L'auteur : Lucien
La course : Trail de la Combe Noire
Date : 6/9/2009
Lieu : Vaux Et Chantegrue (Doubs)
Affichage : 5278 vues
Distance : 33km
Objectif : Pas d'objectif
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Départ tôt le matin de Besançon en direction de Vaux et Chantegrue. Il faut que je sois sur place au moins à 7h30 grand maximum. Je roule sur Pontarlier par un temps dégagé, le lever du jour fait apparaître un beau ciel bleu, il fait frais. Pas de vent et c’est tant mieux. Un brouillard épais me cache le paysage à proximité de la ville. Arrivé à Pontus comme disent les gens de là-haut, tout s’est dissipé, je bifurque sur les Granges-Marboz ce qui me permettra de reprendre sur La Planée en montant sur le Laveron, montagne qui s’élève à droite de Pontarlier et qui culmine à un petit 1112m d’altitude. La petite route départementale qui serpente la forêt d’épicéa me rend soudain joyeux de retrouver cette portion du Haut-Doubs qui m’est chère (mes premières morilles aux Granges-Dessus). Au Col de la République (1010m) le panorama est génial, le brouillard est là sur le fond de la vallée et au loin on aperçoit la sapinière qui dresse ses monstres d’aiguilles et de cônes. Une ligne verte sombre qui tranche avec cette masse laiteuse. Je plonge dans le brouillard, je passe La Planée et je file sur Vaux et Chantegrue.
Je me passerais de commentaire sur la suite. Tout le monde connaît le train train du coureur avant le départ qui sera donné à 9h juste après le briefing de l’organisateur. Juste une chose à dire notre ami s’est permis de rajouter une surprise avant la fin de parcours du fait que certains l’ont trouver trop roulant en fin de circuit, il nous a concocter une belle aventure sur les hauteurs de Vaux et Chantegrue avant de redescendre sur le village. Une portion en plus et ben allons-y.
Le départ, qui a changé de lieu, est donné sur un claquement de main comme au temps du l’homme de Neandertal. La route bitumée monte d’une belle force pour tous ces coureurs (94), on me double de partout, ils sont cinglés, tant pis je garde mon rythme comme à mon habitude. Nous traversons la forêt mixte, il me semble même voir des pins sylvestres (pins parasol). Je regarde mais n’ose pas me retourner de peur de me voir en queue de peloton. Enfin, comme ça discute derrière moi je ne suis pas encore dernier. Au dessus de la côte nous partons sur la droite par un chemin herbeux, nous sommes un petit groupe avec une féminine aux cheveux d’un blond qui contraste avec le cadre verdoyant que nous traversons. Le parcours monte et descend sans arrêt, que de relances éprouvantes, le silence règne dans la forêt aux épicéas majestueux. Zut !!! Je chute dans une descente, rien de grave, le chemin est très humide. J’en chie alors que ça monte, devant certains marchent déjà. Un collègue tombe à mes cotés, même constat, il se relève avec le sourire. Quelques instants plus tard je marche également et je repars quelques mètres plus loin pour de nouveau remarcher avec mes collègues, ça commence bien. Arrivé au sommet, un peu de plat et on regrimpe pour en chier un peu plus en trottinant, c’est très dur et pourtant j’aime la fraicheur qui règne. Le chemin est tapis de feuilles mortes cette fois-ci mais les sapins et épicéas sont toujours présents.
33mn que nous courons par ce sentier forestier très vallonné. C’est beaucoup plus hard que les années précédentes. On ne regarde pas trop le paysage car ce sentier est technique par endroit, gare aux blessures et aux chutes. Chaque virage nous surprend par son sol diffèrent, feuilles, graviers, boues, herbes, branches d’arbre. Nous passons devant la croix de la bèche. Devant moi un coureur avec ses bâtons de ski avance beaucoup mieux. J’ai déjà repris trois aventuriers dans mon sillage pour les distancer plus loin. En règle générale je suis bien dans les montées mais là ce n’est pas le cas. On arrive sur du plat par le chemin qui est devenu caillouteux. Des spectateurs nous encouragent alors que nous traversons une portion de route pour remonter aussi sec dans la forêt.
