L'auteur : redgtux
La course : Euskal Trail - Ultra Trail - 133 km
Date : 27/5/2022
Lieu : St étienne De Baigorry (Pyrénées-Atlantiques)
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Distance : 133km
Objectif : Balade
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Ca faisait un bon moment qu’un ultra ne s’était pas aussi bien passé ! Ne partez pas tout de suite, j’ai tout de même 2 ou 3 anecdotes à raconter mais j’ai l’impression d’avoir enfin retrouvé mes habitudes de courses d’avant COVID. Malgré une préparation plutôt light, aucun problème sérieux n’est venu entamer cette sympathique randonnée d’un peu plus de 27 heures.
L’objectif pour moi sur cette course est de me préparer pour la Corse cet été mais sans me faire mal (2 mois avant ce serait bête).
Ceux qui suivent mes aventures depuis longtemps savent que pour moi le voyage compte autant sinon plus que la destination. Pourquoi je vous raconte ça ? Car après être allé au départ de trails en voiture, bateau ou petit avion je teste désormais la voiture électrique… Quel rapport avec la course me direz-vous ? Hé bien justement, j’avais prévu de me mettre en charge à l’arrivée à St Etienne de Baigorry; sauf que la (seule) borne est littéralement en plein milieu du village course… Et donc inaccessible. Bon au final rien de dramatique je m’en suis sorti autrement mais avec une charge (mentale pour le coup) dont je me serais bien passé.
D’ailleurs, c’est mon sac d’allègement qui va en faire les frais : j’oublie une partie des affaires que je voulais y mettre. Le reste de mon arrivée se passe bien, l’ambiance sur place est très sympa et la partie administrative est vite expédiée grâce à une super équipe de bénévoles.
Sur le village course je retrouve pas mal de Niortais, dont une amie et son mari qui se proposent de m’héberger après avoir appris que je pensais dormir dans ma voiture (ils ont dû avoir pitié). J’ai donc la chance de profiter d’un vrai lit ET d’un vrai repas avant la course, c’est royal. En plus c’est à moins de 10mn de voiture du départ de la course.
Après une soirée sympa mais courte, je pars me coucher en prévision d’un réveil vers 3h30 du matin.
… On ne peut pas dire que j’ai très bien dormi; mais ce sera largement suffisant pour la course. Pas vraiment de stress mais juste envie d’y aller. Le petit déjeuner est vite expédié et me voilà parti pour rejoindre la ligne de départ.
Je pars plutôt serein mais avec un bon mal de crâne, il finira par passer au bout de quelques heures. L’ambiance est plutôt sympa avec un feu d’artifice qui part en même temps que nous.
La météo est parfaite pour démarrer, un peu frais pour ne pas risquer la surchauffe. Je suis plutôt en fin de peloton ce qui me permet de m’échauffer tranquillement avant d’attaquer la première ascension du Mt Jara (812m) puis de rejoindre le premier ravitaillement de Gaztiparlepoa au km 19. C’est une simple tente au bord d’une route, un arrêt express sera largement suffisant, d’autant plus qu’il y a une jolie montée à suivre.
Il fait toujours frais, avec du brouillard dès qu’on monte un peu en altitude. C’est pas cool pour le paysage mais au moins on ne risque pas le coup de chaud.
Cette première partie de la course propose quelques passages techniques, dont la cheminée et le col d’Iparla. Nous sommes à ce moment là sur une ligne de crêtes qui marque la frontière entre la France et L’Espagne. Ça doit être très beau, mais on y voit pas grand chose… Le passage au col d’Harrieta marque ensuite le premier passage en Espagne. Je dis premier car la course passe son temps à faire du saute frontière, enfin de frontière administrative car ça reste toujours le pays Basque ;-)
Nous repassons d’ailleurs en France peu avant le ravitaillement suivant à Ispegi-ko Gaina. D’ailleurs, peu avant d’y arriver je me prends un joli gadin et évidemment il faut que ce soit dans un coin plein d’épines.
Je profite du ravitaillement pour consulter mon téléphone et donner quelques nouvelles, malgré la chute tout va bien et là encore un arrêt express est suffisant.
Je n’ai pas de plan de course, et pour tout dire je ne sais même pas exactement ce qui m’attend pour la suite. Du coup à chaque arrêt je regarde ce qui m’attend pour la suite.
Je repars pour une longue étape avec pas mal de chemins forestiers et une montée à Auza (1284m) et une descente vers le ravitaillement suivant à Aldudes. Il est 13h quand j’y arrive et j’ai parcouru un peu plus de 40k
Je commence à penser à la base vie d’Urepel située au km 73 et à laquelle je pourrai retrouver mon sac, manger et me changer. Il me reste une grosse montée avec le passage du point culminant de la course puis une longue descente qu’on m’a annoncée compliquée. Je ne sais pas vraiment à quelle heure je vais y arriver mais j’aimerai que ce soit avant la nuit sinon mon temps de course va grandement s’allonger, et c’est bête mais j’aimerai bien être rentré demain avant 7h30 histoire de faire coucou aux amis qui partiront pour leur 2è jour de course (ils font le relais 2x25km)
Allez hop c’est reparti, d’abord vers Urkiaga au km 59 avant d’attaquer la grosse montée au Mt Adi (Espagne) à 1457m. Côté météo, c’est le retour du brouillard et du vent dès qu’on est en altitude.
Urkiaga c’est une tente, nouvel arrêt express pour moi. On part ensuite dans une montée en forêt jusqu’au sommet avant d’attaquer la descente vers la base vie. Cette descente, pas si compliquée que ça, nous fait repasser en France jusqu'à Urepel.
