Récit de la course : Raid Nature du Pont d'Arc 2008, par blob

L'auteur : blob

La course : Raid Nature du Pont d'Arc

Date : 23/3/2008

Lieu : Vallon Pont D'Arc (Ardèche)

Affichage : 3306 vues

Distance : 68km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

Avant

Tout commence quand Yannick (Zybo sur Kikourou) s’inscrit sur le Raid Vallon Pont d’Arc, et annonce qu’il recherche un co-équipier : je me lance. Ça sera mon premier raid, donc autant faire les choses en grand. Le raid propose 2 parcours : découverte (47 kms) et aventure (68 kms), ce sera donc aventure pour nous 2. Les épreuves : trail + canoë + marmitoning (une variante locale du canyoning) + VTT.

 

Yannick arrive le samedi matin à Lyon en train, chargé comme un âne, avec son sac d’un côté, et le VTT dans une housse de l’autre. On passe à la maison pour remonter son vélo, manger un morceau (des pâtes, bien sûr) et on prend la route en début d’après-midi. Arrivée à Vallon Pont d’Arc sans encombre, nous posons les affaires au gite, on récupère les dossards (bleu pour le parcours aventure, et rouge pour le parcours découverte) et on se renseigne un peu sur le parcours, avec une interrogation liée à la météo et à la fraicheur de l’eau : combi ou pas combi pour le marmitoning ? Un couple de savoyard avec qui nous discutons préfère assurer et va embarquer des shortis dans le sac, pour notre part, on décide de la jouer baroud jusqu’au bout et on décommande les combis que j’avais réservées chez un loueur du village. Le soir, après une bière dans un bar, c’est pasta dans un resto sympa (précédé quand même d’une demi douzaine d’escargots par personne, et d’un gros dessert pour moi seul), et on retourne se coucher tôt au gite. Là, problème : le gite est rempli par un groupe de suisses allemands venus faire de la spéléologie en Ardèche. Ils rentrent bruyamment du resto vers 22h30, passent une bonne heure dans la salle commune à s’envoyer des bières en riant bruyamment, et le reste de la nuit soit à ronfler, soit à se lever toutes les 2 heures pour aller pisser … On a fait mieux comme nuit de repos

 

Pendant

Lever à 6h, pour avaler un p’tit dèj vite fait (céréales lyophilisées, carbo-cake), les suisses ronflent toujours et la salle commune est encombrée de cannettes vides. Bonjour l’ambiance lendemain de biture … On s’équipe chaudement (collants longs, manches longues) car il fait à peine 2 °C dehors, on gratte le givre sur la voiture, et on file déposer les VTT et l’équipement vélo au parc à vélo qui ouvre à 7h. Retour à la salle des fêtes, on écoute le briefing, on valide la puce, et c’est le départ à 9h30.

 

Prologue : 12 kms de trail

Ça démarre gentiment dans les rues de Vallon Pont d’Arc, on traverse le village, et on suit un chemin plat qui nous fait serpenter dans les vignes et les champs. Ça se corse rapidement par une bonne montée en forêt. Les groupes commencent à se former, entre les marcheurs et ceux qui préfèrent courir, et ça monte sans interruption pendant 30 minutes sur 270 D+. Ensuite, on bascule d’un coup dans la descente. Le terrain est assez accidenté et caillouteux, et les dépassements sont hasardeux. Néanmoins, on se lâche bien dans la descente avec Yannick et on se fait plaisir. Seul pb pendant la descente, je me prends une bonne gamelle et l’appareil photo jetable et étanche que j’avais dans une poche extérieure mon sac rend l’âme, boitier explosé … Tant pis pour les photos. On descend à peu près 300 D- pour arriver au bord de l’Ardèche. Là, on se voit obligé de traverser une petite rivière qui se jette dans l’Ardèche, avec de l’eau jusqu’aux genoux. C’est donc les pieds et le collant trempés qu’on achève le prologue en longeant l’Ardèche (galets, sable, successions de petites bosses) : résultat = 1h14 de course

