L'auteur : Mustang
La course : Trail d'Ecouves - 61 km
Date : 3/6/2007
Lieu : Radon (Orne)
Affichage : 4009 vues
Distance : 61km
Matos : GPS forrunner205
Objectif : Pas d'objectif
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Quelle est verte, ma forêt !
Dimanche 3 juin, voilà c’est enfin le grand jour. Lever 6 heures. Pour une fois, j’ai bien dormi une veille de course. Faut dire que je suis à domicile, c’est un avantage, je semble plus zen. Combien de fois n’ai-je pas dormi une veille de course ? Les préparatifs s’enchaînent mais je suis quand même un peu à la bourre. 6h 30, voilà le Grand Sylvain qui descend de sa nuit étoilée avec Zabou. Eh oui, Mireille et moi avons eu la bonté d’âme de les héberger. 7h 15, on enfourne les sacs dans la voiture de Sylvain et en route pour Radon, la capitale du trail normand ! Radon est la direction que je prends chaque dimanche matin. C’est un petit village adossé au massif d’Ecouves, à quelques kilomètres au nord d’Alençon et c’est le point de départ de nos équipées dominicales à travers la forêt. Certaines fois, nous sommes près d’une vingtaine à nous élancer ainsi sous la houlette de Christian qui a le don de nous emmener sur des pistes improbables et où la durée fixée de la sortie est toujours largement dépassée !!! Mais ce jour, Christian va se contenter de nous accompagner en VTT comme il le fait depuis quelques semaines à cause d’une blessure tenace.
7 h 30, arrivée sur zone ! Sylvain et moi, nous nous précipitons pour retirer nos dossards. Le site est impressionnant: Claude Rouillé, Gérard Bansard et Marc Le Suquet, les organisateurs de ce trail, ont bien fait les choses. Retour à la voiture pour s’équiper. Sylvain va partir avec un camel-back, je préfère prendre un double porte-bidon. Le fait d’aspirer au tuyau me met en apnée trop longtemps et perturbe ainsi mon rythme respiratoire. Je préfère m’envoyer des giclées d’eau dans la bouche en appuyant sur le bidon. Je me badigeonne les jambes avec un répulsif contre les tiques qui infestent la forêt. Les copains font de même. La journée s’annonce belle, mais avec une chaleur un peu lourde. Vers le mitan de la journée, dans les parties dégagées, cette chaleur va faire des dégâts. Je m’équipe avec mon MP3 et nous nous dirigeons vers le départ. Toute la bande est là ! Ce sont de grands saluts !! De grands éclats de rire. Simone arbore de magnifiques cuisses rouges: l’effet malencontreux d’un gel chauffant mais c’est une bonne occasion de mettre en boîte l’une des meilleures traileuses de la région. Le Lutin a prévu également de sonoriser sa course avec un Ipod. Il a accroché à son maillot noir et jaune le logo d’un site web de course à pied ! Enfin, pas tout à fait le logo. Il l’a détourné d’une manière plus leste avec son goût certain pour la gaudriole. Jean-Marie prend également le départ, 3 semaines seulement après les 109 km du trail du Ventoux. Il va encore y laisser la peau de ses plantes de pieds ! Gérard est déjà au micro, sur le podium. Il annonce 124 coureurs au départ, bien mieux que les 55 de l’an dernier ! C’est vrai, à la même date, j’avais emmené une partie de la bande en terre bretonne, autour du lac de Guerlédan. Il est parfois difficile de faire des choix dans un calendrier chargé et puis j’aime bien changer de terrain de jeu !!! Quoiqu’il en soit, Gégé et son équipe ne peuvent qu’être heureux avec plus de 600 coureurs engagés sur les trois distances. Sur la ligne de départ, les coureurs se massent. Ce sont encore des grands saluts. C’est aussi l’occasion de rencontrer enfin quelques coureurs croisés sur les forums d’Internet. La casquette rouge de Kikourou nous sert de signe de ralliement ! Gérard lance le décompte !! Euh, je ne suis pas prêt. Je n’ai pas calé mon MP3 au début !!Pendant que j’effectue mes réglages, le peloton s’élance pour un tour d’honneur ! Attendez-moi !!! Tant pis, j’attaque tout de suite avec ma chanson fétiche, L’autre bout du monde, que j’écoutais l’an dernier autour du golfe du Morbihan, celle qui m’a emmené au cœur de la nuit jusqu’à Port-Crouesty. Je pars sans trop d’appréhension. Il est vrai que je cours dans ma forêt où j’ai déjà parcouru des milliers de kilomètres. Je connais le parcours. J’ai même participé à son élaboration en proposant quelques passages particuliers. Les reconnaissances avaient été faites en janvier, sous la neige !
