Récit de la course : Semi-Marathon "Paru Vendu" Halloween 2005, par Medoc38
corir pour Haloweeen
Voilà déjà 48 heures que j’ai franchis la ligne d’arrivée mais je ressens encore des douleurs dans les mollets ; j’avais [b]pour objectif de fin de saison de courir pour Halloween sur la distance du semi
Ma préparation avait débuté après la saison de ski qui s’était terminé pour moi le 23 juin. Je m’entraînais alors régulièrement de 2 à 4 fois par semaine selon ma disponibilité essentiellement pour augmenter ma vitesse de course puisque j’avais déjà l’endurance due à la saison de rando
Je « pauffinais » mon allure lors du séjour familial en Bretagne pour viser un rythme de compétition de 13 à 15 km/h ; heureuse surprise, à la rentrée, la montée de la Bastille m’offre une occasion de me « tester » et de constater qu’en « allongeant » sur le plat je tiens le km en 4’ ; c’est de bonne augure pour le semi
Bien sûr, devant cet événement local voire régional, j’ai d’autres « concurrents » à observer si je veux être devant eux au classement final.
JP, collègue de travail, aussi à l’aise pour tchatcher que pour la course à pied ; ce sera lui mon principal rival : Il tire une forme physique d’une activité estivale de ski nautique quasi permanente de mai à octobre ; il en tire un tonus qu’il entretient aussi par une activité régulière de course à pied ; il vaut un peu plus d’une heure trente au semi ; il faudra donc viser 1h30
Vincent, mon ami de tous les sports nature que nous pratiquons en commun ; il a une grande forme physique, mais cette année il a privilégié le surf sur les plages de Vendée plutôt que les sports d’endurance ; par ailleurs, il s’entraîne surtout en course en montagne mais pour un semi il faut allonger sur le plat pour faire un temps…
René Pierre et mes amis de la « Mut » : De mes anciens collégues de travail, seul Renée Pierre qui a fait la montée de la bastille avec moi sera sur la ligne de départ
Et bien sur, toutes les autres personnes que je fréquente régulièrement et qui ont participé avec courage à la course.
Cette course se déroulant le lundi 31 octobre au soir d’Halloween à 19 heures, il faudra occuper la journée et le WE sans trop se fatiguer…
Je termine pourtant le boulot samedi à midi après un garde de nuit « difficile » ; du coup, samedi repos récupérateur ; dimanche cross cool le matin à petites foulées et randonnée en famille au col de l’Arzelier l’après midi ; la journée du lundi est occupé à quelques courses le matin et à promener mon fils Alban l’après midi à la recherche de "bave de crapaud" dans les différents magasins que nous visitons !!! En fin de matinée j’avais pris le temps d’aller chercher mon dossard avant la cohue
A 17h45 après un goûter léger, je me dirige à pied vers l’anneau de vitesse, départ de la course ; là, c’est la grande foule ; je me fraie un chemin jusqu’au vestiaire pour me changer et repérer les douches ; je me dirige pour poser mon sac mais là il y a une attente considérable… Je panique quelques instants… et mon échauffement ??? !!! ; mais la providence met Renée Pierre sur mon chemin et en trottinant nous allons mettre mon sac dans sa voiture.
Là nous nous échauffons et nous nous plaçons à une dizaine de mètres derrière la ligne de départ ; il est 18h45 ; 2 épisodes marquent cette attente ; le portique Caisse d’Epargne se dégonfle et c’est des hurlements de chahut ; le second épisode, c’est plusieurs dizaines de concurrents qui se sont trompés de côté et qui nous font encore reculé de quelques métres…
En dehors de rené Pierre qui est à mes cotés, j’aperçois juste un collégue qui est au loin mais qui ne m’entend pas ; nous remarquons que les concurrents du marathon ont leur numéro en blanc, ceux du semi en rouge, ceux de Ekiden (marathon par équipe) en vert
Et c’est le départ, dans une cohue généralisée ; l’organisation a fait partir les « handisports » devant ce qui est louable ne théorie mais en pratique, ils font barrage et il faut zigzaguer pour les éviter (l’organisation auraient du leur prévoir un couloir parallèle sur les 2 premiers kms) ; j’ai beaucoup de mal à me dégager de la foule pour prendre un rythme ; les futurs marathoniens partent doucement mais pour le semi, je dois me trouver « des lièvres » ; Bd Jean Pain, c’est les travaux sur une route toute rapiécée éclairée par un éclairage de misére ; devant moi un coureur se fait une entorse de cheville dans un trou cachée par des feuilles ; je comprends tout de suite qu’il faudra redoubler de prudence[i] (mes entraînements en spéléo n’étaient peut-être pas si déplacés…)[/i]
Sur le quai Joncking, je reconnais Jo qui m’encourage en hurlant un « Vas-y Bruno »
Pourtant, cette cohue ne m’a pas (trop ?) handicapé puisque j’arrive au premier ravitaillement (5èm km) en 20 minutes 30 ; je suis parti un peu vite mais je me dis que si je tiens je ferrais peut-être moins d’une heure trente… mais déjà la soif me dévore la bouche ; je pense aux bouquins qui disent que « quand le sportif a soif, c’est déjà trop tard » mais je vais quand même pas abandonner juste après être parti…
La bouteille qu’un des bénévole me tend est providentielle car le vent de sud (le fameux foehn prévu par la météo) dessèche les coureurs que nous sommes et je la bois avidement puis la laisse à un autre coureur ma soif épanchée.
