L'auteur : Lolo38
La course : Raid Elite Grand'Place
Date : 14/6/2008
Lieu : Grenoble (Isère)
Affichage : 966 vues
Distance : 75km
Objectif : Objectif majeur
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Samedi 14 juin, voilà des semaines que cette date est ancrée dans mes pensées et la pression est montée crescendo ... quoique... Les intempéries de ces 3 dernières semaines + les aléas divers et variés ont mis un gros coup à ma préparation et c'est non sans appréhension que je retire mon dossard ce matin.
Dossard 6, ce n'est pas mon chiffre préféré mais la superstition, ça n'existe que chez les sportifs de haut-niveau. Là, je suis un sportif du samedi en l'occurence... Donc, on dépose nos rollers au camion assistance + nos combines de cannyoning (fraichement louée pour ma part) et ça y est, reste plus qu'à prendre le départ.
La carte IGN indique un début de parcours en VTT dans le massif du Murier... A quelques kilomètres de chez moi, autant dire que je connais tous les chemins comme ma poche et que l'orientation n'est qu'une formalité. Je trace tout de même au fluo rose le parcours "optimal"... Sur cette 1ère carte, celle-ci nous indiquant la route jusqu'au canoë... Puis, je le trace sur la 2e qui, elle à la sortie du canoë, indique le chemin en trail autour du Néron (Chartreuse)... Puis séance de roller, tyrolienne... Et finalement retour au parc VTT où une 3e carte nous sera donnée pour finir ce raid en vélo. Le trail étant, soit dit en passant, coupé en 2 par la séance de canyoning, grande première pour moi.
Tenue enfilée, vélo gonflé, huilé et Camelback plein... Nous rejoignons le podium où après un bref briefing nous sommes invités à rejoindre la ligne de départ. L'ambiance me rappelle mes courses de vélo d'antan... Départ donné, il ne nous faut qu'une poignée de minutes pour arriver au pied de la piscine d'Eybens où le départ réel est donné...
Premier virage, les gars d'Ertips, qui ont fait un départ tonitruant partent à gauche, les lapins de Garenne qui sont derrière les suivent... Brice et moi partons à droite et nous voilà temporairement en tête du raid ... C'est de courte durée, je n'ai vraiment pas envie de laisser toutes mes forces sur les 3 premiers kilomètres des 70 que nous devons faire.
Grosso modo, l'orientation se passe bien et nous sommes aux alentours de la 5e place. Brice ronge son frein et espère que j'accélère pour creuser l'écart mais je ne me sens pas de le faire, trop peur d'exploser.
Arrive enfin la descente, le terrain est une patinoire, boueux à souhait et je sens rapidement que j'ai un peu trop gonflé... Je manque un peu de lucidité après cette première ascension à froid éprouvante et je ne manque pas après une centaine de mètres de me vautrer dans le ravin à côté du sentier. Le vélo coincé dans les arbustes + la boue m'empêche de remonter rapidement sur le sentier et je perds quelques secondes à reprendre enfin le cours de la course. Brice n'a rien vu de ma cascade et m'attend à la balise suivante avant que nous n'entamions le chemin retour vers le Murier.
Nous roulons bien et étant un peu echauffé, Brice ne m'attend plus. Nous filons à une allure + que rapide sur le village dans un chemin boueux et très accidenté... Nous allons vite et dans le sillage de Brice, j'essaye de prendre la meilleure trajectoire en considération de la technicité du terrain. Je rattrape d'ailleurs Brice et lui, choisissant le côté gauche du sentier, plus propice au passage, je m'élance à droite pour ne pas lui rentrer dedans et éviter ainsi de freiner... Apparemment mon vélo, lui, ne veut pas y aller et c'est mon épaule qui réceptionne mon corps dans cette boue grasse... Un peu contusionné, je me relève furieux ! 2 chutes, ça ne m'arrive pas souvent et c'est mauvais signe.
L'arrivée au parc VTT se fait sans encombre et nous voilà partis pour notre épreuve de canoë...
Cela n'est pas mon point fort, sentant que Brice est plus en forme que moi, je lui demande de se mettre devant tandis que moi, de derrière, je dirige l'embarcation. Dans l'ensemble, cela s'est bien passé, nous manquons cruellement de technique, le vent et le fort débit de l'Isère ont rendu le périple difficile. Un passage technique après le pont SNCF m'a d'ailleurs valu un petit plongeon et un bon refroidissement. Saint-Egreve est atteint, c'est la fin de la galère.
Chaussures trempées aux pieds, c'est en claquant des dents que Brice et moi entamons la montée sur le site de canyoning de l'Infernet. Petite orientation en ville, avec une mini erreur autour d'un terrain de foot et nous voilà sur la départementale à trottiner pour retrouver la suite du chemin balisé emmenant au terrain du canyoning. La suite dans le lit de la rivière est difficile, les pieds dans l'eau la plupart du temps et la dernière ascension dans la forêt sur une pente raide et très très glissante s'avère physique.
