 45, dans  une  petite ruelle, c’est  le deuxième  ravitaillement. Là, il y a boire et à manger. Beaucoup de gentillesse, de sourires. Chacun  prend son temps. Je  me restaure copieusement. Je repars. On quitte  le village  pour traverser  des  herbages.  Nous franchissons de curieuses  barrières en V pour  passer d’un  pré  à un autre. Le  profil est toujours aussi mouvementé. C’est  dimanche, je croise de  nombreux promeneurs dans  les chemins et dans  les forêts. Je salue la  plupart d’entre eux. Je suis assez étonné de  leur réaction, enfin  plutôt de  leur absence de réaction, c’est  proprement de  l’indifférence qu’ils manifestent à notre passage. Les sourires sont rares, les encouragements encore plus. Vers  Banneuil, au km 53, nous croisons un groupe de randonneurs. Certains ne se donnent  même  pas  la  peine de s’écarter  pour  laisser  le passage. Je siffle  pour annoncer  mon arrivée. Bon, chacun son truc ! Je  ne cours  pas seul, je suis toujours en vue d’autres coureurs. Certains progressent avec des  bâtons.

 


 

Je consulte  toujours  mon GPS. J’ai revu  mes  prévisions  à la baisse. Je tablais entre 7h et 7h30, là j’espère faire  moins de 8h ! Ma  moyenne  horaire  baisse  inexorablement mais  elle reste  honorable. Je sais qu’il  me reste moins de 20 km à parcourir, je  me sens  mieux. Dans  une course, il  y a toujours des  moments de doute mais  là, finalement, je  me sens rassuré. Je vais finir.

 

 


 

Une très  longue descente  précède le dernier  ravito au  km 55. Elle  n’en finit  pas. Je sens  les  pierres  à chaque  pas, je  ne suis pas vraiment  à mon affaire, le coureur qui est derrière  moi non plus ! Des stèles en  pierre se dressent  tous  les cents  mètres. Vivement que  le chemin remonte, je me sens  mieux  à  mon aise ! Je vais  être servi ! J’arrive  à Basse Fraipont. Il s’agit de couper  la route. La circulation est  importante, la route sinueuse, donc peu de visibilité. Il faut faire attention car  les automobilistes  belges  ont  le  pied  lourd. Je franchis cette route et me retrouve à grimper la côte  la  plus sévère du parcours. C’est un vrai mur. Lorsque  j’arrive sur  la  partie  goudronnée, le  mot courage est inscrit ! Oui, il en faut. Bon, on peut penser décemment que  nous en avons terminé. Non, je le sais pour l’avoir  vu le  plan, et le coureur qui m’accompagne  me  le confirme. Il en reste  une autre,  juste  à la fin ! Alors, on redescend d’abord dans  un pré pentu puis par  un petit sentier en lacet avec cette  même  odeur d’ail. Je traverse  le bourg de Nessonvaux, là même  où hier se déroulait  le carnaval puis c’est  une  longue remontée vers Olne  par un chemin. Je préfère trottiner  plutôt que de  marcher. J’ai en  point de  mire  trois coureurs. Je vais  me rapprocher d’eux. 

Un dernier virage à gauche, j’aperçois les  tennis. Est-ce  bien  là ? Oui, dernières  foulées. Bonheur ! A peine rentré dans le chalet  qu’un verre de  bière m’est placé sous  le  nez !! Merci Madness, mais je vais attendre  un peu. Je  me dirige vers  la voiture  pour m’allonger, les  jambes en hauteur par  précaution mais je sens  bien que  ça va bien, rien  à voir avec l’état à Marlhes. Je retourne au chalet pour  la douche et le massage. Après cela, le verre  à la  main, je  peux attendre l’arrivée des copains !

Jusqu’à la  fin, les coureurs vont être chaleureusement accueillis. Ici, pas des discours, simplicité et convivialité ! On se retrouve autour d’un superbe couscous avec les ch'tis.  Voilà, c’est un réel bonheur que de courir en Belgique !

 

 
Philippe l'organisateur 

 

10 commentaires

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 26-02-2008 à 21:42:00

Superbe récit que voilà mon Mustang. Je suis ravi de voir que le Canasson is back ! Je vais morfler à Radon encore c't'année.Il faudra que je t'accompagne un jour en Belgique, le merveilleux pays de la bière. Quant aux t'chis... ça va faire marrer les ch'tis !!

Commentaire de Kiki14 posté le 27-02-2008 à 09:14:00

Superbe récit mustang ...quelle course a pied ...t'es vraiment tombé dans "le panneau"...
c'est vrai que le paysage ressemble un peu a la suisse normande...et la boue a celle qu'on y voit souvent la-bas (ce qui fait une partie de son charme..lol.....
par contre celle de la bière est vraiment attrayante et à boire sans appareil d'aspiration....direct au goulot....lol..

un grand BRAVO à toi et encore merci

Commentaire de eric41 posté le 27-02-2008 à 12:46:00

Bravo Mustang pour ta course.
Effectivement la forme est revenue et merci pour ces belles photos.
Eric

Commentaire de espace_marathon88 posté le 27-02-2008 à 13:42:00

Salut mustang,

Felicitation pour ta performance du jour. Il fallait avoir du courage pour braver ces 64km. Tu l'as fait, chapeau bas.

Tu as sans doute croiser Martin Jambois (qui a fait la translorraine) qui y etais egalement.

Pour ma part, j'attendrais encore quelques anées avant de pouvoir la faire.

Bonne recuperation

a bientot

Commentaire de sylvain61 posté le 27-02-2008 à 23:44:00

Bravo Philippe !! Apparamment t'es atteint d'une célestinite assez sévère ... les syndromes sont relativement courant une irepressible envie de courir longtemps, de s'hydrater trés souvent, et une bonne humeur persistante...

et dire, que le Lutin n'est pas encore contaminé...pfff

ah oui, ça se dit comment Mouette avec l'accent wallon ??

l'GGO_un jour la France sera wallonne

Commentaire de fabzh posté le 28-02-2008 à 12:04:00

Bravo et merci pour ce récit.
9a fait plaisir de te retrouver en pleine forme.
Bonne récup.

Commentaire de Pegase posté le 28-02-2008 à 17:33:00

Merci philippe pour ce moment d' échange. C' est toujours un régal de rencontrer de nouveaux kikoureurs autour d' une bonne bière. Ma prestation sur cette course fût des plus mémorable. Un pegase aux ailes grippées et poutré par les Normands. A bientôt pour la revanche.

Commentaire de -loulou- posté le 29-02-2008 à 22:08:00

salut mustang
bravo pour ton récit et ta course, je vais mettre dans mon programme l'abrogation du mois de janvier

Commentaire de Xavier DUQUENNE posté le 01-03-2008 à 19:31:00

Excellent récit. Les illustrations photos marquent bien l'atmosphère de la course ; je dirais même... le vécu du coureur. On peut déclarer, à juste titre, que les sportifs sont aussi des littéraires. Tu es, comme qui dirait, le Saint-Exupéry de la course à pied. Bravo ! Xavier Duquenne (copain d'Allain)

Commentaire de Jo le Parigot posté le 03-03-2008 à 21:12:00

Bravo Mustang pour ta performance et ton récit !
On nous aurait menti avec le Plat Pays ???

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