Récit de la course : Saintélyon 2010, par quicheman

L'auteur : quicheman

La course : Saintélyon

Date : 5/12/2010

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 3581 vues

Distance : 69km

Objectif : Pas d'objectif

9 commentaires

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Saintélyon 2010 : des lumières dans la nuit

Mercredi 1er décembre :

 « - Bonjour, ici l’Etablissement Français du Sang, nous avons besoin de vous pour un don de plasma, seriez-vous disponible avant la fin de la semaine ? » « Désolé mais ce week-end je cours la Saintélyon, vous savez, ce truc de fou … On peut remettre à la semaine prochaine ? »

 

Samedi 4 décembre :

Dès le matin, je prépare mon sac : fichtre, il faut en prendre des choses pour passer la nuit dehors ! Après une matinée ensoleillée, le temps fraîchit dans l’après-midi. A 16h30, ma chérie  m’amène à la gare de St Germain au mont d’or pour prendre un TER pour Lyon. Je descends à la gare de Lyon Jean-Macé, ayant finalement décidé d’aller prendre la navette à Gerland.

Dans le bus vers St-Etienne, je suis assis à côté d’un coureur de Chambéry qui revient d’un périple de 2 mois dans la Cordillère des Andes … Il me dit qu’il n’a pas tout à fait récupéré à cause du décalage horaire : mais c’est plutôt un avantage pour une course nocturne, non ? En tout cas, lui, il devrait aller donner son sang, il doit avoir des globules rouges à revendre ;o)

A l’arrivée à St-Etienne, je suis la file d’attente pour récupérer mon dossard (30’ de queue environ, j’ai bien fait de venir tôt).

Petit passage au stand Raidlight pour acheter une paire de guêtres (les rouge « sang » bien sûr) ! Après un petit tour dans le village des sponsors, où je récupère un gobelet, je me trouve une petite place au milieu des autres coureurs pour me reposer avant la longue nuit qui m’attend : repos , lecture, musique, pour faire passer le temps. Après un petit casse-croûte (sandwich, gateau de riz, banane), je commence à me préparer : en haut, 3 couches : t-shirt respirant manches longues bien moulant + t-shirt technique manches longues + coupe-vent, en bas, chaussettes SEP + collant long + trails + guêtres, sans oublier le passe-montagne prêté par mon chef (finisher il y a quelques années) qui me sera bien utile et une paire de gants en polaire.

Dans mon camel-bag, un peu plus d’un demi-litre d’eau, quelques gels, des chaussettes de rechange, un coupe-vent, une frontale de secours et la couverture de survie réglementaire. J’ai également une banane avec des piles de rechange pour ma frontale et mon téléphone portable. J’ai prévu d’envoyer des SMS à mon fan-club à chaque ravito pour leur signaler ma position. J’ai aussi dans une poche une paire de lunettes et mon tableau de route préparé sur le site www.softrun.fr avec des prévisions de temps de passage pour plusieurs temps finaux (entre 6h45 et 8h00).

Vers 23h00, je dépose mon sac dans le bus-consigne et je m’approche du podium où défilent quelques prétendants à la victoire, ainsi que Dawa Sherpa, le dieu vivant des traileurs.

Petit SMS au fan-club: « coucou H-1 la pression monte, la température diminue ! dossard 6455, bonne nuit ! »

Je retrouve également le Team ACVS montagne, qui participe au relais à 4, avec l’aide de Yanshkov. Ils finiront 2èmes .

Vers 23h50, je sors du Hall pour me diriger vers la ligne de départ : il y a déjà beaucoup de monde,et je me positionne environ à 150 m de la ligne.

 

 

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Dimanche 5 décembre 0h00 :

Le départ est donné, mais il me faut bien 4 ou 5 minutes pour passer la ligne ; après un premier virage à droite, on peut enfin commencer à trottiner, puis à courir. La mise en jambes dans les rues de St Etienne est cool, les coureurs discutent. Je remonte un peu le peloton, sans pour autant aller trop vite, la nuit va être longue, et je ne veux pas me griller.

La température extérieure est de -9°C, mais je n’ai pas froid.

Après le village de Sorbiers, où quelques spectateurs nous encouragent, nous quittons la route pour entrer dans le vif du sujet, et dans la neige ! Heureusement, celle-ci a été tassée par les coureurs qui nous précèdent, et la progression n’est pas trop difficile.