Nous courons après ce passage délicat, le chemin s’élargit par la droite, gravier à profusion. Trois coureurs sont devant moi à environ 50m alors que nous sortons de la forêt, j’entends le sifflement des oiseaux, on se sent moins seul. Un champ se trouve à notre droite mais nous regagnons encore dans la forêt. Je vais toujours tranquille car la forme n’est pas optimal. Nous arrivons dans une combe, le sol à l’herbe courte est d’une belle couleur.
1er ravito (56’27s), les bénévoles supers sympas. Une boisson énergétique et deux verres d’eau. Je suis rejoints par plusieurs coureurs et nous grimpons dans la forêt, nous trottinons et marchons par endroit. On monte bien malgré tout, de la belle caillasse nous oblige à être très prudent. Pente très raide et le chemin blanc qui s’ensuit marque la fin de notre montée. Les jambes sont raides, du groupe que nous étions un seul à prit les devants et les trois autres sont derrière à quelques encablures. Le chemin est large. Nous traversons une partie vallonnée très boueuse avec cailloux par-ci par-là. La forêt est moins dense, le soleil perce à travers le feuillage et nous réchauffe. Le feuillus se mêle aux conifères. Les arbres se raréfient. Cette fois-ci nous sommes de nouveau dans les combes, on parle un peu, nous avons du mal a repéré le balisage. On va y arriver. Il faut y aller doucement. Le soleil est au rendez-vous. Très beau paysage, que du vert et du SILENCE. Beau panorama sur la Montagne du Laveron à gauche. Ensuite la route pour arriver à Bonnevaux.
MONTAGNE DU LAVERON
Bonnevaux. 2ème ravito (1h23’). Même breuvages qu’au 1er ravito. Les 2èmes et 3ème féminines m’ont rejointe avec quelques lascars.
BONNEVAUX
Une bonne portion de route dans le village avant de reprendre à gauche par un chemin herbeux. La côte de Bonnevaux est devant nous, les filles discutent derrière moi. On marche dès que la pente s’élève, abrupte mais douce par son sol tendre. Les mains sur les cuisses nous cheminons alors que les vaches nous regardent pas du tout inquiètent. Et pan, je me plante, je longe des barbelés et rate le balisage, un coureur me rappelle. Les deux nanas se retrouvent devant moi. Ca parfume le parcours. Nous continuons en marchant, je trottine par endroit mais me ravise, c’est trop raide. Je me retourne pour admirer la vue sur le village de Bonnevaux. Nous traversons une route pour reprendre dans la forêt en montant pour ne pas changer. Des cailloux et de l’herbe, on trottine. On ressort du bois pour retrouver le soleil et une pente très dure. On marche, mains sur les cuisses. Les filles sont derrière, elles me suivent tranquilles. On repart en courant par un chemin large, ça grimpe un peu. Il y a un peu de vent et fait très frais. Nous arrivons sur une route goudronnée qui descend à l’hombre, le soleil filtre par endroit. Il ne fait vraiment pas chaud. On nous applaudit. Je suis reprit par une des nanas au dessus de la côte et nous entamons un nouveau chemin qui descend en plein soleil. Les fifilles toujours avec moi. Le parcours passe tantôt dans le bois et tantôt à découvert. Une fille devant, une fille derrière. Quelle chance. Le chemin devient herbeux. Retour dans la forêt.
MARTRE
Puis une combe qui repose, je passe la première féminine, si tout va bien on arrive ensemble. Nous avons le même rythme. Je me replante de parcours, la biche me prévient. La c’est dur car on s’enfonce dans le sol très souple. Une route goudronné survient et me casse les gambettes. La biche me questionne sur le balisage au sol (il y a des points bleu et rouge). Nous reprenons un sentier herbeux pour redescendre par la droite. La biche se laisse distancer. Je me sens mieux, des bosses, des cailloux, un peu de soleil. La biche revient sur moi, quelle forme elle a !
