Récit de la course : Trail de la Montagne de la Roche 2009, par Lucien

L'auteur : Lucien

La course : Trail de la Montagne de la Roche

Date : 31/5/2009

Lieu : La Roche Morey (Haute-Saône)

Affichage : 9133 vues

Distance : 13km

Objectif : Pas d'objectif

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DE BELLO GALLICO ( la guerre des gaules)

Le Grand Ballon a laissé des traces au niveau musculaire, une en particulier à l’ischio jambier à droite. Pour preuve cette douleur est subitement revenue le vendredi matin sur un parcours en endurance de 12.2 kms. Samedi une grande promenade dans le bois de Serre-les-Sapins m’a permit de juger de la condition dans laquelle j’allais me retrouver sur la ligne de départ de ce trail de 12.8 kms à Bourguignon les Morey. Trail assez roulant d’ après mes souvenirs. Nous verrons bien comment cela se passera à ce moment là. Je m’inquiète un peu car ce dimanche une lourdeur me gène mais par contre lors de la marche tout à l’air de bien se passer. 

 CHATEAU DE BOURGUIGNON LE SMOREY

 

Me voilà arrivé à Bourguignon les Morey, il fit frisquet car nous sommes sur le versant non ensoleillé bien que le soleil lèche déjà les toitures de ce très beau village de Haute-Saône accroché sur la première pente de la Montagne de la Roche. Les rues sont étroites et bien en pentes. Pour l’échauffement on aura bien du mal a trouver un peu de plat pour ne pas se griller avant le départ. Une heure d’échauffement me permettra de me réchauffer petit à petit, les coureurs arrivent de plus en plus nombreux, ce que je ne prévoyais pas car la Montée du Poupet se déroule ce jour même. Si j’ai désiré ne pas y participer c’est pour la simple raison que les courses sur route m’intéressent beaucoup moins actuellement, j’en ferai certainement mais ma blessure préfère cependant les terrains souples. En tout cas le soleil commence à réchauffer l’atmosphère, au bout d’une demi heure je file à la voiture pour me changer et endossé mon débardeur, épingler mon dossard, boire un bon coup d’eau. Le monde afflue, certains sont en retard, enfin c’est ce que je pense. J’y retrouve un ancien collègue qui courrait à l’époque en cadet, le voilà sénior désormais, le temps passe vite, je ne l’avais pas revu depuis belle lurette, il m’avoue avoir laissé tomber la course à pied quelques années pour se consacrer a son hobby : la chasse. Mais le plaisir de courir a reprit pour un temps le dessus. James a du faire de gros progrès malgré tout, il devrait bien se comporter sur ce trail, il est jeune (27 ans).

 

On nous annonce le départ dans quelques minutes, nous nous plaçons près de la ligne est j’aperçois Jules César, un coureur déguiser en centurion. Je le vois souvent en ce moment, il a participé à plusieurs trails et également à la Montée du Grand Ballon et toujours en centurion. En plus il est très bon sur les parcours natures.  Je vais le saluer et nous discutons un peu.

 

CAIUS JULIUS CAESAR

 

 Nous nous plaçons et le coup de feu retentit. Nous voilà déroulant nos foulées sur la portion goudronnée qui vallonne sur 900 m avant d’attaquer sur la droite par un sentier qui s’élève dans les bois, la pente n’est pas très dure et le sol tendre à souhait. Peu à peu elle se raidit et nous essouffle, nous partons ensuite sur la droite sur un faux plat montant. Et déjà ça redescend j’accentue mes foulées, pour ma blessure tout est ok, pas de douleur ni trop de gène. Nous sortons du bois et nous voilà revenu au point de départ où tous les coureurs devant moi s’arrêtent. Que se passe-t-il ? Nous ne comprenons rien à toute cette histoire. Après explication, nous apprenons qu’une erreur de parcours est survenue dès la tête du peloton et bien sûr tout le monde a suivi. Erreur de l’organisation, on s’en tape, ces 2 kms nous auront au moins servi d’échauffement de dernière minute, quelques uns décident par leur mécontentement de ne plus participer  à la course et critiquent l’organisation, ils se feront huer par la majorité des coureurs. Je préfère me mettre hors du coup, d’autant plus que je suis également contrarié par l’événement survenu. Mais il est vrai que toute erreur est pardonnable sinon on ne s’en sortirait plus. Les course enfants ne sont pas terminé alors nous participons aux applaudissements des spectateurs venus en nombre pour encourager ces rejetons. Nous formons même une haie de coureurs ce qui rends joyeux nos petits gars, ils ont l’air très heureux d’avoir autant de supporters, tous sourient malgré l’effort. Je profite de l’occasion pour accompagner une petite qui pleure et ce tient le coté, elle arrivera à joindre l’arrivée sous les applaudissements. Ce contre temps aura servi au moins a encourager les petits et plus grands dans leur désir de braver le parcours exigeant qui leur était imposé. Du coup, nous avons tous bien rigolé de cette mésaventure et Salan s’en ai donné à cœur joie, il devait certainement être dans le groupe de tête dés le départ, comme à son habitude. On voit que l’on put être un cador et être très humain.  