Nous finissons notre tour d’honneur et empruntons un chemin qui d’emblée, en quelques lacets, nous conduit sur des pentes recouvertes de taillis. Je n’ai pas trop décidé de ma stratégie de course. Il en a été plus ou moins comme ça pour les trails que j’ai courus cette année. Mais je sais que les premiers kilomètres de course vont me donner le tempo. Voilà deux ans, j’étais parti très lentement. Là, cela semble aller. Bon, je vais essayer de tenir à une moyenne de 10 km à l’heure. Au carrefour du champ de tir, Yannick, le meilleur traileur du pays d’Alençon est là sur son VTT, en compagnie de Joël. Ils sont comme Christian, au repos forcé ! C’est rageant de ne pouvoir courir à cause d’une blessure ! De place en place, je vais les retrouver tout au long de la matinée. Nous traversons la route pour nous nous engager dans une voie étroite et boueuse où des branches de genêt encombrent le passage. Puis c’est un des nombreux ruisseaux du massif forestier qu’il faut franchir. Bientôt, au km 2, va arriver un bon mur qui va calmer les plus hardis !! Pas bien long mais raide. Histoire de mettre le cœur au bord de l’explosion. Lorsqu’on émerge de cette ravine, l’impression est celle d’un noyé remontant à la surface. Il faut quelques mètres pour se redresser et reprendre souffle. La piste s’engage dans une partie forestière où les résineux disputent leur place aux feuillus. Les fougères, en quelques semaines, ont envahi le sous-bois. Le chemin est souple, les pluies de la semaine passée ne l’ont pas détrempé. Les oiseaux font entendre leur chant. Déjà, la file de coureurs s’est étirée. A cinquante mètres devant moi, j’aperçois le Lutin. Etonnant, nous n’en sommes qu’au troisième kilomètre. D’habitude, je le rattrape qu’au bout du vingtième ou trentième. Serait-il devenu plus sage ? Il est en compagnie d’Eric et de Sylvie qui commence à pencher la tête, mauvais signe. Mais le Lutin finira fumant, le capot ouvert, au 47e km, au bord des étangs de Fontenai ! Plus loin, c’est au tour d’Allain que je passe. Il m’a reconnu en entendant ma respiration et s’est retourné en souriant. Allain, c’est notre gourou à tous, c’est celui qui nous a entraînés ailleurs, celui qui nous a fait découvrir d’autres horizons. C’est un coureur d’une rare élégance. Il va à son rythme, calme mais déterminé. Il finira comme il a fini toutes ses courses. Je continue la mienne par ce long chemin paisible. Ce sera bien le seul de tout le parcours. Autant en profiter. Le soleil est au-dessus de la cime des arbres et donne à ce matin une magnifique lumière d’été. Les taillis succèdent à des futaies plus majestueuses. Le terrain se fait plus ingrat. Au passage de route des Chauvières, je retrouve mes amis vététistes. Puis, c’est une piste où les fougères se font plus envahissantes. Depuis quelques temps, je cours en compagnie d’un coureur d’Evreux, Didier. On entame la conversation. Nous parlons de nos expériences, de la course des Tourbières, courue la semaine dernière en Belgique, à laquelle des amis, normands et wallons, ont participé. C’est en Belgique, lors de la Translorraine en avril dernier que j’ai rencontré les Coureurs Célestes. Ils m’ont particulièrement impressionné par leur état d’esprit, leur façon de voir la course à pied.