3ème ravito (2h39’). Deux verres d’eau. Nous repartons, la chevrette (3èmè féminine) est juste derrière accompagné de deux coureurs, le groupe n’a pas l’air d’être en difficulté. Je vais essayer de rejoindre la biche, on traverse un champ bosselé qui fait mal aux chevilles. Nous rejoignons la forêt par un chemin plus large. Je me trompe de chemin une nouvelle fois, il fallait monter à gauche. Je perds du terrain et la biche accentue son avance alors que le groupe à l’arrière s’est rapproché. On monte dans le bois. Là, je prends un coup au moral à force de chercher sans cesse le balisage, il fait à nouveau frais, le sentier est recouvert de cailloux, ce qui n’arrange pas mes affaires. Le sentier descend d’un coup et je manque de me fracasser. Nous sortons à découvert pour rejoindre une route goudronnée, la chevrette, à l’arrière, a lâché ses compagnons est se trouve à environ 100m. Le chemin que nous reprenons est recouvert d’herbe mais je me sens pas bien du tout, les forces commencent à manquer. Et voilà que je me perds de nouveau, il fallait continuer par le sentier et non pas reprendre le bois et c’est en voyant la chevrette qui crapahute au loin dans l’herbe que je m’en aperçois, heureusement que j’ai su me retourner au bon moment en voyant que le balisage manquait. Mes foulées sont très courtes et les jambes sont lourdes. La chevrette se trouve loin devant et la biche a totalement disparu. Le paysage de toute beauté m’incite à continuer malgré le mal qui me tétanise (j’en rajoute).
LAC DE REMORAY
A ma droite se trouve le Lac de Remoray, le point de vue fait merveille. Des randonneurs l’admirent tout en nous applaudissant. Malgré ce champs bosselé qui me tort les chevilles je trouve le temps de visualiser la beauté du lac. Je jure à chaque foulée, une descente raide nous oblige à ralentir sinon c’est le décor au milieu des cailloux. On rejoint la route, ça fait mal aux rotules.
BECASSINE DES MARAIS RALE DES GENETS
Chantegrue, 4ème ravito. Deux canons d’eau et une boisson énergétique, c’est repartit après quelques secondes d’arrêt bien mérité. La route bitumé en plein soleil est exténuante et je monte dans le village pour me rendre compte aux bout d’un bon moment que je me trouve dans une voie sans issue (d’ailleurs des riverains sont étonnés de me voir passé devant chez eux), ils me signale m’a bévue et me conseille de retourner au ravito pour reprendre le bon chemin.
J’ai bien perdu 5 bonnes minutes dans ce mémorable incident. Je reprends la bonne direction et me rend à l’évidence que les coureurs devant sont ceux que j’ai doublé il y a plus d’une heure. Mon retard a prit une telle ampleur que l’envie d’en finir me persécute. La route qui monte nous oblige à marcher, sale goudron de m… Au sommet, un chemin blanc, je cours tant bien que mal « C’EST TON DESTIN ». On me double et ça commence à chauffer, j’ai mal au adducteur, une crampe se profile. Je suis perdu dans ma tête. On rentre dans la forêt, un chemin herbeux monte et nous perd dans la verdure, je marche après avoir doublé un gaillard dans une portion roulante. Maintenant on descend doucement, ça glisse, quelques cailloux et de la boue. Début de crampes, il fait frais, on traverse une route, le gars derrière a disparu. Nous reprenons un champ, que de trous et de bosses, je reviens petit à petit sur un coureur sur ce passage technique, normal il cueille des plantes, celui derrière moi lui cri « tu ramasse ton shit ». On se fend la tronche et casquette rouge continue son chemin avec son bouquet de plante. Nous arrivons près de Vaux et Chantegrue après avoir repris une route goudronnée, je ne ressens pas les douleurs aux chevilles alors que j’entends, au loin, l’organisateur parlé dans le micro, trop content d’en finir, je vois pointer les première maisons, l’arrivée est proche. A l’intersection, nous n’avons plus qu’à virée à droite est il ne reste plus que 500m environ. Mais…
OEILLET SUPERBE POLEMOINE BLEU DES TOURBIERES
LA SURPRISE DU CHEF.