On nous demande de nous préparer, mais peu pressé que j’étais, je prends le dernier wagon surpris par le coup de feu, j’étais à une vingtaine de mètre en arrière  de la ligne et me voilà en fin de peloton, enfin presque. Tant pis, mon départ manqué il ne me reste plus qu’a rejoindre un bonne place ce qui n’est pas facile puisque que je ne peux doubler comme je le désirerais, je me faufile tant bien que mal pendant le 1er km de  la portion goudronnée. Le chemin à droite qui monte progressivement dans le bois me permet de rattraper un peu du retard, le groupe est compacte, je suis mal placé par ce départ raté. La pente s’élève, je prends mon courage à deux mains et profite de petits espaces pour contrôler le coureur devant et le passer sans me tuer. Je remonte petit à petit les coureurs et coureuses par petites grappes. Le chemin tendre me permet de prendre une bonne foulée. Le raidillon légèrement pierreux qui s’en suivit n’arrêtera pas la machine en marche mais je fais attention car la situation risque de changer du fait de ma remontée malgré tout bien gérer. Caius Julius Caesar est devant moi à une centaine de mètre, il est meilleur que moi mais je pense que lui aussi c’est fait prendre de vitesse par le coup de feu du départ.

 

 

Le chemin arrivant au sommet continue sur des faux plats montants et descendants ce qui nous permet de récupérer un peu de notre effort. Nous passons le camp préhistorique, le terrain est souple, nous avons fait déjà plus de 2 kms. Nous passons devant le Camp Préhistorique riche en vestiges qu'il est possible de visiter.

 

 

 

 

  Le bois de feuillus n’est pas très dense malgré la présence de quelques chênes aux troncs épais, le reste n’étant que des charmes et arbustes de moyenne taille, la lumière y pénètre très bien, des pétales de fleurs couvrent le sol, je saurai plus tard qu’il s’agissait d’acacias. Mes jambes répondent bien à mes demandes. Caius Julius Caesar a disparu derrière le feuillage, je ne le vois plus, l’empereur s’est fait la belle. Par moment nous sortons du bois un court instant et là le soleil nous chauffe soudainement, cette différence de température entre l’espace boisé et le parcours ensoleillé est assez désobligeante mais il faut s’accoutumer.

 

A l’approche des 4 kms nous entamons une autre butte qui, celle-ci, n’est pas rigolote comme je le dit à mon compagnon de route au tee-shirt blanc qui acquiesce. Tee-shirt blanc est devant moi est commence à allonger son écart, 10 puis 20 m nous séparent, il crapahute d’une belle régularité, je ne le lâche pas et tente de ne pas le perdre de vue, nous passons d’ailleurs quelques concurrents lors de cette grimpée difficile. Enfin la cote terminé nous voilà en situation de relancer l’allure et je reviens doucement sur mon compagnon d’évasion. Tee-shirt blanc ralentit ce qui me permet de le reprendre alors que le sentier ne présente plus de réelle difficulté. Toujours dans le bois, les montées et descentes se succèdent gentiment sans besoin de forcer l’allure, ça roule cool. Tee-shirt blanc a lâché prise. Je n’ai plus qu’à battre la campagne de mon rythme régulier.

 

 

  LA PIERRE QUI VIRE

 

 Au 1er ravito, au environ de La Pierre qui Vire (4.5 km), je m’arrête un cour instant pour boire un verre d’eau. Je repars quelques secondes après et tout de suite la pente monte sèchement, pierres et racines sont au menu, cachées sous des épines, on dirait des épines de pins ou de mélèze, je lève les yeux et je crois reconnaître du Pin mêlés de feuillus. De nouveau le chemin vallonne avant de replonger par une descente raide parsemé de pierres marquées de rouge afin de prévenir les randonneurs et coureurs du danger. Puis on a droit au tapis de feuille mortes, cela glisse une peu malgré le temps sec de ces derniers jours. Ca monte déjà moins au bout d’un instant et nous traversons un champ. En plein soleil l’effort sera moins intense, je me retrouve seul, mais je vois devant moi un jeune homme à la peine (un cadet, je pense), je le passe et il s’accroche mais il abdique vite. Mon allure a du le décourager.  

