Récit de la course : Val d'Aran by UTMB - VDA 2021, par Rycping

L'auteur : Rycping

La course : Val d'Aran by UTMB - VDA

Date : 9/7/2021

Lieu : Vielha (Espagne)

Affichage : 991 vues

Distance : 162km

Objectif : Terminer

4 commentaires

Partager :

8 autres récits :

Feedback VDA 2021

Val D’Aran.
Que dire de Val d’Aran…
Ayant couru plusieurs Ultra en montagne
UTMB
Diagonale des fous.
UT4M
6000d
Le Val D’Aran restera dans le top 1 de la difficulté jusqu’à la prochaine Clin d'œil
1% de route et le reste varie entre champs de patates, cailloux, escalade.
Parti en première moitié avec mon ami Stéphane, on attaque déjà par une côte au bout d’un kilomètre de course.Contrairement aux autres courses de montagne, l’ensemble de côtes se font face à la montagne, celui qui a créé les Pyrénées aurait pu faire des serpentins Clin d'œil.J’ai déjà perdu Stéphane mais je reste dans ma course.
Après 21 km, la côte de 1170m de dénivelé et la première descente ultra technique, je me suis dit ça va être chaud il reste 140 km et 9000m de dénivelé positif. Les cuisseaux sont déjà bien durs.
Ils commencent à faire nuit et je pense déjà à la première base de vie au 57eme km à Bossost.
Je m’attaque de nuit à un autre gros morceau 21km et 1900m de dénivelé, on dépasse les 2500 m (dont 6 km avec 1500 m dénivelé 🥵), coupe vent, vêtements chauds obligatoires.
Je me suis dit heureusement que c’était la nuit car on était sur des crêtes.
Ma première nuit se passe sans encombre, mais toute cette première partie, j'ai eu mal à l’estomac, cela ne m’empêche pas de bien m’alimenter et m’hydrater. Je retrouve un trailer Tan que j’avais rencontré le jeudi pour la récupération des dossards. On décide de rester ensemble toute la nuit mais en basculant dans la descente il n’avait déjà plus les cuisses, je décide de partir car les barrières horaires(BH) sont très serrées.
Me voilà parti pour 13 km de descente encore une fois non roulante que j’ai effectué en 3h30 pour enfin arriver à la base de vie.
57ème kilomètre
12h57 de course
4166 m de dénivelé positif.
Cette base de vie tombe bien car il est à peine 7h.
1h45 d’avance sur la BH mais vu le terrain il ne faut pas trainer.
J'en profite pour me reposer 15 min juste en fermant les yeux. Après ce repos, massage à l’huile d'arnica, étirements, assouplissements.
Une fois debout, l’appétit revient et pour la première fois dans les ravitos, les pâtes étaient au menu, miam. Je mange 2 assiettes de pâte, bananes, soupe, pomme.
Je décide de repartir car la journée va être longue et chaude avec 27 degrés.
Je commence à partir et je recroise Tan, il me demande si je peux l’attendre. Pas de soucis, il refait son plein d’eau, mange et on repart.
Au final pratiquement 1h à la base de vie. Plus que 45 min d'avance sur la BH. Je me suis dit qu'il ne faut pas un pépin.
Déjà pas mal d'abandons et des gens hors barrière.
Je pars et vois déjà Tan à la traîne, vu qu’il monte plus vite que moi, il me rattrapera.
Je cours pour décoincer mollets et cuisseaux, ça fait du bien de pouvoir enfin courir.
Après 9 km depuis la base de vie et 6 km de plat, il est 9h36 et fait déjà très chaud.
A ce ravito, je décide de rester 15 min pour bien m’hydrater et manger.
J’arrive au kilomètre 69, il est 10h58, j’ai pu récupérer 1h sur la BH.
1h45 d’avance mais je ne traîne pas.
Je pars avec 2 litres d’eau au total et m’hydrate car je m’attaque à la 2ème difficulté 13km, 1484 m de dénivelé jusqu’au prochain ravito.
Il est 10h58
Je dirais qu’un truc durant cette montée de 5h35, merci les Pyrénées et toutes ces cascades car j’ai rempli mes flasques et mouillé bandana une paire de fois. C'est vraiment compliqué de s’alimenter dans les montées ultra techniques, les trailers cherchent des zones d’ombre pour s’alimenter, ce que j’ai fait pour manger les bons fruits secs de ma femme, les purées de mon pote Stéphane, sporténine et enfin un gel BCAA.
Il est 16h35, les hallucinations sont arrivées, j'ai pris des pierres pour des verres d'eau et des bouts de bois pour des serpents, ils me faisaient peur.
Nous sommes au 83eme et je me dis vivement la base de vie au 103eme avec mon sac de rechange.
On ne perd pas les habitudes, je reste avec Tan, on est mort de fatigue, les cuisses sont raides, raz le bol, on n'avance plus, les descentes de pierres interminables, des escaliers, plus trop le mental. Je dis à Tan d’avancer et moi je décide de me poser devant ses paysages magnifiques et profite pour lire les messages de ma famille et amis. ça fait un bien fou et je retrouve la pêche, pas grand chose pour redonner du boost, les amis et la famille.
Nous arrivons au 103ème km à 20h54 ou je vais bien prendre mon temps car la journée de demain va être éprouvante, il y aura ce fameux Coth de Podo à 2620m d’altitude et dernière descente cassante -1000m sur 6km.
Je me change de la tête au pied, un petit coup sur le visage, je n’ai plus de cuisses, apparition d’ampoule que je ne soigne pas, massage à l’huile d'arnica en profondeur, je sens bien les fibres musculaires… homéopathie Arnica Montana 5CH, sporténine, et Tan me donne du curcumin.
Une fois tout beau tout propre, je mets mon réveil pour nous reposer 25 min. On sera resté 1h30 au total.Nous avons 1h d’avance sur la BH, rien de trop.
Nous voilà repartis, mais Tan n’a vraiment plus de cuisses. Le brouillard tombe nous sommes à 1800m, compliqué de voir les rubalises, ce qui nous fait perdre 10 min. Je perds Tan car j’ai retrouvé de bonnes sensations.
112eme km : J’arrive au ravito seul où ils proposent que du liquide, je fais le plein d’eau et go (1’17 d'arrêt)
C’est reparti pour le dernier gros morceau Coth de Podo.
Km 126 toujours 2h d’avance. Ouf.
J’essaye de m’accrocher à de bons grimpeurs, nous sommes 4.Ça me motive.Vu que nous sommes en pleine nuit, c’est plus sécurisant surtout qu’il n’y a plus grand monde.
Au milieu de la montée, Tan est dans un état de sommeil, on décide de s’arrêter dans la nature avec couverture de survie pendant 15-20min, il y avait énormément de vent et il faisait froid.
Au petit matin, nous apercevons les lacs d’altitude mais il nous restait environ 400m de dénivelé pour atteindre les 2620m, et ce n’était plus du trail mais de l’escalade. après 2 jours dans la nature sans dormir, on mettait notre vie en danger car il ne fallait pas chuter…mais la vue était magnifique.
Nous avons basculé sur une descente (6km) de roches instables à une moyenne de 3,35km/h… je crois que mes cuisses sont restées à 2620m :-)
Je me dis qu’après 140km le plus dur était fait.
A en regarder le profils, il me restait 3 pétards(côtes) soit 1400 m de dénivelé.
La première bosse se passe relativement bien avec un trailer(Loïc), nous faisons la descente relativement lentement car Loïc n’avait plus de quadriceps. Au milieu de la descente, une personne me double, c’est Stéphane, je lui sors, hey Stéphane ça va? Ça me fait plaisir de te revoir. Il me répond, je t’ai reconnu tu n’avances pas Bouche cousue.
Il me dit tu me suis, il était dans une forme olympique. Je laisse Loïc descendre tranquillement et finis la descente avec Stéphane en courant. Ça tirait sur le moment mais après tu n’y penses plus. On allait super vite au moins à 9 km/h 🤣.
Nous arrivons à la dernière base de vie, nous y restons 40min, j’en profite pour essayer de manger des spaghettis et je donne à Loïc de l’huile d'arnica pour soulager ses cuisses.
Aller on repart avec Stéphane et on se dit plus que 13km, aller au pire dans 3h on est arrivé.
Les 2 dernières côtes nous démotivent, marre de ce terrain fracassé, ils aurait pu finir par du plat comme l’Ecotrail de Paris.
Nous voilà dans la dernière portion 8,9km de descente technique ou avec Stéphane nous sommes en marche nordique à 6-7km/h, on dépasse du monde, c’est bien pour le moral.
Au bout de 12km nous voyons enfin le bitume, youhouuuu. Nous décidons avec Stéphane de profiter de ces derniers instants, on nous applaudit, on remercie, on pleure, ou plutôt nos nerfs lâchent. Nous arrivons main dans la main sur la ligne et SONNONS CETTE FAMEUSE CLOCHE QUALIFICATIVE POUR L’UTMB.
Merci à vous tous de nous avoir accompagné à distance.
A très bientôt.
 
