L'auteur : Jerome_I
La course : Zion - 100 miles
Date : 12/4/2019
Lieu : Virgin (Etats-Unis)
Affichage : 982 vues
Distance : 161km
Matos : Merrell
Sac veste Decathlon
Objectif : Objectif majeur
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Pas d'autre récit pour cette course.
ZION 100 MILES
L'été 2018, je décide avec l'ami Nico, de retourner aux Etats Unis en 2019 pour courir un autre 100 miles. En 2012, nous avons couru le Leadville 100, la course est connue, c'était une expérience fantastique, donc nous avons dit: pourquoi pas une autre et gagner une deuxième "buckle" (boucle de ceinture).
En regardant le calendrier, nous avons décidé de s'inscrire pour le Zion 100 miles (161km) en Avril 2019.
Pourquoi les Etats Unis? C'est juste parfait pour passer quelques semaines de vacances après la course. Mais plus important, courir un ultra-trail aux Etats-Unis c'est:
ENTRAINEMENT
C'était la partie la plus importante de cette course. J'ai commencé en Novembre, après la marathon d'Amsterdam. Je n'ai couru qu'une course en 6mois: Je suis retourne, à la maison, à Lyon, début Décembre pour la 65eme Saintélyon. Cette course de 85km est une des plus ancienne course d'ultra. Normalement la course fait 69km, mais pour cette Edition anniversaire, l'organisateur a augmenté la distance a 85km avec 2300m D+. 7000 coureurs étaient au départ de la course la plus longue, alors que 10 000 autres coureurs étaient sur les distances plus courtes. J'ai dû jouer des coudes, en me mettant sur la ligne de départ une heure avant le départ, pour partir dans le top 1000, et ai dû slalomer entre des coureurs qui marchaient mais étaient devant sur la ligne de départ!!! Je ne comprendrais jamais ces personnes...
Nous commençons cette course à minuit, et j'ai conclu la course en 9 heures. C'était difficile avec beaucoup de boue, et la progression de nuit était difficile avec peu de visibilité avec la frontale avec la pluie et le brouillard. Ce fut une superbe course de préparation, même si je ne pense pas retourner sur cette course qui est vraiment une "pompe à fric" trop loin de l'esprit Trail. C'est malheureux car revenir à la maison un weekend pour une course est toujours sympa!
Après la Saintélyon, je me suis laisse 2 semaines de repos, puis j'ai augmenté rapidement la quantité de km d'entrainement, avec un peu de travail de dénivelé. J'ai dû réduire l'entrainement pendant 10 jours en Février à cause de mon ischio. J'ai réduit l'entrainement à cause de nombreux voyages pour le travail. J'arrive toujours à m'entrainer en voyage, mais je ne peux certainement pas m'entrainer autant qu'à la maison, surtout pendant les journées plus courtes et plus froides cet hiver. J'ai réussi à m'entrainer correctement, certainement plus d'heures et km que lors des dernières années. Voici le détail:
Novembre: 336 km et 3000m D+
Décembre: 482 km et 8600m D+
Janvier: 538 km et 5300m D+
Février: 369 km et 3700m D+
Mars: 407 km et 6200m D+
Ce fut une moyenne de 115km par semaine, pendant les 3 mois avant la course, avec 4 semaines a plus de 140km. Je pense que les 250km de marche furent une partie très importante de ma préparation. Pendant mes marches, j'arrivais à garder une vitesse de 6km/h. Cette vitesse est assez rapide et doit être entrainée pour devenir naturelle.
LE VOYAGE
Le voyage vers Zion était important pour éviter trop de fatigue. Rester des heures assis dans des cars, avions et voitures n'est pas favorable. Mon voyage a commencé le Mardi matin, et après 23 heures, je suis arrivé à Salt Lake city pour une bonne nuit à l'hôtel. Le Mercredi, je retrouve la famille de Nico pour un voyage de 4 heures en voiture vers La Verkin, UT.
Le Jeudi on récupère nos numéros (le dossard de taille mini qui peut s'accrocher sur le short ou le sac à dos). J'ai laisse aussi mes sacs d'assistance que l'organisateur amènera sur le parcours.
Sac 1 : GRAFTON MESA (km18, km 36 & km45)
T-shirt manches courtes, T-shirt manches longues, Vaseline, 4 x barres de protéine, sel, casquette, crème solaire
Sac 2: VIRGIN DESERT (km 87)
Lampe frontale, T-shirt manches longues, maillot de corps, chaussettes, chaussures Nike Pegasus , 2 x barres de protéine, sel
Sac 3: VIRGIN BMX (km129 & km158)
maillot de corps manches longues, T-shirt manches longues chaud, ma veste Goretex, collants chauds, 2 x barres de protéine
On rencontre Pam Reed, la légende de l'ultra. Elle a gagné la Badwater en 2002, devant tous les coureurs, inclus tous les hommes. Elle a aidé l'organisateur à tracer le parcours durant la semaine.
On a passé le reste de la journée au Parc Zion. C'est un parc fabuleux. Durant notre courte marche, nous avons vu des aigles, des écureuils et un pic-vert. Mais pour préserver nos jambes pour la course, notre visite s'est limitée au car.
Je retourne à l'hôtel pour un diner à base de riz réchauffé au micro-onde et pour préparer mes affaires pour la course. J'étais au lit à 20h. La nuit ne fut pas parfaite à cause du stress de la course, mais j'ai réussi à me reposer correctement.