2ème ravito, je ne m’y arrête pas, nous devons être au 6.5ème kms. La descente sur Morey s’annonce, feuilles mortes et les éternels pierres mais plus espacées. Par endroit la descente s’avère très technique, d’ailleurs l’organisation a prévu 2 pancartes de danger pour nous prévenir. Un km de grandes foulées quand on le peut nous fait accéder à la route goudronnée qui nous amène à Morey. On en chie, on est en plein soleil qui maintenant plombe bien, notre passage à Morey est accueilli par des spectateurs pas du tout avare en encouragements.

 

 LA ROCHE MOREY ET MOREY

 

 3ème ravito, pas d’arrêt. A la sortie du village une belle montée goudronnée se profile, ça grimpe dure. Là je trottine pour ne pas trop dépenser les forces qui me restent, je travaille sur la pointe des pieds, ce qui me permet d’avoir une foulée légère et peu fatigante. Style bouquetin (on a le droit de rêver). Retour sur chemin forestier La pente s’accentue encore juste après le virage de gauche. Des coureurs marchent et je pense qu’à ce rythme je pourrai les doubler, il faut jouer de prudence à ces moments là.  Ils sont cinq à me boucher le passage, je dois chercher le bon endroit pour passer sans être bloqué. Un me laisse passer, les autres baisseront pavillon lors de mon échappé lors de cette montée pierreuse et très pentue. Puis virage à gauche sur un terrain tendre et plat dans le sempiternel bois mêlés de pins et de feuillus. A cet endroit je rejoins des coureurs d’Asnières, je suis revenu sur eux en prenant tout mon temps. Virage à droite et ça descend, feuilles mortes, racines mais pas trop de pierres.

Les coureurs d’Asnières reviennent sur moi au 9 ème km. Ils se démènent et ne me laissent aucun répit. Malheureusement leur effort pour revenir à ma hauteur leur ont été fatidique, l’un deux est définitivement lâché et l’autre s’accroche mais perd du terrain alors qu’une nouvelle montée vient de relancer les débats. J’entends sa respiration saccadé à une dizaine de mètres derrière moi. Il insiste dans sa résolution à ne pas me laisser filer. Mais je relance et il est avalé par la forêt, je ne le vois plus. Mon rythme est prit, définitivement. Ma respiration est régulière et ne témoigne aucune fatigue. La partie vallonnée qui s’ensuit me permettra de dérouler mes foulées au gré du terrain, je suis maître de la Montagne de la roche,  je l’ai apprivoisé comme on apprivoise un chiot. Plus un bruit, que le chant des oiseaux qui m’entourent et le soufflement du vent léger sur les feuilles d’arbres.

10ème kms, à l’approche d’un endroit dégagé, je vois juste devant moi à une cinquantaine de mètres Caius Julius Caesar. Revenir sur l’Empereur est une joie intense, mes retrouvailles avec celui qui à chaque fois me matait sur les pentes abruptes des Vosges et du Jura est là à porter. Par contre pour battre ce coureur d’un courage exemplaire du fait qu’il traine avec lui toute la tenue du centurion armé de son glaive m’a toujours impressionné. Son casque dorée orné de son plumeau de même couleur que sa runique se voit à cent lieues à la ronde, on ne peut pas l’ignorer. A la montée du Grand Ballon, même dans la grisaille nous l’avons vu de très loin arpenter les sentiers rocailleux, quel audace, quel témérité. Il me faut calculer chaque foulé, ne pas perdre la moindre molécule d’oxygène pour venir à bout du romain. C’est l’épreuve de la journée et il est venu pour me donner l’occasion de prendre ma revanche, le destin fait bien les choses. Loin des Vosges et du Jura, nous voilà réuni pour un dernier combat dans l’arène. Nous sommes à Rome, le public est nombreux dans l’amphithéâtre. Son glaive luit au soleil, sa cape rouge sang, poussé par le vent ondule, quel fière allure.

EXACT REPLIQUE DE SON CASQUE

 Il faut que je rentre dans son jeu et son esprit, pour cette raison je prendrai l’apparence du gladiateur Lucius Kikourus.

