L'auteur : bubulle
La course : EDF Cenis Tour - Trail noir 76 km
Date : 4/8/2019
Lieu : Termignon (Savoie)
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Distance : 76km
Objectif : Pas d'objectif
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Cette course a été mon deuxième trail de montagne, en 2013. Je découvrais ces formats de course, les trails de montagne avec leurs longues montées, leurs descentes interminables, le fait de marcher les 2/3 du temps, etc. Pas mal de chemin a été parcouru depuis, que ce soit en montée ou en descente !
J’étais sincère, à l’époque dans mon récit, quand j’étais impressionné par les autres coureurs croisés sur ce type de « course de fou » (un 50km…), coureurs que je comparais tous à une espèce de stéréotype de montagnard buriné, que l’on sentait taillé comme une serpe pour ce type de course… le genre de type qui te donne les perches au téléski l’hiver, et te loue un VTT l’été, dans son magasin au pied des pistes.
C’était certes une façon un poil exagérée d’indiquer que tout cela était nouveau pour moi, que je ne me sentais pas partie prenante, encore, de ce monde et que j’avais tout à apprendre.
Et là je reviens 6 ans après. Et je me sens comme une part de ce petit monde de l’ultra montagnard. Sur cette ligne de départ d’un format qui m’aurait horrifié 6 ans plus tôt, je me sens tranquille et décontracté.
Cette course, intercalée en ce début août entre une Montagn’hard avortée et un UTV qui sera une première chez samontetro, je le sens un peu « mienne ». J’ai l’impression de bien la connaître alors que, finalement, je ne suis venu courir ici qu’une fois. Qui plus est, le parcours est largement chamboulé par rapport aux éditions précédentes (que je connais virtuellement bien, car j’avais fait des roadbooks pour Sab, dont la course est une des courses fétiches), mais les lieux sont les mêmes.
Et la Haute-Maurienne, j’aime bien. L’activité professionnelle m’y amène régulièrement et je ne manque alors jamais une occasion de faire quelques escapades.
Depuis 3 ans, s’est ajouté au 50km que je connaissais, un « Trail Noir » de 75km environ. Et cette année, le parcours explore le versant « Vanoise » de la vallée ce qui renouvelle pas mal la structure de ce parcours. Qui plus est, le départ est donné à Termignon et non plus Lanslebourg ou Lanslevillard. Une façon de faire connaître ce village un peu moins connu de la station/commune de Val Cenis. Et, pour le coup, nous avons planifié une dizaine de jours de vacances à Termignon, à 300m du départ.
La veille de la course, une mini réunion de kikoureurs se fait au bar proche de la remise des dossards, avec Charles (cvanquick), Kevin (Kephset) et ses amis, ainsi que Cédric (cedtrail95). Petite réunion bien sympathique qu’il ne faut jamais hésiter à provoquer avant une course car, et la suite le montrera, cela permet en général au petit noyau de kikoureurs présents de mieux se connaître…et partager ensuite des morceaux de la course.
Préparation de course à la Paix-Dieu, la bière qui te donne une heure d'avance
Nous séjournons à 300m du départ : sympa pour Elisabeth qui n’a pas à se lever à 3h du matin pour m’accompagner au départ (c’est rarement glamour un départ nocturne). La préparation a été facile : la météo est excellente, donc à part mettre ce qui est obligatoire dans le sac, celui-ci est plutôt léger : veste Kalenji, TS manches longues (très probablement inutile…..sauf si on a un gros pépin et qu’on doit attendre longtemps de l’aide….peu probable, mais pourquoi sacrifier 200 grammes), gels Kalenji qui remplacent mes compotes usuelles (faudra revoir ça), 2 flasques de 500ml (je suis un chameau, à tort ou à raison).
L’important, en fait, c’est l’appareil photo : en fait la mini-camera Geye de D4. Il fait grand beau, je compte bien ramener plein de photos (regardez ci-dessous !). Elle est donc prête, à sa place, dans la poche latérale du short Kalenji (encore un des best sellers de la marque….c’est mon 4ème !).
Le départ est tout simple, je suis en milieu de peloton, avec Cédric (retrouvé juste avant de partir) et pas loin de Rafion : tout le monde connaît forcément Rafion Balahachi… Mon « petit bonhomme vert » du Vulcain 2014, toujours couvert comme pour un trail du Pôle Nord, mais une hallucinante mobylette quand il est lancé en course. Je n’ai pas fini de voir Rafion !
Pour étirer le peloton, nous partons pour 2,5km peu vallonnés, entre Termignon et le haut de Sollières. Cédric part un peu devant, je laisse filer ceux qui trottinent dans les montées courtes et…
…paf dans le mur. A 2,5km, commence la plus longue ascension de la course : 960D+ pour atteindre le premier ravito, perché sur un alpage.
Et la petite procession monte, monte, monte. Nous sommes 158 au départ et donc, aucun risque de se gêner. Comme à mon habitude, je dépasse progressivement : les montées, c’est toujours mon point fort. J’ai tablé sur un 800m/h pour cette montée, ce qui est souvent ma vitesse ascensionnelle en début de course. C’est quand même assez ambitieux, mais le roadbook l’est, je le sais. Il est censé être basé sur des mesures réalisées post-course à l’Ultra de Madère, qui est une des meilleures courses que j’ai faites. Et aussi sur un « coefficient de fatigue » de 80%. On en reparlera.
Pas grand-chose de passionnant à dire pendant cette montée. Je remarque juste à un moment la Croix du Milieu du Bois (elle s’appelle vraiment comme ça !) que j’avais remarquée sur la carte en étudiant le tracé. Je sais que je suis…. au milieu de la montée, elle ne porte pas son nom pour rien.
Le ravito de l’Erellaz (Arclu, on prononce donc « l’Erelle », je suppose ?) est atteint en 1h33 pour 1h40 prévues. La montée aura été faite à 821m/h. Un peu plus vite que prévu, mais dans les clous. Un picorage rapide (on a peu faim à 5h30 du matin quand on a mangé des nouilles chinoises à 3h du matin), remplissage de flasques et je repars rapidement pour, en principe, environ 2h30 jusqu’au 2ème ravito, au Col du Petit Mont-Cenis.
