Récit de la course : Le Grand Raid du Mercantour 2009, par Cantalou

L'auteur : Cantalou

La course : Le Grand Raid du Mercantour

Date : 20/6/2009

Lieu : St Martin Vesubie (Alpes-Maritimes)

Affichage : 5885 vues

Distance : 104km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Le récit

Etant sous le choc après avoir appris le drame, je n'avais pas pu écrire ce récit avant aujourd'hui et plus que mes souvenirs de l'épreuve ce sont toujours des pensées pour les familles et les organisateurs que j'ai en tête.

Lorsque j'arrive le vendredi en début d'après-midi à Nice, c'est Brague Spirit qui vient me récupérer car il avait gentiment proposé un co-voiturage entre Nice et St Martin. Après avoir récupéré les dossards, nous nous installons à la terrasse du bistrot voisin et son t-shirt kikourou attire les kikoureurs de passage. Je fais ainsi la connaissance de Joe One et quelques autres dont j'ai oublié les pseudos (pardon). Je croise également Jean-Christophe que j'avais rencontré aux Citadelles. Après avoir préparé mes affaires, je rejoins Hugues (un autre Toulousain) à la conférence et nous nous donnons rendez-vous à 3h30 le lendemain pour partir ensemble. Je rejoins Pierre (Phyl94) pour manger avec lui. A 22h je suis endormi et passe une bonne nuit jusqu'à 2h30.

Le petit déjeuner avalé je rejoins la ligne de départ. Il fait très doux mais j'enfile quand même les manchettes de cycliste en prévision du petit matin sur les hauteurs. Je rejoins Hugues comme prévu et nous voila fin prêts.

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Les fauves sont lachés sur la route et alors que j'étais parti un marchant il y a 2 ans je suis Hugues en trottinant jusqu'à Venanson. Après le village pour attaquer le col de la Colmiane il continue a une allure trop rapide pour moi et je préfère marcher à mon rythme.J'atteins ainsi le col et le rejoins dans la descente sur St Dalmas. Il me confie que, suite à son opération récente du genou, il préfère être prudent dans les descentes. Il est 5h40, il fait jour maintenant et plusieurs personnes nous encouragent dans le village, ça fait plaisir.

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 Nous attaquons la montée vers le parking de Veillos (760 d+ à grimper), Hugues m'a rejoins et nous montons ensemble. Les coureurs sont encore bien regroupés. La forêt porte un peu partout les stygmates des avalanches avec des troncs déracinés de part et d'autre du sentier.

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6h45, nous arrivons au ravitaillement du  parking de Veillos et il me faut monter les manchettes sur les bras à cause du vent assez frais. J'ai mis à peine plus d'1 heure sans forcer pour avaler les 760 d+, tout va bien. Je recharge en eau, mange un peu de salé et part à l'assaut du Col de Barn.

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Le paysage devient minéral, très "Mercantour".

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Au pointage du Col de Barn, je suis 200 ème et je m'arrête pour admirer le paysage qui s'offre à nous sur l'autre versant et nous sommes plusieurs dans ce cas tellement c'est beau. Malheureusement, le soleil de face et encore bas m'empeche de le prendre en photo (contre-jour assuré). La descente s'annonce assez délicate car plusieurs névées restent sur le sentier et occasionnent quelques figures libres. Il n'y a pas qu'aux Citadelles que les descentes se font sur les fesses. La preuve

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La suite de la descente est un de mes passages préférés du Mercantour, nous rentrons dans la forêt et le sentier est assez facile, fait de traversées de torrents sur des ponts en bois. Alors que nous étions en file indienne dans la montée vers le col de Barn, la descente a creusé des écarts entre les concurrents et je suis surpris de ne me faire doubler que part 2 ou 3 autres coureurs.

Arrivée en bas de la descente à la Vacherie du Collet pourenchainer avec une petite montée (200 d+) jusqu'au Col de Salèse qui permet de récupérer d'abord sur une piste forestière puis sur un large sentier. C'est aussi l'occasion d'admirer la nature anvironnante.

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Aprés le Col de Salèse, nouvelle descente très buccolique et un peu plus technique le long d'un torrent

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jusqu'au Boréon ou j'arrive à 9h05 pour les 30 premiers km et 2000 d+ avalés.Je refais le plein en eau et avale à nouveau du salé.

C'est parti pour les 960 d+ d'ascension vers le Pas des Labres et dès les premières rampes je suis moins à l'aise. Ca a l'air d'être un peu la même chose pour les autres car je ne me fais pas doubler. 

Superbe cascade

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et ça continue à monter, il est maintenant plus de 10h et le soleil commence à cogner. je m'arrête pour prendre des nouvelles d'un concurrent qui est accroupi au bord du sentier. Je lui propose de la nourriture mais il est justement plié par des problèmes gastriques et ne peut rien avaler. Un peu plus haut, arrivée au Lac de Trescolpas

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qui permet de découvrir la dernière rampe vers le Pas des Labres et qui va se faire presque entièrement sur les névées.