Cyrille

4 commentaires

Commentaire de kilkenny84 posté le 15-07-2021 à 17:11:40

On a eu la même réflexion pendant la montée à Coth des Podo. Je me souviens d'un mur à monter où l'on voyait le drapeau sur le dessus. On était à 3 coureurs à chercher ou passer avant de comprendre qu'il fallait escalader. Et là je me suis fait la réflexion qu'en plein milieu de la 2eme nuit, faire de l'escalade c'était surement pas la meilleur idée du monde.

Bravo à toi en tout cas, on a surement du se croiser sur le parcours.

Commentaire de NRT421 posté le 15-07-2021 à 18:41:14

Avec ce type de récit, je parie qu'en 2022, c'est une bourriche de kikous qui va s'aligner :-)

Merci et bravo à vous.

Commentaire de cedricquillet posté le 21-07-2021 à 10:07:08

S'il y a une bourriche de Kikous, il faudra aussi prévoir une remorque de PQ :-)

Commentaire de Royal Bâtard posté le 09-08-2021 à 09:10:02

Super récit. Mon ressenti est très proche. J'ai fait 2x l'UTMB, L'Echappée Belle intégrale -j'y retourne cette année-, la X-Alpine et d'autres, et bien en termes de difficulté, top 1 ! J'ai fait une vidéo en 3 épisodes à voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=KepO3QIWHJg

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.14 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !