L'auteur : redgtux
La course : Ultra du Pas du Diable - 120 km
Date : 16/4/2022
Lieu : Alzon (Gard)
Affichage : 1118 vues
Distance : 120km
Objectif : Balade
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Est-ce une bonne idée de se lancer dans un trail après une semaine de grippe, et seulement 3 semaines après mon ultra précédent, sans assistance et à 7 heures de route de la maison… Visiblement oui ;-)
24 heures avant la course, je n’étais toujours pas sûr de pouvoir y aller. Moi qui suis habituellement un adepte de “je prépare mon trail 6 mois à l’avance”, je suis passé à je prépare mes affaires à l’arrache en 6 minutes et je bourre tout dans la voiture, direction les Cévennes à 7h de route touristique (Sarlat, Dordogne, Causses, Dourbie, Viaduc de Millau…).
J’arrive en milieu d’après-midi dans le magnifique petit village d’Alzon. Ambiance “course de village” plutôt sympa. J’en profite pour regarder les modifications de dernière minute du parcours… Et elles sont nombreuses ! En gros, tout a été refait à partir de la mi-course. J’avais mis le parcours dans ma montre, mais il faudra improviser.
Je m’installe sur la parking et passe la voiture en mode camping car pour la nuit. Mon dernier repas sera composé d’un sandwich acheté sur la route. Peu avant 20h me voilà couché pour quelques heures de sommeil avant le départ prévu à 00h00.
Pas facile de dormir. Je n’ai pas de stress particulier mais toutes les heures je dois regonfler mon matelas qui fuit. Finalement je vais passer plus de temps à regarder des vidéos youtube et à bouquiner qu’à dormir.
Vers 23h30, réveil (enfin si on peut dire) et préparation des affaires. J’ai tout bourré dans la valise en partant, il me reste à me faire un sac de course à peu près correct. Un reste de gateau au chocolat me servira de petit-déjeuner et me voilà parti pour prendre le départ. J’avais repéré des toilettes dans le village, ils sont toujours ouverts ça c’est cool.
Pour le départ, c’est du classique mais j’ai trouvé le discours du speaker plutôt sympa. Après quelques km dans le village nous attaquons une petite montée puis un chemin très sympa en crête avant de redescendre vers le premier ravitaillement d’Aumessas auquel j’arrive après 2h30 de course.
Je suis large par rapport à la barrière horaire, et je trouve que j’avance bien sur ce chemin plutôt facile. En fait ça va être un peu ma rengaine sur toute la première moitiée de la course : je ne suis pas dans une forme olympique mais ça va et j’avance bien.
La course se poursuit avec en ligne de mire la montée au Mt Aigoual au km 52. Ça va toujours mais peu avant l’arrivée au mont ça y est, les jambes commencent à devenir un peu dures. Je met ça sur le compte du manque de préparation et après quelques minutes de pause me voilà reparti pour la suite de l’aventure.
Il est désormais 9h45, jusqu’à présent il faisait plutôt bon mais au sommet du mont le vent s’est levé et ça caille ! Le chemin est souvent enneigé ce qui ralentit ma progression. Je cours par intermitences mais mis à part la neige le chemin est toujours plutôt aisé. Ce n’est pas ce que j’imaginais en préparant la course et je me dis qu’il y a forcément un piège par la suite et qu'il vaut mieux en garder un peu sous la pédale.
La “vraie” course pour moi va commencer peu avant l’arrivée à la base de vie de Camprieu au km 64, nous passons par l’abîme de Bramabiau (où je me trompe de chemin) et il commence désormais à faire assez chaud.
A la base vie je prend le temps d’une grosse pause (20 minutes) pour manger, me changer... Etant donné que je suis seul c’est à moi de tout faire mais tout se passe plutôt bien. Rien de spécial à signaler si ce n’est quelques ampoules. L’appétit est bon, même pour manger des pâtes à l’eau… avec beaucoup trop d’eau.
C’est en repartant de la base vie que les choses sérieuses commencent. Il fait désormais bien chaud, le chemin a été modifié si bien que je ne peux pas anticiper ce qui m’attend et petit à petit le parcours devient plus technique avec notamment pas mal de monotraces en forêt très pentus (on ne peux plus vraiment parler de chemin d’ailleurs).
