L'auteur : tribob
La course : IronMan France
Date : 24/6/2007
Lieu : Nice (Alpes-Maritimes)
Affichage : 3373 vues
Distance : 2206km
Objectif : Terminer
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16 autres récits :
IRONMAN NICE
FINISHER 11H39'34
NATATION : 3.8 kms : 1H15'34 - 925ème temps.
Transition 1 : 8'40.
VELO : 180 kms : 6H21'10 - 680ème temps.
Transition 2 : 6'28.
CAP : 42.195 kms : 3H47'17 - 272ème temps.
469ème
FINISHER = BONHEUR
PREAMBULE
Avant toute chose, je tiens à remercier mon épouse.
En effet, sans son aide, sans son consentement et sans son soutien, avant - pendant - et après cet Ironman, je n'aurai peut-être pas réussi ce challenge personnel. Elle m'a toujours soutenu, encouragé, malgré le temps passé à s'entraîner, à « promener » mon vélo à chaque sortie en famille ou en week-end, à passer des soirées seule pendant mes séances natation, à « ingurgiter » l'aspect financier de l'engagement, à préparer autant de pâtes, en clair d'être ma coach personnelle.
Je la remercie encore plus pour son énorme soutien pendant notre séjour à Nice. Avant la course, nous avons réussi à faire abstraction de tout stress ou de toute psychose d'avant course.
Le jour J, elle a été formidable du levée au couché du soleil. Elle m'a encouragé tout le temps, subit la course autant que moi, avec le stress de m'attendre à la fin du parcours vélo et d'espérer ma survie pendant chaque passage du marathon.
Elle a servie de relais avec toute la famille, les amis, collègues de boulot, copains du club de TRI qui m'ont suivi sur internet ou par téléphone.
Je remercie mes parents, beaux-parents, les « américains », les lorrains, les dijonnais, les amillois, et tout ceux que j'oublie.
Un grand merci à mon loulou, qui n'a pas pu venir avec nous, mais il était présent avec moi mentalement pendant toute la course.
MERCI.
NICE, avant la course.
* Jeudi 21-06-07, départ pour Dijon, afin de couper le trajet en 2.
* Vendredi 22-06-07, Dijon Nice, arrivée sur place à 14H30.
Nous avions réservé notre chambre à l'hôtel Ibis du centre Notre Dame : rien à dire, bien.
Nous rangeons toutes les affaires et partons en ville afin de manger et de profiter de la 5ème ville de France.
Nous arrivons en bord de mer et là, la panique : la mer est démontée : il n'y a pas de vagues de 5 mètres de haut comme dans l'Atlantique, mais le vent est fort et il y a tout de même une certaine agitation. De plus le vent nous pousse bien fort, la CAP risque d'être terrible.
Direction le stand de la course afin d'y retirer le package de l'Ironman. L'ambiance et l'accueil sont irréprochables.
La ville fourmille de triathlètes, nous sommes facilement reconnaissable avec nos bracelets orange.
Le soir, retour en chambre pour finaliser la préparation des sacs et du matériel.
* Samedi 23-06-07, J-1, le grand jour approche enfin.
Matinée touristique avec au programme : vieille ville, le marché aux fleurs, la plage.....
Nous allons tout de même vérifier que la mer est calme le matin : ouf, calme plat.
14H30 : nous traversons la ville, comme beaucoup d'autres concurrents, avec sacs, vélo afin de tout déposer dans les aires de transition et le parc à vélos.
Le hasard et l'approximation ne doivent pas être présents à ce moment de la préparation, car oublier quelque chose à ce moment pourrait être très préjudiciable pour le déroulement de la course.
15H30 : direction la plage pour la bronzette et le farniente. Je n'ai même pas envie de nager car les vagues sont encore présentes, je ne veux pas me démotiver pour rien.
Fin de soirée, retour à l'hôtel, après avoir mangé des pâtes, hasard.
IRONMAN NICE, le 24-06-2007.
4H15 : j'ouvre les yeux avant que ne retentisse le réveil : j'ai bien dormi, je n'ai pas eu de mal à trouver le sommeil, tout se déroule parfaitement.
Le petit déjeuner passe bien, serein.
Il fait encore nuit quand nous prenons le chemin (ou plutôt le trottoir) direction la plage du centenaire.
A cette heure matinale ou tardive, nous croisons soit des triathlètes, soit des fêtards, soit des alcooliques-shootés. Un gus nous prend verbalement à partie. Je décide de ne pas répondre, pour une fois, et continuons notre route. J'ai ma pompe à vélo en main, s'il veut venir y goûter, je serai tout de même preneur. L'incident est clos, il déambule sans réussir à nous rattraper.
Le sas d'entrée, derniers bisous, avant de mettre les pieds dans l'arène. Je retrouve mon vélo, gonfle mes pneus. Il n'y a pas de mauvaises surprises, tout est ok, ouf.