LUCIUS KIKOURUS

Il m’aura fallu patienter le 11ème km pour revenir à sa hauteur. Une discussion s’engage entre Caius Julius Caesar et le gladiateur Lucius Kikourus. Il tente de sortir son glaive du fourreau mais se souvient que nous sommes en temps de paix et comprend que je veux sur ce combat loyal le destitué, sur cette terre Séquane, de sa souveraineté. Je lui promets, séance tenante en passant devant lui, de l’inscrire sur mon récit. Je lui rappelle qu’au Grand Ballon, il ne s’était pas gêné de me mettre une bonne branlé. Il m’avoue ne pas aimer les parcours trop roulant, sachant son infériorité sur ce terrain, je profite de cette occasion pour le lâcher dans cette partie, a porter de voix il me demande si je participerai au Marathon du Ballon d’Alsace. Je lui réponds que non car je pense ne pas être suffisamment entrainé et que je ne l’avais pas inscrit sur mon agenda. Il me dit « vivement l’apéro » je lui réponds «pas de problème il est offert par la municipalité au terme de l’épreuve, on s’y retrouvera ».

 

Sur ce, je le laisse à une vingtaine de mètres, mais comble de l’ironie il s’accroche courageusement et ne laisse plus l’écart s’agrandir et cela pendant plus d’un km. Il est toujours dangereux et me laisse douter de mes capacités à battre l’Empereur, au moins une fois.

 

A proximité du 12ème km, les spectateurs qui sont là, juste à l’ébauche de la route goudronnée que nous retrouvons après cette belle balade en forêt, nous applaudissent et nous disent que c’est bientôt fini. Je les préviens que l’Empereur arrive, pensant avoir fait le trou qui me mettra à l’abri je me retourne et je vois ce diable qui est encore à mes trousses. Je dois dès maintenant ne plus lui laisser le loisir de me retrouver pour la bagarre final. Le gladiateur a droit à sa revanche et elle doit être de taille. Lucius Kikourus accélère sur ce faux plat descendant, Caius Julius Caesar toujours à bonne distance ne s’en laisse pas compter. Dorénavant je ne me retournerai plus car les 100 derniers mètres très raides juste avant l’arrivée vont bientôt apparaître au bout de cette folle chevauchée. Je passe un coureur sur ma lancé et gravit dans un dernier coup de rein ma dernière chance de victoire. Je m’attends à voir Caius Julius Caesar fondre sur moi et me devancer sur la ligne, cette idée me fait me surpasser et sur un sprint décisif j’avale un dernier coureur comme une trombe, surpris par la rapidité avec laquelle je le nettoie, il lance son sprint mais il est trop tard j’ai passé la ligne. Pas de Caius Julius Caesar. Je vais vers le ravito pour m’y désaltérer et constate en me retournant de Caius Julius Caesar arrive enfin avec seulement 17s de retard sur moi. Le brave m’a donné du fil à retordre. Ce n’est qu’une courte victoire sur l’Empereur. Il ne faudrait pas qu’il me tombe dessus trop souvent car je risque d’y laisser des plumes. ALEA JACTA EST

 

Les podiums se sont bien déroulés, les 3 premiers de chaque catégorie ont eu droit soit aux coupes ou lots. Une médaille à tous les enfants. Et pour couronner le tout une récompense a été offerte à Jules César pour son splendide déguisement. L’organisation n’a pas été insensible.

 

Et maintenant à l’apéro, Jules est en pleine discussion avec ses nouveaux fans de sexe féminin alors que James et moi-même sirotons un verre de vin blanc de Champlitte. Le tavernier se balade hilare au milieu des convives est verse le breuvage dans les verres qui se vident dans une ambiance bouillonnante. Papotages, rires et fendages de gueule, la Haute-Saône en un mot.

James s’en est allé, je vais prendre mon repas. Côte de porc – frites, fromages et café à volonté. Le vin est prit à part du repas contre une poignée de sesterces. A table je tape la discute avec un couple de Gray. Mais c’est papy le plus bavard, nous nous retrouvons en pleine occupation allemande dans les années 40 puis il me parle de Besançon où il a travaillé il y a  une cinquantaine d’année. L’ambiance et bien là, nous sommes nombreux, les

villageois sont bien heureux de nous avoir à leur table. Simples, chaleureux et accueillants, ils ont su faire de cette journée un moment convivial. Bravo pour l’organisation malgré le problème du premier départ, ils ont non seulement rattrapé le coup mais nous l’on fait oublier. Très beau parcours avec des points de vue sur toute la vallée et qui valent le coup d’œil. Merci à tout le village pour son accueille et son savoir vivre.

 

J’ai terminé à la 28ème place sur 134 et dans ma catégorie 8ème sur 36 en 1h02’22s.  

 

2 commentaires

Commentaire de CROCS-MAN posté le 03-06-2009 à 07:13:00

Bravo Lucius,
Merci pour ton récit et cette course homérique.
Tu l'as eu.

Commentaire de jean-chris05 posté le 06-06-2009 à 18:39:00

Tu es venu, tu as vu, tu as vaincu...

Ave Lucius...

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