Récit de la course : Saintélyon 2007, par bouzzy-goulum

L'auteur : bouzzy-goulum

La course : Saintélyon

Date : 2/12/2007

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 5062 vues

Distance : 69km

Matos : Nike air zoom élite

Objectif : Terminer

9 commentaires

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Ma 3ème Sainté lyon

1m73 – 61 kgs : Dans 7 heures, c'est ma 3ème Saintélyon.

Comme d'habitude, je suis un peu tendu : cette fois, le temps est humide ; Il va encore y avoir ces flaques traîtresses et ces cailloux glissants, les rattrapages magiques en déséquilibre avancé lorsqu'on frôle la correction, les doigts stupidement dirigés vers le sol pour amortir le crash éventuel ...

Mais bon, ça devrait passer ! J'ai fait ce qu'il fallait sur les trois derniers mois (Un démarrage tardif :  2007 a été une année de séparation, de déménagement, puis de bricolage et réhabilitation de mon nouvel appartement). Mais depuis septembre, pas mal de sorties nocturnes d'entraînements dans les chemins entre Lyon-Vaise et le mont Verdun en me limitant à 3 heures par sorties : J'ai découvert à mon grand étonnement nombre de chemins "pleine nature" si près de la ville et si noirs la nuit.

 

En 2005, j'avais inclus dans mon programme 2 sorties de 45 kms à l'entraînement : Ce fut sûrement une erreur car la seconde par temps glacial et en panne d'eau m'avait fallu une tendinite qui s'était réveillée durant la grande nuit lors du passage à St chisto-en-jarrez ; J'avais tout de même fini l'épreuve en 6h54 mais cet entêtement à finir l'épreuve m'avait valu 3 mois de convalescence ; Je me souviens des douleurs subies dans les descentes et de ma réponse à ce concurrent étonné de me voir continuer en descendant à cloche-pied les escaliers de Choulans : "ça fait 45 bornes que je suis dans cet état : je ne vais pas lâcher à 3 bornes du palais des sports ; s'il faut, j'y arriverai en rampant !".

 

En 2006, je me pensais vraiment affûté : 58,8 kgs et je pétais la forme même si un doigt cassé à l'entraînement à la mi-novembre m'avait un peu contrarié. Les conseils de prudence faisant leur effet, j'étais parti cool, en courant vraiment souple. La petite pluie, le terrain humide et glissant, la brume et les flaques, 3 ou 4 chutes évitées de justesse, une course en dedans : Nous avons toujours de bonnes raisons de perdre trop de temps sur une première partie de la Saintélyon et ces minutes ne se rattrapent pas ensuite ; 6h52 en 2006 m'avait laissé un léger goût d'inachevé ... Que cette course est difficile à bien gérer !

 

Le soin des ongles est traditionnellement une semaine avant la course mais il reste toutefois quelques opérations le samedi pour se sentir bien : Rasage, épilation, masque au visage, se détendre dans un bain chaud, un coup de parfum et mettre mes lentilles de contact le plus tard possible. J'attache aussi une grande importance à la nourriture : Des pâtes sans gruyère le midi accompagné de pain et d'une sauce tomate et de fruits variés au dessert (clémentines, pomme craquante et banane) ; Pour le soir, sur place à Saint-Etienne, ce sera sandwich au jambon (sans beurre) et pomme et banane. J'intègre aussi des vitamines (J'ai bien dit des vitamines mais pas de conneries !...). Dernièrement, je me fais une cure d'arnica 9ch en granules. Et puis aussi, je bois beaucoup. Pas le temps de faire la sieste au final car j'ai encore le sac à préparer en choisissant avec soin mes habits : Le plus important y est à mon sens ce qu'on voit le moins, les sous-vêtements !

 

Ensuite, Saint-Etienne par la navette : Mauvais présage sur le parking où je me prends les pieds dans le seul trou qui traîne et m'étale lamentablement par terre, sans bobo heureusement ...  Je cherche des visages connus : J'en trouverai 2 ou 3 avant d'aller sur la ligne de départ.