Nous sommes un peu en avance, ce n'est pas grave, il vaut mieux prévoir. Je m'assois par terre à côté de ma chérie, qui elle est de l'autre côté des barrières, de vrai prisonnier. Et là, nous entendons un bruit sec : une chambre à air d'un vélo d'un candidat vient d'éclater, les boules. Il récupère son vélo, répare et boum, de nouveau une explosion, ça commence plus que mal pour lui. Pourtant vu le vélo qu'il a, il ne devrait pas avoir de soucis. Tout les concurrents dans le parc se précipitent sur leur vélo pour tout vérifier au cas ou, le stress et remonté d'un cran.
L'heure du départ approche, j'enfile ma combi, direction la plage et ses galets.
Je me place dans le sac moins de 1H20. L'hélicoptère tourne au dessus de nous, il y a plein de bateaux, la foule est nombreuse, la musique à fond, et les speakers en forme, ça va partir.
6h30 : GO GO GO GO GO
2 boucles de 1,9 kms en mer avec + de 1500 pingouins en même temps dans l'eau : on pourrait se croire dans le tambour d'une machine à laver.
Impressionnant, mais quel spectacle, même de l'intérieur les sensations sont présentes. Pas de stress, je nage à ma manière.
Pas de méduses à l'horizon, elles ont peut-être eu plus peur que nous. L'eau est annoncée à 17-18°C. Paradoxalement je vais effectuer la première boucle en 36 minutes et la deuxième en 39. Je pensais faire l'inverse avec toute la masse des concurrents au départ, bizarre.
Il faut dire que j'ai eu froid tout le long de la deuxième boucle (beaucoup moins qu'à Gérardmer l'année dernière, et là, je n'ai eu aucune gêne musculaire). J'ai eu également un peu de mal à m'orienter au retour de la deuxième boucle.
Sortie de l'eau, merci aux bénévoles de leur aide, ils ont certainement eu mal aux bras à force de tirer tout le monde de la mer.
Retour à l'air de transition afin de récupérer mon sac de vélo, un coucou à ma Miss. Les jambes répondent bien, satisfait du chrono : 1h15'59.
Je me change de la tête au pied. Mon épouse arrive même à me trouver dans la tente de transition, trop fort.
Je récupère mon vélo, et c'est parti (8'40 de transition).
7h53 : 180 kms en vélo dans l'arrière pays niçois.
Le tracé du parcours vélo est fantastique : j'ai eu l'impression d'avoir une carte postale qui défilait devant mes yeux du début à la fin. Je n'ai pas eu un seul moment de lassitude, de blues, ni de moins bien. Je n'ai peut-être pas roulé aussi fort que j'aurais pu. J'ai préféré en garder sous la pédale et ne pas me cramer pour le marathon. Il ne faut pas oublier que mon objectif principal est de terminer.
Le parcours est bien vallonné, une montée de 20 kms en continu, des côtes de 8 kms à ingurgiter sous un soleil de plomb et un vent tenace, tel à été le programme pendant ces 6h21'10.
Les points à retenir : j'ai toujours une bonne aisance dans les côtes, grâce au plateau de 50, j'ai bien encaissé les parties plates face au vent, je me suis bien alimenté du début à la fin.
Par contre, je n'arrive pas du tout à me libérer dans les descentes. D'ailleurs, au 105ème kilomètres, tout le monde a eu les jambes de couper en constatant avec quels fracas un candidat à percuter un mur de protection et chuter de l'autre côté : il nous à doubler à vives allures en ne tenant pas compte des panneaux de danger (heureusement pour lui, à ce rond-point se trouvait des gendarmes et ambulance). Pour moi, cette image est restée un moment dans mon esprit et surtout dans les descentes.
6h21'10 pour 180 kms soit 28,33 kms/heure (pour environ 2000 mètres de dénivelé positif).
14h10 : deuxième transition en 6'28.
Je retrouve ma petite femme, un bisou, quelques mots pour la réconforter, direction la tente pour changer de chaussures. Auparavant, direction les toilettes (la folie, entre la chaleur et la chasse d'eau qui ne fonctionne plus, terrible) afin d'y déposer la grosse commission d'avant marathon.
LE MARATHON : 42,195 composés d'une boucle de 5 kms aller retour à effectuer 4 fois, soit 8 passages devant les spectateurs.
Pour l'instant tout va bien : je suis serein, j'ai l'impression de n'avoir « rien fais auparavant ». Comment vais-je réagir pendant le marathon, telle est la question ? De plus, la chaleur est suffocante (30°c), le vent souffle fort. Mais bon, si on vient à Nice c'est pour avoir chaud.
Je décide de faire la première boucle sans m'arrêter : je vais faire les 10kms 500 en 47'25 (le premier aller en 22'50 et le retour en 24'35). Pourquoi une telle allure : derrière moi se trouvait Marcel Zamora qui était en tête de course, qui me remontait petit à petit. Quand il m'a doublé, je suis resté environ 4 kms avec lui de manière à me motiver et « toucher » du doigt sa grande classe : un grand monsieur, humble, disponible, souriant, et surtout très fort. A 2 kms de l'arrivée, j'ai ralenti ma course, je ne voulais pas me cramer, et lui terminait sa course.