 

Canoë : 5,7 kms

Le problème quand les équipiers habitent à 600 kms l’un de l’autre, ce sont les entrainements en commun, et notamment pour le canoë … On a bien sûr fait l’impasse avec Yannick et c’est en parfaits débutants qu’on grimpe dans l’engin en question. Yannick est le cap’tain, il monte donc à l’avant. Sans aller très vite, on arrive cependant à se débrouiller à peu près correctement et on évite de faire trop de ronds dans l’eau. Par contre, dès le premier passage de rapides, le canoë embarque de l’eau, et je suis à présent trempé jusqu’à la taille. Yannick reste relativement au sec pour l’instant.

On se retrouve quand même à un moment en travers et bloqué sur 2 rochers, mais après quelques efforts et l’aide d’un bénévole en kayak, on reprend notre chemin.

Certaines parties sont plus dures, car le courant y est moins important, et le vent souffle. On passe bien sûr le fameux Pont d’Arc.

On finit par apercevoir le débarcadère. On se rapproche au plus près, et Yannick descend le premier du canoë. Soudain, un coup de vent lui pousse l’embarcation dans les jambes, il trébuche, et se retrouve dans l’eau jusqu’au cou ! On remonte le canoë sur la berge, mais je vois bien qu’il n’est pas bien et que le froid le paralyse. On boit un ou 2 verres de thé chaud, et on attaque la troisième partie du raid : résultat = 47 min de canoë

 

Marmitoning : 10 kms

La première chose à faire après le canoë, c’est rejoindre la rive opposée de l’Ardèche. Comment me direz-vous ? Ben à pieds, bien sûr ! On traverse donc l’Ardèche, on a de l’eau par moment jusqu’à mi-cuisses, le courant est fort et l’eau est fraîche. Arrivés en face, on grimpe direct « tout drè dans l’pentu », et en ¼ d’heure, on s’avale 200 m D+. Yannick est à la peine sur cette partie, sa baignade forcée dans l’Ardèche lui laisse des traces. Pour ma part, j’ai plutôt la pêche sur cette partie. C’est vraiment de la grimpette sévère, quasi impossible de courir, et on doit souvent s’aider de la végétation pour monter. On attaque ensuite la descente qui est du même acabit, bien vertigineuse, avec une belle vue sur l’Ardèche en contrebas. On descend ainsi jusqu’à se retrouver à nouveau sur la rive de l’Ardèche qu’on va suivre pendant quelque temps, s’aidant au besoin de cordes attachées à la paroi pour franchir certaines parties. Re-passage sous le Pont d’Arc, passage par une grotte habitée par des bénévoles en peaux de bêtes, ravitaillement en eau, et on s’attaque à la partie marmitoning proprement dite. Les marmites, ce sont des piscines naturelles formées par des cours d’eau et remplies donc d’eau bien froide en cette saison.

Dès la première marmite, il y a un embouteillage. On observe ceux qui passent devant nous : ils doivent traverser cette « marmite » remplie d’eau, à l’aide d’une corde tendue au dessus de la marmite, mais la plupart du temps ils se retrouvent immergés jusqu’aux épaules. Les « rouges » (parcours découverte, donc plus court) ne prennent pas ce chemin et sont aiguillés par un chemin qui passe en hauteur. Au moment ou nous allons nous jeter à l’eau à notre tour, l’organisation vient « fermer » le passage, car les coureurs passant en hauteur délogent des pierres qui en tombant menacent la sécurité. On prend donc le parcours découverte pour l’instant. Rapidement, d’autres marmites s’offrent à nous et nous arrivons quand même à nous mouiller comme tout le monde. Les rochers sont recouverts d’un limon très glissant et les chutes sont fréquentes. Je ne suis pas à l’aise dans cette partie.

