Communauté des sports d'endurance

A vue d'œil

 

Ses yeux errèrent lentement dans le gymnase.

Ses yeux se posèrent alternativement sur les coureurs présents

Enfin ses yeux se fixèrent sur moi

Lentement, calmement ses yeux me détaillèrent de la tête aux pieds

 

Maintenant, j'ai peur.

On m'avait dit que la course à pied était un truc de dingues,

Mais là, j'ai affaire à des extra terrestres.

 

J'aperçois Gérard. Il est prêt pour la course.

Il passa un bras autour de mes épaules. Je lui demande bien vite de l'enlever. Ce qu'il fit aussitôt avec un sourire.

 

Je me demande d'où viennent tous ces Aliens qui arrivent à dissocier les parties de leurs corps.

 

Je suis avec Fabienne et nous partons pour ce trail de vingt bornes, tout derrière, la peur au ventre.

Nous quittons le village, montons les marches puis cheminons sur une étroite sente.

 

Les gars de devant discutent :

"Devant le cinéma nous nous sommes séparés.

Une moitie d'entre nous a décidé d'entrer tandis que l'autre allait dîner dans une brasserie"

 

Ouh là !

 

Nous passons près du musée du Revermont à Cuisiat.

Le tuyau de mon camel se débranche.

Qui me l'a retiré ? J'ai les fesses trempées.

 

Nous sommes près de la chapelle de Montfort.

En ce lieu on venait pour soigner les enfants, sujet aux frayeurs.

 

"Malheureusement ça ne fait guerre de doute : une fois de plus le pauvre Gibus a perdu la tête".

 

En haut je me ramasse sur le plat. Qui m'a fait un croche pied ?

Le croque mitaine ?

 

Plus loin, sur la gauche, c'est la grosse montée tout en haut.

Un bénévole nous encourage.

 

Ses yeux restèrent fixés sur moi jusqu'à ce que j'aie atteint le bout du haut, puis m'accompagnèrent quand j'entrepris de traverser le bois.

 

Encore un.

 

La suite est grisante, toute cette crête traversée, tout seul, le dernier traileur vivant.

Cela redescend vers Treffort-Cuisiat et je retrouve la civilisation.

 

L'arrivée est là près de la mairie.

 

Photo avec l'organisateur puis direction le ravitaillement.

Les discussions bizarres continuent :

 

"Et Bob dit qu'il n'a absolument rien dans le ventre."

"Pendant la course il était sans cervelle."

 

Un couple de traileurs boivent une bière.

 

De son plein gré Julia avait fait don de son cœur au jeune homme

Sur quoi elle lui donna sa main

Il lui prit le bras.

 

Franchement là, les bras m'en tombent, mes genoux se dérobent.

 

Encore un super trail, un beau parcours.

Un sport de science fiction, je vous dis.

 

Inspiré de la nouvelle de Philip K. Dick, A Vue d'œil.