Je repart pour faire la deuxième boucle : je vais mettre en œuvre ma « tactique » de fin de course (il reste quand même + de 30 kms). A savoir, courir pendant 1,7 kms, marcher pendant l'aire de ravitaillement, m'hydrater et repartir jusqu'au prochain.
Tel va être mon périple jusqu'à la fin de la course : je ne vais jamais m'arrêter entre 2 ravitaillement, mais par contre toujours respecter cette pause. Voyant que je ne peux plus avaler du solide, je ne mange que des gels, et m'hydrate avec de l'eau et du Coca.
Comme ma coach se trouve au dernier ravitaillement, je m'arrête un peu plus longtemps à celui-ci afin de profiter d'elle.
Je croise Gilles Reboul, je l'encourage (en criant : « allez Dijon, allez Gilles), il me fait un petit signe de la main, sympa, je suis super content pour lui qu'il soit sur le podium, premier français, deuxième de l'Ironman, trop fort.
Je croise également Alexandra Louison plusieurs fois sur le parcours : elle est impressionnante de facilité : première française, première victoire sur un Ironman, chapeau, vive la France.
Au 25ème kilomètre, je m'arrête dans un toilette pour me vider car je commence à avoir un peu mal au ventre : le coca a fait son effet, j'ai joué de la trompette pendant 10 bonnes secondes, no comment.
Je jubile, je vois que les kilomètres défilent et que je vais toujours bien. Mieux, je prends du plaisir à être sur cette course. J'en ai tellement rêvé, j'ai tellement eu de doute, que je savoure cet instant présent.
La promenade des anglais ressemble à un champ de bataille : des concurrents arrivent encore en vélo alors que j'ai déjà fais 30 kms à pied, galère pour eux, mais le temps limite est de 16 heures, il faut aller jusqu'au bout. Les visages de certains commencent à être déformé par la souffrance du corps et de l'esprit. Chacun, quelque soit son niveau ou ses ambitions, se bat avec lui-même, il n'y a pas de notion de victoire mais plutôt se « survie ». L'effort est beau, tel était ma vision de la chose.
J'ai récupéré mes 3 chouchous, bleu - blanc - rouge, je vais prendre la bifurcation de la ligne d'arrivée, la joie de franchir l'arche de l'Ironman va s'accomplir. Un bisous à ma femme et je continu, encore 20 mètres, le bonheur.
On me passe la médaille autour du cou, je récupère le tee-shirt, direction le ravitaillement avec ma petite femme.
Nous avons reçu plein de coups de téléphone de la famille, des amis, des copains, merci à tous de m'avoir soutenu.
On retourne au parc à vélo et aux aires de transition pour tout récupérer et retourner à l'hôtel.
Surprise : jusqu'au bout elle m'aura soutenu : j'ai des cadeaux sur le lit : parfum, crème de massage, de rasage...encore un geste de gentillesse.
La douche, le massage, et un bon dodo malgré la journée.
Lundi 25-06-07, retour à la maison.
CONCLUSION
Décider de s'engager dans un Ironman est une décision personnelle sur le plan sportif. Mais il y a tellement de chose qui gravite autour qu'il ne faut pas oublier sa famille et ses proches. L'engagement est commun.
La course en elle-même est une chose difficile à surmonter et à réaliser. Mais ce n'est peut-être pas le plus difficile : combien d'heures, de jours, de semaines, de mois consacrés à ce préparer, sous la pluie, le froid, la nuit pour une journée d'effort ?
Tous ces sacrifices sont vite oubliés car participer à un Ironman est l'aboutissement de tout sportif et triathlète amateur de longues distances et de sensations fortes.
PS : un grand merci aux organisateurs, aux bénévoles pour leurs disponibilités et leur gentillesse.
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3 commentaires
Commentaire de gdraid posté le 22-09-2007 à 19:18:00
Bravo Tribob !
Des récits comme le tien sont rares.
Tes prestations sur les parcours natation, vélo et marathon font plaisir à lire.
Félicitations au Finisher,
et chapeau pour l'hommage que tu rends à ton épouse, et à ceux qui t'ont aidé ou soutenu durant cette fantastique épreuve de l'IronMan fin juin à Nice.
JC
Commentaire de Say posté le 24-09-2007 à 22:12:00
Chalut
SPLENDIDE!! Tu nous as fait là un superbe récit, avec plein de photos, de la précision, des petites anecdotes sympa. Merci beaucoup, c'est vrai que le triathlon a vraiment l'air difficile. Se faire un 10,5Km en 47' après tout ça, j'en suis rêveur...
A peluche
Coli
Commentaire de Olycos posté le 28-10-2007 à 16:32:00
Avec bp de retard... je tombe sur ton cr...
Joli perf.
Bravo a toi...
Ca me laisses reveur de telle course !
A+
Oly
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