Une fois les marmites franchies, on se retrouve sur une partie « trail » plus classique pour quelques kilomètres, et on rejoint le parc à vélo pour la dernière épreuve : résultat = 2h17 de marmitoning

 

VTT : 39,5 kms

L’avantage de cette dernière partie, c’est qu’on va pouvoir se changer : cuissard long, chaussettes, chaussures, t-shirt, etc… ça fait du bien d’avoir des habits secs sur soi. On laisse les fringues mouillées dans un sac qui sera rapatrié par l’organisation, et on enfourche nos destriers d’alu.

Dès la sortie du parc à vélo, au lieu de nous faire franchir un petit cours d’eau par le pont, le parcours nous fait descendre en contrebas pour traverser l’eau. La plupart y vont à pied, en poussant le vélo. Je tente en pédalant, et miracle, ça passe. Je me retrouve de l’autre côté avec les pieds secs. Yannick n’aura pas cette chance.

On attaque rapidement un parcours « single track » en sous-bois. C’est un fait une piste de descente ponctuée de bosses pour les sauts, mais que l’on prend en sens inverse. C’est dur car il faut sans cesse garder assez d’énergie pour mouliner en arrivant devant ces bosses. Yannick va commencer à maudire les pédales automatiques que je lui ai conseillé d’acheter.

A l’issue de cette partie, on attaque de longues portions montantes. Je me rends compte à ce moment-là que je suis cuit. Je n’arrive pas à faire monter le cardio, mais les jambes ne répondent pas. Yannick est devant moi dans ces montées, et je mouline désespérément. De nombreux concurrents nous passent à ce moment-là et nous perdons des places. De plus, elle est là, sournoisement tapie dans mon quadriceps droit, une jolie crampe qui se réveille à mon bon souvenir régulièrement dès que je pousse un peu trop sur les jambes …

Les 20 premiers kms sont communs avec les rouges. On met 2h25 à les parcourir, avec 500 D+ et 430 D-, en alternance de montées et de descentes dans un décor magnifique. On a droit à un moment à quelques flocons de neige qui volètent, mais dans l’ensemble, c’est plutôt clément, voire ensoleillé par moment. Nous arrivons au ravitaillement qui marque à la fois la séparation des 2 parcours (les rouges faisant 28 kms) et la barrière horaire pour le parcours aventure. Nous passons 5 minutes avant la fermeture de cette porte et avons de ce fait le droit de continuer sur le parcours long. On profite du ravitaillement pour s’alimenter et boire correctement, on cogite (on y va, on n’y va pas), puis on se dit que quitte à être là, autant dérouler jusqu’au bout. On laisse donc le ravitaillement pour attaquer le parcours long.

Ça commence joyeusement par une montée de 3 kms et 210 D+ pendant lesquels nous allons pousser les vtt, tellement le sol est accidenté. On est rattrapé dans cette montée par 2 bénévoles en moto qui nous indiquent que nous sommes les derniers et qu’ils débalisent derrière nous. Ils nous renseignent également précieusement sur la suite du trajet (après le col, une belle descente, puis ça monte encore un petit peu, et c’est de la descente jusqu’au bout). Cette montée fût de loin la partie la plus dure pour le moral et je commence à évoquer l’idée de l’abandon. Yannick est heureusement là pour me motiver et nous arrivons en haut de cette fichue montée au son de l’accordéon d’un bénévole qui tient ainsi à saluer les derniers concurrents de ce parcours.

