L'auteur : defi13
La course : Sparnatrail - 61 km
Date : 12/11/2023
Lieu : Epernay (Marne)
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Distance : 61km
Objectif : Terminer
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Je n’ai pas trop hésité pour participer à ce trail de rentrée. J’ai voulu placer une date dans le calendrier automne-hiver pour clore ma très belle saison de running au cours de laquelle je suis parvenu à finir mon premier ultra alpin et plusieurs belles courses locales où j’ai pu notamment battre mon record du 10 km et m’en approcher à 2 reprises. J’avais un sentiment de devoir accompli, mais je ne me voyais pas finir l’année sans réaliser encore un dernier trail long. J’ai choisi le Sparnatrail parce qu’il était assez réputé, j’en avais déjà entendu parler autour de moi. Cette année c’est sa 27ᵉ édition, encore un gage de noblesse. J’avais envie de découvrir les sentiers champenois et de voir ses vignobles. Sa date était assez bien placée dans le calendrier : ni trop tôt, on peut raisonnablement s’y préparer en commençant le 1er septembre si on ne part pas de zéro et ni trop tard non plus si on veut encore courir quelques courses ou corridas de fin d’année.
J’ai attendu quelques semaines avant de m’inscrire, car je voulais dans le même temps battre encore une fois mon record du 10 km à Montereau. L’échec relatif à Montereau (à 20 secondes de mon record malgré un parcours taillé pour la performance, mais sous les 39 minutes sur 10k pour la 4ème fois cette année) m’a fait gamberger. J’étais déçu, mais surtout je me demandais si, à vouloir courir trop de lièvres à la fois, je ne m’étais pas dispersé. J’ai eu peur que ce Sparnatrail soit l’épreuve de trop en raison d’une préparation insuffisante. J’avais identifié comme principale difficulté à ce trail l’endurance de course, car il présentait un profil roulant avec ses 1500d+ et 6 raidars de 90 à 200d+. Dans mes souvenirs, lors de trails similaires (+50k et 1500d+ max) j’avais peiné dans les derniers kilomètres à cause de crampes, parfois tenaces. J’ai donc misé sur une recette qui me réussit plutôt bien depuis 2 ans : 2l de St Yorre par jour pendant les 3 jours précédant la course. Enfin quand on parle de trail roulant c’est vite dit, il faut toujours avoir une bonne caisse pour avoir la sensation que le trail est roulant !
Le Sparnatrail est organisé dans la ville d’Epernay. Distante de seulement 1h15 de la Seine-et-Marne, j’avais décidé de rallier Épernay au petit matin avant la course. La veille, j’ai planifié la stratégie de course afin de peaufiner les derniers détails :
A 4h30, j’ai pris un bol de porridge pour faire le plein d’énergie et j’ai préparé mes flasques avant de prendre le départ à 5h00 pour faire les quelques 1h20 de route. Une fois sur place, j’ai pu me stationner sur un immense parking à proximité du gymnase où se donne le départ (officieux) et où est constatée l’arrivée officielle. J’ai récupéré mon dossard et un lot participant (un sac de rangement et un gobelet de course repliable). Le temps d’enfiler mon équipement, je demande à un participant qui porte le tee-shirt d’une précédente édition si la frontale est vraiment nécessaire. Il me répond que non, le départ se fait alors que le jour se lève et nous serons pendant 5 minutes en ville et bien éclairés. J’ai pris le soin de glisser le parcours du trail dans ma montre mis à disposition par l’orga via Tracedetrail depuis 2 semaines au cas où. Nous sortons du gymnase en toute petite foulée pendant 5 minutes pour nous rendre sur la ligne du départ avenue de Champagne. Le cadre est flatteur, nous sommes entourés de belles demeures de champagne. Il fait 6 degrés, la chaussée est humide, il tombe une très fine bruine, rien de méchant mais les sentiers risquent d’être boueux comme prévu. Les concurrents du Sparnatrail et du P’tiot (36km) sont donnés en même temps. Il n’y a pas de musique ni engouement au départ… on a vu mieux comme ambiance 🙄
Rester souple :
On part assez vite, j’estime ma vitesse instantanée à environ 4’30’’ au kilomètre et je m’efforce de gagner en souplesse et en économie de geste pour rester à une allure confortable. On passe devant de magnifiques demeures puis la tour du champagne la Castellane. L’édifice est somptueux. Il y a peu de spectateurs, on file pour quitter la ville et on rejoint un sentier qui longe la Marne à partir du kilomètre 2. C’est assez gras sans être impraticable, des flaques çà et là, mais on arrive pour l’instant à les éviter. Je sens subitement un doute monter à mesure que ce sentier se poursuit encore et encore… Je me dis que c’est d’une banalité sans nom. Ça ressemble trop à mes parcours habituels en bord de Marne, mais en beaucoup moins joli. Il faut attendre une éternité (km 7) pour