Après deux reports dus au Covid-2019, me voilà enfin au départ de cet Ultra, un mois et demi après celui du Pas du diable.
Il y a une grosse ambiance au départ ce vendredi 27 mai 2022 à 5h du matin. 395 partants solo et 35 binômes. Les basques savent y faire… le décompte est lancé avec un beau feu d’artifices ravissant mes filles pour ce levé matinal…
Ça part plutôt bien, les jambes sont là, ça commence par deux montées peu techniques, bien raides et des descentes plutôt confortables, le jour se lève sous les nuages. Tout va bien et très rapidement, on arrive au premier ravitaillement sans difficulté majeure.
CP1 : Gatzigarlepoa : 19,4km / 1303m D+ : 2:38 (58ème)
Le terrain se complique, de plus en plus technique, je ne suis pas à l’aise avec ce terrain comme à chaque fois. Me disant que la course est longue, je laisse filer une partie de mes poursuivants. Il s’ensuit une ascension sacrément raide, « droit dans le pentu », un poil surprenant, on rendre dans le vif du sujet ! Ça enchaine avec des singles en devers ou je vois un coureur faire une belle chute dans la pente, ça renforce ce besoin de prendre son temps et d’arriver tranquillement au deuxième ravito.
CP2 : Col d’Ispeguy : 31,2km / 2267m D+ : 4:54 (86ème)
On poursuit par une montée progressive sans difficulté significative mais usante, la météo reste chargée avant l’ascension d’un demi-KV sur 1,5km. Ça grimpe dur ! Ce qui est super sympa, c’est que l’on croise les coureurs du 2*40km dans le sens inverse. Ça fait du bien de croiser ces « copains de galère » . Je croise un binôme que je connais et ça fait toujours plaisir de voir des têtes connues dans ces ascensions difficiles, d’autant que la météo est chargée avec ce brouillard et cette brume bien installée ! On bascule enfin sur une descente aussi exigeante et légèrement technique avant de poursuivre sur une longue descente plus roulante jusqu’au prochain ravito.
CP3 : Les Aldudes : 45,1km / 3167m D+ : 7 :18 (82ème)
On repart sur une ascension longue et continue (10%). Sans aucune difficulté majeure, cette montée m’use ! En grande partie, elle est réalisée sur un chemin sans grand intérêt avant d’arriver sur un terrain plus joli et plus rocailleux. Un petit ravito surprise nous attend au 50ème km et on passe dans un cadre bien plus sauvage avec un paysage toujours aussi vert, rocailleux, avec ses chevaux, vaches, brebis à perte de vue…
La balade se poursuit en légère descente avant le ravitaillement suivant.
CP4 : Urkiaga : 59,2km / 4128m D+ : 10 :05 (95ème)
Physiquement, je me sens plutôt attaqué. Je pense que les derniers jours avant cette course en déplacement professionnel ne m’ont pas aidé, je paye mes écarts coté alimentation, alcool mondain et fatigue, …
Pour autant, l’idée de retrouver la petite famille à la base de vie me motive bien avant cette nouvelle ascension bien raide dans le brouillard, le vent et le froid ! On enchaine par 9km de descente bien technique ou l’on bien peut courir par endroit et faire bien attention par d’autres ! Les 3 derniers kilomètres sont sans difficultés significatives avant de retrouver mon petit monde !
CP5 : Urepel (Base de vie) : 73km / 4933m D+ : 12 :27 (97ème)
Je suis resté une vingtaine de minutes à la base de vie, le temps de changer de tee-shirt, de manger et, surtout, de me requinquer auprès des miens ! Je repars motivé à l’idée de finir avant mon objectif initial (- de 26h). L’ascension suivante se passe dans les sous-bois, je n’avance guère, je manque de pêche ! C’est assez monotone et je rentre dans un rythme mou avant une longue ascension bien pentue, digne des cols montagnards, je n’avance pas dans ces côtes. La résilience est le maitre mot ! Enfin, on arrive en haut du col et on bascule sur une descente roulante qui nous emmène au ravitaillement suivant.
CP6 : Burguete : 89km / 5939m D+ : 16:00 (99ème)
On se rapproche de la nuit, je m’équipe en conséquence avec la frontale et je décide de sortir la musique pour me dynamiser un peu. L’ascension se passe au mieux ! Bob Sinclar me donne la pêche et je passe le col suivant avec facilité et motivation dans cette ascension dans les sous-bois ! A l’abord du col, le brouillard commence à se faire dense et on ne voit plus grand-chose, surtout avec la frontale ! Le terrain semble courable mais la visibilité est nulle (à l’image du col de l’Ouillat au 100 miles du Sud de France). Il m’est difficile de me lancer à courir sans savoir ou cela pourrait me mener. Au bout d’un certain temps, je me décide malgré tout à relancer et les jambes suivent sans difficulté, d’autant que le vent et le froid commence à bien se faire ressentir ! Cette descente est interminable et je ne suis pas mécontent d’arriver à ce ravito !
