Récit de la course : Hirukasko 2009, par Ben64

L'auteur : Ben64

La course : Hirukasko

Date : 27/6/2009

Lieu : Bidarray (Pyrénées-Atlantiques)

Affichage : 2120 vues

Distance : 33km

Objectif : Pas d'objectif

1 commentaire

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Hirukasko 2009 - Une sacrée galère

Le temps est couvert en ce samedi 27 juin. C'est les 20 ans de la course qui sont fêtés cette année, et ma seconde participation seulement. La première fois, en 2007, je m'étais engagé avec mon cousin Cédric, sur un coup de tête, sans aucun entrainement ni lui ni moi. Je m'étais régalé pendant un sommet. Ensuite, j'ai souffert comme jamais, avec des quadris explosés dès la descente de l'Hirubela (2ème sommet) et mon pied qui butait au fond de la chaussure. Résultat : 7h15 de souffrance et des ongles noirs pendant 8 mois, trop la classe! Alors c'est décidé cette année, je suis entrainé et ça sera mieux comme ça. Je le fais avec un autre cousin, Vincent, bien plus gaillard et habitué des courses en montagne dans la région. 

 

Les cloches de l'église de Bidarray sonnent. Il est 8h et c'est l'heure du départ. Nous sommes plus de 800 coureurs par équipes de 2 à nous lancer à l'assaut des 3 sommets que sont Iparla (1044 m), Hirubela (970 m), et Artzamendi (926 m). Le parcours de 33 km et 2800 m de dénivelé ressemble à des montagnes russes. Une fois au sommet de chaque difficulté, il faut redescendre dans la vallée à 100-150 m d'altitude. Autant dire que les quadris vont chauffer encore une fois.

Le départ est assez lent, mené par les frères Laxague (mutiples vainqueurs de l'épreuve), et le duo Claude Escots-Hervé Bros très costaud sur le papier. Les premieres pentes sont là et le coeur monte vite dans les tours. On est parti tranquille avec Vincent, car ça sera très long. On table sur 5h30. On est dans les 30 lorsqu'on attaque les premiers rampaillons. Arrivés au plateau, on se remet à courir, sous le brouillard. Alain, un autre de mes cousins qui est avec un copain à lui court à nos cotés. Je sens qu'on va se tirer la bourre...

Quelques minutes avant le sommet, dans un dédale de pierres, les premiers passent à Mach 2. Leur vitesse est élevée même sur des cailloux rendus glissants par la rosée du matin. Ils sont fous! On arrive au sommet, on se fait poinçonner le dossard, et nous lançons dans la descente. D'abord avec précaution afin de passer les rochers humides en  espérant ne pas nous louper, puis en accélérant sérieusement sur le sentier légèrement en devers. Il nous faut néanmoins éviter soigneusement les coureurs qui montent au milieu du chemin. Nous effectuons la descente tambour battant et rejoignons le premier ravitaillement à Xumus après 1h30. Mon père et ma copine sont là, et nous annoncent 15ème équipe à 15 min des premiers, déjà... Un verre d'eau, un quart d'orange et c'est reparti. Alain et son collègue nous ont dépassé, on leur emboite le pas dès l'attaque de l'Hirubela. Les pentes sont raides, très raides, faut vraiment pousser fort sur les cannes, mais les sensations sont bonnes. Elles ne le sont pas en revanche pour le copain d'Alain, qui commence à flancher dans la montée. Moi qui menais la course lors de la montée de l'Iparla, je laisse Vincent passer devant et je file au train. Nous les doublons et les laissons sur place. Alain est un peu dégouté mais c'est ça la course en binôme! Mon camel me fait des misères, je n'arrive pas à pomper toute l'eau dont je voudrais car, depuis quelques minutes, les nuages ont disparu et il commence à vraiment faire très chaud. Le replat arrive, nous traversons la forêt et attaquons la dernière montée vers le sommet. C'est à partir de là que je perds mes jambes. Effectivement, elles ne répondent plus très bien et je commence vraiment à souffrir. Je ne comprends pas trop ce qui m'arrive. Vincent me file une compote et me passe le relais pour que j'imprime la cadence, ma cadence, pas franchement rapide. Les derniers mètres sont vraiment durs. ça y est, nous arrivons au sommet. Une connaissance de mon cousin me refile une cannette de coca que je bois goulument tel un chameau qui sortirait de 2 mois de désert. Nous repartons à l'assaut de la pente mais mes jambes ne sont plus là. Je m'étale de tout mon long lors d'un appui glissant, et tente de relancer mais je n'y arrive plus!!! Je raaaaame, c'est horrible. J'espère que je me referai dans la descente technique et sinueuse mais c'est à ce moment qu'une douleur intense envahit mon estomac. Une douleur si vive qu'il me faut ralentir. Nous rattrapons ma mère et mon oncle qui ne font que 2 sommets (hirubela et artzamendi) et c'est le bon moment pour s'arrêter un peu. Après avoir brievement papoté, nous repartons. 500 m plus loin, je dois m'arrêter je n'en peux plus. La douleur est si intense que je ne peux plus courir. Je stoppe au détour du sentier et m'éloigne un peu. La diarrhée, manquait plus que ça!! Vincent m'attend et nous repartons 5 min après. Avec le temps perdu, Alain nous a rattrapé. Son copain lui a dit de partir seul, il ne pouvait plus. Nous descendons à 3, dans ce sentier où il est quasi impossible de doubler, où les deux pieds ne peuvent se poser côte à côte. J'en "profite" pour me tordre 3 fois de suite la cheville droite, serre les dents, mais mentalement je commence à flancher. Je pense abandonner au ravito-repas de Beherekotchea. Nous y arrivons justement, et j'y retrouve Fabienne et mon père. Je ne sens plus ma cheville, mon ventre m'a laissé en paix, je suis décidé à ne pas abandonner.