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Dans la partie la plus raide, des marches ont été tracées et une personne de l'organisation les maintient en état ce qui facilitent bien la progression. Est-ce la perspective d'atteindre le Pas ou le gel que je viens de prendre mais un regain d'énérgie me permet de doubler quelques coureurs et d'arriver au sommet qui donne une bonne perspective du chemin accompli.

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Une petite pose pour les souvenirs

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La descente s'annonce "fun" dans la névée mais une corde permet à ceux qui n'adoptent pas la luge sur les fesses (le plus efficace toutefois) de s'assurer un peu.

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Il reste ensuite à descendre vers la Madone de Fenestres sur un sentier assez technique pour le ravitaillement. Ca tombe bien il est presque midi. Je récupère mon sac et change de T-shirt, chaussettes et chaussures. Au passage j'enduis mes pieds de crème anti-échauffement. Je refais le plein d'eau et profite du super-ravitaillement. Pendantce temps, Jean-Christophe est arrivé et me propose de repartir ensemble. Lorsque nous sommes prêt à partir, c'est Hugue qui arrive à son tour et nous dit ne ne pas l'attendre. Un petit coup de fil à la maison pour indiquer où j'en suis et comment ça va.

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Les premiers symptomes de fatigue ressentis tout à l'heure se confirment maintenant et la montée vers la Baisse des 5 lacs me fait souffrir. Vu sur le Pas des Ladres ou nous étions tout à l'heure

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et un peu plus haut la Baisse des 5 Lacs. Nous nous relayons avec Jean-Christophepour continuer à grimper.

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Le ciel s'est couvert maintenant et nous constatons que c'est dur aussi pour les autres concurrents dans la montée vers la Baisse de Prals. On enchaine avec les quelques 800m de descente vers le Relais des Merveilles qui me permettent de récupérer un peu. On commence à entendre des coups de tonnerre sur les montagnes. Au ravitaillement et malgré tout ce qui est proposé je dois me forcer pour avaler une assiette de pate. Depuis le départ, les ravitaillos sont très fournis et les bénévoles au petit soin avec nous. Au moment de repartir, la pluie commence à tomber et nous décidons d'enfiler la veste avant de partir plutôt que de devoir s'arrêter plus tard. Bien nous en a pris car 1 km plus loin la pluie se transforme en grélons, assez petits mais je rabat la capuche de la veste sur ma casquette afin de me protéger des projectiles. Ce ne doit pas être estéthique mais c'est efficace. Heureusement, cette averse ne dure pas trrès longtemps et nous arrivons au pied de la fameuse montée vers la Cime de la Valette. Fameuse car j'avais repéré sur le profil qu'il y a 1400 d+ sur 5 km !!!

Ca va être très dur et le fait d'être à deux au même rythme aide énormément. Dans la montée, nous entrons dans une zone brumeuse ou la visibilté est réduire et un vent violent assez glacial. Je dois du remettre ma veste que j'avais enlevée au début de la montée. Le fait d'être dans la brume ne permet pas de voir la cime et accentue l'impression de ne jamais en finir avec cette côte. Enfin, après environ 2 heures d'efforts pour venir à bout de la montée, on aperçoit un bénévole qui nous précise ou se trouve exactement le poste de pointage. Coup de chapeau aux bénévoles qui s'occupent du pointage et ont du se réfugier à l'intérieur de la tente. On peut à nouveau récupérer dans la descente vers la Madone de Fenestre 

Nous sommes attendus par le fiston et l'épouse Jean-Christophe  à qui nous avions donné rendez-vous lors du premier passage à midi. Je récupère à nouveau mon sac pour recharger en barres énergétiques pour le dernier tronçon. Mon voisin par contre vomit son goûter et son quatre-heure aussi. Nous mangeons un morceau, nouveau coup de fil à la maison et c'est parti.

Juste après avoir quitté la Madone, nous essuyons une nouvelle averse avec de la neige fondue. La montée vers la cime du Pisset se passe mieux mais pour la cime du Piagu, c'est Jean-Christophe qui est devant et donne le tempo. La nuit tombe au moment d'aborder la descente raide et technique avec ses cailloux et racines. Je m'appuis franchement sur les batons pour soulager les quadriceps et bien plus bas les passages de pistes forestières nous permettent enfin de relancer pour s'approcher de St Martin au moment ou le feu d'artifice commence. Il ne reste plus qu'à dévaler les dernières marches et courir jusqu'à l'arche d'arrivée. 

Il est 22h18 et depuis midi j'ai partagé un super moment avec Jean-Christophe.

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Ce n'est que le lendemain soir que j'apprendrai la terrible nouvelle, à nouveau toutes mes condoléances aux familles et mon soutien à l'organisation.

 

 

2 commentaires

Commentaire de mic31 posté le 08-07-2009 à 08:42:00

Salut Jean Pierre,
Merci pour ton récit et ces superbes photos. Un secteur que je ne connais pas et qui donne envie d être découvert.

Commentaire de PaL94 posté le 08-07-2009 à 09:26:00

Salut Jean Pierre

Beau reportage photos ! Bravo pour ta course et ton chrono.

Bonne récup' et bonne fin de prépa pour le GRP.

On se retrouve fin Aout pour une mousse et un repas pasta avant. parce que pendant, vues nos differences de rythme on ne se verra pas. :wink:

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