CP7 : Egantza : 103km / 6563m D+ : 18 :37 (96ème)
Je m’arrête un bon moment, je mets une troisième couche, je mange, je prends deux excellents bols de soupes pour me réchauffer et je pars requinquer pour la suite ! J’ai même un léger coup d’euphorie et je repars dans cette descente que je vais réaliser quasiment intégralement en courant, dépassant un certain nombre de coureurs qui m’avaient dépassé lors de mon long arrêt au stand, c’en est même grisant ! Je ne pensais pas le payer autant par la suite, si près du but !
CP8 : Arneguy : 110km / 6699m D+ : 19 :59 (95ème)
J’arrive à ce nouveau ravitaillement motivé et en forme. Il reste une dernière longue ascension (8km pour 800m de D+ enchainé par un dernier coup de cul de 300m sur 2km. Je décide d’à peine m’y arrêter pour en finir au plus tôt (l’idée de finir cette course en 24h me plaisait bien !) Il me reste plus que 20km en 4h…
Je commence cette longue ascension en gestion, 10% sur 8km, je pense en avoir pour deux heures. J’avance sereinement, d’abord sur route puis sur sentier et sans prévenir, je ressens un grand coup de moins bien ! Je n’arrive plus à avancer, je m’arrête, je m’assieds, j’essaye de reprendre mes esprits, rien à faire ! Je me force à manger, je m’allonge, j’essaye de dormir une vingtaine de minutes tout en voyant ces coureurs me dépasser et me demander si je vais bien. Ça devient très difficile, j’arrive enfin à repartir et j’arrive comme je peux au ravitaillement suivant.
CP9 : Ehuntzaroi : 120km / 7614m D+ : 22 :54 (104ème)
J’ai pris quasiment une heure sur le temps que j’estimais sur ce tronçon. En soit, ce n’est pas bien grave n’ayant comme premier objectif que de finir cette course mais ça reste frustrant !
Je suis chaleureusement accueilli pas les bénévoles qui me motivent à ne pas m’enliser au ravito !
On poursuit cette ascension avec ce dernier coup de cul dans le vent et le froid. On bascule sur une descente raide puis technique. Ayant les jambes fatiguées et des ampoules naissantes aux pieds, cette section devient réellement difficile. Le brouillard est de retour, la seconde batterie de ma frontale commence à montrer des signes de fatigue dans cette section technique avec peu de visibilité. Je ne maitrise pas bien le mode intelligent dans le brouillard mais il m’a semblé que cela a prématurément usé mes batteries… Et je me retrouve dans le noir avec ma lumière de secours à attendre que des coureurs arrivent pour emboiter leurs pas sur quelques centaines de mètres quand c’était possible…
Quelle galère si près du but ! C’est long, pas agréable et je n’ai aucunement envie de faire le boulet…
Il est 6h du matin passé, je prends la roue d’un dernier coureur qui a la gentillesse de me prêter sa seconde frontale jusqu’à l’arrivée. Mes jambes se sont bien refroidies et je n’arrive plus à me forcer à courir, d’autant que mes ampoules me font bien mal ! La fin de parcours est légèrement technique et assez raide. Il me tarde de franchir cette ligne.
Je pense pouvoir atteindre mon premier objectif de passer sous les 26h. Il me reste un dernier virage, une longue ligne droite et je franchis la ligne en 25h54 à la 117ème place sur 297 finishers, ravi d’avoir fini cet Ultra qui m’aura bien usé tout en ayant eu le sentiment de n’avoir jamais été en zone de confort si ce n’est que pendant les deux premières heures…
Arrivée : Baigorry : 133km / 8013m D+ : 25h54 (117ème)
Bilan de la course
Super organisation, rien à redire ! Les bénévoles sont d’une remarquable gentillesse, les ravitaillements copieux, le balisage nickel et les paysages magnifiques bien que cette météo chargée ne nous ait pas permis de bien en profiter ! Je n’ai pas trouvé le terrain particulièrement technique mais cet enchainement de sections fortement raides était vraiment usant.
Bilan de ma course
Course très surprenante de ma part, j’ai toujours eu le sentiment d’être en difficulté sur ce parcours alors que je fais un temps très honorable pour moi. J’atteins mon objectif sans jamais avoir le sentiment de faire une belle course. J’imagine que j’ai payé les derniers jours peu adaptés à la préparation de cet Ultra. J’aurai probablement dû changer de chaussettes et de chaussures à la base de vie, ça m’aurait évité ces ampoules en fin de parcours.
Deux jours après, j’ai très bien récupéré et je vais pouvoir me projeter le premier gros objectif de l’année : Le Val d’Aran et ses 100 miles début juillet !
A suivre
1 commentaire
Commentaire de laulau posté le 02-06-2022 à 12:52:49
Bravo pour ta course et merci pour ce récit intéressant pour ceux qui voudront venir se frotter à cet Ultra Euskal ! Le Val d'aran va arriver vite, ça aura été une très bonne course de prépa !
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