L'auteur : seapen
La course : Trail du Pont du Diable
Date : 3/5/2009
Lieu : Vaite (Haute-Saône)
Affichage : 1177 vues
Distance : 22km
Objectif : Pas d'objectif
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2 autres récits :
(quasi suite du récit précédent)
... Eh! attends... faut d'abord que je la fasse ...
La course du "trail du Pont du diable"... qui suit la course du Creux de l'enfer, à Vaite en Haute saône. 21 ou 22 kms avec peu de dénivelé dont une partie roulante et plate et l'autre avec une première moitié avec des légers dénivelés genre course nature et une deuxième qui voit le retour sur chemins stabilisés et petite route goudronnée.
Le jour suivant, samedi est consacré à la récupération de la course courte et pas éprouvante, au point de me sentir bien. Le temps est consacré au repos mais je ne reste pas statique. En fait je suis toujours debout à m'occuper dans de multiples déplacements.
Je pense depuis longtemps que celà favorise la récupération.
Une bonne nuit se passe pour compléter la pause. Elle est suffisante et le dimanche matin me voit démarrer tôt pour près de 60 kms au fil des départementales qui m'amènent sur le lieux de ce "presque" semi marathon classique en pleine nature.
Passage à proximité des Monts de Gy, fief des Chauffe la semelle (récit trail des Monts de gy).
Je connais Vaite pour l'avoir déjà fréquenté. Elle est sympa et j'ai été tout de suite partant pour me la "faire" une seconde fois. (Ne vous méprenez pas. Je vous rappelle que Vaite est un raccourci qui désigne par le nom du village qui l'accueille la course organisée par ses habitants. Maintenant est-ce correct de dire qu'on se fait une course ? Mais dans un contexte de laisser-aller ça devrait passer à condition que l'on se ressaisisse aussitôt ; ce que je fais ilico presto).
La première remonte à quelques années déjà et le parcours était différent de celui qui se présente aujourd'hui. A cette époque il représentait quelque chose de séduisant parce qu'ils nous faisait sortir des chemins battus que sont les courses populaires sur bitume, plates. On empruntait des sentiers montants qui nous amenaient à fouler des chemins et petites routes vicinales. c'était vraiment sympa, les courses de ce fait s'ouvraient à la nature.
Les organisateurs nous ont concoctés cette fois un autre parcours. peu différent mais pas pareil quand même.
Sur les lieux qui me sont familiers et que je n'avais pas oublier (ce qui n'était pas le cas du "Creux de l'enfer" (voir récit précédent qui vaut vraiment le coup)) je me pose. J'apprécie l'endroit. S'il fallait un seul mot, ce serait Accueillant. Tout est à portée où que vous soyez. Vous faites corps avec les autres, vous sentez que vous appartenez pour un temps à une petite communauté qui va vivre sa vie qui sera la vôtre. Donc je suis bien là et je ne regrette pas d'être venu. Il faut quand même savoir que j'ai eu quelques hésitations, oh ! bien peu, mais quand même du fait qu'il fallait que je "passe" ces 11kms330 à Mignovillard.
Je suis d'autant plus rassuré que lors de l'échauffement sur le bord de route, je ne ressens qu'une petite dureté au niveau des ischio-jambiers, pas grand chose qui s'élimine rapidement après avoir effectué 2-3 mouvements qui voient ces muscles totalement étirés. youp ! disparues ces sensations de contracture.
Je me renseigne sur le profil, sur le terrain, sur l'état des pistes. Des informations mais contradictoires. Pourtant un fond de vérité existe dans tout ça et je suis très attentionné à me faire une idée exacte d'autant que je dois choisir entre deux paires de chaussures. une de trail et l'autre plutôt mixte. Au final je choisis la mixte, des godasses qui me chausse parfaitement dont la languette est prolongée et fixée sur les côtés par un tissu élasticé. Elle n'est pas libre , quoi ! C'est très confortable et ça tient parfaitement au pied qui trouve bien sa liberté de mouvance à l'intérieur sans contrainte de pressions quelles qu'elles soient. La semelle externe dispose de nombreux crans plissés en une couche pas trop épaisse et reste de fait très roulante. Je ne suis jamais déçu lorsque je la chausse et je ne l'utilise que sur des courses n'excédant pas 20 bornes sur terrain mixte, chemin et bitume. Quand je pense que je l'avais laissé un peu de côté durant un temps. Légère en plus.
Après le départ et avoir effectué la course c'est l'arrivée.
Terminé. 2 courses en 3 jours. Ce n'est pas vraiment une performance. Celà s'est fait tout naturellement.
(note de l'éditeur : Attends, là ! Y ne va pas s'en tirer comme ça... Il a reçu son avance pour un récit, un vrai. Y va nous bouffer la ferme. J'vais devoir fermer boutique... oh oh oh ! va falloir réviser ça en vitesse.)
Du calme, j'ai simplement changer de style. Je commence par la fin, c'est tout.