quitter ce ruban gras et nous approcher des vignobles. Je décide de retirer mon buff, mes gants et mon bonnet, car je commence à avoir chaud maintenant. On s’approche des rangs de vigne et d’un village perché tout en haut d’une côte. On devine qu’on va gravir ces chemins pour atteindre le village de Hauvillers, ce que me confirme un trailer du coin avec qui j’échange un bon moment sur les courses passées et à venir. Il a fait ce 61k l’an dernier, mais a préféré faire le P’tiot cette année. Il me dit qu’à l’allure à laquelle nous courons je peux envisager de boucler le parcours en 6h10, c’est ce qu’il a réalisé l’an dernier. Le début du sentier est un faux plat à 3-4 % tout le monde court, puis la pente s’accentue et on finit par marcher pour ne pas se cramer. Le tout s’étire sur 2,5 km et fait grimper le compteur de D+ de 190 mètres. Ma montre n’arrête pas de vibrer et me demande de faire demi-tour pour suivre la trace enregistrée… à quoi ça sert de nous donner une trace si le parcours est différent en pratique ? Le concurrent bien sympathique relance une fois à la sortie du village de Hautvillers et je préfère ne pas le suivre de crainte d’hypothéquer la suite de ma course. On entre dans des bois, puis on serpente en contournant des parcelles de vigne. On a parfois une vue sur les crêtes d’en face, mais la grisaille gomme la beauté des paysages et on a droit à un patchwork de gris, blancs, et de feuilles de vigne jaunies. Deux belles descentes de presque 1,5km chacune nous rapprochent de Damery. Je ne force pas l’allure dans l’espoir d’économiser mes quadriceps.
Km 16,9 nous arrivons au ravitaillement de Damery qui est installé en bord de Marne. À ma montre le chronomètre affiche 1h26. Dans ma logique de course, j’ai déjà sorti mes flasques et les sachets de poudre 300 mètres avant le stop. Une bénévole se charge de me les remplir pendant que je me restaure de 5 bons morceaux de banane et de 2 tucs. Je repars rapidement en gardant en tête que la portion qui m’attend est cette fois plus technique avec ses 20 km et 600d+. À la sortie de la ville je regrette de ne pas avoir enlevé ma veste étanche (je l’ai enfilée sous mon sac à dos), mais la manipulation me rebute, tant pis je la garderai plus longtemps.
Gérer ma course :
Sur les 20 kilomètres qui nous attendent il n’y aura pas d’eau, je garde cette information en tête, mais je décide de ne pas l’économiser quitte à arriver en manque 2-3km avant Monthelon où est placé le ravitaillement suivant plutôt que d'en économiser et de risquer des crampes à la fin de l’épreuve.
Cette deuxième partie est plus accidentée, mais aussi terriblement monotone avec un raidar de 160d+ et une (petite) succession de montées et de descentes. Les passages dans les bois se font sur de larges pistes forestières, nous longeons encore des vignobles, champs et serpentons parfois entre les parcelles. Triste et morne sont les deux adjectifs qui ne me lâchent pas. Je me confie au trailer sympathique que j’ai rattrapé et il me dit que je n’ai pas tort, mais qu’en octobre les couleurs de l’automne donnaient à cette campagne un aspect magnifique. Je n’en doute pas une seconde, mais je lui demande alors pourquoi cette course n’est pas organisée 3-4 semaines plus tôt dans le calendrier… ?
Finalement je suis content de ne pas avoir enlevé ma veste, car nous essuyons par moments un petit vent frais et je sors même ma casquette pour mettre à l'abri.
Vers le kilomètre 30 les coureurs du 61 et du 36 sont séparés par une bifurcation. Le chrono affiche 2h47 de course. Je réalise que nous venons de faire une boucle autour d’Epernay de part et d’autre de la Marne en empruntant les coteaux nord puis sud.
J’entame donc la deuxième boucle avec uniquement des coureurs du 61 km. Les rangs sont clairsemés maintenant. Je ressens une lassitude et moins d’entrain, je décide de ne pas prendre ce signe à la légère et j’avale immédiatement un gel à la caféine en espérant qu’il me remobilise rapidement.
Vers le km 34,5 on nous fait prendre une côte, c’est droit dans la pente, c’est du 30 %, c’est gras, boueux, impraticable, heureusement une corde est là pour nous aider. Moins de 2 minutes d’effort après, c’est déjà fini. On repart déjà sur les sentiers entre des champs… La montre vibre souvent et je vois sur la carte que la trace enregistrée est différente du parcours tracé que nous suivons. Je ne peux pas m’empêcher de me dire que la difficulté n’est pas au rendez-vous. On alterne souvent des faux plats montants ou descendants. On peut y courir sauf quand la motivation n’est plus là. En revanche, il faut relancer sans cesse et reprendre une allure 5 à 10 % supérieure à son endurance fondamentale. Finalement sur cette section je n’aurai consommé qu’un seul gel au lieu des deux prévus.
Nous arrivons au kilomètre 36,6 au ravitaillement de Monthelon, 3h28. Là encore, il est très bien achalandé : sucré, salé, eau plate ou gazeuse, coca, fruits, … Je demande de la soupe à deux reprises pendant qu’une bénévole me remplit les flasques. Cette fois-ci je ne mets pas de poudre énergétique en misant sur le ravitaillement solide. Je me sers en morceaux de banane et en tucs.
Serrer les dents pour ne pas (trop) faiblir maintenant :
Je repars d’un bon pas, ravitaillé et motivé pour la suite avec une seule idée en tête : la section qui m’attend n’est pas aussi compliquée que la précédente, elle comporte une difficulté moyenne avec 400d+ pour ses 14 km avec 2 raidars de 100d+, mais c’est surtout la fatigue qui s’est installée qui peut handicaper la fin du parcours. Je ressens les muscles releveurs qui se crispent autour de ma cheville et à un moment donné l’ischio-jambier gauche se tend méchamment. Je l’étire doucement et je fais une pause de 10 secondes. Je repars et la crampe disparaît. Lorsque je guette les temps de passage sur la montre je me rassure. Je consommerai mon litre d’eau et encore un gel contenant de la caféine sur cette portion. Je passe la distance du marathon en 4h05.
Je n’ai plus trop de souvenir précis. Je trouve toujours le décor terriblement monotone et j’essaye de me concentrer sur mes sensations et ma course. Mon regard ne s’accroche que très rarement au paysage qui m’entoure. Parfois dans les vignes on sent une odeur rance, c’est le raisin qui n’a pas été vendangé qui pourrit sur place. Les sentiers sont boueux mais praticables, beaucoup plus que dans le massif de Montmorency par exemple à cette période. Entre les vignes je manque tout de même de glisser à trois reprises et je remarque qu’à chaque fois lorsque j’ai posé le pied sur une sorte d’étendue blanche crayeuse. Alors que je croyais qu’il s’agissait de cailloux ou de poudre de craie, cette étendue est terriblement glissante et j’évite désormais de poser les pieds dessus.
Je me prends à rêver à une moyenne kilométrique de 10 à l’heure, alors je fais mieux que ne pas trop faiblir, je relance dès que je peux, je cours même dans tous les faux plats et relance sur les parties plates. Il n’y a que dans les descentes où je récupère sans prendre de risque. Le 45ᵉ kilomètre avalé en 5’05” me donne pleine confiance pour la suite. Je n’envisage rien d’autre que la section suivante à présent et ce nouvel objectif de 6 minutes au km. Je sens que j’ai basculé dans une autre course, celle de rester compétitif jusqu’au bout.
Le contre la montre :
Nous sommes à proximité du château de Saran, 50,5 kilomètres et 4h57, l’objectif peut être tenu. Je ravitaille à minima, je demande à la bénévole de ne remplir mes flasques que jusqu’à la moitié. Je bois un gobelet de coca et mange deux tucs. En route ! Il ne me reste plus que 10 petits kilomètres à avaler pour rallier l’arrivée et je vais tout donner. Dans les 20 minutes qui suivent, je prends un gel qui devrait me soutenir jusqu’à l’arrivée. Alors que je m’étais imaginé cette dernière section qu’avec de petits faux plats on va enchaîner une succession de petites côtes, dont une de 100d+ qui cassent mon allure générale. Dès que je peux, je reprends la course et relance pour tenir l’objectif. D’après mes calculs, je me dis qu’à 2 minutes près ça peut passer, mais que si je ne fournis pas l’effort nécessaire ce seront 2 minutes de trop au chrono alors je force mon allure.
Les 57 et 58ᵉˢ kilomètres en presque 8 minutes chacun me tracassent, mais j’avale les deux suivants en 5’01” et 5’12”, je ne faiblirai plus à présent. Je suis rattrapé par une figure qui m’est familière, c’est un coureur de Bussy-Saint-Georges, un V4 qui a fière allure et relance fort, il finira 1er de sa catégorie. Nous rentrons en ville et l’allure progresse encore, un petit détour tarabiscoté par un parc où je manque un virage et rebrousse chemin pour trouver l’issue et j’arrive devant le gymnase. Un dernier élan et la ligne est franchie en 5h57 pour 60,3 km et 1 450d+. Je suis classé 42ème au scratch sur 241 finishers.
Je suis ravi et je pars récupérer mes lots finishers : un polo, une bouteille de champagne. Je prendrai une bonne douche chaude avant de profiter de mon repas sur place à un prix très doux. C’est le trailer du Val d’Oise Aurélien Collet qui est vainqueur en moins de 4h30, son chrono laisse rêveur !
Je repars tranquillement à la maison avec le sentiment d’avoir fait une belle course sur le plan sportif et en particulier d’avoir été très compétitif pendant les 2 dernières heures alors que je m’attendais à faiblir. Sur le plan de la découverte et du plaisir des paysages, je reste clairement sur ma faim. La météo morne du jour n’a pas aidé, mais les couleurs de l’automne d’octobre et un tracé authentique par de nombreux villages pourraient dorer encore plus les lettres de noblesse de ce Sparnatrail.
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