Ça y est, la mi-course est passée en kilomètres et ça fait un bon moment qu’on l’a passée aussi sur le dénivelé.
A Urepel j’ai la possibilité de dormir, manger chaud, me changer… Et je vais tout faire sauf dormir. En effet, il est 19h et je n’en ressens pas le besoin. Une plâtrée de pâtes et du bon fromage local me permettent de reprendre des forces. En plus le service est fait à table, c’est top.
J’en profite aussi pour vérifier mon matériel et notamment un de mes bâtons qui donne des signes de fatigue depuis un moment : l’embout est parti et le bâton est grignoté petit à petit. Finalement il finira la course sans trop de soucis.
Après Urepel je repars vers Burguete, ce qui va une nouvelle fois me faire repasser en Espagne; enfin je crois, à force de faire du “saute-frontière” je ne sais plus trop où je suis.
La nuit finit par tomber et avec elle le brouillard qui s’épaissit. C’est bien simple, dès que l’altitude augmente un peu on ne voit plus rien devant et dès qu’il y a un col à passer, un vent à décorner les bœufs se met à souffler. Et justement ça monte bien jusqu’à Burguete.
Au ravitaillement, il est presque 22h30 mais je n’ai toujours pas envie de dormir. Je profite d’une délicieuse tarte au chocolat (maison en plus) offerte par une bénévole. Décidément on mange bien sur cette course !
Allez c’est reparti, désormais il ne reste plus qu’une petite puis une grosse montée avant la fin. Je suis en forme et de toute façon le brouillard m’empêche d’avancer vite. En fait, une bonne partie de la nuit je joue à “où est la balise”. Cela consiste à balayer le brouillard à la frontale pour trouver une balise, à la rejoindre puis à recommencer pour trouver la suivante. Quand le vent souffle de travers c’est assez facile, mais quand il est dans l’axe on voit pas les petits drapeaux des balises. C’est suffisamment “amusant” pour me maintenir éveillé, mais je me trouve malgré tout bien seul en course.
Mis à part quelques coureurs aussi perdus que moi, je croise un ou deux véhicules de secours qui me demandent comment je vais. C’est presque irréel de croiser des véhicules de nuit sur ces chemins, avec la brume ça donnerait presque l’impression d’une rencontre du troisième type.
Ce qui est bien réel en revanche, ce sont les deux cadavres d’animaux (moutons ?) croisés juste au bord du chemin. Cela ravive quelques peurs enfantines, il y a des ours par ici non ? Ou des loups ? J’aurai peut-être dû partir avec d’autres coureurs ? Quelques questions, probablement irrationnelles, viennent me trotter dans la tête mais sans trop me perturber jusqu’à l’arrivée au ravitaillement d’Arneguy.
A Arneguy, j’hésite à dormir un peu. Il me reste encore une côte, la plus longue de la course… Et les côtes j’aime pas ça ! Je sais que j’ai une dette de sommeil et pour le moment je ne me suis jamais arrêté plus de quelques minutes aux ravitaillements. C’est donc parti pour une sieste de 15 minutes dans une salle en pleine lumière et avec de la musique techno… Pourtant j’arrive à m’assoupir un peu comme quoi j’en avais besoin.
Après la sieste, je me remet progressivement en route pour la dernière bosse de la course. En fait, c’est la plus grosse montée de la course qui reste à faire. Elle reste toutefois plutôt facile, il fait bien frais et le vent s’est un peu calmé. Je ne vais pas vite (comme d’hab) mais je me sens toujours en forme, même pas besoin de faire appel à mes ressources mentales habituelles.
J’arrive en haut de la montée à Adartza vers 6h30, le jour se lève. Je décide de mettre les gaz dans la descente qui suit. Nous sommes sur de jolis chemins, juste un peu techniques comme j’aime. Je range définitivement mes bâtons, ce qui m’évitera désormais de ressembler à un Dahut.
Les nuages se dissipent avec le lever du jour. C’est magnifique, dommage de ne pouvoir profiter du paysage qu’à la fin de la course. La descente jusqu’à l’arrivée se passe bien, j’ai encore un peu de jambes mais il faut tout de même faire attention à quelques passages pentus.
Il ne reste enfin que quelques centaines de mètres de bitume jusqu’à Baïgorry et me voilà sous l’arche d’arrivée. 150è en 27h12, clairement on peut faire mieux mais je venais pour faire une grande rando, objectif atteint.
J’arrive trop tard pour saluer mes amis avant leur deuxième jour de course (en fait non j’aurai pu, ils n’étaient pas encore dans le bus).
Je passe l’heure qui suit au buffet d’arrivée. Il y a pas mal de charcuterie, manque de bol c’est pas mon truc. En revanche, ce qui est mon truc c'est le gâteau Basque, délicieux !
Après m’être bien rassasié, je retourne à ma voiture pour rejoindre la résidence et dormir un peu. Il n’y a que 10 minutes de route… Grosse erreur, car la sieste j’ai bien failli la commencer sur la route… J’arrive tout de même sans encombre à destination et vais passer la fin du WE à profiter un peu de St Jean pied de port.
Alors, comment résumer cette course en quelques mots :
Il y a basiquement 2 types de trails :
ceux avec un début facile et une fin ardue
ceux avec un début difficile et une fin plus roulante
L’Euskal est clairement dans la 2è catégorie, il y a de longues portions courables dans la 2è partie. De la même façon, les ravitaillements sont plutôt espacés au début et proches sur la fin (et il y a quelques surprises).
Les montagnes sont moins hautes que ce à quoi je suis habitué, du coup ça monte moins longtemps… Mais ça monte quand même.
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