L'auteur : Benman
La course : Trail des Allobroges - 66 km
Date : 9/6/2019
Lieu : Bellevaux (Haute-Savoie)
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Distance : 66km
Objectif : Pas d'objectif
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Je n'avais jamais entendu parler des Allobroges....
Alors si, j'avais bien vu que la moitié des patelins des pays de Savoie ont une rue des Allobroges pour aller au bord du lac.
J'avais bien vu que même à Dijon tous les matins je traversais l'avenue des Allobroges pour aller au bridge...
j'avais bien entendu qu'un hymne bizarre résonnait dès qu'on essayait de rencontrer un peu mieux ces peuplades reculées de la Gaule gothique...
Allobroges vaillants ! Dans nos vertes campagnes, accordez-moi toujours asile et sûreté, car ce matin, ça pique: il est 5h, ll'heure où le chavoyard dort encore quand le Chablais s'éveille.
Nous sommes une grosse poignée de crétins des Alpes au départ du trail des Allobroges.
J'ai gagné le droit d'être là de bon matin car grand gagnant du task Kikourou.
Le task, c'est un truc où tu gagnes un dossard que t'as pas forcément prévu, et qui va te faire découvrir un coin que t'as pas forcément reconnu, et qui va te faire rencontrer des copains que t'avais peur d'avoir perdu de vue...
Bref, le task, c'est tout l'esprit kikou en concentré de chouettise. sauf qu'après, faut raconter des bêtises, et faire un récit du truc.
Donc revenons à nos mouflons traqués par des chasseurs.. alpins.
Bref, les Allobroges étaient de valeureux guerriers, une peuplade de rebelles à l'autorité romaine, qui voyaient en Hannibal une sorte d'ami à qui tu files 100 balles pour faire la grande traversée des Alpes à un rythme d'éléphant.
Je me garde à vous conter trop de marches militaires, en ce petit matin pas encore pluvieux.
il est 5h, le halo broge de ma frontale éclaire péniblement le bout de mes pieds.
Y'a 4 gars qui me collent aux basques. Ils s'appellent Xavier, Mazbert, Courotaf et Cheville de Miel. je ne le sais pas encore, mais nous allons passer une journée délicieuse ensemble. Merci kikourou!
Par souci de confidentialité, les visages ont été volontairement floutés.
Le départ se fait dans la pénombre. Mais nous sommes en juin, il fait vite jour et l'appel des crêtes nous fait lever les yeux.
Très vite, le soleil va sortir sa brosse à reluire les sommets.
J'en connais un rayon, et je suis en plein flare. Et je pointe avec flair le sommet lumineux de la crète.
Comme il ne faut pas abuser des bonnes choses, des nuages commencent à se pointer à l'horizon, puis très vite la pluie va s'inviter au festin.
Alors je profite du moment et je mitraille avant de me faire mitrailler par ces Allobroges redoutables.
Courir plus vite que son ombre ou prendre des photos?
Je commence à me passer en revue le profil de la course. Pour avoir des cuisses en béton, nous avons six montées, suivies de six descentes.
Normalement, pour chaque montée, on a droit à une bière à l'arrivée. Si je ne veux pas rentrer sur une six-bières, il va falloir que je les descende toutes...
et comme la pluie s'invite à la beuverie, il est dit qu'on va en baver
Photo organisation
Photo désorganisation
Bon, que peut-on retenir d'une course qui rapidement s'est mise en mode holiday on ice?
D'abord de chouettes moments à essayer de suivre Xavier qui avait des fourmis dans les jambes
Ensuite, des jolis moments partagés avec les kikous : la nuit avec Yannos, Matthieu et Xavier, le jour avec Mazbert, Courotaf et Cheville. Choisissez vos alliés! car les Allobroges vont vite vous attaquer.
Si y'a pas un bout de bâton qui traine sur le selfie...
un barbu heureux est un barbu heureux. Proverbe barbouze.
la tête au vent
Après, des paysages sublimes, tout du moins pour ce qu'on en a vu
Au fond,le lac Leman
Et puis quelques souvenirs à raconter au coin du feu cet hiver:
Nous sommes avec Xavier en mode glissouille à essayer de suivre la trace de boue et éviter les erreurs de calage de pieds.
Plusieurs filles sont avec nous, et en plus de profiter de leur présence, nous profitons de leur sens de l'orientation: "c'est tout droit dans la pente, regardez, y'a des gars en bas droit devant, et faut pas suivre le chemin."
Les filles descendent en procession, les batons en avant, prêtes à casser de la brindille pour eviter de se retrouver au tapis
Je me méfie et passe mon chemin en coutournant là où la boue d'un noir d'encre nous appelle à patauger pour ne pas finir en sang. Je fais une belle figure dans le virage, à base de glissendo contrôlé. Olé.
Xavier hésite. il sent l'appel du tout droit, mais voit que j'ai bifurqué. C'est l'hésitation de trop. Le choix des filles s'est imposé à lui, mais il fait un pas de côté quelque fois que... et très vite, c'est le choix du tobboggan qui s'impose. L'herbe est bien mouillée.. et ziiiip sur le cul lulu.
Heureusement, il n'y a rien pour arrêter un Xavier qui a donc finalement décidé de prendre tout droit, fesse la première. Il prend de la vitesse jusqu'à... jusqu'à...
jusqu'à ce que je ne le voie plus.