Je repars de plus belle et j’entends les encouragements de certains membres de ma famille et même mon frère Hervé qui me prend en photo, je poursuis la voie sur berge et négocie facilement le pont au dessus de la voie ferrée ; j’évite les piéges des nombreux trottoirs d’Europole puis arrive au 10ème km en 42 minutes ;là, je saisis au vol une bouteille d’eau et la bois avidement puis la jette à moitié vide (la suite me montrera que j’ai commis là une lourde erreur…) mais au 11km c’est la remontée sur le cours J Jaurés vers Echirolles et là, je me sens en difficulté : le vent chaud est face à moi ; j’essaie de me placer derrière d’autres concurrents pour qu’ils me fassent écran mais soit ils ne vont pas assez vite soit ils me « lâchent » ceux sont surtout les Ekiden qui viennent d’être relayer mais aussi quelques marathoniens qui attaquent)
Les véhicules qui passent à coté ne ralentissent même pas, certains klaxonnent, je respire les gaz d’échappement, je suis « mal » ; un petit détour derrière le stade Lesdiguères dans des rues mal éclairées, 2 AR débiles (les virages sont en tête à queue !!!) n’arrangent rien à mon moral ; pourtant, sur le pont qui franchit le cours de la Libération, un bruit me fait tourner la tête, c’est l’homme au drapeau du marathon en 3 heures ; je me dis que si je m’accroche je finis en 1h30 mais je craque et il me distance suivi par quelques marathoniens…
Le coup de grâce est au 15ème kms : pas d’eau au ravitaillement, j’hurle à boire en tendant les bras mais les relayeurs n’ont d’yeux que pour leur copain qu’ils attendent avec impatience ; je me dirige vers un enfant qui vient de ramasser une bouteille ; il la verse devant moi et je repars en rageant ; plus loin, un jeune ado remplit les bouteilles jetées avec de l’eau et m’en tends une ; je bois ainsi un petit peu mais j’ai perdu beaucoup de temps puis que j’ai passé le 15ème en 67 minutes ; si je ne me reprends pas, adieu le bon chrono !!!
Je suis les quelques coureurs avec qui je suis depuis plusieurs minutes et qui souffrent autant que moi, j’arrive à m’accrocher et je reconnais l’estacade et les lumiéres du cours J Jaurés, je sais alors qu’il me reste 3 kms ; le moral revient ; j’accélére de nouveau malgré la soif ; ma belle sœur se trouve dans la contre allée elle m’encourage ; je sens que ça va mieux…
Le cours Berriat, le Bd Gambetta ; je fait le tour de « Champo » lycée de mon enfance, je tiens le rythme sur la rue Lesdiguéres voire je double quelques coureurs ; la rue de Strasbourg à droite et c’est le 20ème km ; toujours pas d’eau… je demande à un de mes voisin une gorgée de boissons énergétique qu’il m’offre volontiers ; la tête me tourne ; je sens l’hypoglycémie ; je croise les marathoniens qui repartent en sens inverse pour un deuxième tour… les pauvres, s’ils ont autant soif que moi ; j’allonge un peu pour finir, je rentre sur le stade et termine le buste bien droit pour les 200 derniers mètres.
C’est l’arrivée et ma puce déclenche le chrono : 1h35’04’’ l’honneur est sauf, j’ai su tiré partie de conditions difficiles
Je titube après la ligne, entends un vague « ne restez pas là » et me laisse enlever la puce par un préposé ; je cherche de l’eau et engloutis une bouteille puis 3 yaourts à boire ; dans le hall Clémenceau, je bois au moins 10 verres de soupe puis 1 l d’eau « cul sec » puis rebois des yaourts (au total, je pense que j’ai bu en 20 minutes au moins 3 litres de boissons)
Je retrouve JPF qui me présente son épouse et m’annonce son temps : 1h37’ OK le contrat est rempli, ; je suis devant lui ; je retrouve Renée Pierre qui a fini en 1h44’ et vais récupéré en trottinant mon sac à sa voiture mais je me dandine plus que je trottine
Puis la douche, au milieu des autres concurrents avec une eau à peine tiède ; dans des vestiaires « pouilleux » ; comme lance un gars sous une douche au jet « prostatique » : « Même sous les douches, y’a pas assez d’eau » ; enfin, ça fait quand même du bien , une bonne douche ; puis de nouveau, hydratation et alimentation ; je récupère lentement
Les marathoniens commencent à arriver ; je reconnais un de ceux qui m’a doublé ; il finit en 3 heures ; il a l’air abattu ; puis de nouveau les concurrents arrivent ; certains sont livides d’autres vomissent dans des sacs pendant que sur une estrade, un speaker anime la soirée
Tant pis pour la MODUS tirée au sort à minuit pour les présents, je rentre chez moi ; là je bois de nouveau et prends un gramme de paracétamol pour limiter les douleurs post-course
Je fais un bref compte rendu à mon épouse : globalement, je suis content de ma course mais l’organisation laissait à désirer : trop de monde, ils se sont fait dépasser
Les CR sur le net le confirme ; mais les photos de nuit rendent bien; mon chrono est confirmé 1h35'04''; mon rang est honorable 182ème sur 1493 concurrents arrivés et 58ème/385 dans ma catégorie V1M
Au total, une expérience intéressante mais c’est pas évident de courir de nuitmême poursuivi par les ombres d’Halloween...
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