Récit de la course : L'Ardéchois - 57 km 2007, par Bourdonski

L'auteur : Bourdonski

La course : L'Ardéchois - 57 km

Date : 29/4/2007

Lieu : Desaignes (Ardèche)

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Distance : 57km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

L'ardéchois 57 km Toujours avec l'UTMB comme objectif, ce trail de l'Ardéchois s'annonce comme une bonne prépa avec ses 57 km et ses 2400 m de D+. Par ailleurs, les barrières horaires imposent un rythme plus soutenu qu'à l'UTMB (6 km/h contre 4 km/h), ce qui rend l'exercice plus intéressant. Je ne connais pas ce trail aussi, j'ai prévu une fourchette entre 7h30 et 8h15. Comme prévu dans ma prépa, ce trail doit valider mes options d'entrainement et de gestion de course (rythme et alimentation). L'objectif n'est pas de faire un temps mais plutôt de se faire plaisir en terminant dans un état de relative fraicheur. Beau trajet le samedi en fin de journée en Haute-Loire puis Ardèche jusqu'à Desaigne où je retire rapidement mon dossard. Malgré le pittoresque du village, je ne m'attarde pas trop car je suis un peu fatigué après une semaine de travail difficile et surtout un rhume qui a un peu duré. Je préfère ne pas profiter de la pasta party et je retourne à mon hôtel quelques km plus loin. Je me rassasie d'un menu du terroir accompagné d'un verre de Viosnier : pas très diététique mais c'est l'avantage du trail sur le marathon, on peut profiter de la gastronomie locale ! Rebelote au petit-déj à la française à 6h30 du matin, qui a dit qu'il fallait déjeuner 3 h avant ? Je fais connaissance à cette occasion de 3 UTMBistes sympathiques et savoyards dont 1 finisher malheureusement je n'ai pas pensé à demander leurs noms. On se reverra sur le parcours et j'aurais même droit à leurs encouragements à l'arrivée.La journée s'annonce magnifique et un peu chaude, il faudra bien penser à m'hydrater. J'ai prévu 1L750 de boisson énergétique dans la poche et 500 ml de Vichy dans un bidon. Malgré les ravitos espacés, ça devrait suffire !Top départ et après un petit tour dans le village, j'attaque la 1ere montée en dernière position ! Parti en queue de peloton, je stoppe 1 minute à 1 WC public à la sortie du village. Quand je ressors, tout le monde est passé ! Je suis le dernier, les 1ers derniers sont à 100 m devant moi.Enfin, la course superbe peut commencer même si je me fais un peu de souci après près de 15 jours de repos forcé (juste 3  sorties de 30'). Les sensations sont pourtant là, je suis assez facile et je vais me permettre de courir sur une bonne partie des montées. Je mets en pratique les conseils glanés sur les forums en particulier la relance systématique en montée : je marche quand c'est raide mais je profite du moindre fléchissement, même très court, de pente pour courir. Je n'ai pas du tout l'impression de forcer et je dirais même que je force moins en courant qu'en marchant ! En tous les cas, j'avance bien et je rattrape beaucoup de concurrent malgré une vitesse assez lente. Dans les gros raidards, l'absence de bâtons ne se fait pas sentir, j'utilise mes bras pour éventuellement pousser sur les cuisses. De toute façon, je pense que sur des trails courts bien préparés, il vaut mieux s'en passer car ils sont plus gênants qu'aidants. Par contre leur utilité ne se discute pas sur des épreuves type UTMB.Comme toujours sur trail, les distances sont trompeuses. On manque de points de référence, il n'y a pas comme sur route de balisage kilométrique qui nous renseignent sur notre progression. De plus le rythme est haché, on court plus ou moins lentement,on marche donc pas de repère de temps et du coup, les distances s'allongent. J'avais découpé le profil de la course pour me faire une idée mais celui-ci est trop général : seul les grands dénivelés (+ ou -) sont indiqués. Là où on s'attend à une longue descente, on voit apparaitre une montée ou la descente se révèle être une longue partie plate, même chose pour les montées.En tous les cas les paysages sont superbes, par certains côtés, ils me rappellent ceux des Templiers. La chaleur ne se fait pas trop sentir pour le moment, une partie du parcours s'effectue à l'ombre.La fameuse descente de la cascade est fidèle à sa réputation : magnifique descente technique heureusement au sec ! J'encaisse les descentes sans problème, elles ne sont pas très longues comme à l'UTMB mais je me rends compte que là aussi, j'ai progressé. J'étais bon descendeur au niveau technique, j'étais capable de descendre vite mais avec beaucoup de dépense énergétique mais surtout