Comme nous sommes en descente et que le mode descente est le mode le plus faible du benman, je vois bien que le xavier en perdition va perdre quelques plumes de son postérieur, mais je lui laisse le temps de redresser son séant et me rejoindre avec gloire et dignité.
Je contourne la zone de glisse et me glisse sans glaise au bas de la pente. Je me gausse d'être le plus rapide. Je me retourne et me glace, car je ne vois toujours pas de Xavier ni en haut, ni en bas. entre les 2, il y a nos jeunes femmes toujours raides sur leurs bâtons, et des petits buissons d'épines disséminés ça et là, un peu comme les bunkers sur un terrain de golf.
Sauf que je suis déja tout en bas, et qu'il ne revient toujours pas. je l'attends un peu. Il arrive et me soumet le problème épineux qui s'est imposé à lui: entre le haut et le bas, il y avait un buisson à dents. Et évenement, je suis en bas le premier, et Xavier a fait l'école buissonnière.
Tu vas voir comme je vais me venger dans la dernière montée... mais j'ai des épines partout en attendant.
Autre joli moment: la dernière montée et surtout la dernière descente. depuis longtemps, nous n'avons plus de dignité. Xavier, qui piqué au vif par sa glissade épineuse, est remonté comme un coucou savoyard. il a fait les descentes en moto, et m'a lâché au train.
Je suis plutôt en mode omnibus. Cheville de Miel et Mazbert m'ont fumé comme une saucisse de Magland. Ma glande à venin n'a servi à rien, je n'ai jamais su piquer. Il va falloir maintenant que je m'occupe de la glande à bière...
Cette dernière montée est méga raide. On rejoint Bellevaux depuis Lullin en passant au plus court, sans contounrer le massif. Sauf que évidemment, tout le monde a pris le même chemin... bande de moutons.
Et tout le monde y est allé de son petit patinage dans la boue. Cela fait que le chemin n'est plus qu'un longue trainée marron sur laquelle aucun appui n'est valable.
L'appui et le beau temps, on pourrait faire des pages sur le sujet...
La montée est infernale. Nous nous accrochons aux branches, aux cheveux de notre voisin, aux souvenirs du soleil qu'on n'a plus vu depuis une dizaine d'heures...
Je dévale chaque mètre que je gagne en perdant 3 mètres à chaque fois. Bref, ça n'avance pas.
Péniblement arrivé au sommet, je suis enfin heureux de me laisser rouler jusqu'à l'arrivée. sauf que comme pour certains types de scotch, cette montagne a 2 faces. Nous avons effacé la face A, mais nous devons maintenant nous fader la face B, la face cachée de la lunaire montée de la grange de Lullin.
C'est comme la face A, aussi raide et boueux, mais dans l'autre sens. Allez, plus de chichis, maintenant, c'est ski bosse, mais c'est ce qui se bosse le plus mal quand on est un coureur des plaines.
Je survis à cet enfer rosse. Je passe la ligne de bière pour rejoindre le camp de base, base d'un sirotage continu jusqu'au lit. La route des 66 kilomètres a été longue, mais qu'est-ce qu'elle était belle.
Bref, une bien belle journée pluvieuse, mais heureuse.
L'organisation n'est pas tombée dans le panneau: ce trail est authentique et sauvage.
Merci aux bénévoles et aux traceurs (un peu psychopathes sur la fin quand même).
Merci à l'organisation d'avoir donné des dossards à l'association des amis de kikourou. ils ont été fièrement portés.
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10 commentaires
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 19-11-2019 à 08:32:50
La Gaule gothique, fallait oser...
Si tu étais un bon Hannibal lecteur, tu saurais que les Romains n'avaient pas la Gaule à l'époque, ce qui n'empêcha pas les Carthaginois de se débander dans le Pô.
Commentaire de Benman posté le 20-11-2019 à 08:11:02
Merci pour ce commentaire unique en son genre.
Commentaire de Arclz73 posté le 19-11-2019 à 09:48:02
Récit très sympa à lire comme toujours.
Merci pour ces détails piquants voir glissants qui donnent le sourire au lèvres.
Commentaire de Benman posté le 20-11-2019 à 08:12:59
Ah oui, c'était glissant! Mais je suis le roi de la glisse, mon 2eme prénom c'est Brice.
Commentaire de benoitb posté le 19-11-2019 à 11:43:08
C'est pratique ce bandeau sur lequel il est écrit "head" pour se rappeler où il se place ! Une nageuse célèbre utilise le même stratagème avec son bonnet.
Commentaire de Benman posté le 20-11-2019 à 08:13:29
Excellent!!
Commentaire de Mazouth posté le 19-11-2019 à 18:35:40
A retenir : si une montée n'est plus qu'une longue trainée marron, c'est que tout le monde en a chié.
De rien.
Commentaire de Benman posté le 20-11-2019 à 08:14:42
Pourtant l'option sauce aux cèpes popularisée lors de la STL me va bien aussi.
Commentaire de xsbgv posté le 19-11-2019 à 22:43:43
Rhôôô... je l'avais oublié le roulé-boulé (et sans être bourré...)
La fine plume de Kikou a encore dégainé un récit aux petits oignons... merci pour le compte-rendu qui rappelle en effet de bons souvenirs
Commentaire de Benman posté le 20-11-2019 à 08:15:37
Oui. A refaire cette petite ballade. C'etait une très bonne prepa pour la suite de l'été...
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