Après nous être ravitaillés, nous repartons les 3 à l'attaque de la dernière difficulté de la journée et non des moindres, l'Artzamendi et ses mythiques mais néanmoins terribles Pena Itsusi. Sur le replat avant d'aborder la montée, les douleurs estomacales reprennent. Elles me tordent de douleur. Je ne peux plus faire un pas. Un regard à mes cousins et je leur dis d'y aller sans moi. Je me retire du sentier et c'est reparti... au pied d'une souche... Je suis séché, terrassé par une diarrhée aigue. Je reste là pendant 15 min. Puis je reprends le sentier, je regarde en arrière vers le ravito à seulement 1 km. Je pense à mon père, et sa voiture. Mais non, je ne vais pas, ne veux pas abandonner. Alors, je me remets à marcher doucement, puis trottiner jusqu'à arriver au pied des pena itsusi. Les pentes sont raides, mes jambes en coton. Je mets tant bien que mal un pied devant l'autre. A mi-montée, je retrouve la copine de Vincent. Elle me dit que je suis blanc. Je la crois sans peine. Mon camel fait toujours des siennes, je n'arrive toujours pas à tirer toute l'eau dont j'ai besoin. Elle me tend une bouteille de 50 cl, je la bois d'un trait. Avant de repartir je lui prends une compote, et me remets en marche après avoir eu soin de la remercier, et rendu sa bouteille, vide... Arrive enfin le replat du col de Mehatxe, je trottine très peu, je n'ai toujours pas de forces. Un groupe de randonneurs, me demandant si je voulais de l'eau, m'offre une bouteille. Je les bénis !! Celle-ci ne quittera plus mes mains jusqu'à l'arrivée. Puis, le sol moelleux laisse place au goudron afin de gravir les derniers kilomètres de l'ascension. ça va mieux, le rendu est meilleur sur le macadam. Je reprends un bon ryhtme en marchant. J'arrive au sommet avec le son d'un instrument bizarre : deux personnes sont en train de taper sur des planches en bois avec de batons... Le son est original mais pas vraiment entrainant à vrai dire. Je prends le temps de me ravitailler, et surtout de m'hydrater. Je crains la descente et ses chocs répétés néfastes pour mon estomac. Mais il n'en est rien, les cuisses ne me font pas mal, mon ventre me laisse tranquille et je rattrape même des types dans la descente. Mon moral remonte. Je me revigore dans les lacets et lache un peu les cannes. Nous retrouvons le goudron pour les 3-4 derniers kilomètres. Je double pas mal de coureurs, certains solitaires, d'autres en binôme. Je retrouve peu à peu des sensations, passe près du Pas de Roland, et m'arrête comme d'autres près d'une source où je prends soin de remplir ma bouteille et repars en quête de la ligne d'arrivée. J'arrive à Itxassou, mais ce n'est pas fini, les organisateurs ayant eu la bonne idée de placer une cote horrible dans le final. J'alterne course et marche et porté par la foule en délire, (enfin presque...), sprinte jusqu'à la ligne.

Je termine cette édition en 6h09, fatigué mais sans mal aux jambes. Ce fut assez pénible mais la déception de n'avoir pas pu faire la course avec mes cousins (qui ont fini en 5h30) se mèle à la satisfaction d'avoir terminé.

 

 

Prochaine étape : le marathon de montagne du Pays basque le 25 juillet à Bidarray.

1 commentaire

Commentaire de laulau posté le 07-07-2009 à 13:06:00

Bravo Benoît, tu as été très courageux sur ce coup là.
Hirukasko, ça ressemble beaucoup au marathon de montagne du Pays Basque, non ?
A +
Laurent

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