Nouvelle traversée de route et c’est ensuite un plongeon vers un petit vallon encaissé. La descente est assez raide et se termine par le franchissement d’un ruisseau. Une courte montée nous ramène ensuite sur une grande allée sableuse. Quelques centaines de mètres où les appuis ne seront pas sollicités. Et c’est tant mieux pour les chevilles car la suite du programme n’est pas en leur faveur ! Jusqu’à maintenant, le fléchage est parfait. De la rue-balise tous les dix mètres, des flèches à chaque changement de direction. Hop, justement, dans cette belle allée descendante, il faut obliquer à droite et emprunter un chemin défoncé par le débardage. Les ornières sont remplies d’eau. Je suis sur une des parties que j’ai reconnues cet hiver avec l’équipe organisatrice. Les copains avaient demandé que le circuit ne soit pas en permanence en sous-bois mais qu’il puisse passer en lisière afin de s’aérer et avoir des vues sur une campagne bien bucolique en cette saison. Je rejoins Jean-François, un excellent crossman. En avril dernier, il a fait une bien belle course lors du trail de la vallée de La Vère. Nous sommes hors sentier et longeons le fossé qui sépare la forêt domaniale des bois privés. A ce moment, je file à droite du fossé alors que le tracé est à sa gauche. Cela ne change pas grand-chose ! Nouveau virage sur la droite, dans un bois de sapins. Il faut enjamber les branches qui ont été élaguées par les bûcherons pour arriver sur la lisière. J’en suis à 50 mn de course au 9e kilomètre. Impression de calme à la vue des champs et des prés. Une légère brume estompe en bleu les collines à l’horizon. Après une ferme, on quitte le chemin pour s’enfoncer dans une sapinière et ensuite, on entame une montée dans une coulée étroite qui nous conduit dans les bois du Bouillon. Les parcelles traversées sont différentes, elles révèlent la qualité des terrains. Dans cette partie, il n’y a pas vraiment de belles futaies de chênes et de hêtres, mais plutôt des taillis, entrecoupés de sapinières où le tapis d’aiguilles rend la piste bien moelleuse. Mais c’est la forêt ! Les fougères se sont déployées. Celles-ci, je les vois d’un mauvais œil, sachant qu’elles abritent les tiques. Un copain a attrapé la maladie de Lyme à cause d’elles ! Les digitales rompent le camaïeu vert avec leurs corolles roses. Sous la chaleur, la forêt commence à exhaler tous ses parfums. Je cours toujours en compagnie de quelques coureurs. Au km 13, nous débouchons sur une route que nous traversons pour dégringoler dans un petit ravin où coule une petite rivière. Les signaleurs font bien leur boulot et organisent le passage de cette difficulté. Nous entrons ensuite dans le parc animalier. Bon, pas de lion ni de tigre, mais de paisibles ruminants. Enfin, l’ami Wihl de normandiecourseapied peut faire des clichés exotiques de coureurs sur fond de chameaux. J’aperçois à 50 m devant moi Jean-Marie, tout de rouge vêtu. Toujours en compagnie de Didier, je traverse le parc. A sa sortie, je retrouve les copains sur leur VTT. Toujours plaisir de voir des amis pour vous encourager. Nous repassons en forêt. Depuis quelques temps, j’ai les intestins qui font des nœuds. J’entreprends un arrêt bienfaisant pour calmer tout ça. Je repars tout ragaillardi. Je m’alimente et je bois régulièrement. J’ai embarqué de la crème de marron, du nougat, de la pâte de fruit – je ne vais pas y toucher- et du dextrose pour les coups de fouet. Après mon arrêt, les copains que j’avais en ligne de mire ont pris le large. Sur une allée, j’aperçois un coureur portant le maillot rouge de l’UTMB 2006, un gars de St-Grégoire, de l’Ile-et-Vilaine. Il s’inquiète quand je lui demande son numéro de dossard car il ne le porte pas ! Je le rassure. Plus loin, au km 17, c’est Emmanuel que je rejoins. Il porte également le maillot rouge du Mont-Blanc Décidément, ils sont quelques-uns à être venus en Ecouves. Il n’est pas en forme. Ses intestins font des siennes, me confie-t-il. Pourtant, c’est un gars solide; en août, il sera présent à Chamonix pour son 4e UTMB. Je le revois dans Bovines en train de me remorquer alors que j’étais à la ramasse. Je l’encourage mais je sais que le moral en prend un coup quand les copains vous passent.