Meilleur présage où une coureuse sympa me reconnaît : J'aimerai bien faire un bout de chemin avec elle  mais dès le départ, les choses se compliquent et elle disparaît dans un virage : Je me retourne, je ralentis mais je l'ai bel et bien perdue ; Je pars donc à mon rythme. Je ne force pas dans les montées mais je prends garde à allonger dans les descentes où je double des coureurs par grappe (je sais que je descends par mal sur le bitume). Les premières montées vers Sorbiers font immédiatement baisser le rythme et les positions bougent : Je double autant qu'on me double ...  Les choses semblent bien parties mais nous sommes encore dans la phase d'échauffement : La petite descente vers St-Christo est pour moi l'occasion d'allonger la foulée ; C'est là que ma tendinite s'était réveillée en 2005 aussi c'est une façon de conjurer le sort. Mais la vie est ironique et je chute contre une des 2 marches juste après un des ponts de bois de St-christo : Il paraît qu'elles seront annoncées à mes suivants ; Pour l'instant, je n'ai pas eu mal aussi je lâche quelques blagues à mes compères de route (qui visiblement n'aiment pas parler en courant ...). Je passe la balise de chrono en 1h21 alors que je prévoyais 1h30 : Pour l'instant, cela me laisse satisfait mais prudent.

 

Je sais trop que la boue et les flaques vont commencer leur travail de sape : Mes chaussures volontairement très typées bitume ne me facilitent pas la tache sur les hauteurs ; J'ai l'impression d'être en pneus Slick avec 400cv sur le revêtement intérieur mouillé d'un supermarché ; Effectivement, quelques bornes plus haut, et après quelques frayeurs, je glisse lors d'un appui du pied gauche en évitant une flaque, je me rattrape du pied droit qui se dérobe aussi sous l'appui et je pars en plongeon dans la flaque de boue suivante ; Quelle gamelle ! Quelle gerbe de boue !  Je suis presque intact mais plutôt crado. Personne ne m'a marché dessus et je repars aussitôt : L'incident n'a pas duré plus de 5 secondes. Superstitieux, je me dis qu'une 3ème chute doit m'attendre mais je me détends en me disant qu'avec celle du parking, le compte est bon. Je reste néanmoins prudent sur les chemins.

La descente sur Ste-Catherine se passe plutôt bien même si c'est plutôt lent : Mais 2h26 au contrôle, c'est presque 20 minutes de mieux que l'année d'avant !?.... Entre Sainte-Catherine et Soucieu, je gère : je ferai même une pause pipi dans le bois d'arfeuille (30 secondes, pas plus ...) : J'essaye surtout de rester régulier, de bien m'alimenter et de faire des pauses boissons rapides lors des ravitos. Je souffre de crampes au ventre qui se soulagent avec des séries très détonantes de pets : Désolé pour les suivants, mais ça me fait vraiment mal durant 30 secondes à chaque fois ....  Pour le reste, je me sens toujours assez bien avec de faibles douleurs aux jambes. Dans cette partie, j'ai l'impression qu'on me double beaucoup mais c'est normal : ça ne m'inquiète pas plus que ça.

 

Enfin Soucieu arrive en 4h09' : Pour moi, c'est le top départ d'une seconde course car je vois immédiatement que je suis encore sur une base de 6h30 aussi j'essaye de vraiment trouver ma limite et je continue à courir de plus belle : Je suis partagé entre l'émotion de m'offrir un nouveau temps et la crainte de le louper ; Je sais que cela va se jouer à très peu et chaque nouveau calcul me confirme que ça va être très juste. Je partage mes impressions avec des coureurs de rencontre mais je me retrouve toujours seul : les résultats du lendemain me montreront que j'ai doublé plus de 50 coureurs sur le dernier secteur. Pourtant alors que j'ai couru dans toutes les autres montées, j'ai décidé de marcher vite dans celle de Sainte-foy et de me ravitailler en même temps : Deux gels et une crème de marron plus loin, c'est reparti.

La plongée sur Lyon me semble d'un train d'enfer compte tenu de ce qui me reste de lucidité, de jambes et de souffle. Sur les quais de Saône, je flirte avec le bord du quai pour éviter les pavés quitte à prendre le risque de tomber dans la saône. A Bellecour, il reste 4 bornes et je suis "presque" bon. Il faut tenir, maintenir l'allonge et la cadence : je pense tour à tour à l'un puis à l'autre ; Depuis 15 bornes, de rares coureurs de relais me doublent et j'arrive presque à les suivre parfois mais mes calculs à chaque indication de kilomètre me laissent de plus en plus perplexe ! Le rythme est très dur à tenir ... Un dernier grillage pique dans la Doua : Une descente de fossé, un virage en glissade dans l'herbe et j'accélère sur la ligne droite, avec mes chaussures qui glissent sur l'herbe mouillée. J'entends le speaker annoncer à 150m de la ligne que c'est fini pour 6h30' : Je dis "merde" tout fort et je sprinte par dépit. Visiblement, l'homme au micro ne m'avait pas vu et devient alors mon meilleur supporter en se réveillant d'un coup :

- "fonces, vas-y , tu es encore en 6h29"  .... allez !   6h29'39"  !! 