J’arrive à St-Christo-en-Jarez, où je suis bipé en 1h44’41 en 1503ème position. Au ravitaillement, je fais l’erreur de prendre un verre de coca glacé qui sera à l’origine d’ennuis gastriques pendant 10 km. Après un sms rapide, je repars dans la côte gelée. A la sortie du village, nous reprenons les chemins enneigés, le plus souvent à la queue leu leu. En me retournant, j’aperçois la longue file des frontales sur le parcours.

A Moreau (2h32’ – 1061ème), je ne m’arrête pas au ravito, toujours préoccupé par mes problèmes intestinaux. Après un passage au point culminant de la course (870m) environ  500m après Moreau, nous descendons sur Ste Catherine, où nous sommes accueillis par une troupe de joyeux fêtards au bord du chemin. J’arrive au ravito en 3h12’18 (1253ème) où cette fois je prends un thé chaud qui me fait le plus grand bien ! Après une nouvelle bonne montée (ça monte toujours après un ravito !), j’entre dans la partie acrobatique du parcours : la traversée du mythique Bois d’Arfeuille, où le chemin est devenu par endroits une patinoire toboggan !!! Finalement, ça passe, et je retrouve la route … et la glace ! Et c’est ma première gamelle sérieuse sur une plaque de verglas, autour du 35ème km : en plus, je retombe sur mon gobelet attaché à ma ceinture (très solides, les gobelets) ! Aïe !  Autour, des coureurs se sont arrêtés pour me demander si ça allait, sympa la solidarité ! Je les rassure, et reprends ma course en redoublant de prudence. Je n’en suis qu’à la moitié du parcours ….

Après une nouvelle côte, j’arrive à St Genoux (4h37’) , où j’essaie de m’alimenter un peu plus. SMS au fan-club : « St Genoux km 37 4h37 : toujours vivant ! »

De nombreux coureurs se sont arrêtés sous le chapiteau, la couverture de survie sur le dos, et essaient de se réchauffer en attendant la navette. Je ne m’attarde pas plus, et reprends ma route vers Lyon. Après une partie en chemin, toujours dans la neige, arrive une belle partie de route en descente, et j’en profite pour allonger ma foulée, en évitant les plaques de verglas.

Les premiers relais passent comme des fusées !

 

A l’entrée de Soucieu-en-Jarrest, je retrouve mon fan-club (ma collègue de boulot et sa petite famille), qui a préparé une pancarte avec mon prénom :

 

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Après un petit arrêt au ravito (5h35’), je repars pour les 20 derniers kilomètres. Entre Soucieu et Beaunant, c’est de nouveau la galère, avec beaucoup de chutes autour de moi, la prudence est de mise … Le parcours est assez varié, chemins, routes, passage le long d’un lac, petit pont, escaliers givrés, … Un peu avant Beaunant, sur une route en descente, je ne peux éviter une plaque de verglas et paf !, c’est ma deuxième chute sérieuse. Je reste un moment au sol, et mes compagnons de route se précipitent : finalement j’arrive à me relever et à repartir, avec quand même une grosse douleur à la hanche. Il reste une douzaine de kilomètres, et je serre les dents : ce n’est pas le moment de flancher …

Au ravito de Beaunant (7h09), j’avale un verre de coca et je repars. Il me reste 11 km , et je sens que c’est râpé pour faire moins de 8 heures.

SMS au fan-club : « Beaunant km 57 7h09 : la fin est proche … »

 Juste après, voilà la fameuse côte des aqueducs de Beaunant, avec ses passages à 20% ! Je n’essaie même pas de courir, mais je ne suis pas le seul à marcher : dans toute la montée, je ne me ferai doubler que par deux relayeurs, suffisamment frais pour trottiner … Arrivé au sommet, je repars en alternant course et marche dans la descente sur Lyon, qui me paraît interminable.

 

J’arrive enfin sur les quais de Saône pour les 5 derniers kilomètres, face au vent qui s’est levé et sur un parcours gelé et glissant à souhait. Je me motive en pensant à ma famille, et à mon Papa, décédé il y a 3 mois presque jour pour jour : c’est pour lui que je suis là aussi aujourd’hui, je me dis qu’il serait fier de moi, fier de raconter à ses copains bretons ce que je suis en train de réaliser … Je décide de ne plus m’arrêter de courir avant la ligne d’arrivée, et de viser la barre des 8h30, et je m’accroche à un autre coureur qui a une bonne allure : nous courons pratiquement côte à côte jusqu’au confluent, puis c’est la remontée jusqu’au Pont Pasteur.