La course s’engage sur une nouvelle section. Celle-ci est nettement plus accidentée que la précédente. De courtes montées succèdent à des descentes par des chemins très techniques, envahis par la boue. Les appuis sont délicats, voire très délicats dans ces chemins défoncés, ravinés, envahis de pierres. J’ai rejoint Jean-François que je suis à quelques mètres. Il me croit devant ! Il ne m’a pas vu m’arrêter. Je le suis dans ses pas . Il a une foulée particulière. Enfin, chacun de nous a la sienne, a une attitude particulière en course. C’est notre signature. Aussi, de loin, il est aisé de reconnaître chacun d’entre nous. Avant d’avoir vu le visage, on sait à qui on a faire ! C’est épuisant de courir sur ce sentier défoncé. A plusieurs reprises, je manque de m’étaler dans la boue.. J’en suis au 20e km en 1h 54. J’arrive à tenir ma moyenne. Nous sommes sur les contreforts nord du massif d’Ecouves. Ce sont des terrains pauvres, le couvert boisé est à l’avenant ! Une allée sableuse offre un court répit. On oblique à gauche sur une pente raide. Je marche, mains sur les hanches. Jean-François court, je suis admiratif. Non, finalement, il marche. On repart dans une sapinière. Je reprends de la vitesse. On revient sur l’allée de tout à l’heure. Je suis à la hauteur de Jean-François. Il est dans le rouge. Il abandonnera dans quelques kilomètres. Je me rendais pas compte, mais la verrerie du Gast est vraiment loin. On dégringole à droite par un méchant chemin.. Je comprends que les copains pistards du club ne veulent pas s’aventurer sur ce genre de terrain. Enfin, c’est une habitude. Les réflexes sont acquis. Je m’étonne parfois de la précision avec laquelle je place mes pieds sur ce terrain chaotique. De même, le dimanche, quand je suis les copains sur ce genre de terrain, il y a quelque chose de prodigieux à suivre leur progression. Cela tient du funambulisme ! Je débouche sur un espace herbeux pour contourner un étang puis c’est une remontée dans un pré vers la verrerie du Gast, enfin ! J’entends l’eau couler dans le déversoir. L’impression est superbe à ce moment. Ce n’est pas un pré mais une pelouse bien tondue avec des pommiers, sous un soleil radieux. Il y a comme ça des moments magiques, celui-ci est en un ! La route à traverser et c’est le ravitaillement au 27e km, à la grille de l’ancienne verrerie, maintenant dédiée aux chevaux. Je rejoins Jean-Marie qui se restaure. Ses pieds vont bien mais il a les cuisses grosses. Je repars rapidement, un petit orchestre fait le bœuf dans le parc, moment sympa ! Puis j’aperçois à nouveau Wilh, le photographe. Je suis étonné, il ne s’est pas encore perdu !! Enfin, il fait beau aujourd’hui, à la différence de la semaine dernière où il s’est fait copieusement rincer avant les 10 km d’Argentan. La piste contourne les prés où paissent quelques chevaux. Le cheval est un animal magnifique, j’apprécie moins ceux qui grimpent dessus. C’est plus ou moins un conflit d’ailleurs qu’il y a entre les traileurs et les cavaliers en Ecouves. A la différence d’autres forêts, ici, les cavaliers font ce qu’ils veulent ! Chacun doit avoir sa place en forêt, les coureurs, les promeneurs, les vététistes et les cavaliers. Près de la forêt où je vivais avant de venir sur Alençon, les cavaliers avaient obligation de cheminer l’un derrière l’autre et d’utiliser qu’un côté du chemin afin de laisser l’autre partie de la voie