Enfin, la clairière, dans laquelle nous attendent patiemment nos combinaisons, est là. Temps mort, le chrono est arrêté... Je mets mes affaires à sécher et m'habille doucement en me réhydratant et en mangeant un maximum, histoire de refaire le plein des batteries. La suite en canyoning est impressionnante... Combine enfilée, équipé de baudrier et d'une longe de viaferrata, je descends avec la réelle sensation que je vais aller explorer les entrailles de la Terre. La descente d'approche se passe le long d'une corde enroulée entre les arbres dans une pente hyper glissante et assez dangereuse. Enfin, nous arrivons dans un trou où nous retrouvons 2 CRS qui font descendre les concurrents dans la gorge.
Le CRS de gauche fait descendre, les concurrents 1 par 1 à un bon rythme et celui de droite semble jauger sa corde dans le trou et ne fait descendre personne. Puis, il me regarde et me demande si je veux me lancer... Apparemment, il me demande carrément d'inaugurer la corde et ne me rassure pas en demandant à son collègue s'il est sûr que ça passe... Bon, Brice me chauffe et je me retrouve en fil d'araignée dans le vide à quelques mètres d'une superbe cascade... J'avoue, je balise grave et je ne suis pas top en confiance... Surtout que d'où je suis, je ne vois pas du tout où je vais !
Plouf ! Je me retrouve assis dans le lit de la rivière après une trentaine de mètres assis dans le vide. Brice est à côté de moi, visiblement, sa descente a vraiment été + rapide que la mienne. Le bruit de la cascade fait un bruit assourdissant et j'essaye tant bien que mal de faire signe au CRS que ça passe bien de mon côté, peine perdue, impossible de m'entendre et ils sont vraiment tout petits d'en bas.
La suite se passe en suivant les cordes, les précipitations ont quand même bien gonflé le torrent et on sent que les CRS nous guidant le long du parcours sont tendus. Surtout face à des bleus comme moi qui, un peu excités par la nouveauté du truc, sont propices aux accidents. Je me fais remettre un peu à l'ordre d'ailleurs à un moment où hésitant à sauter ou à prendre la cordelette, je fais une petite opération "dangereuse" mais bon, les 2 petits sauts dans le torrent et l'eau froide sont rigolos. On oublie presque qu'on est en plein milieu d'un raid.
La remontée par le même chemin, boueux et encore + glissant suite aux passages de tous les concurrents est difficile, surtout que nous sommes réellement trempés et que la combinaison tient très très chaud.
De retour à la clairière, je range ma combine, reprend quelques ravitos, me rhabille avec ma tenue à peine séchée et nous voilà repartis avec une paire de concurrents qui profitent de notre carte, la leur étant complètement déchirée et à peine lisible.
Le chrono repart et nous voilà lancés dans la descente qui était précédemment la voie d'accès au canyoning... Celle-là même hyper glissante et dangereuse. Seule différence, le chrono tourne et des gars comme Brice, ils débranchent le cerveau... Le voilà donc en train d'imiter Tarzan alors que j'essaye de ne pas le perdre de vue. Nous traversons la rivière et entamons la montée sur le versant opposé sur la suite du parcours de trail. La montée est pénible, nous restons tous les 4 ensemble jusqu'à que nous trouvions la balise, signe de la fin du balisage.
L'équipe nous suivant parte tête baissée sur la suite du chemin. Brice part pour les suivre mais l'option me paraît pas très bonne et je lui soumets un autre itinéraire, il me fait confiance et nous voilà lancés sur un chemin qui semble être le bon.
Je cours plutôt bien et je sens que Brice peine un peu à me suivre, il porte les baudriers dans son sac et la différence entre nos sacs est conséquente. Dans une longue montée qui monte au col de Clémencières, nous échangeons temporairement nos sacs pour qu'il puisse récupérer et équilibrer les efforts. La balise prise, nous entamons la vraie descente...
Le début de la descente tape un peu, je ne me sens pas souple dans ma foulée et je n'arrive pas à me détendre. Le coup pris sur ma cuisse lors du VTT me lance et je sens mon genou droit qui petit à petit se contracte et commence à faire mal.
Je rends le sac à Brice, qui ne se rend pas encore vraiment compte de ce qui est en train de m'arriver, histoire de me délester un peu. Chaque foulée augmente un petit peu la douleur et au fur et à mesure des mètres, ma crispation va de pair avec ma douleur et j'essaye de continuer à trottiner tout en cherchant la foulée qui me va le mieux. Des concurrents nous rattrapent, mon visage a l'air de faire peur au vue de leur inquiétude à mon égard.
Il reste environ 4kms à faire dans ce trail et à chaque pas, je me demande si je n'abandonnerais pas ce raid au prochain. Je ne veux pas décevoir Brice, lui, est en forme, trépigne et bout probablement intérieurement de devoir m'attendre. J'essaye de ne pas penser à la douleur et d'aller le + vite possible pour limiter les dégats. Puis, je me dis que le roller arrive et que le mouvement, différent, ne me fera peut-être pas mal.