Ravito de l'Erellaz
La frontale est presque inutile en repartant, elle me sert juste à faire 2-3 photos sympa car la vue est splendide : le jour se lève sur la Dent Parrachée et la vallée de la Maurienne en bas. Je finis par retirer cette frontale en haut de la petite côte qui suit le ravito et nous amène vers 2400m.
Lever du jour sur la Dent Parrachée
S’ensuit alors une longue section en balcon pour contourner un contrefort du Mont Froid (haut lieu de la 2ème guerre mondiale). Section largement en descente, plutôt très facile…. sauf un petit passage droit dans la pente d’un pré à l’herbe mouillée de rosée. Les Speedgoat ne sont PAS DU TOUT à l’aise là-dessus, je suis obligé de reprendre les bâtons, moi qui essaie désormais de ne plus les utiliser en descente.
La plus grande partie est sur un chemin quasi carrossable, toutefois. Le piège idéal, bien sûr. Tout le monde « se lâche » là-dedans et je revois donc s’égrener un à un les coureurs que j’avais patiemment dépassés dans la montée initiale. Toujours un peu rageant même s’il suffit de se mettre en mode « z’allez voir ce que z’allez voir ». Je résiste…. pour préserver ces genoux qui sont toujours un peu l’inconnue. Pour passer le temps, je regarde l’altitude diminuer à la montre : j’ai mémorisé 2000m pour la fin du pensum et le début de la remontée dans le vallon des Archettes.
En fait, donc, le point bas est à 2056m, on ne va pas chipoter, ma mémoire n’est pas trop nulle. Ce que j’ai surtout mémorisé, c’est que le point haut suivant est à 2504m, donc Raoul va pouvoir causer.
Cela dit, Raoul, pour l’instant, il en prend plein les mirettes. L’arrivée en balcon sur le Vallon des Archettes est magnifique, la lumière est géniale et le col, là-haut….. eh bien, il est beau, mais il est haut !
On fait un peu joujou quelque temps en balcon avant d’arriver pour de vrai au pied du bazar. J’ai rapidement atomisé le petit groupe qui me précédait aux prix de quelques dépassements dans les bruyères, afin d’être tranquille dans cette montée (que le roadbook optimiste a prévu à 1000m/h, oups). Au pied de la combe, à environ 2150m, je n’ai plus que quelques coureurs égrenés et séparés par quelques dizaines de mètres chacun.
Dans la montée du Col des Archettes, vue sur la vallée de la Maurienne
Et, tiens, mais il y a Rafion dans ces coureurs ! Du coup, le « petit bonhomme rouge » va me faire une belle cible dans cette montée. C’est qu’il monte bien, le bougre, même s’il doit faire 2 pas quand j’en fais 1… :-). Il me faudra les 2/3 de la montée pour le retrouver et lui glisser quelques mots. Je pense qu’en fait, à ce moment-là, il ne m’a pas reconnu, il me dira plus tard qu’il avait un « petit coup de mou ». Bin un Rafion avec un « petit coup de mou », y’a encore du mélange 2 temps dans la mobylette, hein !
Une bifurcation nous fait lâcher le chemin principal, qui monte au Col de Sollières et aux baraquements qui ont fait l’objet de féroces batailles en avril 1945 entre les chasseurs alpins français des FFL renforcés de maquisards et FTP, et les « Gebirgjäger » allemands. Une des plus hautes batailles d’Europe….. et un lieu de mémoire. Difficile d’imaginer ce lieu paisible où seules les marmottes crient, en champ de bataille. Nous obliquons vers le Col des Archettes, très peu marqué, sur un sentier lui aussi très peu visible.
La montée s’est effectuée au final à 810m/h….. ce qui est donc bien ma vitesse à peu près maximale sur un début d’ultra de ce type. A retenir : ne jamais mettre 1000m/h dans un roadbook, je suis quand même incapable de faire cela durablement.
Bref, l’un dans l’autre, je passe à ce Col des Archettes avec 8 minutes d’avance sur le roadbook…..toujours aussi soigneusement rangé dans le sac : je ne le regarderai que 2 ou 3 fois en course, juste pour montrer le parcours à d’autres coureurs….et je ne regarderai JAMAIS le chrono de ma montre qui est toujours verrouillée sur l’altimètre.
Col des Archettes. Le Mont Giusalet apparaît derrière.
Au-delà du col, nous partons dans la pampa : il n’y a plus de sentier, c’est tracé à la boussole en direction du « Col » de Bellecombe, un col lui-même bien peu visible. Il faut donc aller de drapeau jaune en drapeau jaune…. et il n’y en a pas beaucoup, donc il faut être attentif. N’est-ce pas Cédric, rattrapé à la toute fin de cette montée, que je remets dans le droit chemin.
Cédric, juste devant...
Somewhere in the wild.... Heureusement qu'il n'y a pas de brouillard
Dans tout cela, comme les photos vous le montrent, on est toujours dans l’émerveillement total. Je reconnais bien les sommets repérés soit il y a 6 ans, soit il y a 2 jours quand nous sommes venus avec Elisabeth repérer le ravito du Refuge du Petit Mont-Cenis.
On récupère un des sentiers qui descend du Col de Sollières et toute cette descente, dans les alpages, est un vrai bonheur. C’est facile, on court tranquillement, on ne se massacre pas les jambes. Je descends assez tranquillement avec de petites pauses soit pour une photo, soit pour arroser les buissons. Quelques coureurs, dont Cédric, me dépassent d’ailleurs, mais nous sommes déjà très espacés, donc tout cela est très solitaire.
20 minutes pour atteindre la petite route du Col du Petit Mont-Cenis (un « faux col » car la route n’y monte que d’un côté). Une descente bien tranquille à 1100m/h (chiffre à noter pour plus tard, encore). Il ne reste plus qu’un bout de route, puis une traversée d’alpage pour atteindre le refuge et le ravito.