en bon état pour les autres usagers. Ici, nos centaures labourent consciencieusement toute la largeur des chemins, les transformant en hiver en véritables bourbiers infâmes. Enfin, bref, je contourne le pré pour ensuite me diriger vers le Signal d’Ecouves, le plus haut sommet de l’ouest avec ses 417 m. En attendant, je retrouve Christian et son VTT qu’il laisse traîner par-terre. C’est bien tentant de l’enfourcher !!!Non, ce n’est pas un run-and-bike ! Après le point culminant de la course, la voie se faufile dans des buissons pour déboucher dans une sablière. Puis, c’est une belle futaie, mais de nouveau, une parcelle en régénération. Cette forêt est un vrai patchwork ! J’en suis à 2 h 58 de course à mi-parcours. Après une descente, nous obliquons sur la gauche pour prendre une sommière. Sur la gauche, une coupe à blanc a laissé la place à un véritable champ de digitales. Je croise les randonneurs.. Piste à gauche, tiens Fred en rando ? Je le traite de fainéant ! C’est un bon coureur de 800. Il a eu la mauvaise idée de quitter le club pour celui de Pré-en-Pail. Voilà le km32, c’est vraiment à ce moment que j’entre sur mon territoire. A partir de là, je connais chaque mètre du parcours à venir. Mais les 20 km à venir sont les plus difficiles. Les randonneurs applaudissent les coureurs. Effectivement, vu l’effectif au départ, je ne cours pas seul. C’est appréciable. Combien de fois j’ai couru des trails en solitaire !!! J’aborde mon passage favori, celui du mercredi, quelque soit la saison. C’est un long dévers montant qui domine un vallon qu’on regagne quelques centaines de mètres plus loin. Habitué à cet endroit, je note cependant qu’il n’y a plus de rue-balise. Curieux, alors que depuis le départ, la piste est balisée comme un cross ! Des imbéciles sont passés par là ! C’est vraiment dans cet endroit que j’ai un sentiment de plénitude. Courir au fond de ce vallon, le long de ce ruisselet me transporte. Enfin l’esprit seulement, car le corps est là et il sait qu’il y a un long dévers montant qu’il l’attend. Alors qu’il y a trois semaines, je l’avais gravi gaillardement, là, j’alterne la marche et le trottinement ! Enfin en haut, je sais que j’ai environ un kilomètre pour me reprendre avant la grosse difficulté du parcours. Je traverse Pierre-Chien, une zone de ronces et de houx, je contourne une barre rocheuse avant de dévaler vers la Briante. Profil bas, c’est moi qui ai initié cette partie du parcours. Après la route où Claude, le facteur, fait son office de signaleur, il s’agit d’entamer une bonne grimpette qui amène au pied d’une falaise. Les cuisses supplient et le coeur s’emballe. C’est impressionnant lorsqu’on est au pied de cette grande barre rocheuse. Des gens se sont installés pour le spectacle ! Mais il s’agit de la franchir ! Là, sur la gauche une voie raide, très raide entre les rochers. C’est une cheminée d’une dizaine de mètres. Il faut mettre les mains. C’est un véritable explose-cœur ! J’en émerge épuisé, le cœur en chamade. Ensuite, après avoir longé la falaise, c’est une long faux-plat qui conduit au deuxième ravitaillement installé au carrefour du Chêne au Verdier. Ma moyenne a plongé. Petit moment de déprime. C’est le moment du doute, des interrogations. Je me retourne, Jean-Marie est sur mes talons. J’arrive au ravitaillement. Eau puis coca, abricot sec et pain d’épice. Karina est là en reportage pour Orne-Hebdo, un