musculaire. J'arrive à descendre assez vite mais en étant plus relâché et plus économique : l'entrainement est efficace à priori.Je bois régulièrement, du moins je le crois, toutes les 15' à la pipette. J'ai prévu d'avaler un gel toutes les heures et je respecte le contrat. Mon petit déjeuner ne me pèse pas sur l'estomac et je n'ai pas de fringale. Le ravito des 22 km me permet d'avaler du solide sans sensation d'écœurement et je repars. Pourtant, je me fais quand même un peu de souci par rapport à la barrière horaire du contrôle des 29 km, elle est fixée à 13h00 mais difficile de savoir où j'en suis ! Le contrôle se fait attendre, je rattrapes un coureur dans une descente : lui aussi s'inquiète, son GPS lui indique 30 km, il pense qu'on a loupé la bifurcation ! Je le rassure, je n'ai rien vu. Je me fais du mouron pour rien car je pointe à ce fameux contrôle à 11h50 ! J'ai de la marge. Et c'est parti pour 28 km de plus, le prochain ravito est plus proche (33 km).Je continue à bien avancer, je cours à un bon petit rythme, pas trop rapide mais suffisamment pour ne plus me faire de souci pour les temps limites. Comme déjà évoqué dans de précédents CR, on rencontre de plus en plus de femmes dans les trials. Je pense qu'avec leur endurance naturelle, elles seront amenées dans le futur à jouer la gagne dans ces courses longues.Le ravito des 33 km est là et apparemment le kilométrage ne correspond aux données GPS d'un autre concurrent : il annonce 40 km ! Il doit y avoir un problème de positionnement satellite ! Direction la dernière grosse difficulté, le château de Rochebloine vers le 49eme km. Je ne pensais pas si bien dire !Je rattrape une superbe brune et on ne va plus se lâcher, en tout bien tout honneur, jusqu'au dernier gros ravito au km 46. Je la lâche sur les montées pas trop raides où je peux courir et dans les plats et descentes. J'ai l'impression qu'elle s'économise par contre, elle marche beaucoup plus vite que moi dès que ça devient raide ! De plus, elle prend moins son temps aux ravitos et repars plus vite. Je la vois pour la dernière à ce dernier ravito qui est arrivé assez vite, peut-être trop vite pour moi ! Je ne reverrais cette belle traileuse qu'à l'arrivée.Je me restaure sans souci mais je me sens un peu las, pas fatigué mais ce n’est pas ça. Je redémarre sans entrain pourtant les jambes répondent toujours présent, je ne suis pas en hypo mais j'ai perdu ma belle prestance. Je n'arrive pas à rattraper ma brune et je me mets plutôt à rêver à une brune cassis bien fraiche. Allez ce n’est pas grave, un petit coup de pompe qui va passer ! Erreur. Cette dernière montée est terrible, le petit château est visible tout là haut, si proche et pourtant si loin dans mon état. Je ne comprends pas ! Je n'ai pas eu l'impression d'avoir puisé dans mes réserves physiques depuis le début. Je me suis ravitaillé régulièrement et je n'ai pas faim mais le constat est là, terrible, je n'avance plus : 3 km/h, 2 km/h ou moins ! Par contre les autres doivent aussi un peu galérer dans cette montée car, alors que je pensais être rattrapé par des hordes de traileurs en pleine forme, je ne le suis pas et j'arrive même à les distancer et à reprendre quelques mètres à ceux de devant ! Mais il ne faudrait pas que cette montée dure plus. Le balisage final est moins visible dans les genets mais la direction est clairement indiquée par le château. Enfin le sommet et cette remarque d'une spectatrice à la vue des coureurs : "Vous avez vu d'où ils viennent ! Ils sont fous !". Non ma petite dame, juste un peu mais surtout passionnés par notre sport qui allie performance et découverte de nos belles régions.Ce n’est toujours pas ça pour moi malgré la descente qui s'annonce. Mon objectif maintenant est de limiter la casse pour finir en moins de 8 h. Je sais, expérience des autres trails, que je suis capable d'assurer un rythme minimum en descente malgré la fatigue et les crampes. Les crampes justement commencent à s'annoncer. Et là tilt, malgré ma supposée expérience des courses, j'ai zappé l'hydratation. J'ai bien pensé à tirer régulièrement sur ma pipette mais en trop petite quantité et sans moyen de contrôle. Je me rendrais compte à l'arrivée qu'il restait environ 500 ml dans la poche ! J'ai pourtant bu en plus à chaque ravito 2 gobelets minimum mais ce n'était pas assez avec la chaleur qui s'est abattue sur nous à partir de midi. Il est conseillé de boire 500 à 750 ml par heure, j'en étais loin  et j'en paye le prix maintenant. Voila la cause de ma baisse de régime brutale et des crampes, il parait que l'on perd 