Je me souviens de la petite route sur laquelle je ne suis pas parti vite. J'en ai pris conscience rapidement et j'ai su alors que cela ne pourrait être vécu comme un semi classique.
Sans connaître le type de circuit qui se présente on se moule au profil immédiat ou plutôt c'est lui qui vous saisi, qui vous force à vous adapter presque instinctivement.
L'environnement s'impose dans tous ses composants.
Dans la première partie du parcours roulant sur goudron pour commencer et sur chemins où la foulée reste stable l'absence de pentu amène à dérouler. Vous êtes chrono et vous chercher à pointer au 1er kilo. comme il n'est pas indiqué vous vous basez sur le 2ième que vous êtes forcé de deviner à tel endroit en fonction de vos sensations. L'indication kilométrique renseigne peut-être les 5kms, mais vous n'avez plus fait très attention. Déjà vous êtes dans une autre logique de course. Vous vous êtes adapté pour vous débrouiller sans repère.
Un découpage global continue cependant mentalement à ressembler à celui d'un semi sur route sur lequel vous continuez de vous baser.
Le paysage n'est pas vallonné sinon légèrement quand votre vue accroche l'horizon. L'espace est très découvert et le soleil ne tape pas fort. L'air ambiant emplit bien les poumons, on respire sur cette course, on est ouvert sur l'environnement.
La température va peu à peu monter au fil du parcours.
Bientôt les 10 kms se font répérer. La moité presque du trajet s'est effectuée d'une manière consciencieuse. Pas autre chose à faire qu'à se concentrer sur son rythme de course en se demandant à chaque instant s'il n'est pas trop ou pas assez pour bien figurer et l'effectuer conformément à ce qu'elle vous offrait rapport à ses qualités que vous avez quand même du mal à saisir. On est un petit peu dans l'expectative quant à l'appréhender comme il faut pour bien la courir.
Comme image explicite : sur un parcours de randonnée pédestre que vous pratiquez en courant vous vous trouvez décalé ou le contraire, sur une piste de stade où vous vous surprenez à marcher d'un bon pas certes mais à marcher. Dans les deux cas, vous n'êtes pas adapté. Eh bien c'est un peu l'impresion que j'avais durant ces deux 1/3 de parcours. Comme si je me demandais en courant si j'avais bien fait de me chausser de mes baskets plutôt que de mes skis ou mes patins à roulettes. Bizarre autant qu'étrange.
(J'ai bien envie de me convertir au récit fantastique).
Et c'est là que les trolls traversèrent le sentier. L'un m'aperçut, avertit immédiatement ses compagnons. les yeux malins et méchants comme un seul se retournèrent sur moi. D'un coup je me sentis tout petit et puis seul, seul. Où sont les coureurs qui étaient avec moi. Ils s'approchent et d'un bond me sautent dessus. Ahhhhh!!!!! criai-je à cet instant.... Ce fut atroce. Pas un seul n'a réchappé à la véritable "torniole" que je leur ai refilé. Non mais... ils ne pensaient tout de même pas que j'allais me laisser faire.
Puis la balade continuant on est amené à parcourir des traces plus nature dans le sens où elle nous amène hors des chemins par les sentes de champs ou à travers bois avec des montées - descentes cette fois. L'agréément est bien réel et apporte un coup de fraîcheur, un peu d'ombre dans les passages boisés. L'esprit trail se fait sentir. Immanquablement le rythme change et s'adapte. Pourtant l'envie d'en découdre est et reste au fond celle d'un semi. C'est une vraie bataille où le cerveau s'embrouillerait presque. C'en est déstabilisant et cet élément renforce sans doute la difficulté.
Le peloton s'est largement étiré et je ne perçois que le coureur qui me précède. Il se fait de plus en plus proche au fil des kilomètres.
Cependant ce qui s'impose à toutes ces sensations-considérations c'est l'esprit d'une balade. L'environnement lorsque que l'on longe les canaux inspire le farniente surtout quand on côtoie un bateau qui glisse sur l'eau à peine moins vite. Je cours concentré mais franchement je suis capté par l'environnement. J'en profite car il est doux de se laisser envelopper par celui-ci.
C'est vraiment le charme de cette course qui est assez paradoxale puisqu'il faut soutenir parallèlement un rythme qui n'a rien de la promenade.
Encore un peu et je m'arrête là où se trouve un pêcheur, m'assied à ses côtés.
Mais je sais que je fais partie de l'ensemble auquel j'ai adhéré dès la réception du dossard. Donc impossible d'échapper matériellement au groupe et la pensée de fait y revient toujours. On appartient dans ces moments à un autre monde et je comprends alors le regard des humanoïdes qui nous observent avec un drôle d'air que je peux maintenant définir sur le bord de parcours.
La route est longue sur ces chemins rectilignes. L'étirement du peloton du début est sans fin et quand même je déroule aux côtés d'un V2 que j'ai fini par atteindre avec qui je joue à "tu me dépasses, je te dépasse". Il y a quand même une bataille qui s'est engagée entre nous. Celà se sent à certains moments quand l'un force un rien le rythme, l'autre s'accroche immanquablement.