hebdomadaire local dont Jean-Marie est le rédacteur en chef. Photo avec le patron !!! Et ça repart. Mollement. Surtout qu’il faut emprunter un vague chemin encaissé, encombré de troncs et de branches. Les quelques instants de repos pris au ravito sont vite dilapidés dans ce coupe-jambes ! Je regagne enfin la sommière d’Ecouflard. Je suis en petite vitesse. Je compte sur la longue descente vers les étangs de Fontenai pour me refaire une santé. On remonte encore. Bon, les organisateurs, taquins, au lieu de nous faire prendre le bord de route sur 300 mètres nous envoient sur une terre défrichée et labourée, histoire d’entretenir la souplesse des chevilles. Enfin, c’est cette grande descente tant attendue. Je suis en compagnie de Didier et de Jean-Marie. Bonne petite foulée mais je me suis connu plus vaillant. Il y a deux ans, j’ étais en bien meilleur état au même endroit. Il faut dire que mes 190 km de trails courus en avril dernier m’ont bien entamé. Je savais depuis quelques semaines que j’étais en forme descendante. Mais ce n’est quand même pas la Bérézina. Il me reste à gérer les 18 km restants. J’attaque la seconde descente quand je vois à une centaine de mètres sur le chemin, Loulou au ralenti !!!Tranquillement, je reviens sur lui. J’arrive à sa hauteur et lui mets la main sur l’épaule. J’ai l’impression de le réveiller ! Il repart, fouetté dans son orgueil !!! Comment, se faire rattraper par le Mustang, jamais ! Je longe les étangs. Il n’y a plus de rue-balise. Les imbéciles ont encore frappé ! Pas de problème pour ceux qui connaissent le parcours, malheureusement, la tête de course va se laisser piéger par un balisage pirate ! Le classement se fera sur le tapis vert ! Quel gâchis ! La piste remonte mais la pente permet de courir. Une nouvelle sommière pour quelques mètres. Des grumes gisent là, au bord du chemin, incongrues dans cet univers de verticalités. A la suite de Loulou, de Didier et de Jean-Marie, je vire à droite en sous-bois pour gravir un raidillon, en marchant ! Combien de fois, avons-nous emprunté ce chemin ? Me sachant sur le retour, je m’attendais à être plus vaillant comme d’habitude. Je suis un peu déçu. C’est la piste des Arcis puis j’emprunte un long cheminement dans les petits taillis de St-Nicolas-des-Bois. Après une bonne descente sévère vers le Frou, la dernière difficulté m’attend. C’est une longue montée en paliers de 600 m qui ramène au carrefour du Chêne au Verdier. L’été dernier, elle me servait d’entraînement pour l’UTMB avec les bâtons. Là, ça sera sans bâtons, calmement ! Arrivée au carrefour pour le dernier ravitaillement : coca, abricot et pain d’épice. J’ai l’esprit un peu vide. J’essaie d’estimer mon temps de course. Je révise à la baisse mes prévisions ! Maintenant, c’est une longue ligne droite de 2 km qui s’offre à moi. En principe, elle est propice pour se remettre en selle. C’est plutôt moyen ! J’arrive au Vignage. Les organisateurs ne nous ont pas fait passer comme prévu par le haut. Dommage, j’adore cet endroit. En toute saison, quelque soit le temps, la vue est magnifique depuis les rochers. J’aime m’y arrêter. C’est ma Joconde à moi ! Je franchis une passerelle au-dessus de la Briante. Puis ce sont quelques marches à gravir. L’ami Claude, le patron du club de Champfrémont, me tend une main charitable pour me hisser sur la route. Il me reste plus que quelques kilomètres !!! Je