Communauté des sports d'endurance

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Une semaine après le superbe off de Camargue, je remets le couvert pour le trail des Calanques entre Callelongue et l'auberge de Jeunesse. Ce trail ou plutot je devrais dire "cross" des Calanques est l'une des plus vieilles course nature de la région. Organisé par le CAF de Marseille le premier dimanche de février, cette course se veut volontairement confidentielle et réservée aux connaisseurs: pas de publicité, limitation à 100 coureurs, pas d'itinéraire imposé, uniquement trois point de contrôle obligatoire entre le départ et l'arrivée (sommet de Marseillveyre, route goudronnée de Morgiou, rocher de la candelle). Il faut en profiter avant la suppression des sentiers jugés dangereux par l'ONF?.La course est surveillée de façon informelle par les amoureux de cet environnement unique, en effet les Calanques constituent un écosystème fragile:

Wikipédia nous dit:

"Les calanques constituent un écosystème particulier. Le sol y est quasi inexistant, les falaises calcaires prolongées d'éboulis sont parcourues de très nombreuses failles et fissures dans lesquelles s'ancrent les racines des végétaux.

Cette xéricité associée aux embruns salés conditionne la subsistance d'une végétation adaptée : bruyère multiflore erica, coussins épineux de l'astragale de Marseille, laurier-tin, chêne kermès, salsepareille, pin d'Alep et genévrier accompagnent des espèces endémiques comme la fougère scolopendre ou l'herbe à Gouffé."

Grace à Figatelli, kikoureur habitué des lieux, le bouche à oreille moderne (apellé aussi internet) fonctionne à plein. J'inscris Jacqueline et moi même suffisamment à l'avance auprès du CAF. Cette course est en ligne, d'où une logistique un peu plus fouillée que d'habitude:

1- Il faut laisser une voiture (celle de Fabrice) au parking près de l'arrivée du coté de l'auberge de Fontasse (tout de même située à 2 km!).

2- Le départ à Callelongue est à 9h00, 8h00 à Fontasse il y a encore beaucoup de coureurs laissant leur voiture, nous arrivons à Callelongue à 8h30,

 

juste, mais suffisant pour se changer, prendre les dossards et faire enfin la connaissance de Figatelli et retrouver les deux kikoureurs Aixois Richard et Steve, puis Antranik et Françoise nos fidèles Ufos aubagnais. Je sors fièrement l'antisèche du "parcours" de Figatelli à Richard, damned il a fait de même! Je reconnais beaucoup d'habitués des "bons coups" de la région (Jean-René, Catherine etc...)

 

L'ambiance est super bonne, finalement l'organisateur autorise gentiment les coureurs sans dossards à s'inscrire, nous serons environ 130 à s'élancer pour 20km de trail pur et dur. Mais ça ne m'empêche pas de faire une photo du départ à h-2mn, comme vous le voyez la plupart des coureurs sont contents d'être ici et maintenant.

 

Ca grimpe dur dès le départ en direction du sommet de Marseilleveyre (432m), marche obligatoire pour un échauffement progressif.



Je me retourne de temps à autre pour prendre un cliché, j'espère que les coureurs font de même car la vue est grandiose. La file, non les files de coureurs s'allongent et s'étiolent peu à peu au gré des chemins tortueux, d'autant plus que des choix de trajectoires s'offrent à nous:

L'escalier des géants sur la droite ou l'éboulis sur la gauche, en fonction du traffic c'est du fifty fifty. Jacq, Fabrice, Richard, Françoise et moi prenons les éboulis tandis que Joy, Figatelli restent conservativement sur la trace des géants.

Nous voyons d'ailleurs en contrebas les "géantistes".

Nous évoluons désormais sur une monotrace où il est difficile de doubler. Heureusement que la météo est excellente T° clémente et peu de vent, sinon certains passages auraient été un peu périlleux.
Du massif de Marseilleveyre nous apercevons, en second plan, les iles du Jarre et Jarron. Lieu prisé par les plongeurs car l'épave du Saint Antoine y git à une dizaine de mètres de profondeur ("Le 26 Septembre 1720 le "grand St-Antoine fut brûlé et coula dans l'anse de JARRON par ordre du Régent.").

Le premier point de contrôle au sommet.

De l'autre coté, une sublime vue de Marseille me saute au visage. Je ne m'attendais pas à ça, nonobstant ma participation il y a quelques années, mes souvenirs de l'époque furent largement embrumés dûs à un brouillard persistant sur le parcours.

Le terrain est très technique, malgré la beauté des paysages (au nord la vue sur la civilisation et au sud vue sur les calanques sauvages) il faut canaliser son attention sur le relief encore humide de la rosée matinale.

Pour le moment j'ai pris un peu d'avance sur Jacqueline et Françoise et au gré de mes "yoyos" entre les coureurs, je prends des photos...

Pendant que nous avançons péniblement sur la crête, Figatelli a pris le raccourci "éboulis" en contrebas juste après le col de la selle. J'avais pourtant les instructions avec moi (au 2ème arbre après la franche descente prendre à gauche d’un petit tas de pierres), mais difficile pour mon processeur personnel de jongler avec l'appareil photo, la lecture de carte, et un relief délicat. C'est la charme de cette course, le plus "bourrin" n'est pas forcément devant.

A propos de "devant", devant nous se dresse l'homme mort, non pas un traileur désseché, décédé des éditions précédentes mais la montée de ce nom. Tels des chenilles processionnaires, les traileurs se suivent à la queue leu leu jusqu'au sommet.

