Communauté des sports d'endurance

Cette épreuve n'était pas prévue dans le calendrier initial, mais en cherchant une "petite coursette" à faire en Août (à défaut de pouvoir retourner à Orta), me voilà inscrit 1 mois avant.
L'organisation, menée par Laurent Brueyre, est rodée et reconnue pour la convivialité de ses bénévoles. L'épreuve phare est l'UltrArdèche (222 km en Mai) que j'avais déjà repérée car des amis y ont participé.

Ce 100 miles sera fait en duo, avec ma suiveuse de choc à vélo, car il y a possibilité de se faire accompagner.
Ce sera donc comme les 100 km de Millau en 2017 ou l'Ultratour du Léman en 2019. Cette dernière épreuve semblant similaire dans la distance... un peu moins dans le dénivelé.

L'ambiance conviviale se montre déjà présente au retrait des dossards. Le petit monde de l'ultraroute se retrouve.

Installation de la tente, buffet d'avant course, briefing fait par Laurent ("attention ! il va faire chaud" !) et il est temps d'aller se coucher pour essayer de dormir car le départ est à 7h. Tant mieux, cela permettra de profiter de températures clémentes au moins au début...

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LE DEPART

55 coureurs du le 100 miles, et un peu plus de 100 sur le 100km, s'élancent donc de St Peray.
Je n'ai pas vraiment d'objectif chrono si ce n'est de profiter de ce coin d'Ardèche que je ne connais pas. Néanmoins, sur la base du tour du Léman, j'imagine faire 22h, voire moins si la forme est là.

Je retrouverai Annick à vélo au km12, avec les autres suiveurs.

Ce qui permet de démarrer la course en papotant avec Kirikou/Rémi (inscrit quelques jours avant sur le 100km, qui serait alors sa plus longue distance). Je lui souhaite évidemment bonne chance !

Puis je retrouve William (will36) après quelques années à se suivre sur les réseaux seulement (nous avions partagé une fin de TDS - et lui CCC - en 2015). Il est devenu une vraie pipelette ce garçon !! A discuter, nous longeons le Rhône (et les bouchons de l'A7 à 7h30 !!)

... et avançons à presque 10 km/h sur ces 15 premiers km, je sais que c'est un peu trop rapide mais les sensations sont là. William est plus prudent et préfère me laisser partir devant. A toute !

Le Rhône est laissé à gauche, pour attaquer la Dolce Via, voie douce d'Ardèche empruntant une ancienne voie ferrée et longeant la magnifique vallée de l'Eyrieux : c'est le coeur du parcours !

La montée est en pente douce, ce qui ne pose aucun problème pour la cycliste. Pour le coureur, on sent bien quand la montée est longue et continue par moment. Mais quels beaux paysages !

La chaleur commence à s'inviter et j'essaie de m'hydrater régulièrement, tout comme profiter des nombreux ravitos disposés sur le parcours. Un peu comme à Dijon, l'estomac se refuse à me laisser tranquille. Alors je marche et profite de quelques pauses shooting photos. 

BH1 - 52 km

Les concurrents du 100km font demi-tour ici, nous laissant peu nombreux (déjà que nous étions étirés). Je suis à la 16° place
A ce ravito, des jets d'eau qui font du bien (tête, nuque, dos), un peu de pastèque (qui sera un bon carburant et quasi sur tous les ravitos). Et c'est reparti en direction de St Martin, pour notre propre demi-tour, à... une trentaine de km ! Dis comme çà...

Laurent avait prévenu de la chaleur et quasi pas d'ombre, ni de vent. Mais ca semble plus supportable qu'attendu, sans doute ce petit vent et finalement quelques passages ombragés atténuant ces chaudes températures pour le corps.

Au km 57, le ravito est devant la maison d'un bénévole. Original. C'est là où l'estomac refuse de garder les quelques victuailles à cause d'un peu de coca pas apprécié du tout. Je suis obligé de me poser plus longtemps : "on va devoir marcher un petit moment pour remettre tout çà d'aplomb". Ca a fait du bien côté digestif mais il va falloir surveiller çà, j'arrive néanmoins à remanger un peu... et être patient en alternant marche et course... et faire quelques photos.

De fait, l'allure baisse encore plus et je me fais dépasser par 3 concurrents sur la dernière portion avant le retournement.

