L'auteur : tatamix1972
La course : Gran Trail Valdigne
Date : 12/7/2008
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 2340 vues
Distance : 87km
Objectif : Pas d'objectif
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Oggi, lunedi 14, sono alla cima dell' Aiguille du Midi ma i miei pensieri sono ancora laggiù, sull' altro versante del massiccio del Monte Bianco...
Sono quasi le due di notte ma non ho più nessuna nozione di orario... piove a dirotto da molto tempo... ho male alle gambe al punto di non sapere più come mi reggono... ma sono felice, molto felice... ho appéna tagliato il traguardo del Gran Trail di Valdigne. Non ci credo ancora veramente ma è pur vero, ho finito...
Et poutant ce n'était pas gagné, loin de là... Plus le jour de la course se rapprochait, plus j'avais le sentiment de ne jamais pouvoir la terminer... Quatre-vingt sept kilomètres, plus de deux marathons enchaînés, plus de 30 kilomètres de plus que ma plus grande distance parcourue jusqu'alors... et puis les 5100 mètres de dénivelé tant positifs que négatifs, plus de 2000 de plus que ce que j'avais déjà fait... E completamente picchiatello, il tizio !
Et puis surtout cette puttana de blessure aux adducteurs, contractée il y a tout juste deux mois, le 12 mai... questa sporcizia di dolore qui m'a empêché de m'entrainer une bonne partie du printemps, qui m'a contraint à oublier mon probatoire asprirant-guide pour cette année et qui, une semaine seulement avant le trail, se faisait encore sentir.
Mais pourquoi norcir le tableau, car comme dirait mon cousin de Bologne, "anche se non faccio lo sport, posso mangiare come loro"... et hop, quelques petits kilos superflus en plus.
Arrive donc le vendredi 11 juillet, veille de la course... Tout va bien, je ne suis pas stressé du tout, enfin presque pas... enfin si peu parce que je n'ai toujours aucune nouvelle de mes chaussures parties en SAV, qu'il pleut des cordes et que la mia donna è sempre con la macchina sulla strada tra Grenoble e Chamonix, ma non so dove, e questo alle diciassette passate.
Io, non ho fatto niente per meritare tutto questo, màmma mia ! Ouais, là, ça tombe un peu dans le tragi-comique... alors on va plutôt revenir aux bonnes recettes de grand-mères pour combattre le stress : trouver quelqu'un d'encore plus stressé que soi. Toh ! Ecco la mia donna che arriva ! E stanca, è brutta... Non ha abbastanza di allenaménto per la corsa... tutto è sprecàto ! Quand je vous dirais le résultat qu'elle a fait sur le 45 kilomètres, vous allez rire...
Enfin ! L'important était que je suis parti retirer mon dossard et manger les pâtes à Courmayeur sans plus du tout penser à la course du lendemain. Buono pasto, Gerolamo e l'animale alla coda piatta incontrati in colpo di vento, qualche movenze di scalata per digerire, una doccia (di temporale) da ritorno a Chamonix... e al letto !!!
Sabato 12 alla mattina, nous revenons à Courmayeur ; Catherine et François pour le 45, moi pour le 87 et Alice comme médecin bénévole à la Thuile. Derniers préparatifs juste avant la course, je retourne vite fait aux toilettes du gymnase et, en revenant à la voiture... "Puttana, la màmma ! Marco, guarda la ragazza !"
Et le Marco en question de répondre du tac au tac : "Santo cielo ! Ma perché mi sono sposato con la mia ?" Vous comprendrez que je me suis retourné pour voir ce qui provoquait un tel émoi ; d'ailleurs c'était exprimé avec tellement de voix que tout le monde s'est retourné à 100 mètres à la ronde. Màmma mia ! Una bomba atomica con le piccole mutànde gialle, che la mutàndina si vede attraverso... e le gambe... le gambe... Non parlo neànche del bustino, oh màmma mia !
Oui, Catherine, je te traduis... une fille pas très belle habillé d'un pull jacquard et d'un pantalon en gros velour marron. Non, Catherine, je t'assure que c'est ça, la traduction.
Le fait est que je suis revenu à la voiture un peu émoustil... euh... très concentré sur la course dont le départ allait être donné dans très peu de temps. Credi che fa il percorso di 45 o di 87, la ragazza ?