Jacq, au loin, est est derrière en contrebas. Marrant de voir ses concurrents à + 15 min et - 15 min à portée de vue.

Je croise au sommet un pote de Figatelli, sympa il m'a tiré le portrait. Il m'a reconnu d'après mes récits, à présent si vous me croisez sur une course restez bien à l'abri du vent derrière moi car mon ego va faire la taille du département ;-))

Dernier coup d'oeil avant de basculer sur le plateau de l'homme mort.

L'érosion des roches calcaires a donné un aspect étonnament torturé aux roches. Nous sommes obligés de courir sur des "lames " (10 cm2 de point d'appui n'est pas vraiment agréable même avec des chaussures de trail), la concentration est maximale sous peine de sanction immédiate. Je croise un couple de randonneur, je leur dis bonjour en essayant de rester sur la piste bleue... le pied droit accroche une aspérité et je me vautre, pas de bobo juste le genou droit endolori sur une "lame" (entretemps l'ego est redescendu sur terre).

On quitte enfin le plateau pour redescendre vers sormiou, il reste encore des parties ombragées avec des zones humides. Rebelote, mon pied droit glisse sur une dalle en devers. Je me rattrape de la main droite (ouch, celle qui tient l'APN!) , seconde gamelle, mdr..me dis-je c'est mon jour. Le numérique n'a rien, mais mon petit doigt fait, à présent, un drôle d'angle à 30° à partir de la 2ème phalange. Bah ! Je réfléchis pas, je tire et je le remets en place, même pas mal. Il y a les pompiers en bas du col de Sormiou, au besoin, je m'arrêterai.

Vue en contre jour de la majestueuse calanque de Sormiou, lieu où je faisais un peu d'escalade (petit niveau 6a-6b en moulinette).

Du coté de la route de Morgiou, je retombe sur le couple tout d'orange vêtu, apparemment le monsieur accompagne madame et l'encourage, euh non la motive (limite engueulade commando de marine, pénible oui..), toutes les 30 secondes. Je les avais dépassé depuis belle lurette mais raccourcis aidant ils sont devant. Je vais devoir faire avec une bonne partie du tracé.

En haut de la route goudronnée, je coupe le lacet comme indiqué sur le plan de Figatelli, et je retrouve ce même Figatelli, le visage et le reste bien ensanglanté (son récit ici) au point de contrôle.

Mon petit doigt me dit qu'il faut relativiser, je reste un moment avec lui pour voir comment il se comporte en courant. Il est lucide (suffisamment pour me guider sur le bon sentier), et me raconte son vol plané et sa rencontre musclée avec le terroir du coin. Il m'avoue qu'il descend un peu moins vite que d'habitude... Très compréhensible, après une forte émotion le cerveau doit "processer" l'information (pour le stocker sous forme de souvenir non traumatique cf modele actuel EMDR). Cela entraine des flash back en permanence jusqu'à disparition progressive, j'imagine que c'est le ressenti de Figatelli durant cette partie de la course.

Je remonte le flux des coureurs maintenant que la piste est large, j'apercois Steve. On déconne bien ensemble, surtout avec les randonneuses croisées sur le chemin.

A vous, spéciale dédicace vidéo de la part de Steve.

 

Dernière difficulté de la journée, la grande Candelle. Derrière, en fond d'écran, la calanque de Sugiton (cap Morgiou).

C'est reparti dans l'authentique trail qui arrache bien à ce stade de la course. Madame orange dit " j'en peux plus, j'ai plus de jambe" Monsieur orange répond "allez c'est fini dans pas longtemps, respire etc..", je pense "le colonel traileur avec l'appareil photo dans la monotrace de la grande candelle grrrr"...

Dernier point de contrôle à la Candelle. Jacqueline a béni Mars company, tombée en hypo quelques km plus tôt, elle s'est jetée sur les TWIX de ce ravitaillement.

 

 

 

 

 

 

 

 

Enfin la corniche des Estrets, c'est de la descente jusqu'à l'auberge. J'ai encore de la réserve et lâche les chevaux.

Monsieur et Madame rouge se tiennent par la main quand la pente est un peu forte, technique...euh mimi?

Arrivée parfaite, une bonne tablée bien garnie, un bon soleil, même les TUCS sont là!

 

 

 

 

 

 

 

Figatelli le guerrier est arrivé en compagnie de sa femme et sa fille, il bat son record de temps (2h57) chapeau bas !



Riri, Antranik et Fabrice sont déjà arrivés en 2h31 2h30 et 2h39 respectivement, moi en 2h46.

 

 

 

 

 

 

Jacq arrive en 3h15, Joy est arrivé depuis 15 minutes.

Merci au Caf pour ce trail à taille humaine, Jacqueline raconte son hypo à une Francoise attentive malgré sa toux (attrapée je ne sais où d'ailleurs ;)))

En remontant vers le parking, nous voyons un groupe de traileurs sur l'autre versant de la vallée. Ils se sont trompés de route à 2 km de l'arrivée sic... Nous faisons de grand signes avant qu'il ne basculent hors de vue, heureusement ils ont compris leur erreur et font demi tour. Je reconnais Catherine (à l'occasion notre prof de natation) qui maugréée sur le tuyau percé que lui a refilé un pompier.

Akuna

PS mon doigt est un peu bleu mais c'est l'occasion de me faire dorlotter par ma kiné de femme.

PS PS finalement c'est beau de jouer les durs, mais voilà ce qui arrive.

les photos sous flickr sont ici