Le bénévole de faction, à ce moment, nous barre la route en nous signalant du bras la direction de gauche en nous criant « encore 2.5km ». C’est la portion que l’organisation a rajouté pour le bonheur de tous. M… je n’en peux plus et j’espère que ce sera cool. La route monte sacrément sous un soleil qui devient plus chaud, il doit être midi. Ca chauffe sous le scalp. Je marche et casquette rouge me dépasse avec à sa main son produit dopant. Je ne rigole plus. Un deuxième me double en me disant « c’est toi qui est tombé dans le bois, en fin de compte on est au même rythme ». Et voilà que nous discutons en maudissant gentiment l’organisateur. Nous prenons un chemin qui grimpe, nous obligeant à marcher de nouveau, un spectateur nous signale qu’il est court et que dès le sommet franchi c’est plat et ça descend. Tant mieux mais c’est très dur, des admiratrices nous stimulent par de très beaux sourires. Elles nous trouvent très en forme pour des gars en perdition. YES!!!. Mais le fait est bien là, nous n’en pouvons plus de grimper, nous marchons à travers les arbustes, le sol inégale ne nous amuse guère.
LE RENARDEAU
Une clairière se découvre, mon compagnon se met à trottiner, je ne peux le suivre qu’une cinquantaine de mètres. Nous entrons de nouveau dans la forêt un peu plus épaisse, que cette côte est longue, elle n’en fini pas. Les forces m’abandonnent de nouveau, le soleil éclaire ce sol difficile à maitriser. Après tant d’efforts harassants, nous filons à droite et derrière des gars reviennent sur moi. Le sentier boueux par endroit, bosselé, me contraint à abdiquer, la cheville droite me fait si mal que j’ai du mal à poser le pied au sol. Ca pince de partout, des aiguilles me perforent les os. Je suis dans l’obligation de marcher en évitant de trop peser sur cette cheville. Le chemin se faufile, monte et descend, on me double, la voix de l’organisateur s’entend un peu plus distinctement. Ce chemin continue encore et encore, je me demandais ce que c’était « la lassitude », cette fois-ci j’ai compris, j’ai du mal à respirer correctement, vivement que cela finisse et dans l’apothéose (lol). Le chemin descend, la sono est proche ce qui me donne le courage qui me manquait. A travers le feuillage je devine des habitations puis le clocher de l’église. Arrivé sur la route goudronné un jeune me cri en pointant le bras sur sa droite « c’est fini, encore 200m ». Superbe, je file, plus mal aux chevilles, le mal s’étend estompé lors de la descente. Les spectateurs m’applaudissent généreusement lorsque je passe la ligne d’arrivée. Je ne tiens plus sur mes pattes mais reste debout pour la forme.
LA BUSE
Au ravito je bois une citerne d’eau et mange comme un glouton et pense déjà au repas qui m’attend. Malgré toutes ces bévues, ce manque de forme, la défaillance qui s’en est suivi, une déception au gout désagréable, le sourire revient en me remémorant tous les endroits extra que j’ai pu admirer en courant, les combes bien vertes, les forêts fraiches et mystérieuses, la biche et la chevrette, les potes d’infortune. Cet autre monde est bien diffèrent de celui que je vais rejoindre dès mon retour en plaine. Chaque petite escapade dans le royaume des traillers me grandit. Oui, j’ai passé une superbe journée, j’aime ce que je fais même si l’on doit souffrir un peu pour arriver à son but.
Remerciement à l’organisation surtout pour LA SURPRISE DU CHEF. Merci aux spectateurs, aux bénévoles et à tous ceux qui ont contribué à la bonne marche de cette compétition. Merci pour la claque de Madame Combe Noire et au coup de pied au cul de Monsieur Laveron.
Résultat : les 33km + la surprise du chef en 3h38’ et des brouettes.
60ème sur 94 au scratch
4ème VH4 sur 8 (nous avons été classés en catégorie VH4 –classement ski-)
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3 commentaires
Commentaire de bluesboy posté le 18-09-2009 à 22:46:00
Bravo lucien pour ton retour au trail (j'avais raté ton récit) ,tu avais oublié tes lunette ou est ce que le balisage etait limite .En te lisant on a l'impression que ca monte tous le temps.Je connais bien le coin pour y avoir fait quelques courses de ski de fond dans ma jeunesse
Encore un trail à prévoir pour les prochaines années
A +
Commentaire de GrandAlex posté le 20-09-2009 à 15:18:00
Bravo Lucien,
T'as du faire un peu plus que 33 km finalement avec tes erreurs de parcours. Ce trail à l'air vraiement sympa avec des bonnes montées. Peut-être l'année prochaine...
Bonne récup et a+
Commentaire de maya posté le 24-12-2009 à 11:03:00
magnifique tes photos!
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