Ca y est, le trail est fini, nous enfilons nos rollers au pied du pont d'Oxford. Nous partons sur la digue pour rejoindre le barrage de Saint-Egrève pour prendre la balise avant de rentrer sur la porte de France où nous rendrons nos rollers pour rejoindre la tyrolienne. Je sais que techniquement, je suis un peu meilleur que Brice et conscient de cela, Brice a loué des supers rollers de compétition à 5 roues. Quelques coups de rollers suffisent pour que Brice me mette un avion, je ne le vois même plus. J'essaye d'appuyer, mon genou ne me fait pas mal d'ailleurs... pas pour longtemps... la douleur revient comme un coup de poignard et c'est dans la douleur que je rejoins Brice au barrage. Brice, épaté par ses patins me dit de s'accrocher à son sac... Et c'est lancé comme des fusées que nous repartons en sens inverse vers la porte de France. Brice m'épate vraiment, il est fluide et la vitesse atteinte stupéfiante... Je ne force quasiment pas derrière lui et cela épargne mon genou.
Le roller se termine, apparemment, l'info est passée qu'un genou est en vrac dans le lot de concurrents... Le jeune organisateur fait un appel au talkie-walkie pour que le médecin vienne me voir à la tyrolienne.
Une course séance de course à pieds et me voilà pendu à un fil avec un baudrier à peine serré pour cette tyrolienne au dessus de l'Isère, je me lance et atterris de l'autre côté, j'avoue que je suis tellement au bout du rouleau que je prends même pas la peine de savourer.
Le médecin est là et m'examine vite fait. Il me dit que mon tendon frotte et qu'en courrant sur le plat, je ne devrais pas avoir trop mal et qu'en baissant ma selle de quelques millimètres, je ne devrais avoir aucun souci. Bon, ok, grosso modo, tais toi et cours...
Brice est sidéré par le diagnostic et on repart en très petites foulées jusqu'au parc à vélos. Vous ne me croirez pas si je vous dis que j'ai doublé un concurrent qui ne pouvait plus courir tellement il était fracassé.
Enfin, le vélo ! là, c'est quitte ou double, il reste une vingtaine de kilomètres à parcourir. Si le genou me fait mal, c'est terminé, je ne pourrais pas finir le raid... Je me lance et bonne surprise, je sens que cela tire mais cela n'est pas trop douloureux, du moins, supportable. Brice peut enfin lacher les chevaux et moi également. Nous récupérons la 3e carte finale et retournons dans le Murier pour récupérer les dernières balises. Arrivés au pied de celui-ci, l'organisateur nous indique que 2 balises nous sont supprimées, trop tard par rapport à l'horaire... Nous ne discutons pas puis j'ai réellement hâte d'en finir.
Nous remontons par la route, le chemin que nous aurions pu prendre qui certes plus court, est réellement boueux et nous savons déjà que nous allons y perdre un temps fou et les dernières forces que nous avons.
Les 2 balises en moins simplifient énormément l'orientation et je ne regarde quasiment pas la carte. Nous rattrapons des concurrents dans les derniers instants et nous arrivons enfin en vue de Grand Place. La dernière balise prise, je franchis enfin la ligne... J'ai fini !
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Bilan de la course, nous terminons 8e avec une pénalité de temps de 45 minutes due aux 2 balises non prises. J'ai réellement souffert durant un très long moment et j'ai failli craquer à plusieurs reprises. Je suis donc assez fier d'avoir fini plus qu'autre chose et de voir que j'ai quand même gardé un bon mental. Brice surement déçu, sait que j'ai fait de mon mieux ... Maintenant quel résultat aurions-nous eu sans ma défaillance, aucune idée... proche du podium sans aucun doute.
La course est superbement bien organisée avec une succession d'épreuves très sympas ! Puis avec les 2 autres parcours, Challenger et Découverte, tout le monde y trouve son compte. Le raid Grand'Place est vraiment une réussite !
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2 commentaires
Commentaire de le_kéké posté le 16-06-2008 à 17:13:00
Merci Lolo pour ce super compte-rendu.
C'est bien d'être allé au bout malgré le genoux en vrac, belle leçon de courage.
Maintenant un peu de repos et de de la glace et c'est reparti pour un tour.
En tout cas ton partner il avait la grosse forme vous avez une bien belle équipe.
J'espère vous retrouver pour les raids de l'automne (Souloise et Orient'alpin), ou ça va chauffer.
Le kéké
Commentaire de Petit Nuage posté le 19-06-2008 à 14:35:00
"La course est superbement bien organisée" wha!
je l'ai fais deux ans de suite, deux ans ça a merdé de ce côté là! du coup cette année j'ai fait un croix dessus!
belle course en tout cas, et bravo pour le moral!
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