Dent et Mon d'Ambin et la belle pyramide du Rocher d'Etache depuis la route du col du Petit Mont-Cenis....et aussi un bout de mon doigt!
…. et évidemment retrouver ma Super Suiveuse, qui a anticipé une avance possible (j’avais mis un SMS indiquant 10 minutes d’avance au premier ravito : le seul que je mettrai de la course, mais cela lui est utile pour caler son organisation : c’est tout un métier, d’être suiveuse !).
Nous voilà donc à un peu moins de 4h de course (3h41, pour 3h49 prévues). Je prends évidemment un peu plus de temps à ce ravito : il faut penser à recharger la machine, donc banane, saucisson, fromage, que des classiques ! Et on n’oublie pas la petite photo avec Rafion, qui est arrivé juste après moi.
Je passerai donc 5 minutes bien mises à profit à ce ravito et j’empoigne les bâtons pour une nouvelle séquence de « qui c’est Raoul », mais c’est plutôt « Hvem Er Ragnar », la version nordique de Raoul, quoi.
On voit mal le casque viking sur la photo
C’est que de ce refuge (2130m), il faut monter au terrible Pas de la Beccia (2717m), un mur que l’on voit depuis le refuge et dont on se demande bien comment on peut monter sur ce truc qui paraît vertical, de loin. Une ascension qui se découpe en trois, c’est facile, je l’ai faite dans l’autre sens en 2013 et je m’en souviens bien : une longue montée régulière sur une piste caillouteuse, une petite redescente dans les alpages et……le mur final.
Pour le moment, Ragnar met son casque viking, prend ses deux épées de 1,20m et en avant le drakkar ! Le terrain est parfait pour un bon coup de marche nordique. En plus, y’a Cédric et Rafion devant, plus des coureurs égrenés ça et là sur la route. Zyva !
Très franchement, Ragnar s’éclate comme un petit fou…moi je dis que ce gars là devrait essayer de courir des trails en marche nordique, tiens. Bref, une petite quinzaine de coureurs y passent, dans cette affaire. Bilan final : 2,15km, 220D+, 5,2km/h. God jobb, Ragnar !
Y'a plus qu'à aller monter le petit truc, là, au centre de la photo
On passe rapidement sur la petite descente en fait bien amusante qui nous fait perdre une cinquantaine des mètres chèrement gagnés.
Et c’est parti pour The Wall : 350D+ en 1,25km, 28% de moyenne. Du bien rude, du bien brutal. Fais péter l’aquavit, Ragnar, y’a du trailer à découper façon puzzle.
L’avantage, c’est qu’il est encore 8h30 du matin, donc pas de grosse chaleur. Je n’étais pas en mode comptage des victimes, mais on doit bien avoisiner la dizaine. Derrière, je vois Rafion qui ne reprend pas de terrain, c’est bon signe. J’aurai quand même un petit fléchissement au milieu et 2 coureurs plus rapides me dépassent. Tant pis pour l’invincible viking qui va peut-être arrêter de se prendre pour Thor. Cette montée est quand même une belle tuerie, mais je crois que je préfère la faire dans ce sens car la fin est réellement très acrobatique et verticale….surtout le passage où, le chemin ayant manifestement un peu « bougé », on part droit dans la pente sur 50 mètres qui doivent bien être à 50-60%.
L'avantage, c'est que c'est pas trop moche
Les "poussants", ils sont bien là, en dessous. En plein milieu de la photo, le refuge du Patit Mont-Cenis, d'où nous venons. Au fond, Mont Giusalet, Dent d'Ambin.
Mais, finalement, l’avantage de ce genre de truc, c’est qu’on est vite au bout et me voilà au Pas de la Beccia. J’en profite pour sortir du mode « tueur assoiffé de sang » pour passer en mode touriste parce que, il faut bien dire que c’est juste une vue magique qui s’offre à nous. Ce passage du Pas de la Beccia est mythique sur cette course, car on y est perché au-dessus du Lac du Mont-Cenis, avec ses sommets environnants….et que, de l’autre côté, c’est une grande partie des sommets de la Haute-Maurienne….et bien évidemment, cette superbe molaire qu’est la Dent Parrachée.
Les incontournables chiffres : 650m/h sur la montée…le roadbook prévoyait 750m/h. Faudra que je me rappelle que, sur des pourcentages pareils, je ne peux pas atteindre cette vitesse ! Cela étant, j’ai toujours quelques minutes d’avance sur le roadbook (ce que j’ignore tout autant).
Petite photo de la borne « Italie » (car la frontière passait là jusqu’en 1947) et c’est parti pour se diriger vers la Turra.
Je me rappelais d’une descente « facile » : en tout cas dans le sens de la montée, ce n’était pas bien compliqué. Ce n’est pas tout à fait exact. En pratique, c’est un terrain en ardoise avec un sentier peu marqué…. et en dévers. Bref, pas du tout un terrain où je suis à l’aise, je peux rarement me lâcher sur les dévers, surtout glissants. Je suis du coup assez lent et je descends largement à la marche au moins le premier tiers, avant que l’on atteigne un sentier plus marqué, qui devait être un genre de route d’approche pour les installations militaires.
Et en plus, faut forcément s'arrêter pour faire des photos !
Dans l‘affaire, pas mal de coureurs repassent et ce ne sera que lorsque la descente devient roulante que je peux à nouveau stabiliser tout cela.
Ah, ne le répétez pas, mais à gauche, c'est la Dent Parrachée...
On atteint assez vite les baraquements au pied du Fort et on débouche à ce passage de la Turra, qui est pile au dessus du troisième ravito, du Col du Mont-Cenis. Encore une vue magnifique, quoique moins belle que celle du Pas de la Beccia.
C’est une belle descente un peu technique qui nous attend, même plus raide que le Pas de la Beccia : 380m en 1,25km. Le début est très acrobatique, avec quelques mains courantes, mais cela ne dure pas : c’est ensuite un sentier assez bien tracé qui descend fort et c’est un vrai bonheur de sauter d’un caillou à l’autre.