Bon, de toute façon, revenons aux choses sérieuses : plus de 700 coureurs, les organisateurs, les bénévoles, une partie de la population locale, des touristes... tous regroupés dans les petites rues piétonnes du vieux Courmayeur... je peux vous dire que ça fait un beau bordello. Mais c'est aussi ce qui fait le charme inimitable de l'Italie...
E pam ! La marea umana si mette in movimento... Qualche 500 metri e già gli cammini si separanno ; Catherine e François a sinistra, io a destra. Je me mets à courir doucement pour commencer, afin de sentir les sensations pour la suite... cela me permet malgré tout de revenir dans les 100 premiers avant d'entâmer vraiment la montée du col Licony. Toh ! Ecco il castoro ! A fra poco e buona gàra !
Au fur et à mesure que le chemin s'élève, des petits groupes se forment et le jeu consiste donc de sauter de l'un à l'autre pour trouver celui qui monte à son allure. Jeu pas facile du tout, vous en conviendrez, puisque nous montons en file indienne sur ces chemins étroits et qu'il est bien difficile de doubler aisément, certains partis trop vite faisant bouchon, d'autres au contraire sans aucune patience doublant coûte que coûte... Ma certo, non ha nessuna importanza in paragone della mia fortuna a essere qui, in questo paesaggio magnifico...
La pluie du départ a laissé sa place à des rayons de soleil, certes encore timides mais appréciés quand j'arrive au col Licony. Après une fin de montée raide et éprouvante pour les mollets, j'entâme la descente plutôt confiant puisque je me sens bien et qu'aucune douleur ne semble vouloir se réveiller. Allora, dritto nel pendio ! Dré dans le pentu, comme on dit par chez nous...
Premier ravitaillement solide à Planaval, kilomètre 18, premier constat : il n'y a pas de gâteaux apéritif genre Tuc ou Balsen, ni de lardons crus (grosso disinganno !)... mais une immense table couverte de victuailles (fruits variés, fromage, jambon, fruits secs, gâteaux, pain...) qui me pose face à un grave dilemme : o mi poso una ora per ogni assaggiare, o riparto presto. Indovinate che ho fatto ? E si, sono un po' masochistico...
Ecco mi partito nella seconda salita verso la Punta Fetita. Fa semprè più bel tempo e, quindi, caldo. Per questo, sto molto bene e continuo a sorpassare gli altri concorrenti. Passo alla cima con Bernard Donzel, l'organisateur du trail Nivolet-Revard, qui court avec un seul bâton et l'autre main dans le dos. Cela semble efficace comme technique puisque, après avoir discuté ensemble un moment, il m'a irrémédiablement lâché dans la descente, pour finir premier vétéran 3 en 14h33'44".
Euh ! Tu en est sûr que je dois tout dire ? Sono un grosso tàsso ! Non ho riempito la mia tasca di acqua al rifornimento precedente e mi sono ritrovato a secco per tutta la discesa... Ce n'est pourtant pas faute de pas avoir lu le récit de Jérome I où il insistait sur ce paramètre !!! E hop ! Più di gambe e il morale in caduta libera... E, in più, una vescica sotto il piede... Non avanzo più, costretto di camminare stesso in discesa. Arrivo alla bell' e meglio a Morgex con l'idea di mi ritirare della corsa. Ma, avanti, mangio la pasta e cambio i miei calzini...
Les chaussettes propres ? Et bien, c'est pour ne pas abandonner avec les pieds sales ! Ouais, ce n'est pas bien clair, tout ça... Allora, sono ripartito dopo un buono spuntino ma sotto la pioggia.
Allez comprendre comment ça marche un être humain ? Alors que j'étais à la dérive avant Morgex et que nombre de concurrents m'avaient doublé, je me remettais d'un seul coup à rattraper ceux devant moi et à courir, ce même dans certaines montées. Ma correre da solo è difficile per il morale, anche decido di rimanere al ritmo di due cocurrenti italiani davanti a me... Luciano e Elio, che vengono da Bergame.
Nous allons donc courir ensemble toute la fin de course, Marco et Santiago, de Bergame aussi, se joignant au groupe dans la montée au col Croce. La descente sur la Thuile, alors que la pluie redouble et que l'obscurité de la nuit s'installe progressivement, est un moment inoubliable de cette course. Cinque pazzi furiosi che scendono a rotta di collo e urlano quando riacciuffano gli altri corridori. Grandioso !!!
A la Thuile, Catherine et François, qui ont fini leur course et rejoint Alice, m'attendent à l'entrée du village pour courir avec moi jusqu'au ravitaillement ; quel bonheur ça aussi... D'ailleurs, ces moments sont hors temps, comme si l'esprit s'est échappé depuis longtemps du corps pour continuer à profiter de la course sans ressentir les douleurs. D'ailleurs, il ne me semble pas avoir mal. Ancora un buono spuntino con la pasta, la minestra e un mucchio di vettovaglie... Ma non è ancora finita, la corsa ! Allora riparto con la scappata pazza per l'ultima difficoltà.
Ci sono anche adesso con noi due ragazze, fra qui Chiara... Che bella ragazza, Chiara ! Ah, è Luciano che dice questo... Si, si ! Je t'assure, Catherine, c'est Luciano qui a dit ça... pas moi ! Ma è vero, è davvero molto bella, Chiara...
Enfin ! Revenons à nos moutons... qui, justement, sont dans la montée du colle dell' Arp, ce dans la nuit noire avec seulement leurs petites frontales, sous une pluie battante, avec le froid... Et bien ça commence à être dur pour Elio et surtout Luciano qui nous répète : "Andateci ! Andatevene ! Lasciatemi da finire solo !". Lasciatemi a morire qui...
Mais, pour qui il nous prend, Luciano ? Nous allons finir cette galère ensembles... même si dans le début de la descente, avec Elio, nous prenons un peu d'avance sur Luciano et Marco. Ce n'est pas plus mal, cela me permettra de finir tranquillement en les attendant. T'as qu'à croire...
"Che bella ragazza, Chiara !" Revoilà Luciano qui descend en courant comme une balle... Je suis d'ailleurs le seul à réussir à prendre sa foulée pour une nouvelle descente de folie. Scivoloni nella melma, caduta per Luciano, sorpassi azzardosi... è sempré di più difficile da seguirli quando, finalmente, sortiamo della foresta. Un gros boudin rouge, l'arrivée... encore quelques mètres... et voilà... 15 heures 52 minutes et 28 secondes...
Aujourd'hui, lundi 14 juillet 2008, je suis au sommet de l'Aiguille du Midi, en train de déneiger péniblement les terrasses d'une neige collante à souhaits ; les marches des escaliers n'ont jamais été aussi difficiles à gravir, ma démarche ressemblant étrangement à celle d'un pingouin qui vient de se faire emmancher... et pourtant, sono molto felice !!!
Pour Agnès et puis pour rire un peu, Catherine, completamente sprecàta e brutta, je vous le rappelle, a fini les 45 kilomètres en 8h39'48" à la 139ème place (7ème de sa catégorie) sur 280 inscrits et 216 finishers. Quant à François, il finit en 6h19'33" à la 34ème place (7ème dans sa catégorie).
P.S. : J'ai retranscrit cet étrange dialecte local sans toujours en connaître la signification, mais je crois avoir lu quelque part que l'animale alla coda piatta maîtrise parfaitement cette langue et pourra donc nous être du plus grand secours. Merci à lui et à bientôt, j'espère...
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5 commentaires
Commentaire de L'Castor Junior posté le 15-07-2008 à 18:41:00
Ehehe, Emmanuel, tu nous laisses sur notre faim ?
Commentaire de agnès78 posté le 15-07-2008 à 23:07:00
bah, j'aimerais bien savoir...
Commentaire de Jerome_I posté le 19-07-2008 à 01:51:00
bravo pour ton récit. L'animale alla coda piatta aidera ceux qui ne comprennent pas... Superbe course aussi. Content de t'avoir rencontré... Tu as été le plus rapide pour le récit... Et tu n'as pas le cellulare di chiara? Forse cerca un ragazzo per correre in montagna ;-)
Saluti dal Italia, buon Lavoro sul aiguille du midi!
Gerolamo di Torino
Commentaire de L'Castor Junior posté le 19-07-2008 à 06:05:00
Ah, avete visto anche voi Chiara ? :p
La ringrazio per questa storia e bravo per il tuo gara !
A presto !
Commentaire de Goldenick posté le 19-07-2008 à 08:45:00
Bravo Tatamix,
ton recit est tres drole, malgre la difficulte du parcours. Mais je vois que Chiara a aide beaucoup de kikous sur le 87 kms!
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