Récit de la course : Trail du Pont du Gard 2008, par yanshkov

L'auteur : yanshkov

La course : Trail du Pont du Gard

Date : 8/5/2008

Lieu : Ledenon (Gard)

Affichage : 2047 vues

Distance : 24km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

Jeudi 8 mai et lundi de Pentecôte, obligé de faire le pont ........................... du Gard . Après une courte nuit dans un camping au pied des Alpilles, nous prenons Murielle et moi la direction de Lédenon, joli petit village tout en pierres où doit être donné le départ du Trail du Pont du Gard . Pas trop le temps de visiter, nous sommes tout juste dans les temps pour retirer le dossard et le beau T-shirt, s'équiper et rejoindre l'arche dressée dans le parc en plein coeur du village . Nous sommes près de 360 coureurs à se presser et j'ai réussi à me faire une place en première ligne . C'est sympa d'entendre l'accent chantant des gars d'ici ! 

Le trail commence par un tour dans les ruelles de Lédenon, histoire d'étirer un peu le peloton . Je pars tranquillement, autour de la 20ème position, conscient que ce qui nous attend ne va pas être facile, 24km et un peu plus de 1000m+, avec la chaleur en prime . Des mecs sont partis comme s' ils disputaient un 10 bornes !! . A la sortie du village, ça grimpe un peu et malgré moi je remonte quelques places puis à la faveur d'une descente bien raide que j'aborde relaché je double encore et me retrouve alors 6ème . On aborde le premier chemin, c'est assez roulant pour le moment . Petit à petit je recolle à un trio qui s'était détaché et j'aborde dans le sillage des 3 gars un long single-track . C'est assez technique, en profil descendant et ça tourne dans tous les sens . On se croirait dans un labyrinthe, la végétation est assez haute et on ne sait pas ce qui va apparaître derrière chaque virage . Je reste concentré pour garder le contact, en assurant bien mes appuis . Difficile de ralentir car ça pousse aussi derrière et il est impossible de doubler . Malgré des sensations assez bonnes je me demande si je vais pouvoir tenir à ce rythme . Une première côte dans un bois de chênes me permet de ralentir un peu ! En fait je décide de passer en marchant et de ne pas suivre à tout prix les dingues qui m'accompagnent !!! Je perds donc quelques places mais je préfère être prudent, on ne court que depuis une trentaine de minutes . 3 côtes se succèdent ainsi, avec des passages dans les rochers où il faut grimper à l'aide des mains . Au sommet de chacune d'elles, un panorama sur 360° de toute beauté sur la vallée du Gardon et la vallée du Rhône . Je prends le temps de regarder autour de moi et à un coureur qui me passe sans s'arrêter je lance un " je ne suis pas d'ici alors je contemple ! ".  C'est vrai qu'après mettre mêlé à la bagarre sur les premiers kilomètres, j'ai maintenant envie de prendre un peu mon temps ... Et que c'est beau de voir en se retournant une file multicolore de traileurs en train de descendre, au milieu de la garrigue, au fond du vallon dans lequel je suis passé il y a quelques minutes . Ca me fait penser à certaines photos de magazines de trail, celles qui me donnent envie de partir sur les chemins de notre belle France . Je regrette presque de ne pas avoir pris sur moi l'appareil photo .  

Bon, c'est pas le tout quand même, je ne suis pas en rando ce matin ! Je ne descends pas trop mal, sur une monotrace difficile avec pas mal de caillasses . La moindre erreur peut être fatale mais à ce jeu là je ne  m'en sors pas trop mal . Au bout de 45' et à la suite d'une descente plus facile je débouche sur le site du Pont du Gard . Il est 9h15 et ce n'est pas encore la cohue, les parkings sont vides . Le balisage nous emmène le long du Gard et droit devant se dresse le célèbre monument . Je cours au milieu d'une carte postale, c'est le top ! Il faut faire attention où l'on pose les pieds : entre les gros rochers tout plats mais glissants et les failles il y a de quoi se plier une cheville ! Une surprise m'attend après le passage sous l'imposant pont, ma chérie est venue en voiture immortaliser le moment . Ca mérite bien une nouvelle petite pause avec bisou au passage !  

Je reprends ma route, le long de la rivière avant de bifurquer sur la gauche, et suivre ce qui devait être il y a bien longtemps le lit d'un cours d'eau . C'est très difficile de courir là dedans, on ne sait pas trop où mettre les pieds . A ce moment, je ne me sens pas très à l'aise et en plus, malgré une seule petite heure de course, j'ai un petit coup de moins bien . Je laisse gentiment passer 3 gars mais je n'accroche pas à leurs basques, ils ont l'air si facile ! Je continue sur mon rythme de croisière en espérant que ça aille mieux par la suite . Ca monte tout doux jusqu'à rejoindre une grande piste de terre, au milieu de la garrigue et sous un soleil qui commence à être pesant . Au loin le ravito et quelques mecs en train de boire un coup . Les "sauvages" de tout à l'heure ne sont pas si loin ... Je prends à mon tour un verre d'eau pour compléter la boisson énergétique et un autre pour m'arroser et refroidir le moteur ... ( j'ai peut être été un peu trop radical l'autre fois en pensant qu'il serait souhaitable de supprimer les ravitos sur les courses à pied ...)  .