J’y poursuis ce que j’ai inauguré à la descente précédente : les bâtons repliés sont coincés dans le dos, entre le sac et mon dos. Curieusement, ce n’est pas gênant du tout et avoir les mains totalement libres est très agréable et, je pense, efficace. Oh, certes, je ne suis pas le plus rapide : quelques chamois me dépassent, mais j’ai toujours estimé que le temps « perdu » sur ce type de descente est assez négligeable, surtout quand elles sont relativement courtes.
La descente se fera au final en 15 minutes pile, soit un très honnête 1520m/h. Certes, ça c’est facile à tenir sur 1/4h…plus difficile sur 1 heure !
Et me voilà donc au troisième ravito, accueilli cette fois-ci par une bonne partie de la Team Bubulle, puisque ma sœur et ma maman, qui suivent aussi mon neveu Jonathan sur le 55km, sont là avec Elisabeth. Souvenirs, souvenirs pour ma maman, qui m’avait accompagné en 2013 et avait fait une mémorable ascension des 380D+ de la Turra… à 79 ans.
Ma descente initialement pas très rapide me vaut un petit retour de l’incontournable Rafion, qui arrive quelques minutes après moi. Je m’attarde un peu plus, le temps de boire plus qu’aux ravitos précédents : la chaleur commence à monter, il faut être vigilant.
Je repars donc toujours avec mes 10 minutes d’avance sur le roadbook… et toujours sans le savoir.
Clairement pas la partie la plus glamour, entre le Col du Mont-Cenis et le Lac de l’Arcelle. Qu’on le veuille ou non, il faut bien traverser le haut des pistes de Val Cenis. L’an dernier, les organisateurs avaient tenté de faire passer la course très haut, au Col de la Met, mais cela n’avait pas fait l’unanimité car la montée se faisait sur des pistes caillouteuses très moches (vous avez déjà vu des pistes de ski qui soient belles en été ?). Là, c’est un peu pareil. Certes, contrairement à 2013 où on traversait tout le bazar sur une longue piste de 4x4 faiblement descendante, là, il y a une tentative de nous mettre un peu de « variété ». On va faire des montagnes russes….. mais le faire sur des pistes de ski.
Je repars avec trois coureurs qui semblent faire route ensemble : Ayoub, Lorys et Nordine. En fait, je suis un âne : Nordine est un ami de mon gendre Alexandre et je l’avais même croisé à la MH l’an dernier. Nous ne nous « reconnaîtrons » qu’à l’arrivée ! Nous allons faire toute cette traversée plus ou moins ensemble, avec surtout Nordine et Ayoub : ils me lâchent sur les relances car ils s’obstinent un peu à se battre contre le terrain en trottinant (je connais un Vieux Sage qui a toujours dit de ne jamais se battre contre le terrain car il finit toujours pas gagner)… .et je reviens (évidemment) dès que ça monte.
Nous retrouvons aussi des coureurs du Trail Rouge (55km) et sommes donc un peu moins seuls. Par contre, pas évident de s’y retrouver dans les rythmes différents des uns et des autres. Je me rappelle juste que nous nous faisons larguer par une féminine avec quelque chose comme « Team Louloute » écrit sur le dossard. Peut-être bien celle qui finira 4ème féminine, Lucie.
Mais j’ai quand même plus de mal sur cette section. On est en plein cagnard, j’ai un peu de mal à boire régulièrement, ça hésite entre monter et descendre. J’attends assez impatiemment le Passage du Single qui marquera une première vraie descente.
Petit passage sympa après les pistes de ski moches : les organisateurs nous font pousser jusqu’au Lac de l’Arcelle (coucou, Marie-Laure) et on en fait même le tour. Ils ont même mis les vaches en place pour faire plus carte postale.
Les traversées avant le Passage du Single sont encore longues, mais on est enfin sortis des pistes de ski et, au moins, c’est plaisant à y couri^W marcher. Eh oui, plutôt marcher car un peu de lassitude s’est installée et j’ai du mal à relancer sur ces chemins qui ne savent jamais trop s’ils montent ou descendent. Décidément, je n’aime pas le plat.
Je serais presque soulagé quand on atteint le Passage du Single, un petit verrou acrobatique et un poil gazeux, équipé de mains courantes. Evidemment, je passe « un peu » crispé, on ne se refait pas. Mais, au moins, maintenant ça va descendre pour de vrai.
Passage du Single
Dans tout cela, je suis passé « derrière » le roadbook : 7h11 pour 7h04 prévues. Là aussi, penser pour le futur à ne pas surestimer les vitesses sur ce type de terrain, en milieu de course (OK, aussi, le tour du lac n’était pas prévu !).
La première descente se passe assez bien quoique pas très vite. D’ailleurs, qui croyez-vous que je voie revenir ? Eh oui, c’est mon Rafion ! Il est épuisant quand il a mis le moteur en route.
J’arrive cependant à le garder presque en vue et comme on ne redescend qu’à 1950m avant de remonter à nouveau, j’ai ma chance de revenir ! Mais, pas de chance, la remontée ne dure pas et se transforme à nouveau en ce type de terrain qui ne sait pas s’il monte ou s’il descend. Et alors que j’avais presque rattrapé la mobylette, je me fais larguer à nouveau. Je vous ai déjà dit qu’il est énervant, Rafion ?
On ne voit pas les motos, on ne fait que les entendre
Vivement une vraie descente, tiens….qui se fait attendre : on n’en finit pas de traverser au-dessus de cette vallée, dans le bruit très envahissant des motos qui montent vers l’Iseran. On ne dira jamais assez la plaie absolue que représentent ces motards dans les cols des Alpes…à peine plus que les camping-cars, d’ailleurs. Pauvre vallée de Haute-Maurienne qui doit subir cela pendant 2 mois chaque année.
Bref, trêve de digression anti-motards (qui va certainement me valoir l’inimitié de quelques kikoureurs en cuir, mais ranafout’)…. nous voilà en bas. Hop, on traverse la route, hop on fonce vers Bessans.
Méheuuuu ? Pourquoi est-ce qu’on nous envoie remonter la vallée du Ribon, sékoisbordel ?
Eh oui, pour éviter de trop longer la route et ses cohortes de comiques en cuir, on nous fait faire un beau détour de 500 mètres en remontant puis en redescendant la vallée. Evidemment, Super-Mobylette, là devant, il rigole, dans sa cape rouge et sous sa casquette « Peugeot Martinique » (véridique : Rafion a une magnifique saharienne « Peugeot Martinique »). Pfff.
Heureusement, ma maman et ma sœur me font une petite surprise : au lieu d’attendre au ravito, elles sont là au bord du chemin. Quel travail collectif de suiveuses !
Allez traversée de route….et encore un petit chemin de croix sur le chemin tout plat qui file vers le village de Bessans. Je ne sais pas si je vous ai déjà dit, mais je n’aime pas le plat.
J'ai dit : "J'AIME PAS LE PLAT !"
Et le plat au cagnard, bin ça fait un œuf au plat. Je cuis littéralement….. et la place centrale de Bessans est un peu en fusion….comme Elisabeth qui attend stoïquement mon arrivée. Pas hyper glorieuse, l’arrivée. Ragnar Dünor est resté un peu en route et il ne reste que le Vic des dessins animés (moins à poil que notre Vik à nous, mais beaucoup plus liquide).
Sans surprise, j’ai maintenant…..10 minutes de retard sur le roadbook. Il est clair que je n’ai pas été très percutant sur cette section comportant beaucoup de relances.
Par contre, bon, je commence à être un peu plus cuit physiquement. Surtout, comme souvent, j’ai du mal à bien boire en courant, surtout de l’eau à moitié chaude. Donc, l’objectif sur ce ravito, c’est surtout de boire le plus possible. Manque de chance, la soupe qui serait plus que bienvenue pour gérer la déshydratation n’est pas là par…manque de gaz ! Honnêtement, ça c’est franchement léger du côté organisation surtout qu’avec les bars et restos autour, il y aurait moyen de se dépanner. Mais nous avons remarqué après la course que les commerces locaux ne sont pas tellement impliqués, voire même pas toujours au courant de la course (confirmé par un restaurateur de Termignon).
Bref, je fais ce que je peux, et je profite aussi un peu de la fontaine de la place centrale, mais je sens bien que cela va devenir vraiment difficile.
Je ne resterai finalement que 8 minutes alors que j’avais prévu 1/4h (mon arrêt le plus long). Et je repars donc presque dans les temps prévus.
Mais, voilà : il est midi trente, le soleil cogne très fort (plus de 30°C) et on repart pour…..un plat rigoureusement plat de 2,5km. Ce qui signifie plus de 20 minutes en plein soleil.
Et tout seul sur un chemin caillouteux. Et plat. Désespérément plat.
Alors quand c’est comme ça, on entame le cyrano-rubalise. Des fois, je fais le cyrano-drapeau, des fois même j’ai fait le cyrano-palmier, là je fais le cyrano-rubalise : je cours jusqu’à la rubalise, je marche jusqu’à la suivante, je recours….et ainsi de suite.
Dans l’affaire, je reprends bien quelques coureurs, mais ce sont tous des coureurs du 55km. Ce qui est satisfaisant, c’est que personne ne me dépasse, donc je ne dois pas être trop lent.
J’ai un vague petit espoir de voir Elisabeth quand nous revenons pour 200 mètres le long de la route, mais c’est raté. Il n’y a même aucun spectateur, aucun coureur devant, aucun derrière. Juste ces fichues motos qui crachent leurs décibels.
Idem dans la petite remontée vers Le Collet : personne en point de mire, rien, nada. Et cette chaleur assommante. Je n’ai que ma marche nordique pour me défendre. Et surtout, j’attends avec quelque inquiétude les 530D+ jusqu’au Refuge de Vallonbrun.
Je ne connais pas cette montée, mais le profil est clair : c’est raide : 530 mètres en 2,8km, du 19% de moyenne. Et surtout…. pas un arbre ! Et il est 13 heures.
Cela va effectivement être un beau calvaire. Je dois utiliser toutes mes astuces habituelles : les 2 gorgées d’eau « récompense » tous les 50 mètres de dénivelé gagnés, le gel moins récompense (car écoeurant) au milieu de l’ascension, compter les pas pour trouver la hauteur que je gagne à chaque pas (plus aucune idée du résultat !).
Cela ne va pas suffire à éviter que, alors que je ne voyais personne derrière depuis un moment, plusieurs coureurs me dépassent alors que je crois n’en avoir dépassé aucun. Et évidemment, c’est aussi le cas pour Rafion qui me passe une fois de plus (il était resté plus longtemps au ravito). Je n’en vois pas le bout, les chiffres se mélangent dans ma tête, je ne me rappelle plus l’altitude qu’on doit atteindre (ça, c’est chez moi, un GROS signe de manque de lucidité). Je dois finalement vérifier cela dans le roadbook.
Bref, le bon gros passage à vide des familles. Et, une fois de plus les chiffres vont confirmer cela. 1h02 pour monter ces 530 mètres. Le Roi du Roadbook avait prévu….51 minutes. Donc, bim, le voilà donc avec quasiment 20 minutes de retard sur ledit roadbook (ce que je ne sais toujours pas).
Et cela ne va pas trop s’arranger. Déjà, la pause au refuge le temps d’engloutir 2 ou 3 gobelets d’eau FRAÎCHE à la place de la flotte tiédasse des flasques rajoute quelques minutes à tout ça.
Refuge de Vallonbrun
Depuis le Refuge de Vallonbrun. Et on voit....encore la Dent Parrachée!
Et la descente qui suit n’est pas hyper vaillante même si j’arrête enfin à peu près de me faire dépasser. Le pire, dans cette descente c’est qu’on subit un superbe « effet BSM » du nom de la chaleur qui monte inéluctablement au fur et à mesure que l’altitude baisse, comme sur la descente vers Bourg Saint-Maurice de la TDS.
Et le problème c’est que sur mes roadbooks, maintenant, je compte un peu sur une vitesse de descente qu’on qualifierait d’honnête (sauf si on est un chamois savoyard). Et donc au lieu de 37 minutes pour les 611mde cette descente (pas un de moins), il en faudra 42. 872m/h, il est loin le chamois du matin.
Au bas de cette descente, nous retrouvons les chanceux du Trail Rouge qui n’ont pas eu à se taper cette montée à Vallonbrun, remplacée par 1,5km gentiment descendant. Bande de chanceux, va ! Je ne m’attendais pas à trouver encore des coureurs de cette course, mais je me retrouve à faire trempage de casquette commun avec Stéphanie à qui j’affirme doctement qu’on peut boire l’eau du torrent, si, si (alors que je n’en sais rien, en fait….aucune idée pourquoi j’ai été lui dire ça). ET à qui j’affirme tout aussi doctement qu’il reste environ 2km de sentier en balcon facile.
Bon, en réalité, il y a 1,97km….donc, en théorie j’ai raison. Par contre, pour le « balcon facile », on a vu mieux. Quand tu n’as plus grand-chose dans les jambes, les « balcons faciles », ça se transforme vite en « putain de chierie de chemin de merde qui n’arrête pas de monter et descendre quand est-ce qu’il arrive ce foutu ravito de mierda ». Et la théorie se confirme une fois de plus : le ravito est au moins à 7 kilomètres selon mon baromètre du moment et ce foutu village de Lanslevillard où nous passons juste au-dessus n’en finit pas d’avoir des maisons. Je suis sûr qu’ils en ont construit exprès juste avant le trail pour que ça soit plus long.
C’est donc au bout d’une éternité que j’aperçois…. Jonathan, qui m’attend au bord du chemin. Lequel Jonathan a tout simplement foncé avec son papa (en voiture !) juste après sa propre arrivée vers 13h15, en 11ème position du 55km, vers ce ravito de Lanslevillard, pour me retrouver. Je peux dire que ça fait du bien de faire ces 200-300 mètres avec lui et d’arriver dans toute Ma Gloire sous les cris de la famiglia entière, sur ce ravito de Lanslevillard posé à un croisement de chemins au-dessus du village.
Bon, j’arrive en faisant le fier, mais 19 minutes pour faire ces 2 kilomètres « roulants », je crois que je bats les records d’escargot….même si c’était ce que disait le roadbook.
"Alors, tu vois, la montée, là, c'est une tuerie"
"Mouhaha, je suis LOL de chez ROTFL"
Le roadbook, par contre, il ne prévoyait pas que je passerais plus d’un quart d’heure au ravito. En plus à ne pas faire grand-chose. Je tente d’y avaler une soupe, mais elle est assez imbuvable, à peine chaude. Je n’ai envie de rien d’autre. Même boire, je me force car maintenant les symptômes de déshydratation commencent à être plus clairs : le tee-shirt est constellé de traces blanches, on dirait que je me suis roulé par terre.
Ce ravito est super mal placé, en plus : aucune ombre et rien pour s’asseoir. La logistique est vraiment très (trop) légère sur ce trail, pour ce type de distance. Je vais finir en mode « Roger Federer au changement de côté à Winbledon » avec ma sœur qui fait le ramasseur de balles pour m’abriter avec un parapluie. Par contre, c’est ballot, mais ils n’ont pas mis le congélateur avec les Perrier au frais juste à côté, comme pour Rodgeure.
Un Perrier pas frais recherche un Perrier frais....
Jonathan me décrit d’ailleurs la montée à venir comme « un mouroir ». Optimiste, il me dit que je vais faire un pacman à ramasser les morts sur cette montée. Euuuuuuuuh, si déjà je pouvais éviter d’être celui qu’on ramasse, on verra, hein, pour le pacman. Je m’étais effectivement un peu figuré cela, comptant sur les Jambes d’Acier du Grimpeur d’Elite, travaillées à coup d’UBS et d’UBBC, où Ragnar La Fureur de Thor allait encore découper du trailer et l’éparpiller façon puzzle dans la montagne.
Ragnar va déjà commencer par se lever et….se caler entre deux traileuses qui doivent bien avoir son âge….
…à elles deux.
Impressionnant, le gaillard, n'est-il pas?
Sauf qu'en réalité, vu sous un autre angle, c'est plus poussif :
Et Ragnar, en mode liquéfié, va faire toute la montée entre Audrey et Stéphanie (la même que tout à l’heure). Et, je le saurai plus tard, Elisabeth, qui a bien vu l’état pitoyable du Guerrier, surveille tout cela d’en bas. Non pas qu’elle eût nourri quelque inquiétude relative à la présence d’Audrey et Stéphanie (sauf à les imaginer en assistantes de vie pour personne âgée grabataire), mais surtout pour suivre la progression escargotesque du guerrier viking.
En fait, cette montée que je redoutais tant, est finalement très régulière autour de 20% et moins difficile (moins de marches) que la précédente, à l’exception de 600 derniers mètres sur une « piste de 4x4 » dont la pente est à 35%. Je vais donc la faire très lentement, certes (522m en 1h12 ! Donc 435m/h), mais avec un peu de rythme. Surtout, j’essaie de m’économiser car je sais qu’une fois passé le sommet, nous redescendrons assez lentement jusqu’au dernier ravito avant d’affronter un énorme mu de 400D+ pour remonter à plus de 2300m. Et cette dernière montée m’apparaît comme une tuerie finale.
Cela étant, mon roadbook était d’un optimisme délirant sur cette montée et j’arrive en haut avec….55 minutes de retard ! Comment ai-je jamais pu imaginer monter cela à 700m/h ? Ce type de vitesse ascensionnelle m’est possible en début de course, pas en fin. Dans la famille Roi du Roadbook, on repassera.
Bref, ce n’est absolument pas ce à quoi je pense à ce moment. Je suis OBNUBILE par cette montée finale. Je ne sais franchement pas comment je vais pouvoir la monter.
A peu près en haut, sous le Refuge de Cuchet, vue sur les pistes de Val Cenis qu'on a traversées il y a quelques heures.
Et même la « descente » sur le dernier ravito, perché à 1900mau-dessus de Termignon, je ne pense qu’à ça. Je ne finis par me « réveiller » qu’au moment où je rattrape un autre coureur, Olivier. Et j’ai l’impression que c’est un V2. Il n’en faut pas plus pour que l’ultime étincelle compétitive ne se réveille. Je décide qu’Olivier ne me repassera pas et donc….je me mets à trottiner façon grand-père asthmatique sur ce chemin roulant car, apparemment, Olivier (qui n’en n’a sûrement rien à battre de sa place de V2….d’autant plus qu’il n’est absolument pas V2) s’en tient à la marche.
Le ravito arrive du coup presque plus tôt que je ne pensais. Je ne sais pas trop si je suis content de cela….ou un peu angoissé à l’idée du mur qui suit.
Je suis surtout jaloux de ces cochons de coureurs au dossard rouge qui n’ont plus, eux, qu’à descendre. Feignasses !
Mais il est temps de mettre fin au calvaire. Quand faut y aller, faut y aller : The Wall 2ème Edition. 350D+ à 22%. Je repars en 3 minutes, j’ai 1h08 de retard sur le roadbook (eh oui, encore n’importe quoi, l’estimation jusqu’au ravito).
Je ferai cette ascension totalement tout seul. Seul un météore me dépasse : je ne sais d’où il sort celui-là, mais il monte 1,5 fois plus vite que moi. Et, au final, elle s’avère relativement facile à gérer et surtout ELLE EST A L’OMBRE. Je suis presque surpris de me retrouver en haut (à peu près à 510m/h). Même si j’ai maintenant 1h20 de retard (je rappelle que je n’en ai strictement aucune idée).
Des bénévoles me pointent et je m’accorde un petit répit pour refaire des photos car cela fait un petit moment que j’ai un peu laissé cela de côté. Or, si on nous a fait monter jusqu’ici, ce n’est pas pour rien :
Le sommet en face, l'eûssiez-vous cru, eh bien c'est la Dent Parrachée !
Fin de journée sur la Maurienne (Signal du Petit Mont-Cenis en face)
Le seul défaut est que….mon « V2 » Olivier arrive et me dépasse pendant ce temps. NOMEHO.
Le temps d’avaler un dernier petit coup de cul sournoisement caché APRES que les bénévoles nous pointent et on commence enfin la dernière ultime descente….de 1000D- !
Et là, ni une ni deux, JE COURS. L’autre, là, je vais même pas lui laisser une chance (notez en passant qu’en réalité il s’en fichait totalement). Et, dans ces cas-là, je ne sais pas si ça vous l’a déjà fait, mais on a toujours l’impression que celui qui suit va revenir….alors, en général, on accélère en permanence.
En tout cas, moi ça me fait ça.
Tout à coup dans cette descente très roulante, mais extrêmement longue (au début on descend à 10% à peine, sur une route de 4x4), je me mets à « voler ». En réalité, j’ai encore « des jambes », c’était juste le physique général qui ne suivait plus. Mais, maintenant que la forte chaleur n’est plus là, je me lâche totalement et, alors que je n’avais pas encore eu jusque-là ce moment d’euphorie totale qu’on connaît souvent à un moment ou un autre…..c’est là qu’il arrive. Je dévale littéralement et je dépasse…..2 coureurs. Quel « exploit ».
Mais la motivation n’est pas là : je me fais vraiment plaisir dans cette descente. Bon, OK, un des 2 coureurs a bien l’air d’un V2 (lui, c’est est VRAIMENT un), mais je m’en fiche un peu…à cet instant là.
Je traverse la route (on la traverse 3 fois) comme une furie, j’ai calé à nouveau les bâtons dans le dos, donc j’ai les mains libres……et ça aussi, ça doit aider.
Je sens maintenant que l’arrivée approche, on débouche une quatrième fois sur la route dans un lacet, j’aperçois du coin de l’œil une flèche verte et un single à gauche, paf j’enquille le single…..paf, on débouche sur la route et….. plus rien.
Plus de balisage.
Un panneau « attention course »….mais en sens inverse. C’est LOUCHE.
Stop. Réfléchissons.
Tout d’un coup, je vois 100 mètres plus haut un signaleur au gilet jaune. Je n’ai jamais été aussi content de voir un gilet jaune, tiens. Je remonte dans sa direction…eh oui, je me suis trompé : au lacet, je devais rester sur la route.
Et….pendant ce temps, mon deuxième V2 arrive et part sur un chemin tout plat, 40 mètres DEVANT moi. Ah mais non, alors ! La bave aux lèvres, je pars derrière, mais cette vacherie, il COURT alors que c’est plat.
Il COURT ALORS QUE CA MONTE.
Bin, bon alors je cours aussi, tvavoirsketuvavoir. Et dès que le chemin redescend, je place la mega-mine puzzlo-dispersatoire, faut pas ennuyer Ragnar, j’ai dit. Vavavoooooooom, je fonce vers le bénévole signaleur que j’aperçois sur la petite route qui va nous ramener à Termignon.
« Bonjour », dis-je au bénévole. Moi, je suis poli avec les bénévoles.
« Ah enfin, ça fait un moment que je t’attendais ».
C’est marrant, ça dit pas ça, d’habitude, les bénévoles.
Surtout, les bénévoles, ça ne se met pas à te suivre.
Ah bin, en fait, c’est normal, c’est pas un bénévole, c’est Charles (cvanquick), mon « compagnon de la Paix-Dieu » d’hier. Le gars, y’a 24h on ne se connaissait pas et là il vient me chercher à 1 kilomètre de l’arrivée pour faire la fin avec moi.
Kikouroù, quoi.
Et hop, on continue en n’oubliant pas d’avancer histoire que l’autre V2, là, il ne vient pas piquer ma précieuse….7ème place (ça c’est Charles qui me dit). « On longe le torrent et le camping et on est arrivés, fais gaffe y’a une descente vicieuse vers le torrent », qu’il me dit, Charles.
