L'auteur : Mame
La course : La Madone - 14 km
Date : 8/11/2009
Lieu : Velars Sur Ouche (Côte-d'Or)
Affichage : 2043 vues
Distance : 14km
Objectif : Pas d'objectif
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Le brouillard nous empêche d’apercevoir la dite Madone lorsque nous arrivons à Velars sur Ouche : c’était prévisible, avec toute cette pluie des jours précédents. Ce matin encore, il tombe des gouttes, mais cela devrait se lever rapidement…Mini Mame voulait participer à la course jeunes, le voilà dans l’ancienne gare du village, recevant tout tremblant son premier dossard… Mince, j’ai oublié l’appareil photo afin d’immortaliser la scène et par là même, ma devise : « On s'aperçoit toujours trop tard que la merveille est dans l'instant ». Retour à la voiture, accrochage des dossards, pâte d’amande, boisson énergétique, et échauffement : nous allons tous deux reconnaître le début du parcours : je le sent tendu, il observe un club de jeunes qui effectuent des talons fesses dans une ruelle… Ligne de départ, je récupère sa veste, et vais me planter un 500m plus loin au dessus d’un petit raidard ; le coup de pistolet a claqué, j’attends fébrile : voici le groupe des jeunes coureurs qui passent bon train … Ah, le voilà dans les 1 0 premiers, le sourire aux lèvres : tout va bien…. Je retourne me poster en amont de l’arrivée, juste au débouché du sentier : treize minutes de course et voilà déjà les premiers : tout au fond de l’allée, j’aperçois la petite silhouette familière tout de noir vêtue : cinquième, je suis content pour lui, visiblement, il a l’air satisfait : première prestation de traileur, fier d’avoir surmonté ses craintes, son premier dénivelé, et puis tout simplement, content de sa place…
Je finis mon échauffement : surtout celui de la langue puisque nous avons formé un petit groupe en aval du départ avec Fulgurex, Jupette, Patcap en civil et madame Mame… Pas mal de monde à Velars, le journal annonce 400 concurrents sur les 2 courses (8 et 14km).Il faudrait peut être se soucier du dit départ : nous essayons de nous faufiler dans la queue du peloton, j’aperçois Intuitiv de l’autre coté de la route, concentré comme Tom Hate… Pan, le coup de feu, il était moins une. Fulgurex démarre au quart de tour, Son buff est déjà tout rouge…je ne peux suivre…Nous sortons de Velars, direction la combe de notre Dame d’Etang. Je me mets un peu en sur régime afin de doubler tant que c’est possible. Le chemin est détrempé, cela devrait chpluiquer aujourd’hui… Nous abordons déjà le monotrace en fond de la combe, la longue file de coureurs est à la tâche dans cette longue montée : Je peste un peu d’être parti si loin mais finalement, je me rends vite compte que le rythme de cette partie de peloton me convient parfaitement. La sente virevolte au dessus d’un chemin plus large, avec quelques passages plus délicats : des petits changements de pente, des racines et des pierres surprises cachées sous les feuilles ; prudent, je concède une longueur à mon prédécesseur histoire de voir ce qui arrive. D’ailleurs, je perçois un « Ah ! » puis le bruit d’une chute juste derrière, craquements de branches, feuilles remuées… Je me concentre sur mes appuis, cela ne m’empêche pas de tordre la cheville droite sur une sloprie de racine placée dans l’axe du sentier : « p’tain, d’habitude, c’est la gauche ! et pis toutes ces feuilles, z’auraient pu passer la balayeuse ! » La foulée est douloureuse pendant une centaine de mètres puis la gêne s’estompe : l’alerte a été sérieuse
Nous allons quitter le fond de combe pour prendre à droite un sentier bien raide : je jette un coup d’œil au dessus sur la longue file de coureurs baignée par un halo de lumière au milieu du bois : brouillard, lumière, ciel bleu, l’indécision de cet éclairage rend la scène surréaliste, chouette moment !