Je confirme, après le col, la descente est belle. Un superbe single track de 4,5 kms qui nous fait dévaler 350 m de D-. J’ai un bon vélo, et il donne tout son potentiel sur ce type de terrain, qui alterne descente en forêt sur sentier en terre, et passages caillouteux, voire très cassants, avec quelques « marches » à franchir. Je « lâche les chevaux » et le moral revient rapidement. Yannick fait également son baptême du feu sur ce type de terrain et avec ce type de pédales et il s’en sort plutôt pas mal. A la fin de cette descente, on rattrape 2 équipes (une mixte, et une masculine), qui réparent une chaine cassée avec l’aide de bénévoles. Comme ils ont quasiment fini, on attend quelques minutes qu’ils aient fini pour repartir en respectant l’ordre des équipes, et on attaque la dernière montée. Celle-ci est plus roulante, et ses 3,5 kms permettent d’avaler 245 D+. J’ai curieusement récupéré du jus, et je monte ce coup-ci devant Yannick. On double l’équipe mixte qui semble en peine, et c’est reparti pour la dernière descente. On double également l’équipe masculine rencontrée plus haut, et on commence également à rattraper des coureurs rouges dont le parcours fait la jonction avec le notre sur la partie finale. Une chute malencontreuse de Yannick permet à l’équipe masculine de nous passer à nouveau, et après un passage dans Vallon Pont d’Arc, nous franchissons enfin l’arche d’arrivée : VTT : 5h08

 

Après :

On file tout de suite déposer nos VTTs dans la voiture, on passe à la salle des fêtes pour manger un morceau (une assiette de pâtes, de la dinde), on retrouve notre couple de savoyards qui ont fini devant nous avec un dérailleur cassé, et on file à Lyon pour prendre notre douche, nous envoyer quelques whiskys et raconter nos aventures à la famille devant un mont d’Or fondu.

 

Bilan :

Avant dernière équipe sur le raid aventure, dernière équipe masculine, en 9h34 de parcours.

La satisfaction d’être allé jusqu’au bout (une vingtaine d’équipes a été contrainte à l’abandon) et de découvrir des paysages grandioses, des descentes à VTT excellentes.

L’organisation de ce raid est également très bien rodée, avec des bénévoles dévoués et très sympas sur l’ensemble du parcours

Le travail en équipe est également très intéressant : il y a toujours eu une alternance entre forme et méforme pour chacun d’entre nous, et l’autre joue à ce moment là un rôle primordial.

Par contre, je me rends compte que je n’étais pas prêt physiquement à affronter une telle épreuve. Le manque cruel de fraicheur et les crampes pendant le VTT en sont la preuve. Si récidive il y a, il me faudra aligner plus de séances longues, ce que je n’avais quasiment pas fait.

5 commentaires

Commentaire de titifb posté le 27-03-2008 à 07:04:00

Ah l'Ardèche est bien une terre d'aventure ! Bravo pour la vôtre et merci de nous la faire partager. J'imagine bien la galère, et pourtant, ça doit laisser sûrement des souvenirs impérissables...Chapeau à tous les deux !

Commentaire de thunder posté le 27-03-2008 à 11:55:00

mais arrêtez avec des CR de raid multi ça donne envie. :)
votre aventure avait l'air très sympa et ça fait réver l'enchainement des disciplines

Commentaire de maï74 posté le 27-03-2008 à 14:16:00

Beaucoup de plaisir à lire ton récit, autant que vous en avez eu à faire ce raid ! Bel esprit d'équipe et de solidarité avec les autres raiders, bravo.

Commentaire de Mamanpat posté le 30-03-2008 à 15:53:00

Et bien bravo ! Un beau mental pour se surpasser et toujours cette immense satisfaction d'être allé au bout !!!
Le marmittoning, faut vraiment être motivés en plus !...

A bientôt

Pat

Commentaire de Véro74 posté le 12-04-2008 à 13:08:00

salut Blob
Ton récit m'a replongé dans mes souvenirs du raid. J'y étais aussi mais sur la petite boucle (parcours découverte). Avec ma coéquipière, on a également terminé dans les dernières équipes mais avec la satisfaction d'avoir réussi ce petit défi.
Notre bilan : pas assez de course à pied à notre goût, beaucoup de progrès à faire en canoé et vtt... Mais un beau parcours et une super ambiance !!! Peut-être à l'année prochaine ?
Véro

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