En attendant, on profite des paysages de cette Ardèche un peu plus profonde. A voir ces baigneurs en bas dans la rivière, ou ceux dans les 2 bases nautiques traversées, le mental doit être solide pour ne pas piquer une tête : mais que fais-je là en pleine chaleur ??

2 autres ravitos sont auprès de camping car : c'est original et sympa que même des sympathisants voyageurs aussi soient de la partie.

Et toujours des vues insolites de la vallée.

C'est 10km avant le demi-tour que je commence à croiser les premiers. Un salut, une parole, un encouragement. Ca me rappelle Orta l'an dernier où pendant ces 10 marathons avec demi-tour, on avait appris à se connaitre, du premier au dernier.

 

BH2 - 83 km

St Martin de Valamas est donc le point de retournement. Je l'attends avec impatience. Annick est partie devant pour anticiper les quelques "bricoles" à faire. J'ai vraiment besoin de me poser. Courir aussi longtemps, malgré les périodes de marche, m'a épuisé !

Je suis toujours à la 16° place. Je me suis fais doubler pourtant. Des abandons sans doute, la chaleur faisant quelques dégats.

Ici, changement de tenue, crémage des pieds, petite arrosage sous un jet d'eau. En plus les bénévoles sont sympas comme sur tous les ravitos, alors autant profiter. Et manger ? Ben, un peu car évidemment ce n'est pas la grande fringale... Et pourtant il va falloir reprendre des forces.

Nous restons là 30 minutes bien tassées, il fallait que je prenne le temps pour le retour, le mental étant bien revenu. Un salut aux bénévoles et je m'élance dans la "descente", imaginant remonter la moyenne... #spoil il n'en sera rien !

Cette fois, c'est moi qui souhaite bon courage à ceux que nous croisons au retour.
Dont William 5 km après le demi-tour. Il semble en forme.

Le château de Rochebonne, vu depuis le trail de l'Ardéchois fait il y a quelques années :

Les points de repères sont pris, aidant mentalement.
Par contre, la vitesse moyenne continue de baisser. Pas moyen de courir longtemps si je veux continuer à ménager le système digestif. Alors on alterne...

Le Cheylard est une jolie cité, à cheval sur l'Eyrieux. La gare d'un côté, le centre bourg de l'autre.

La nuit tombe tout doucement et je sais que j'attendrai la BH3 en pleine obscurité.

Nous doublons un concurrent, enfin un peu de compagnie ! Je lui souhaite bon courage. Il semble beaucoup plus marcher que moi. J'apprendrai plus tard qu'il aura abandonné après la BH3 atteinte 2h après moi...

A l'approche de St Sauveur (BH3), des coups de feu !! Non, un feu d'artifice qui raisonne dans la vallée. On ne voit rien alors qu'on n'est qu'à 2 km. J'essaie d'augmenter l'allure. La fiesta s'arrêtera à moins d'un km de notre approche... Dommage.

 

BH3 - 114 km

Ici règne une ambiance festive, après le feu d'artifice.

On m'annonce à la 14° place. Encore un abandon ? Quelques jeunes viennent demander pourquoi tous ces coureurs qui ont défilé dans la journée. Leur expliquer que nous courons l'équivalent de 4 marathons ne semblent pas les perturber, ni les convaincre d'ailleurs...

Et c'est reparti pour les 50 derniers km !

Une grande lassitude s'installe, les périodes où je cours diminue... Mais je ne me vois pas marcher longtemps sur ce chemin continu, dans la nuit, alors qu'il n'y plus rien à voir. Annick avance évidemment de son côté mais semble aussi s'ennuyer à cette allure (heureusement qu'elle écoute des podcasts).

Au ravito du 128° km, un peu de purée me fait un bien fou. L'estomac ne sachant plus où il en est. Avec en prime une vue magnifique sur la voute céleste, sans pollution lumineuse. Je profite !

Au ravito du 135° km, je me fais rattraper par le concurrent qui a passé les BH2 et BH3 15 minutes après moi. Nous sommes réguliers tous les 2 mais ayant ralenti l'allure moyenne, me voilà rattrapé. Il repart avant moi, tandis que je relance après une gorgée de coca... Erreur ! Me revoilà à rejeter les quelques pates que j'avais essayé de manger. Heureusement, pas trop grave, et j'arrive à repartir au bout d'un km de marche.