Puis à un moment je cède un peu et ne reviens pas puis cède de nouveau mais ne procure pas l'effort nécessaire peut-être parce que je ne le peux pas ; mon adversaire qui n'en est pas un l'a bien compris et maintient fermement la cadence. Jeu cruel où le moindre instant de faiblesse est immédiatement mis à profit pour augmenter son avantage. Sniff. Tout ça me fait bien de la peine.
(note de l'éditeur : Ah non ! pas de sentimentalisme, on n'est pas dans un mélo).
Je reste donc froid et me dis que tant que l'on est pas arrivé. tout peut arriver. Par exemple une situation nouvelle se présentera peut-être qui me verra "le bouffer".
(note de l'éditeur : Ah oui ! là, ça c'est mieux)
Au loin se profile le clocher du village et puis les maisons se distinguent au travers du paysage.
Je garde le tempo ; la vitesse a baissé mais j'avance et tiens le coup. Le dernier
kilomètre se dessine bien et je peux donc gérer au mieux le final. Au loin le coureur qui m'a faussé compagnie a décidé d'enfoncer le clou.
"M'en fous".
Deux cent mètres restent à parcourir, une ligne droite bordée par les haies de spectateurs. Impressionnant.
Sur le bord une maman et sa petite fille blondinette.
"""une petite fille blonde, toute fraîche dans le cou duquel on planterait bien ses crocs"""
eh... mais je n'ai pas écrit ça moi !
(note de l'éditeur : c'est pas moi non plus)
Certainement le souffle de l'Être malfaisant qui, pour mieux séduire, revêt les habits du vampire. Qu'est-ce qu'il est collant !
Celle-ci en lui tirant la manche et en me pointant du doigt : " Dis maman ? pourquoi le monsieur il est couvert de poils et taché de plein de sang ? "
" Je ne vois rien ma chérie ! Mais ?!!! qu'est-ce que tu racontes? euh... j'en sais rien mais puisque tu le dis, euh ...il a dû tomber dans une fosse à trolls, tiens. Tu me faire dire n'importe quoi, regardes donc les coureurs "
" tu m'expliqueras "
" c'est ça. t'en parleras à ton père "
Et c'est l'arrivée au milieu de nombreux spectateurs qui vous accueillent royalement.
Comme si je sortais d'un sas où une sorte de solitude m'avait saisi comme lorsque qu'on vit un rêve. Je replonge ainsi dans ce corps dont j'étais sorti au top départ. Je retrouve la communauté dans laquelle je m'étais diluée à mon arrivée. C'est bon, c'est chaleureux.
De plus j'ai réussi ma course. Il fallait les "faire" ces 22 kms.
Puis c'est la fête d'après. Le bouillonnement permanent. L'échange verbal avec les coureurs qui finissent pas se connaître, échanges d'impressions, défoulement joyeux. L'organisation a tout prévu pour accompagner l'ambiance. Un repas est servi qui nous permet de prolonger ces bons moments.
Merci aux organisateurs et bénévoles, aux gens enthousiastes qui nous ont accueilli, aux coureurs qui savent trouver par la CaP le moyen de se faire plaisir.
avec l'autorisation du photographe et la permission des deux qui m'entourent, des costauds qui me mettent à chaque fois "la pâtée"
mais qui est installé sur la place n°1 du podium improvisé ? C'est le champion.
Et en définitive ? la course ? je pense que c'est un parcours parfait d'entraînement question mental. Si on veut préparer un semi sur route où l'on espère bien figurer, s'engager sur ce circuit en ayant à l'esprit de le courir comme dans une compét. vous rendra plus fort si vous arrivez au bout sans vous êtes arrêté bien sûr pour savourer l'instant d'une balade-farniente ; les lieux et le décor s'y prêtant, toute la difficulté est là.
Et le diable dans tout ça. J'ai bien l'impression qu'il s'est servi des trolls. De plus ça s'est passé à proximité du fameux pont.
Il a fini scotché, un peu comme pétrifié.
Il aura quand même laissé sa marque sur mon front. Deux petites pousses cornues apparaissent. Vous croyez que je plaisante, détrompez-vous. Quand je coiffe la casquette (cadeau des organisateurs ainsi qu'un tee-shirt) sur le front de laquelle au dessus de la visière est imprimé un diablotin cornu, celà se remarque. Tous les coureurs pourront vous le confirmer.
Mais je ne risque rien avec mon antidote, celui que l'on peut remarquer quand il vole au-dessus de moi lorsque je cours.
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2 commentaires
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 09-05-2009 à 15:02:00
Super récit fantastique ! Tu as eu de la chance de ne rencontrer que des trolls, imagine que tu sois tombé sur des lutins sodomites !!!
Commentaire de seapen posté le 11-05-2009 à 15:02:00
Tiens ! je ne savais pas qu'ils y avaient des lutins dans les Dolomites
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