Dans ma vie sportive le dimanche 14 septembre 2008 restera le jour où j’ai couru, pour la première fois, en catégorie Vétéran. J’appartenais enfin à la catégorie reine chez les trailers. Celle de l’expérience, de la maturité, des mollets et du mental d’acier.

Pour tester mes nouveaux superpouvoirs j’avais choisis de participer à la version courte du 2^ème trail du Guillestrois - Queyras. J’étais accompagné de Nathalie qui utilise les siens avec bonheur depuis une saison déjà.

Dimanche, réveil matin 5h45, toujours aussi dur de se lever. Les étoiles brillent, c’est bon signe après les précipitations du samedi.

6h20 : Nathalie, motivée pour son 1^er vrai (petit) trail, m’attend devant la gare de Chorges. Alors qu’elle a rarement dépassé l’heure de course, nous avons aujourd’hui un objectif d’environ 2h15 pour 18km et 990m D+ annoncés.

7h10 : Inscriptions à l’office de tourisme de Guillestre. Le ciel est clair, l’air est vif (5°C).

Les sommets des Ecrins sont blancs, il a neigé au dessus de 2000. L’été touche à sa fin.

8h00 : Départ d’une petite cinquantaine de courageux sur les 40km et 2400m D+ du grand circuit. Le favori, venu de Marseille, se perdra dans la neige…

8h30 : Nous sommes environ 90 à nous élancer en direction de Ceillac, au cœur du Queyras.

Nous nous élevons (trop ?) rapidement au dessus de Guillestre, le massif des Ecrins et le Pelvoux (3946m) à notre gauche, le Queyras à droite.

8h55 : Nous attaquons les premières grosses pentes du mont Guillestre quand Nat s’échappe. Une seule fille la précède. Elle est parti sur son rythme habituel, la reverra-je avant la fin ?

Ma sagesse de jeune vétéran me conduit, un peu tard, à ralentir un peu.

9h00 : Je viens de prendre un gel, quand, nous attaquons droit dans le pentu pour un terrible kilomètre vertical (voire plus raide encore…) rendu glissant par les pluies de la veille. Ce n’est pas là que je vais me refaire une santé ! Nathalie s’est envolée, elle a disparu de ma vue (qui se limite alors aux bouts de mes chaussures).

Un peu plus tard (je n’ai pas la force de regarder ma montre), nous tournons à gauche vers des pistes forestières moins abruptes. Nous allons dorénavant progresser en balcon, au dessus de la vallée du Cristillan qui doit  nous conduire vers Ceillac. De longs faux plats plus ou moins montants me permettent de retrouver mon souffle et un peu d’énergie. J’en profite pour relever le nez et admirer le paysage. Nous traversons une belle forêt de résineux, sur le versant ubac de la vallée. En face, le soleil illumine les sommets enneigés… Le plaisir est de retour. Je retrouve une allure correcte et rattrape régulièrement quelques compagnons.

10h00 : Mes nouvelles jambes bioniques (nom de code V1H) entreraient-elles en action ? Une descente (enfin) me permet de les tester. Une première partie technique et humide survolée tel un Batman relooké à la mode Kikourou et je reviens dans le sillage de superNat qui paye un peu son départ supersonique.

Un joli sentier sinueux nous conduit en fond de vallée. Il nous faut maintenant remonter tranquillement vers l’arrivée.

Le changement de d’allure est un peu difficile (surtout pour Nathalie).

10h20 : Nous quittons les bois pour les vertes prairies annonçant Ceillac. Au milieu de la vallée, dans son écrin de sommets enneigés, pointe le clocher du village. Encore deux petits kilomètres de bonheur…

10h30 : Je termine 35^ème sur 82 arrivants.

10h32 : Nathalie finit 38^ème et 6^ème féminine (pas de podium aujourd’hui mais objectif chronométrique largement atteint).

Un petit ravitaillement, des étirements au soleil, quelques photos panoramiques et nous redescendons tous vers Guillestre dans le même autocar (les gorges du Guil sont toujours aussi étroites et encaissées…).

Mes impressions de Néo-vétéran : Et bien franchement, je suis un peu déçu.

Je me sens toujours aussi jeune (encore parti trop vite à vouloir courir après une fille), ma tête me dit encore que j’ai mal aux jambes dans les montées et il y a toujours autant de monde devant moi à l’arrivée. La force de la sagesse n’est pas encore avec moi…