Récit de la course : Marathon de Nantes 2002, par La Tortue

L'auteur : La Tortue

La course : Marathon de Nantes

Date : 7/4/2002

Lieu : Nantes (Loire-Atlantique)

Affichage : 3217 vues

Distance : 42km

Objectif : Pas d'objectif

1 commentaire

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Le récit

salut les zanimos,

bravo à tous pour vos performances du week-end dernier.

bon, il fallait s'y attendre, prendre 3 jours de vacances après un tel w.e. était risqué côté encombrement de la Ml. ça n'a pas loupé, le compteur a explosé; je ne regrette pas mon inscription au câble, sinon il m'aurait fallu 3 plombes pour tout télécharger. mais je ne voulais pas me mettre en no-mail à un moment aussi "chaud".

bon alors comme promis, voici le Cr de mon first marathon.

1/préparation :
sur trois mois, concoctée à ma façon, selon les différentes info que j'ai pu glaner dans des bouquins, sur les sites web et sur la ménagerie.
en gros : 4 sorties par semaine avec au total 85% d'E, 15% de Rd et 5% de RD sur l'ensemble de la semaine avec 1 séance plutôt Rd (type 3x15'), 1 séance d'E (45'), 1 séance plutôt RD (type 4 x 4'), et 1 sortie longue (1h30 à 2h15). soit un total de 530 km (environ) pour 50 heures (environ) d'entrainement sur 12 semaines, dont un 1/2 marathon (le premier lui aussi en 1h47'37"), 4 semaines avant le marathon. pas énorme, je vous l'accorde mais je peux difficilement faire plus entre mon boulot et mes charges d'entraineur.
nb : lors du semi j'ai ressenti des douleurs "importantes" dans un mollet, dont je vous ai déjà parlées, et qui m'ont obligé à lever le pied dans les 4 dernières semaines.

2/ les derniers préparatifs :
- dernière sortie longue 8 jours avant (2h15 avec toujours ces foutues douleurs au mollet)
- bronchite carabinée le lundi de pâque et les trois jours qui ont suivit (Antibiotiques +++)
- investissement dans un beau cuissard tout neuf (ce n'était pas du luxe), avec poche arrière logeable pour gels et tube de dextrose
- investissement dans 2 tubes de gel overstim jaune et un rouge (c cher ces machins là, non ??) et dans une boite de Gatosport
- 40' de footing Cooooooool le mercredi
- 1/2 de piscine le vendredi
- TRES important : The repas avec le canari et le siamois (très intéressant et pas du tout PDT)
- grosse journée de boulot le samedi
- managérat de mon équipe de volley le samedi soir (perdu 3/1 à domicile en faisant notre plus mauvais match de la saison :-((( )
- dodo tard la veille au soir car difficulté à trouver le sommeil (mais ça j'ai l'habitude, ça me le fait toujours avant les échéances importantes, sportives ou autres, sans pour autant que j'ai l'impression que cela nuise à mes performances)
- on va donc dire en résumé que la dernière ligne droite avant le départ n'a pas été "idéale".

3/ les derniers instants.
- lever 7h00, 1/3 de Gatosport et 2 bols de thé (erreur ???)
- départ pour la beaujoire (lieu du départ) vers 8h15
- salle temps : pluie, vent (pas très violent mais quand même) et surtout froid pour la saison, d'autant plus surprenant qu'il faisait plutôt chaud depuis plusieurs jours.
- très léger échauffement
- 9h15 : départ, 800 concurrents.
- objectif : FINIR, sans marcher si possible, en gérant au mieux (avec l'espoir secret de faire - de 4h)