Bon, la descente vicieuse est avalée en 4 ou 5 pas, faudrait que je lui montre celle du Pas de la Beccia…. Mais du coup, je cours un maximum….et Charles me fait même relancer en haut d’une mini-côte en m’affirmant que l’autre V2 est en train de revenir (je crois qu’il se fout de ma gueule, en fait).
Et voilà, hop je débouche au bout de la ligne et hop, je termine. Pas de démonstration particulière, j’intériorise beaucoup les arrivées, le plus souvent. Mais je suis quand même hyper content de ce deuxième gros trail de montagne terminé depuis l’année dernière un peu pourrie. Et aussi très content de la revanche sur cette Montagn’hard avortée.
Et j’ai pris ma revanche sur le roadbook : la dernière descente qui « devait » prendre 1h19 a pris….54 minutes. Et au final, j’ai un petit peu moins d’une heure « de retard » sur le temps initialement prévu.
En fait, celui qui a presque respecté mon roadbook…..c’est Rafion. Il est arrivé 32ème en 14h27. 32ème sur 158 partants, ce n’est pas ma place usuelle alors que ma 53ème place finale est bien représentative de mon niveau habituel. Donc, c’est le calcul du roadbook qui était pourri !
Arivée d'un Rafion qui a carburé comme un chef !
Bref, ce n’est pas cela qui m’occupe à cette arrivée, c’est surtout le soulagement de retrouver la famille…. et bien sûr ma Super Suiveuse, qui a dû quand même se faire beaucoup de soucis en me voyant repartir de Lanslevillard (même si elle sait que j’arrive toujours à m’en sortir quand ça va moins bien).
Depuis l'UTMB, on s'est super bien entraînés pour cette photo-là
Stefano n'a pas l'air de m'en vouloir de lui avoir carroté la 7ème place de V2
L’après-course immédiat sera aussi bien sympa, en revoyant rapidement Kephset et ses amis, revenus juste pour voir mon arrivée (Kikouroù….), puis à attendre l’arrivée de Cédric environ 45 minutes après et aller ensuite tous boire une bière ensemble dans le dernier bar encore ouvert à 21h (malheureusement, l’organisation s’est mélangé les crayons dans les autorisations et n’a pu servir de bière à l’arrivée).
Et là, je dois dire que, sur la descente de pinte, j’ai parfaitement respecté mon roadbook. Demandez à Charles !
La suite au prochain numéro, à l’UTV de ce cher samontetro. Par contre, je devrai y être autonome car Super Suiveuse ne pourra être là. Promis, je travaillerai le roadbook un peu mieux sur la fin de course….
Et, si les photos ne vous ont pas donné envie de venir à cette course dans un paysage superbe, c’est à désespérer….
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9 commentaires
Commentaire de Arclusaz posté le 12-08-2019 à 20:53:50
Bravo Ragnar !
jolie course, c'est bien que tes roadbook foirent un peu de temps en temps.
Pour l'Erellaz, n'étant pas du coin, je ne peux pas te répondre : je te rappelle qu'on dit la Fécla et Arcluse, le savoyard est malicieux....
Pour ta photo sous deux angles, c'est vrai que ça te change mais la fille qui court avec toi est encore plus changée !!! et bien sûr, bravo aussi à Super Suiveuse.
Commentaire de cedtrail95 posté le 12-08-2019 à 21:49:15
Impossible de suivre Ragnar, son planté de bâton rageur, sa foulée conquérante et sa descente de binouzes. D'ailleurs, quand j'ai eu l'effronterie de prendre quelques mètres d'avance dans les premiers kilomètres, je me suis bien gardé de toute remarque du type «bonne course» qui laisserait entendre que l'on ne se verrait plus avant l'arrivée.
Sinon, en lisant les pourcentages des côtes, je comprends mieux pourquoi j'avais le sentiment d'être à l'arrêt (ce n'était pas qu'un sentiment d'ailleurs).
Et merci de m'avoir remis sur le bon chemin, quand j'ai bloqué sur le seul fanion mal placé, et de m'avoir fait revivre la course avec ce CR.
A l'issue de cette course, je me demande si, à l'avenir, une petite acclimatation à l'altitude ne serait pas indispensable. Mais c'est un sujet pour le forum.
Commentaire de franck de Brignais posté le 12-08-2019 à 21:57:58
Bref... t'as encore merdé sur le roadbook !... Et puis c'est bien moche comme endroit... t'as bien fait de ne pas mettre de photos !! Bravo pour cette revanche !! Pas mal pour un V2 !! Bnne récup !
Commentaire de Cheville de Miel posté le 13-08-2019 à 10:39:55
Ce type de format est toujours traître. Pas assez long pour se mettre en mode escargot, mais trop long pour le faire en mode "course". Comm'd'hab tu t'en sorts comme un chef!
Puis c'est pas moche!
Mon petit doigt me dis qu'en 2020 tu vas "craquer" pour une grande promenade ;-)
Commentaire de Mazouth posté le 14-08-2019 à 09:44:25
Il avait les crocs parrachés là Ragnar ! Bravo guerrier, tu n'es pas encore bon pour le Valhalla :))
Commentaire de Runphil60 posté le 17-08-2019 à 09:51:53
Et bien , tu nous racontes encore une belle histoire avec des anecdotes qui sentent le vécu !
Avec les nouvelles catégories, tu feras encore des meilleurs classements ;-)
Bravo champion (mais pas du roadbook, un mythe ?)
Commentaire de Benman posté le 18-08-2019 à 16:39:57
Tu fais comme les saumons: revenir aux origines. On sent bien la maturité trailesque qui t'habite désormais. Cette course et ce récit sont à ton image: authentiques.
Commentaire de Mazouth posté le 23-06-2020 à 15:23:53
Ah ben tiens, cette année on va passer par le col de la Met, avant le Lac de l’Arcelle (coucou, Marie-Laure) ;)
Commentaire de PhilippeG-638 posté le 16-06-2021 à 21:27:01
Merci pour ton récit bubulle, très rigolo et tout au second degré, j'adore !
Je le tente cette année, pourvu que l'on ait le même temps et j'essayerai de faire mieux que 7e V2 ;-)
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