20 % de ses capacités physiques en perdant 2 % d'eau. J'aurais du prévoir surtout qu'à plusieurs reprises, la visière de ma casquette gouttait ! Je transpirais un max par rapport à d'habitude. J'ai perdu beaucoup d'eau et je n'ai pas assez compensé : bien fait pour moi !Enfin, je me dis qu'il ne reste plus que 9 km de descente d'après le fameux profil qui une fois de plus n'est pas très juste. Ce qui m'importait peu au début, prend plus d'importance en cette fin de course et je me prends à maudire les organisateurs pour ce manque de précision. La descente ne descend pas tant que ça ! Je zappe le dernier ravito en eau (km 51) car il me reste suffisamment à boire et que l'arrivée est proche. Le moral se maintient quand même d'autant plus que j'arrive à reprendre un rythme correct qui me permet de rattraper quelques concurrents. Malgré les crampes, je prends un peu plus de vitesse dans les descentes. Je commence à lorgner sur moins de 7h30 malgré mon coup de pompe surtout qu'un gamin annonce l'arrivée à 2 km mais je me méfie de cette estimation ! Je dépasse encore un concurrent et dans l'euphorie retrouvée, je file à gauche dans une descente un peu raide. Au bout de 50 m, je ne vois plus de marques ou rubalises. Je me retourne pour vérifier et j'aperçois le coureur dépassé qui prend à droite ! Je remonte la pente et je repars dans la descente. Je dépasse à nouveau le traileur et je lui lance :"Rien ne sert de courir !". Je me dis qu'il vaudrait mieux avancer plus lentement mais sûrement. Je continue à descendre rapidement car j'aperçois Desaigne en contrebas.  Je suis quand même obligé de stopper par 2 fois pour m'étirer et repartir de plus belle. Je fais une croix sur mes 7h30 et je pense finir en 7h40. Je regrette amèrement ma mauvaise estimation d'hydratation qui aurait pu avoir des conséquences plus dures. J'entends les encouragements et les applaudissements des spectateurs : moment magique où on est content d'en finir, satisfait d'avoir donné le meilleur de soi-même mais en même temps triste que ce soit presque déjà fini ! Une dernière montée pour finir après la traversée du pont, un petit virage un peu sec et bing, c'est l'arrivée sous les flonflons.Je ne pense même pas à regarder ma montre. Je vais boire goulument, un petit brin de toilette à la fontaine et j'attaque la montée vers le bœuf à la broche. Quel plaisir de pouvoir s'assoir à une table et de manger, après toutes ces sucreries énergétiques, une assiette succulente : tranche de bœuf généreuse, pommes de terre sarrason et lentilles. Le tout accompagné, comme pendant la course, par des percussionnistes qui avaient la pêche !Après ce petit repos bien mérité, je retourne sur la ligne d'arrivée pour applaudir les arrivants. Je jette un coup d'œil au classement et surprise : 7h30'59" ! Finalement, sans ma petite erreur de parcours et mes arrêts crampes, j'aurais pu passer sous la barre des 7h30 : pas mal ! Je termine sans douleur, plus de crampes après l'arrivée, pas d'ampoules et je me sens prêt, non pas à repartir pour un tour (faut pas pousser) mais à reprendre la voiture pour faire mes 2 h de route. Seul problème à signaler, une brulure au bas du dos à cause de mon sac à dos ! Mon tee-shirt un peu court me remontait dans le dos à cause du sac du coup celui-ci frottait.En tous les cas, un beau trail à conseiller vivement pour le site, l'accueil des habitants, le sourire et la disponibilité des bénévoles : je reviendrais certainement. Amicalement. Equipement :Salomon XA proSac Salomon Révo 20 l avec poche à eau (boisson énergétique) et 1 bidon d'eau gazeuse.1 gel par heure.     

5 commentaires

Commentaire de raideur69 posté le 01-05-2007 à 03:33:00

Bravo pour ton temps ,c'est sur que que tu seras prés pour UTMB,bone continuation.

Commentaire de gdraid posté le 01-05-2007 à 16:38:00

Un récit en bloc, difficile à lire, mais passionnant, j'ai tenu jusqu'au bout, pour connaitre le bon chrono !
Et la brune ? Pas la bière cassis, l'autre...
JC

Commentaire de Bourdonski posté le 01-05-2007 à 16:52:00

J'ai pourtant tapé le texte avec Word en aérant bien mais le copier-coller a été fatal ! En tous les cas chapeau à ceux qui arriveront à me lire jusqu'au bout.

Commentaire de Le Bulot posté le 03-05-2007 à 16:43:00

félicitations,

tres grande course,

je n'ai mis que 2h00 de plus ce qui m' a privé du boeuf à la broche.

le bulot

Commentaire de lulu posté le 13-11-2007 à 14:49:00

Super ton CR.
Et ben c'est décidé, je le tenterais en 2008..
Rendez vous en Ardèche !?

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