 

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Après je connais : j’ai habité dans le quartier, et je retrouve mes repères sur les berges du Rhône, derrière le Lycée International dans le Parc de Gerland. On distingue au loin le toit du Palais des Sports. Je ne peux pas m’empêcher d’accélérer, malgré la glace sur le parcours.

Dernier virage à gauche, panneau « arrivée à 100 m » : j’aperçois Joëlle à la sortie du parc, qui prend une photo :

 

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Je sprinte jusqu’au Palais de Sports, j’entre en doublant encore 2 concurrents et je passe la ligne en 8h29’35  (8h24’39 sur mon GPS que j’avais déclenché sur la ligne de départ) à la 970ème place.

 

Ca y est, je suis FINISHER de la Saintélyon 2010 !!!!

 

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Je rends ma puce, récupère mon t-shirt bleu de finisher, et m’assois dans un coin pour récupérer. Je m’approche du bar pour faire remplir mon gobelet d’une bonne bière qui me fait le plus grand bien. Puis j’appelle ma chérie qui est déjà dans les tribunes ; je récupère mon sac et la rejoins : j’ai beaucoup de mal à monter les marches …

Nous restons un petit moment à regarder l’arrivée des autres finishers, puis je me change (la douche attendra mon retour à la maison).

Nous ne tardons pas à partir, car je suis vidé, j’ai mal partout : je m’endors d’ailleurs dans la voiture sur le chemin du retour.

 

Bilan de cette première Saintélyon :

-          ma préparation a été assez minimale : moins de 350 km dans les 2 derniers mois …

-          je n’ai peut-être pas fait assez de dénivelé à l’entraînement, surtout des descentes.

-          je ne me suis sans doute pas assez alimenté pendant la course,

-          je suis content d’avoir terminé, surtout avec ces conditions extrêmes

-          c’était ma première course au-delà-du-marathon.

-          Il faudra que j’essaie d’en refaire une, peut-être en V2.

 

 

 

Jeudi 9 décembre :

12h30 : don de plasma à l’EFS de Lyon-Gerland, à deux pas du Palais des sports !

 

 

 

9 commentaires

Commentaire de Baobab posté le 09-12-2010 à 22:30:00

350km sur les deux derniers mois et un chrono de ce calibre : chapeau (breton)!!! Merci pour ce récit, un nouvel éclairage sur cette course nocturne, et qui ne finira donc jamais de nous éblouir? Bonne récup' à toi, et bonne continuation!

Commentaire de Eric Kb posté le 09-12-2010 à 22:42:00

Bravo Christian et merci pour le CR!

Commentaire de gdraid posté le 10-12-2010 à 12:12:00

Merci Christian, pour ton récit intéressant.
Bravo pour ta première expérience, sur une course si difficile et périlleuse.
JC

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 10-12-2010 à 14:18:00

Bravo ! Pas facile de repartir après les chutes ! Je crois qu'on a tous subi ça !

Commentaire de JLW posté le 11-12-2010 à 15:21:00

Et ils ont dit quoi de ton sang à l'EFS ?
Bravo et merci pour ton récit sympa.

Commentaire de Gibus posté le 11-12-2010 à 19:03:00

Je n'ai jamais trop fait de kms non plus quand j'ai fait la stl
C bcp ds la tête que ça se passe.
Féloches pour ta course

Commentaire de Gibus posté le 11-12-2010 à 19:04:00

Je n'ai jamais trop fait de kms non plus quand j'ai fait la stl
C bcp ds la tête que ça se passe.
Féloches pour ta course

Commentaire de franciss posté le 11-12-2010 à 23:36:00

Un bon mental conditionne la fierté d'un après-course... chapeau à toi ! une belle perf dans de telles conditions ;-)

Commentaire de yves_cool_runner posté le 12-12-2010 à 17:23:00

Bravo pour les moins de 8h30. Moi, ça l'a pas fait ! J'ai toujours été 5 / 10' derrière toi.

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