Je n'ai même pas fait gaffe au photographe sur l'arrivée : Je me retrouve groggy sous la tente d'arrivée et je tombe en tailleur sur mes fesses, crevé mais content. Un "copain coureur costaud" me voit et me lâche : "mais tu es déjà là, toi ?...Je viens juste d'arriver " ;      Eh oui, je suis déjà là.      FIN DE MA COURSE !  

 

Ma connaissance féminine du départ arrivera environ ¾ d'heure après : Je lui fais spontanément une bise ; Je suis content de la voir au bout ; En fait, cette fois-ci, j'aurai volontiers envie de tomber dans les bras de tout le monde ...

 

Mais il me tient aussi à cœur de remercier les bénévoles et le public omniprésent à l'arrivée mais aussi dans certain village : Merci à tous ces anonymes qui étaient debout à 3 heures du matin pour nous applaudir, nous les coureurs ; Merci à cette jeune fille au blouson rouge que j'ai aperçu dans 3 villages différents durant ma course (Qui suivait t'elle ?... où était-ce un mirage ?...). Merci à tous les autres que je n'ai pas vu. Moi qui reste bavard en course, j'ai bien du leur dire 100 fois "merci" sur le parcours mais je pense sincèrement cela insuffisant ; Que cette trace virtuelle soit pour eux !

9 commentaires

Commentaire de L'Dingo posté le 04-12-2007 à 12:24:00

Bienvenue à bord Bouzzy-goulum,
Ton récit marque une belle régularité sur 3 ans avec en plus une belle progression de presque 20mn.
<6h30 ; Il ne te reste plus qu'à gagner encore 10 petites mn pour la Sté d'Or.
Chapeau.

Je crois que tu n'as pas croisé le chemin des kikous cette année alors à 2008 :-))

Commentaire de vial posté le 04-12-2007 à 21:47:00

A ce rythme-là basta pour la galanterie: tu as retrouvé ta créature du départ sur la ligne d'arrivée, mais tu ne l'as pas vraiment attendue!!
A la lecture de ton récit c'était ton jour - je veux dire ta nuit et tu as su saisir le bon moment pour un super chrono. C'est vrai que tu avais écarter tout risque "du jamais deux sans trois"
Bravo

Commentaire de Kriko posté le 05-12-2007 à 11:00:00

Äh oui, c'est pas la même planète... superbe course, félicitations.

Commentaire de blob posté le 05-12-2007 à 22:30:00

j'adore le parallèle avec les pneus slicks. Félicitations pour ta course

Commentaire de Say posté le 06-12-2007 à 15:47:00

Je sens presque une pointe de regret de ne pas avoir fait de 3° gamelle! ;-) Bravo et quelle progression! 1/2h au niveau où tu évolues, ce n'est pas rien.

Commentaire de Gibus posté le 10-12-2007 à 14:26:00

Bravo, les bains de boue t'ont peut-être aidés a faire - de 6h30.
Chapeau

Commentaire de Mamanpat posté le 10-12-2007 à 20:42:00

J'ADORE !!! Quel super récit, emprunt d'humour !!!

Ca fait tellement plaisir de rencontrer son homologue masculin dans la catégorie chute débile en tout genre !!!!!

Et puis c'est rassurant de savoir que finalement certains petits désagrements sont l'apanage de tous !!! Sauf que quand on est noyée dans le gros du troupeau c'est moins aisé...

Bravo pour ce superbe chrono !!!

Commentaire de p'tetortue posté le 15-12-2007 à 11:17:00

quelle franche rigolade, à la lecture de ton récit (ta bataille contre la boue). chapeau pour ta performance.

Commentaire de Jerome_I posté le 16-12-2007 à 18:40:00

Salut, bravo pour ton CR. Je me suis bien maré en pensant à cette chute sur le parking de St Etienne. Pour la deuxième, ces "pu*%$" de marches après le pont de bois, sont traites, tu n'es surement pas le seul. Par contre bravo belle progression 30min de moins avec 1km de plus...

Jérome

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