Récit de la course : Le Sentier des Bouzèdes 2023, par Petramala

L'auteur : Petramala

La course : Le Sentier des Bouzèdes

Date : 6/8/2023

Lieu : Genolhac (Gard)

Affichage : 328 vues

Distance : 11.7km

Objectif : Battre un record

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Le Sentier des Bouzèdes 2023

Trois dimanches et trois sorties, par près de trente degrés, pour se tester sur la moitié de ce parcours, même si nous l'avions déjà emprunté l'an passé ― on ne boude pas un tel plaisir. Outre la reconnaissance des cailloux à enjamber ci et là, les repères par temps presque caniculaire s'avèrent inutiles, puisque, ce 6 août, le soleil éclaire plus qu'il ne chauffe, et, depuis la ligne du départ, l'on nous promet même sur le plateau de l'arrivée, une température à exciter un climatosceptique.


178 athlètes s'élancent avec cette promesse de douceur, depuis la Place du Colombier, cœur du bourg de Génolhac. Pour le Sentier des Bouzèdes, on ne part pas tranquillement, en imaginant que l'on va sagement adapter son rythme selon le dénivelé à venir : les premières dizaines de mètres ont immédiatement quelques pourcentages et, dès le virage qui monte au Pélegris, la pente est si raide, assassine, que nombre sont les coureurs qui deviennent marcheurs, et qui expirent en haletant comme si cela faisait une éternité que l'épreuve avait commencé. 

Gardant un bon élan, le temps de saluer Marc-André, qui participe à sa première édition d'une course qu'il connaît « de l'intérieur », la foulée prend petit à petit la cadence idéale et nous propulse à la première traversée de la route, en à peine plus d'une vingtaine de minutes, puis au bout de la quatrième ― et une tentative d'échanger notre dossard contre le drapeau de circulation de Sébastien ― en près d'une demi-heure. Pour le moment, Simon reste à notre hauteur, tantôt devant, tantôt derrière nous, impossible de prendre de la distance, ni pour l'un, ni pour l'autre.

On le sait, alors que Montclar est à main gauche, que nous passons dans l'étroitesse de chemins bordés de genêts, c'est une longue heure de grimpe qu'il nous faut considérer encore. Jean-François est fidèlement posté à l'un des ravitaillements les plus importants du parcours, juste avant les lacets éclaboussés par la Gourdouze et par l'Homol. La plus précieuse des Génolhacoise est, comme l'an passé, au Passage de la barrière, frontière entre le monde d'en-bas et celui qui mène au Mas de la Barque. C'est ici, dans une accélération imparable, que Dorian, qui nous suit depuis une bonne vingtaine de minutes, nous double : on ne le reverra plus, c'est sûr !


Les toits des Bouzèdes sont là. Deux jours auparavant, dans le secret des archives départementales, nous feuilletions encore les manuscrits rappelant la terrible agression du printemps 1787, quand une « troupe de scélérats se rendit dans la maison de Jean Benoît, de la méthérie des Bouzèdes, très izolée dans la Louzère », et entamèrent de pendre puis d'ébouillanter ce dernier, puisqu'il ne pouvait pas leur céder les mille livres d'argent exigés.

La terrible ascension de tout à l'heure n'a pas esquinté Claude. Il file comme s'il avait cinquante printemps de moins, il n'en revient pas lui-même, s'exclame-t-il ! Il est vrai, les trois kilomètres de plat qui arrivent à cet instant autorisent tous les excès, à en oublier les efforts et les jurons, les on-ne-m'y-reprendra-plus et la soif. Mais non pas de saluer Raymonde et André qui, justement, ravitaillent une dernière fois la cohorte d'insouciants cavaleurs.

Le onzième kilomètre signale une fin très proche. Il reste sept cents mètres avant l'ultime ligne ; Frédérique revient doucement, nous courons ensemble, avant qu'elle ne s'éloigne mètre après mètre. Le « mur des trente » des Bouzèdes est là. Malgré l'interminable escalade matinale, c'est ce petit raidillon à peine remarquable qui freine tout le monde, envoie ses flèches dans les quadriceps, impose de ralentir, de marcher, d'attendre que le muscle atteint se décrispe. Comme l'an passé, c'est bien dans ces courbes légèrement montantes que nous perdons du temps ― et des places. C'est rageant, la course était jusque-là parfaite ; ce passage est une énigme, à moins de le croire enfachiné !

Alors que le micro de René accueille les 178 vainqueurs, que nous apercevons Gilbert non loin, nous le constatons : le chrono affiche six minutes de moins qu'en 2022 ! L'absence de la chaleur a permis à chacun d'établir un petit record personnel.

Et, même si le petit froid, là-haut, durant la remise des prix, calme les ardeurs, l'on coche déjà la date du premier dimanche d'août 2024…

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