J’adopte un pas rapide et rythmé, assez court en balançant les bras : je double certains concurrents qui se sont obstinés à courir dans la pente…
Voilà le ravitaillement : l’eau est un peu trop fraîche à mon goût. Je redémarre : un coureur s’effondre devant moi : lorsque j’arrive, un autre concurrent est déjà accroupi auprès de lui : je découvre un visage bleui, les lèvres violettes, les yeux révulsés… le malheureux est victime de convulsions : nous parvenons tout de même à le placer en PLS. Un autre coureur redescend prévenir le bénévole au ravitaillement tout proche. J’imagine déjà le pire, une angoisse commence à m’envahir, celle qui doit être tapie au plus profond de mon inconscient : Je n’ai jamais vu un tel visage, là, ce n’est plus du Dr House ou Grey’s Anatomy … Je suis bien là, devant ma propre impuissance : cela bouillonne dans ma tête, je n’ai plus conscience du temps, je répète « vas y, respire, calme, respire » ces mots sont autant pour lui que pour moi : je focalise mon attention sur sa respiration difficile, j’essaie de me remémorer les rythmes du massage cardiaque, je ne sais plus, je doute… je regarde les coureurs qui défilent, il devrait bien y avoir un médecin : à la vue des regards atterrés, je comprends que le médecin, ce n’est pas pour tout de suite… Ce n’est pas possible, pas là, aujourd’hui, c’est fête, on est là pour s’amuser… une bonne gamelle, une entorse, passe mais là… Une personne se précipite : « je le connais, je bosse avec lui, je sais qu’il est sujet à des crises d’épilepsie » là, je veux croire en tout, c’est cela, c’est une crise d’épilepsie : j’essaie de me raisonner, s’il s’agissait d’un accident cardiaque, le malheureux serait surement inconscient… Le bénévole vient nous prévenir que les secours sont en route… Choqué, je ne sais plus quoi faire : rester, faire demi- tour, continuer… Maintenant, je ne suis plus d’aucune utilité, l’arrivée d’Intuitiv force ma décision à poursuivre : Dans les dernières rampes du col de la Mialle, une bonne tape sur l’épaule « va-s’y Mame, fais-nous le sanglier ! » J’émerge un peu d’un mauvais rêve… Me voici sur la longue crête qui nous mène à la Chapelle de Notre Dame d’Etang : le chemin est pavé de petites pierres glissantes : je choisis de porter ma concentration sur la fréquence de ma foulée. Nous sommes au dessus des nuages, le spectacle pourrait être somptueux. Je dépasse l’aire d’envol des parapentes, la chapelle est toute proche : nous longeons l’édifice dont l’accès est désormais interdit au public, la structure ayant subi de graves dégradations ; une association tente de récupérer les fonds nécessaires à la restauration du site… Puis c’est la descente sur Velars. Fulgurex m’a prévenu : la première partie est raide et technique vu les conditions météo : j’ai l’impression d’avoir troqué mes trabucco contre des sabots : je ne suis pas en confiance, je suis à l’arrêt. J’entends derrière moi comme un bruit d’avalanche : je me retourne, juste le temps de me pousser pour voir passer le bolide Intuitiv (aujourd’hui, il la sent bien cette descente)) : je ne sais toujours pas s’il court ou s’il glisse : en tous les cas, la technique, s’il s’agit bien d’une technique, semble efficace…La descente s’effectue par paliers successifs : sur le chemin blanc, j’aperçois le reporter Patcap : il espère bien me voir passer au milieu d’une belle flaque d’eau pour la photo ; cabot que je suis, je l’évite au dernier moment…
Les coureurs qui m’accompagnent m’enrhument dans les parties pentues, je reviens dans les plus planes, joli air d’accordéon… J’aperçois Madame Mame, les enfants, mes parents au même endroit où j’attendais Mini Mame lors de la couse jeunes : j’allonge la foulée, j’ai une image de marque à défendre… L’arrivée est là plus bas : 1H14. Dans l’entonnoir, je récupère une paire de gants puis me dirige vers le groupe de secouristes : apparemment, le coureur qui a pris le malaise est reparti un moment après malgré l’avis des bénévoles : je suis un peu surpris, parlons-nous de la même personne ? Pas mécontent de retrouver les miens, j’échange quelques impressions avec Jupette, Fulgurex et Patcap. Je serre enfin la pogne de MC 21, l’occasion d’associer un nouveau visage à un pseudo… Un peu plus tard, j’aperçois en effet la personne qui m’a causé une telle frayeur ; je prends de ses nouvelles : tout va bien, il semble à peine chiffonné par cet épisode : apparemment, il a l’habitude et gère son problème, c’est tant mieux…
PS : Je m’excuse de m’être appesanti sur cet événement au dénouement heureux, loin de moi l’idée de créer un quelconque effet dans mon récit. J’ai juste vécu quelques instants perturbants et j’espère évacuer pas mal de tensions en couchant ici ces quelques mots. Une chose est certaine, mon prochain départ sera moins insouciant…
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3 commentaires
Commentaire de intuitiv posté le 10-11-2009 à 11:22:00
Nickel, j'imagine pour ton incident que ca doit perturber un peu. Faut absolument que l'on trouve un truc pour se reconnaitre plus facilement dans la foule......
en tous cas bravo pour ton gamin. j'ai deja vecu ca avec une de mes filles, c'est super comme sensation.
Commentaire de fulgurex posté le 10-11-2009 à 11:27:00
Beau récit et belle course malgrés tout! Faut pas mettre trop la pression sur ses concurrents! Heureusement la fin de cette épisode est heureuse. Et au prochain départ, ne soies pas trop MAME! (Mes Angoisses Maitriser l'Epilepsie).
Commentaire de seapen posté le 10-11-2009 à 11:53:00
Bonjour Mame. Interressé à lire ton récit sur La Madone vu que je l'ai déjà couru. Je ne le regrette pas. Un bon moment de lecture ; faut dire que tu couches bien les mots. Salutations sortives.
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