Bon, il va falloir se remotiver !!

 

C'est alors que je lance un nouveau plan : la méthode Cyrano que j'avais déjà testé sur une portion de l'UT4M, entre 2 vallées.
Ici, je pars sur 1 minute de marche + 5 minutes de course. Cela me permet ainsi de m'hydrater un tout petit peu toutes les 5 minutes, lors de la phase de marche. Et surtout, cela va permettre, je l'espère, de rompre la monotonie qui s'est installé malgré les ravitos où l'on peut discuter avec les bénévoles. L'appareil digestif semble coopérer.

D'abord à faire le yoyo avec le concurrent qui m'a dépassé, je le lâcherai en repartant du ravito situé à la fin de la Dolce Via. il reste alors 25 km.

Ce rythme me convient bien, même si parfois la marche reprend un peu plus le dessus.

A 15 km de l'arrivée, nous retrouvons un groupe de 2 coureurs qui ne sont égarés, ne voyant plus les flèches. Non, c'est pourtant bien le bon chemin, confirmé par Annick partie un peu en avant.

Restant motivé et dans mon allure, je relance alors "mon" Cyrano, tout d'abord avec l'un des 2, tapant un peu la discute, puis seul quand il lâche mon allure. Ce Cyrano là semble bien fonctionner et devra me permettre de consolider cette 12° place (et 9° homme). Je ne traine pas au passage des 2 derniers ravitos, toujours à m'hydrater à petites gorgées et très régulièrement. Allez ! Plus que 6 km. la forme est revenue et le Cyrano disparait pour une course permanente, pas très vite certes mais j'arrive à nouveau à courir en continu.

La nuit laisse la place à l'aube, pour une ambiance magique.

Le Rhône est laissé sur la droite et nous bifurquons vers St Peray, pour les 2 derniers km.
Le retour ne passe pas par le même chemin qu'à l'aller, donc restons vigilents !

A 500m de l'arrivée, et histoire de savourer celle-ci, je décide de faire une pause technique.

Quelle n'est pas ma surprise en découvrant que j'urine... du sang !! Avoir couru si longtemps a vraiment mis à mal l'appareil digestif. Sans plomber le récit, il faut avouer que c'est bien la 1ere fois où je n'arrive quasiment pas à uriner de toute la course, et pourtant j'ai essayé par moment... Fin de la partie médicale.
Qu'importe pour l'instant, je dois savourer cette ligne d'arrivée, attendue depuis si longtemps.

Peu de bénévoles à cette heure ci, 4 ou 5 nous accueillent chaleureusement. Merci à eux !

Avec la photo souvenir de rigueur :

Pile pour le petit déjeuner ! En en moins de 24h !

 

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EN GUISE DE BILAN

Que retenir de cette épreuve ?

Déjà une aventure à 2, comme nous avions pu le vivre lors du tour du lac Léman en 2019.
Ensuite une organisation passionnée et des bénévoles vraiment géniaux ! Une ambiance très "familiale" et intimiste, que j'apprécie beaucoup !
Enfin, une épreuve qu'il ne faut pas sous-estimer. La chaleur a quand même fait beaucoup de dégats avec 45% d'abandons. Même si le chrono n'est pas à la hauteur de mes espérances de départ, je suis très satisfait de cette 12° place, au delà au fait d'avoir fini malgré mes petits ennuis.
Et ces ennuis en effet ne sont pas à prendre à la légère. Ces soucis digestifs que je "traine" cette année devront être pris en compte, notamment pour le prochain ultra à Monteux. Je sais avoir malmené le corps sur ce coup là...

Un parcours magnifique dans cette vallée de l'Eyrieux, qui est vraiment à découvrir au coeur de cette Ardèche.

J'espère pourvoir revenir pour l'épreuve phare, l'UltrArdéche, 222 km.

 

 

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EN CHIFFRES

162 km, 650 m de D+

Un peu plus de 23h30 de course

55 partants, 30 arrivants (45% d'abandons avec cette chaleur)

12° place, 9° homme (trop fortes les filles ! Bravo !!)

Une suiveuse ravie :)