L’étape vers Trèves va se révéler éprouvante : le parcours se complique et on avance désormais moins vite. Je dois me résoudre à rationner mon eau car mon rythme a chuté. Parfois il n’y a même pas de chemin et il faut mettre les mains pour descendre. Il me faudra 4 heures pour rallier Trèves au km 84.
C’est lors de ce ravitaillement que le diable de l’abandon va venir me hanter le plus fortement. On y pense toujours à un moment ou à un autre en trail mais il s’est plus particulièrement focalisé là bas. Difficile de voir son rythme de course chuter autant après la première moitié. Mais abandonner maintenant ce serait un peu bête, d’autant plus qu’il n’y a personne pour me ramener à l’arrivée, alors autant continuer par mes propres moyens. Après une petite quinzaine de minutes à manger mais surtout à beaucoup boire, me voilà reparti.
J’ai largement dépassé la mi-parcours que ce soit en temps (15h30) en kilométrage (84km) ou en dénivelé (4000m) mais si la suite ressemble à ce que je viens de faire alors ça risque d’être long.
Mais en fait la suite, ça ne ressemble pas… C’est pire ! Non seulement c’est technique, avec des passages franchement dangereux si on est pas vigilant, mais en plus ça n’a aucune logique : en fait on tourne autour du ravitaillement de Trèves.
Nous n’allons réellement le quitter que plusieurs heures après lors du passage dans la grotte de Saint-Firmin. C’est un peu le passage mythique de cette course et franchement ça vaut le détour : après une petite escalade de 3/4 mètres en s’aidant d’une corde, il faut progresser dans un tunnel naturel d’un bon 80m de long (frontale obligatoire) pour déboucher en haut de la falaise.
J’attendais ce passage depuis le début de la course et je ne suis pas déçu. Faire de la spéléo et du trail la même journée, que demander de plus ?
Après la grotte, le sentier redevient plus facile mais la route est encore longue jusqu’au dernier ravitaillement. En fait, il reste encore une bonne partie du kilométrage à effectuer. D’après mes calculs je devrais tout de même arriver bien avant la nuit à Dourbies.
Car oui, c’est généralement le moment de la course où je m’autorise à faire quelques calculs et à penser à l'arrivée.
Peu avant Dourbies, les kilomètres me semblent bien longs (pour rappel je ne peux pas me fier à mon GPS car le circuit a été modifié), je suis sur une route depuis un moment quand une voiture s’arrête à ma hauteur. C’est un autre coureur qui me dit que le balisage est faux et que je suis dans le mauvais sens !
Qui croire ? Le balisage ou le coureur ?
Je décide donc de repartir dans l’autre sens avec quelques autres coureurs. Après quelques kilomètres de route, nous arrivons au ravitaillement mais la plupart des autres coureurs arrivent par un autre chemin. J’en discute avec des bénévoles qui ne semblent pas tous du même avis.
Conclusion : j’aurai probablement dû suivre le balisage, mais difficile d’en vouloir au coureur qui a voulu m’aider.
Bref, ce dernier ravitaillement est l’occasion de faire un bilan… Et tout semble aller pour le mieux. Je mange bien, j’ai retrouvé une bonne hydratation malgré la journée ensoleillée, je n’ai pas sommeil et je pense même essayer de finir un peu avant les 24h de course. Le seul souci ce sont les jambes un peu cassées mais au vu de mon entraînement en ce moment ce n’est pas une surprise.
Me voici donc reparti pour une dernière portion que j’espère plus facile que les deux précédentes, bien qu’elle soit longue (je compte entre 4 et 5 heures). C’est une autre caractéristique de ce trail : des étapes plutôt courtes sur la première moitié et plutôt longues sur la deuxième.
Une dernière montée nous emmène vers 1300m d’altitude avant une trèès longue “descente” sur Alzon.
Cette dernière partie casse bien le moral : faux plats montants, descentes interminables dans les caillasses, un conseil : gardez un peu d’énergie pour cette partie.
Quand j'aperçois enfin le village d’Alzon… C’est trop tard : il ne me reste même pas un kilomètre et du coup j’ai gardé trop d’énergie… Allez hop je finirai en petites foulées ce sera bien pour la photo.
Me voici donc finisher en 23h53 (presque 9h après le premier quand même…) d’une course que je recommande pour sa technicité et son positionnement assez tôt en saison.
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