4/ la course
- comme je le disais l'autre jour au canari et au siamois, chaque course est pour moi une découverte, donc le seul élément auquel je peux me raccrocher est mon cardio. donc même si je suis conscient qu'il faut plus la faire au feeling, je garde toujours un oeil sur lui car il me permet de m'étalonner par rapport à mes entrainements. pour ce marathon, je décide de 155 bpm comme maxi.
- je passe la ligne dans les derniers, et me force à me freiner dans les premiers km.
- km 1 : 5'25
- ravito du km 5 : pratiquement personne ne s'arrête, je suis très surpris mais suivant vos bons conseils, je me force à m'arrêter bien que j'en n'éprouve absolument pas le besoin. (de toute façon un arrêt pipi devenait indispensable, les deux bols de thé faisant leur effet), je repart 200 m devant le camion balais.
- après ce ravito, je rattrape un groupe de 3 coureurs qui papotent, et j'apprends qu'ils sont partis sur des bases de 4 heures, je discute avec eux, leur explique ma situation. on décide de faire la route ensemble. en fait il s'agit de 3 copains de club dont 1 seul est engagé sur l'épreuve, les deux autres se relaient pour l'emmener en - de 4 heures à l'arrivée et si il y arrive, son patron lui paie New-York (jolie motivation , non ???)
- km 10 : 57', je suis vraiment bien, j'ai même pas mal au mollet, inouï !, j'ai presque envie d'accélérer mais mon expérience passée sur semi-marathon me tempère immédiatement (j'avais accéléré au 11ème km pour "coincer" un peu vers le 17ème), donc je reste bien sage avec mes acolytes.
- km 12 : premier passage devant chez moi, j'invite mes compagnons à prendre un Kfé à la maison, pas le temps ;-)
- km 21,1 : 1h57', je suis toujours bien, mais un deuxième arrêt pipi (long) s'impose, du coup, je perds mes métronomes ;
- km 22,5, au prix d'une accélération mesurée et sans difficulté je rattrape mes compagnons de route, j'ai toujours mal nul part, même pas au mollet. toujours inouï.
- km 25 : deuxième passage devant chez moi, on a toujours pas le temps pour le kfé, mais quelques patients qui font leurs petites courses du dimanche matin me reconnaissent (difficilement car d'habitude il me voient en blouse et non pas en short) et m'encouragent, sympa...
- à partir de maintenant, je rentre dans l'inconnu, je n'ai jamais couru aussi longtemps sans m'arrêter, c'est le moment que j'appréhende le plus (un peu comme la première fois que j'ai fait plus de 100 km en vélo). dans notre petit groupe, les plaisanteries se font moins fréquentes, et les encouragements des meneurs de train sont de plus en plus nécessaires.
- km 26/27/28/29, et vent de face, je commence à sentir la fatigue dans les jambes, le cardio monte à 155, ça bip....donc je le coupe, na.. non mais qui c'est le chef, ici ? :-)))
- km 30 : 2h47', ça va, mais faut pas faiblir si on veut finir sous les 4h.
- km 30 à 32, fin de la deuxième boucle : très dur psychologiquement car je suis souvent seul, avec vent de face. j'ai distancé mais partenaires car en fait je vais un peu plus vite qu'eux entre les ravitos mais j'ai besoin de m'y arrêter plus longtemps afin de reprendre un peu mon souffle pour boire et manger et comme je ne veux pas m'imposer un trop gros effort pour revenir sur eux après le ravito, je préfère avoir un peu d'avance.
- km 32, je prends mon premier gel jaune, soit-disant "coup de fouet", jusque là j'ai tourné avec les fruits secs et les boissons glucosées fournis par l'organisation et par 1 cp de dextrose tous les 5 km. Bon ! pour info, le coup de fouet, je l'attends encore....
- km 35, je sens plus mes jambes, je suis pas bien là, mais j'y pense pas trop, car chaque km qui passe me rapproche de mon but (mon graal, devrais-je dire). tiens il pleut plus fort maintenant et puis cette humidité sur mon visage ce sont peut être aussi quelques larmes... oh j'ai pas honte de le dire, je ne saurais pas dire pourquoi j'ai pleuré pendant à cet instant. ce n'était pas la douleur, j'en suis sur, mais j'ai l'impression que c'était un mélange de fatigue et d'émotions car je savais à cet instant que j'allais finir, peu importe le temps.
- km 36 deuxième gel "coup de fouet" (même inefficacité que le premier)
- km 37 : j'ai mal au jambes mais il en reste plus que 5, et puis tous ces concurrents qui marchent ou que je double doivent être encore plus mal que moi, donc je me dits que je suis pas le plus malheureux, donc je continue, malgré les petits début de crampettes qui, je le sens, commence à me guetter.
- km 38 : j'ai mal au jambes mais il en reste plus que 4
- km 39 : j'ai mal au jambes mais il en reste plus que 3 (gel rouge, "red tonic", plus efficace ? je pense plutôt que c'est le retour de mes compagnons de route et la proximité de l'arrivée qui me remettent du baume au coeur). je sers les dents (au deux sens : propre et figuré) et je dois tellement grimacer que j'ai des crampes dans les muscles du visage, c très couillon ça comme crampes car c pas facile de faire des étirements ;-)
- km 40 : j'ai du mal à réaliser le chiffre sur le panneau ; j'ai couru 40 km sans m'arrêter ??? j'y crois pas. mon dieu ce que j'ai mal au cannes mais ce que je suis content :-)))))))). un speaker m'appelle par mon prénom et m'encourage, tiens qui sait celui-là, je l'ai pas reconnu, comment connaît-il mon prénom ?
- panneau dernier km, je sais que je vais FINIR et en moins de 4h00, et en plus les derniers mètres sont en descente, je savoure......
- à l'entrée du parc expo, nouvel encouragement par mon prénom, mais ! je suis une vedette par ici !!! :-)))
- passage de la ligne,3h55'59" à mon chrono, 15 secondes après mes compagnons qui ont accélérés sur la fin. HEUREUX. ça faisait un moment que je l'attendais...