reprends le dessus. La connaissance du parcours m’aide beaucoup psychologiquement car l’état de fatigue n’est pas brillant ! Un petit mamelon à passer puis je débouche sur un chemin. Je m’élance pour franchir le petit fossé. Mauvaise réception, toujours est-il qu’une crampe me bloque. Douleur fulgurante quelques secondes. Je me décontracte. C’est bon, je repars mais j’avise le poste de secours à quelques mètres de là. Je le rejoins pour me faire masser par précaution. Une bonne embrocation et ça repart ! Mon esprit s’allège. Je sais que je vais finir à l’arrache mais ça va le faire ! Des concurrents du 33 me passent. Ils me félicitent et m’encouragent. Cela fait chaud au cœur ! Voilà, je suis sur le chemin au-dessus du terrain de camping, tout en montée. Serge, un VH1 de Pré-en-Pail, à son tour me passe. L’an dernier, il était en tête du 33 mais, à deux kilomètres de l’arrivée, il s’est perdu !! Il était finalement arrivé 3e, rageant ! J’en suis à 6h de course avec 56 km ! C’est dur mais je trottine. Le chemin fait encore quelques détours, histoire d’épuiser les dernières forces. Oui, ça serait ballot de rester sur la crête alors qu’il est plus plaisant de nous faire descendre dans un vallon pour remonter ensuite ! On va faire ce petit manège deux fois de suite dans les trois derniers kilomètres pour bien vider la machine. Enfin, voici le carrefour des Chênes à la Taverne. Oui, mais la bière n’est pas servie là ! Il ne reste plus qu’une longue descente. Enfin, je me motive et repars à bon rythme. Plus que 1 500 m, je file à bonne allure, sentant cependant des amorces de crampes dans les jambes et les cuisses. Les derniers lacets, ceux empruntés au départ. J’entends le speaker. Je ne cours plus, je cavale ! C’est grisant, cette impression. Je l’ai dit par ailleurs, ce dernier kilomètre est le plus exaltant, c’est le sublime kilomètre. Je débouche sur la prairie. Les spectateurs m’applaudissent, dernière ligne droite… franchir l’arche. Mireille, les amis m’attendent… souffrance et bonheur mélangés !
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5 commentaires
Commentaire de JLW posté le 05-08-2007 à 16:44:00
Sympa ton récit Mustang. On sent bien que c est ton terrain à toi, là ou tu t entraines. Par mon experience cela peut être piègeant aussi de trop connaitre un coin de course mais visiblement tu as bien géré ce trail qui semble assez difficile.
Par contre, pitié pour nos petits yeux de V1 (tres biento V2) un peu d aeration ds ton texte sublimera encore plus ta prose.
Commentaire de zakkarri posté le 06-08-2007 à 11:04:00
Waouh quelle course Mustang, même sans photos on imagine bien la beauté des paysages ... merci !
Pas mal de courir en musique !
A bientot et passe une bonne journée d'anniversaire !
zak.
Commentaire de Say posté le 07-08-2007 à 23:44:00
Salut!!
Eh ben ça c'est du CR! J'ai été obligé de l'imprimer pour mieux le lire. Que de détails, de senteurs, de couleurs dans ta forêt!
Merci pour ce moment de lecture.
Coli
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 23-08-2007 à 19:43:00
Enfin, ton CR sur Kikouroù !
Bravo pour la prose abondante et ce circuit exhaustif.
Pour répondre à ton interrogation, le Lutin ne sera jamais sage !
Semper Lutin semper kamikaze !
Commentaire de val14 posté le 04-06-2008 à 07:56:00
bravo pour ta course a+ sur une prochaine course
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