L'auteur : Davidou le minou
La course : Trail du Tétras Lyre - 39.3 km
Date : 20/9/2008
Lieu : Saint Andeol (Isère)
Affichage : 2181 vues
Distance : 39.3km
Objectif : Pas d'objectif
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Trail du Tetras Lyre
(39,3 km – 2120 m D+)
Pour résumer en un mot ma course : SOUFFRANCE.
Après une mauvaise nuit très agitée à Gresse en Vercors, l’heure de la course approche. Aujourd’hui, comme la semaine dernière d’ailleurs, j’ai tout un groupe de supporters, constitué d’Amélie, de ses parents, et les miens, mon père participant à la « petite » boucle. Moi je me suis inscrit sur la grande car elle emprunte un parcours au sud de St Andeol : en passant le Mesnil, Gresse en Vercos (village), le col de l’Allimas et la crête du Brisou, puis Gresse à nouveau (station), col des deux, pas de Berriève, périmètre et redescente sur St Andeol. Je connais 70% des chemins par cœur, ayant passé mon adolescence en vacance à Gresse, à parcourir tous ces sentiers en VTT ou en randonnée. Les supporters prennent connaissance de la carte et repèrent tous les endroits où ils pourront venir m’encourager, car il y en a plein, et c’est donc beaucoup plus intéressant pour eux, surtout sur une longue épreuve comme celle là (objectif : 4h30)
On retrouve sur place un petit paquet de Kikoureurs : Ch’ti38, Unbretonàgrenoble et Alex38 avec qui on a prévu de courir ensemble, puisqu’on avait fini « le Bélier » à quelques minutes d’intervalles quelques semaines plus tôt.
Il fait très frais ce matin, on se met en place pour le départ sans échauffement. Puisqu’on est parti pour 40 bornes, autant partir cool. Et finalement on part assez vite, on est dans le groupe de tête dès cette première partie roulante.
Puis on attaque une montée bien plus raide dans un chemin où Alexis me distance déjà. Ca va trop vite pour moi… Puis on rejoint un chemin forestier plus roulant, j’allonge la foulée à nouveau et reviens doucement sur Alexis. Je le sens plutôt en forme aujourd’hui, ça va pas être coton. Puis on attaque la descente, et il descend vite aussi le lascar, je m’accroche car j’aime les descentes également, mais je sens que j’y mets trop d’énergie. Il y a des petites remontées où il garde le rythme, mais j’ai les jambes très raides, les muscles tendus, je lui conseil de ne pas m’attendre et de filer, ce n’est pas mon jour. Sentir mes jambes aussi lourdes, déjà à la limite des crampes, alors que j’ai pas encore fait 10km, ça m’inquiète beaucoup. J’aurais peut-être finalement dû faire un petit échauffement et des étirements. Et puis j’ai fait une course tous les we depuis plus d’un mois, je pense que je le paye. Bref en bas de la montée du Mesnil, la 2e (4 au total, donc la dernière plus méchante que les autres), Alexis s’est envolé et je me retrouve avec 3 autres personnes avec qui on aura un bon rythme tout le long, on fera également la super descente qui s’ensuit tous ensemble.
En bas, on rejoint la route et mes supporters sont tous là, ceux d’Alexis aussi, et ça fait beaucoup de bien. Un coucou à ma chérie, un sourire à Muty avec son appareil, un autre sourire à la sœur d’Alexis qui a son appareil également, un sourire à la camera de mon beau père, pfff, des vrais paparazzis !!! Mais ce sourire n’est que subterfuge, car je sais au fond, que ce n’est pas du tout la grande forme.
Je m’accroche à mon groupe, mais sur 40 km, je devrais gérer plutôt que d’essayer de tenir. Et c’est pourtant ce que je fais jusqu’à Gresse, où je profite du ravito pour me ravitailler un peu. Le fan club est bien évidemment encore là, avec son lot de photos. Allez, zou, on repart pour le col de l’Allimas, tout passe en courant mais j’ai toujours les jambes lourdes.
On sourit pour faire bien, on profite de la vue sur le Mont Aiguille et on attaque un petit single track super sympa, très roulant sur 1 ou 2 km, puis il monte en zigzaguant jusqu’à la crête du Brisous, c'est-à-dire en haut du téléski des Aleyrons pour ceux qui connaissent. La vue est superbe, les nuages ayant dégagé le Grand Veymont. La descente suivante se fait sous le téleski, et là ce n’est vraiment pas une partie de plaisir : c’est très raide, et le sol est défoncé, boueux, accidenté, bref, impossible d’envoyer et du coup ça tape fort dans les cuisses. J’arrive en bas lessivé, ce sera pour moi le début de la fin. On emprunte la route un moment dans la station, et je n’arrive pas à allonger, j’ai maintenant les muscles durs comme du fer, même si finalement je n’ai toujours pas ressenti de crampes. De nouveau mon groupe de supporters, mais allégé puisque mon retard sur Alexis est maintenant tellement important que les siens ont du déjà décoller pour l’encourager au point suivant. Mes supporters sentent d’ailleurs que j’ai un gros coup de moins bien et m’encouragent fortement… mais je sais que ça va être dur pour moi, la montée la plus importante est à venir.
Une montée sur route nous amène d’abord au 2e et dernier ravito du trail, et je prends là mes premières crampes. Pas assez violentes pour m’arrêter, je garde donc une petite foulée jusqu’au ravito où j’en profite pour m’étirer et bien m’alimenter. J’y reste assez longtemps, je refais le plein du camelback à la fontaine, un sourire de ma chérie me redonne du courage « je terminerai mon cœur, même si je fais dernier je n’abandonnerai pas ».