 La suite est encore une succession de montées et descentes très techniques de vallons, au milieu d'un décor typiquement provençal . Depuis le départ nous n'avons croisé aucune route goudronnée ni rencontré le moindre petit hameau . Du trail sauvage à l'état pur !  Un passage ludique nous est proposé par les organisateurs dans un bois de chênes : une descente sur une piste en terre noire et en feuilles, un tout droit des plus vertigineux où il faut s'accrocher à une corde installée sur le côté . Je négocie pas trop mal l'endroit mais je pense que certains plus casse-cou que moi ont dû se laisser glisser tel des skieurs . Notamment les mecs du groupe qui me reviennent dessus au pied d'une n-ième côte . Et dans ce groupe, une nana , hyper à l'aise, ne semblant pas du tout à la peine . Elle me passe au plus fort de la pente, elle ne porte même pas de poche d'eau ! Je le lui signale et elle m'explique simplement qu'elle n'a pas eu le temps de bien se préparer ce matin . Ben voyons ! Sur la piste que nous rejoignons au sommet, je relance un peu le rythme et repasse devant, abritant ainsi la gazelle . Une spectatrice se trouvant là m'indique que je suis en 17ème position, devant la première féminine (merci, ça je le savais !) . Et puis, dans un nouveau passage technique en montée, je laisse partir sans réagir, marchant là où les autres courent ... 

Cependant je retrouve un peu de gnac dans le final . Un regard sur le chrono et le GPS pour me rendre compte qu'il sera difficile de faire moins de 2h sur un tel parcours mais ce n'est pas très grave, plus c'est long, plus c'est bon ... Et puis je suis aussi là pour faire une sortie longue, à 3 semaines du Trail des 3 Dents . J'apercois quelques centaines de mètres devant moi un gars et le rejoinds assez rapidement . Est-il mort où alors ai-je accéleré un peu ? Sûrement un peu des 2 . On échange quelques mots sur le parcours mais il ne connaît pas mieux que moi le coin et ne peut me renseigner sur les derniers kilomètres . Je le relaisse partir, le temps de refaire mes lacets défaits puis reviens tranquillement à sa hauteur et le lâche à la faveur d'un sentier grimpant au milieu des oliviers . Le parcours n'est pas très difficile maintenant, je vois les kilomètres défilés rapidement, j'ai repris un bon rythme de croisière . Sur une belle piste, je double un autre gars . Nos différences de vitesses sont importantes, je suis à 13-14km/h et lui plutôt calé autour de 10km/h . C'est plaisant de finir comme ça ce trail, c'est la première fois que ça m'arrive . Dommage de ne pas avoir trouvé ce rythme et surtout cette gnac un peu avant . Je passe en coup de vent au ravito situé à .................. 2 bornes de l'arrivée et je file sur la corniche surplombant Lédenon . J'entends la voix du speaker en contre-bas et je me jette dans la dernière descente, très technique et bien pentue . Ouille, un début de crampe aux adducteurs droits !! J'essaie de passer outre mais je ralentis un peu . Ca va ce n'est qu'une alerte . Je retrouve le goudron à l'entrée du village et descends tout sourire en direction du parc . De nombreux spectateurs sont là et applaudissent généreusement . Ca fait plaisir . Je franchis la ligne en 2h17'34" après un peu plus de 24.5km et 790m+, en 17ème position . 

Encore beaucoup de plaisir pris aujourd'hui sur ce trail, le plus beau que j'ai couru jusqu'à présent . Côté performance, je finis à 21' du premier, David Laget, excellent marathonien avec un record à 2h15 et 8ème des Templiers en 2007 . Beaucoup s'en contenterait, moi je crois que je peux faire mieux . Je suis un peu trop prudent, notamment lorsque je franchis certaines côtes en marchant alors qu'il est possible de passer en courant . On peut mettre ça sur le compte de mon inexpérience et un peu de timidité sur les longues distances, ce trail étant le 2ème plus long jamais couru jusqu'à présent . Le positif c'est qu'à l'arrivée je ne suis pas cramé et que je me sens capable de continuer encore à courir . L'épisode de la crampe aux adducteurs (déjà ressentie au Trail des Cabornis) s'explique par la forte chaleur mais aussi peut-être par le fait que je n'ai pas assez bu (il me restait un peu de flotte dans le camel à l'arrivée) et que je n'ai pas consommé de Sporténine durant l'épreuve . Il y a aussi du renforcement musculaire à faire à ce niveau là . 


Il me reste trois semaines avant le Trail des 3 Dents . 40km pour 1500m+ (en ce qui concerne le dénivelé j'ai remarqué sur les trails courus cette année que le dénivelé annoncé était toujours beaucoup plus important que la réalité), cette distance ne m'effraie pas . Je sais que si je gère bien mon affaire il n'y aura pas de problème pour aller au bout . Je vais tabler sur 4h maximum . Je détaillerai ma tactique de course la semaine précedent le jour J . En attendant, il reste deux bonnes semaines pour peaufiner la forme avec des grosses séances au programme . J'ai déjà mis à profit les quelques jours dans le Sud avec une belle rando en amoureux dans les Alpilles (27km de marche et 700m+), encore de la marche mais intra-muros pour découvrir Marseille, sa basilique, son vieux port et ses plages et un footing-trail d'une heure à jeun avant de reprendre la route nous conduisant à Lyon . Les premières impressions sont que j'ai très bien récuperé des efforts du trail de Lédenon . 

Pour finir, coup de chapeau à Sonia Furtado qui s'impose donc facilement chez les filles . C'est la seconde fois cette année qu'une nana me laisse sur place dans un trail (et peut-être pas la dernière) . Bravo les filles !

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