5/ après la course
- dès que j'ai arrêté de courir, j'ai encore plus ressenti la douleur dans les jambes, pas une douleur de blessure mais une douleur de GROSSE fatigue musculaire.
- dans mon passé sportif, j'ai jamais beaucoup collectionné les coupes et les médailles. En tant que capitaine au volley, j'ai souvent hérité de trophées que j'ai donné à mes équipiers ou à mes dirigeants, MAIS, LA médaille que l'on me remet à l'arrivée, je la passe tout de suite à mon coup, mais je la laisse sous le T-shirt comme pour mieux l'apprécier égoïstement (?), et elle est maintenant suspendue en bonne place pour que je la vois tous les jours...(pas peu fier la tortue...)
- je retrouve le canari qq minutes après l'arrivée, je suis vraiment naze, j'ai pas du avoir une conversation très lucide. (MERCI encore à toi d'être venu, car je connaissais personne sur cette ligne d'arrivée et c TRES sympa de voir un visage connu à ce moment là)
- je vais me faire masser et sur la table de massage, voila que je me mets à grelotter, mais alors sévèrement, un vraiment vibro-masseur. pas moyen de me contrôler, j'ai très froid. ma masseuse (charmante au demeurant, s'inquiète par ma santé, un médecin arrive). je leur dit que je me sens pas terrible mais pas trop mal non-plus, mais que c'est couillon, je tremble comme une feuille et impossible de me contrôler. un secouriste me prête son pull de laine et un concurrent sa couverture de survie. rien à faire j'ai toujours aussi froid, je suis en hypothermie, c clair, et puis je pense aussi, qu'il y a un peu d'émotion et beaucoup de fatigue.

quelqu'un a-t-il déjà eu ce problème de frissonnement ???

- comme l'arrivée est jugée à l'intérieur du parc des expositions où se situe la foire internationale de nantes, je croise plein de visiteurs qui me regardent d'un drôle d'air. faut dire que recroqueviller dans ma couverture de survie et boitant bas, je dois être curieux à regarder. je me traîne jusqu'à la voiture, où j'arrive à me réchauffer un peu.
- en arrivant devant chez moi, je croise ma voisine qui me dit : "vous avez fait le marathon ?". je me dit : "tiens, ça doit se voir sur ma gueule".
- un bon steak et une très longue douche très chaude m'ont remis d'aplomb.
- j'ai roupillé, demi comateux, tout l'après-midi.
- le soir il a fallu que je cours pour attraper mon train : supplice...
- j'ai mis 2 jours à remarcher normalement tellement j'avais de courbature, et j'ai quand même pu trottiner 1/2 heures sur la plage mercredi matin.


bon je vais m'arrêter là parce que je sens que je m'attarde....
mais avant et rapidement quand même, le bilan :

6/ bilan
- ça y est, j'ai couru un marathon, ça faisait partie de mes "rêves"
- peu importe en fait le temps réalisé, j'ai fini en courrant et « debout »
- je pense que ma préparation a été correcte bien que je l'ai élaborée seul, avec ma (petite) expérience et grâce à vos CR et remarques sur la ML
- je pense avoir pas trop mal géré puisque mes temps sont réguliers, MERCI à ces coureurs du racing club nantais qui m'ont énormément aidé, tant dans le timing que dans les moments psychologiquement difficile.
- honnêtement, je ne pensais pas avoir si mal au jambes à partir du 28ème km, mais le siamois dit qu'il n'y a pas de marathon sans souffrir. rassurez-moi, ça fait ça quand c neuf mais après pour les suivants ça va mieux ???? hein ???
-est-ce que cette fatigue à partir du 28ème et qui est allée crescendo jusqu'à l'arrivée peut être assimilé au fameux mur?
- la prochaine fois, je me prévois un vêtement chaud dès la ligne d'arrivée franchie.


VIVEMENT le médoc, on y prendrait goût à ces petites promenades dominicales dans le frais matin de printemps.... et puis au médoc il fera plus chaud, et si j'ai bien compris, le carburant est plus calorigène (c français ça ?)


merci à tous pour votre lecture.



--
bien amicalement.
La tortue...



1 commentaire

Commentaire de Kiki14 posté le 05-07-2006 à 18:56:00

Super La Tortue ton récit...il est très émouvant....je l'avais pas vu passer....(je regarde souvent au boulot...!!!!) mais vraiment : BRAVO a toi MARATHONIEN........

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