Et c’est parti. Plusieurs coureurs m’ont doublé pendant que j’étais au ravito, et un autre me rejoint en bas de la montée du Pas de Berrièves. Je décide de m’accrocher, et je fais bien : on monte ensemble à un rythme régulier, je suis comme collé à lui et bizarrement, je n’ai pas « trop » souffert, je suis monté comme une machine. En haut on retrouve le périmètre, sentier étroit et parfois vertigineux qui longe la quasi-totalité du Vercors sous les falaises. Ca aurait ensuite du être une partie plaisir puisqu’il n’y a plus de dénivelé, mais je suis tellement cramé que je « limace » sur le chemin, c’est à peine si j’arrive à lever les jambes pour courir. Le coureur avec qui j’étais a disparu et je suis seul. Les nuages sont revenus et c’est dans le brouillard et le froid que j’essaye d’avancer. Il y a des passages TRES vertignieux, le sentier faisant 50cm de large, avec un précipice à droite. Heureusement il y a un bénévole à chaque passage dangereux. Bravo à eux pour être resté là-haut dans le froid si longtemps. Et là, l’horreur pour moi : le sentier remonte ! Et je prends des crampes monumentales !! Obligé de m’asseoir par terre et de m’étirer les jambes. Les crampes passent, mais dès que j’essaye de me relever elles reviennent aussitôt. Je reste donc une bonne dizaine de minutes assis, vidé de toute énergie. Puis arrivent 2 coureurs que je décide de suivre. Je repars mais n’arrive pas à garder leur rythme mais on moins j’avance. Et je continuerai comme ça, comme un zombie, sans force, tout en souffrant, jusqu’à la descente.
A la descente, je me concentre pour ne pas prendre de crampes, et espère qu’elle passera bien. Des larmes me montent même aux yeux… que je stop aussitôt !! Non mais oh !! On s’accroche David, c’est la fin.
Et puis environ 10 min plus bas, je croise mon père qui vient à ma rencontre. Ca me fait un bien fou, il m’accompagne donc un peu dans la descente mais n’arrive pas à me suivre (c’est qu’il a aussi tout donné dans sa course). Il me laisse ses batons, que j’utiliserai une bonne partie de la descente, puis les laisse sur le côté du chemin (c’est que c’est un peu de la triche, et en plus je ne suis pas sûr qu’ils m’aident beaucoup).Je double ensuite le coureur avec qui j’ai fait la montée (il s’est tordu la cheville dans la descente) Je fini par croiser ma mère, puis mon beau père, puis on croise la route où m’attendent belle maman et Amélie, qui décide de m’accompagner sur mon dernier km en courant avec moi. Excellent. Toute la souffrance que j’ai vécue là haut a complètement disparu. Bien sûr, j’ai toujours aussi peu de force dans les jambes, mais je me sens bien. Et la Mimie s’accroche dur car ça descend technique dans un chemin glissant. Puis on remonte par la route et je sens qu’elle y met toutes ces trippes, je suis très fier d’elle. Elle va même plus vite que moi et je lui demande de ralentir un poil. Mais finalement, elle fini par craquer. Je me mets donc à marcher avec elle. Mais le coureur de derrière revient. On essaye donc de courir mais c’est trop dur pour elle. Je la laisse et file vers la ligne d’arrivée. Le coureur la double, et ça lui donne une énergie incroyable, elle repart en courant le redouble et me rejoint… et on passe la ligne d’arrivée mains dans la main. Super moment.
Bilan : 5h00 pour une 17e place. Très loin de l’objectif et une grande souffrance. Mais heureux d’avoir couru « chez moi » et d’avoir vécu cette arrivée la minette.
On finira sur les tables des masseuses qui s’occuperont bien de moi, faut dire que je ressemble plus à grand-chose.
petit coup de moins bien
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5 commentaires
Commentaire de Fimbur posté le 08-10-2008 à 21:26:00
Salut David,
bravo pour ta course, le mental a été fort ! c'est une bonne expérience pour l'avenir même si c'est difficile dans ces jours sans.
Bonne récup,
Fimbur
Commentaire de brague spirit posté le 09-10-2008 à 08:56:00
Super compte rendu,d'une journée délicate,que tu as su maitrisser,grace au mental,et à ton entourage.Il faut etre pris pour apprendre.L'an prochain,sur ce trail,qui semble te tenir à coeur,arrive plus frais.
Commentaire de @lex_38 posté le 09-10-2008 à 13:22:00
On l'aura attendu longtemps ce CR! Je revis ma course dans la tienne!
Tu as souffert pendant cette course, mais tu n'as pas craqué! Comme quoi le mental compte autant que les jambes!
Dommage de ne pas avoir couru ensemble plus longtemps! ça fait 1 partout, va falloir faire la belle!!!!
encore merci à ton fan club de m'avoir aussi supporté, ça aide!
A la prochaine ;-)
Commentaire de unbretonagrenoble posté le 09-10-2008 à 15:35:00
Bravo pour ta course car j'aurais pas pu en faire autant!
C'est vrai qu'un fan club pendant une longue course de 5h, ça motive (j'aimerais bien en avoir un aussi!!!)
A plus et remets toi bien en forme
Commentaire de muty posté le 09-10-2008 à 21:57:00
super belle course malgré ta souffrance et on aurait aimé pouvoir la soulager...
de bien beaux souvenirs
Mutie
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