Je suis réveillé à 4h30 sans réveille. Je me prépare et rejoint Nico au petit déjeuné. Lino nous conduit au départ et nous arrivons à Virgin à 5h30. On reste dans la voiture car il fait très froid, mais c'est sec. La météo devrait être OK la matinée, avec des possibilités d'averses l'après midi et de nouveau sec pour la nuit. A 5h45, nous rejoignons les autres coureurs au départ. Beaucoup se réchauffent autour du feu de camp. 260 coureurs du 100 mile et 300/400 coureurs sur le 100km seront au départ pour 87 km ensemble.
Voici mes estimations pour la course:
LA COURSE
VIRGIN : 0km -> GOOSEBUMP 1 : 8km - 1h05 / 1h05
A 6h on part par la route pour sortir du village puis on rejoint une route en terre. C'est parfait pour se réchauffer. On voit la Mesa (montagne plate) que nous allons découvrir pendant la première partie de la course. On commence à monter le Mesa, et commence ma marche rapide, comme pratiquement tous les coureurs autour de moi. Je ne sais pas qui est sur le 100km ou le 100miles, mais ça n'a aucune importance aussi tôt dans la course. On loupe un virage à droite et après quelques minutes, on se rend compte de l'erreur. On doit redescendre et on arrive dans le peloton. On a perdu 5 minutes. Maintenant l'ascension est très lente sur ce sentier étroit et technique, et on ne peut pas doubler.
On progresse, et ce n'est pas la peine de prendre des risques pour doubler. C'est superbe, le jour arrive. Le soleil va réchauffer bientôt...
Au km 8 on arrive au premier ravitaillement. Je bois un verre de boisson énergétique, mange quelques bretzels (le sel sera bienvenu avec la chaleur) et quelques bonbons. Je n'ai pas de sac de ravitaillement et ne m'arrête que 2/3 minutes. J'en profite pour mettre ma frontale dans mon sac à dos.
Même avec l'erreur de route, j'ai 5 minutes d'avances sur mon estimation de 20 heures.
GOOSEBUMP 1 : 8km -> GRAFTON MESA 1 : 18km - 56’ / 2h01
Je repars en marchant 5 minutes pour digérer la nourriture, et je reprends ma course lente. Je double quelques coureurs qui avait surement pris la bonne route, puis les positions se stabilisent. La route est pratiquement plate avec quelques montes courtes. Un 4x4 de l'organisation soulève un nuage de poussière et j'utilise mon buff pour éviter de manger de la poussière.
Sur cette route le paysage est un mix de petits arbres et buissons. Des personnes campent ici ou là. C'est parfait si vous aimez les grands espaces. Malheureusement pour eux, ils vont être dérangé par des centaines de coureurs.
On arrive à un croisement et on se retrouve dans un flot de voitures qui vont au ravitaillement difficilement sur ce chemin cabosse. J'y arrive rapidement. Je prends un coca, des bretzels, des bonbons, et quelques fruits (ananas, bananes...) Je prends mon premier sac, et remet de la crème anti frottements (c'est très important sur une course aussi longue), puis je mets ma casquette, enlève ma veste légère, mais garde mes manches longues car il fait encore frais. Je réutiliserai ce sac 2 fois.
GRAFTON MESA 1 : 18km -> WIRE MESA : 21km - 16’ / 2h17
On continue sur la route, le chemin est large et en descente, nous arrivons rapidement au prochain ravitaillement. Notre temps de passage est enregistré. Je ne m'arrête pas au ravitaillement et continue sur le premier tour de Mesa.
WIRE MESA : 21km -> WIRE MESA : 33km – 1h11’ / 3h28
On continue sur ce "single track" (chemin étroit). Le chemin est superbe et j'accélère. Le chemin est tortueux, et pratiquement plat. C'est un mix de rochers et de terre. On se rapproche des falaises, la vue est superbe mais c'est tellement immense que le rendu des photos n'est pas aussi impressionnant. Je cours certainement trop vite, mais j'adore ce chemin, donc ce n'est pas un problème. Je ralentirai plus tard quand il fera chaud cet après-midi. Je regardais les paysages et mon pied a touché un rocher et je suis tombe. J'ai eu la chance de n'avoir que quelques égratignures sur les doigts. Après quelques coups de pieds dans les rochers, je commence à avoir mal aux gros doigts de pieds. J'étais isole pendant cette partie de la course. Je trouve à gauche pour laisser les falaises et conclure ce tour. On arrive de nouveau au ravitaillement ou je nettoie mes mains du sang et la poussière. Je profite d'un coca car il commence à faire chaud.
WIRE MESA : 33km -> GRAFTON MESA 2 : 36km – 24’ / 3h52
Le parcours retourne sur la route que nous remontons cette fois. Nous rencontrons des coureurs sur leur aller vers Wire Mesa. J'espère que Nico est sur son tour de Wire Mesa, et que je ne vais pas le rencontrer ici... La majorité de ce chemin est montant donc je marche souvent. J'arrive au ravitaillement en une vingtaine de minutes. J'y rencontre Delphine, la femme de Nico, et j'étais content d'entendre que Nico va bien. Je bois quelques verres de coca, remplis la poche a eau, me change avec un t-shirt manche courtes et utilise la crème anti frottements. C'est parti pour mon tour de Grafton Mesa.
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GRAFTON MESA 2 : 36km -> GRAFTON MESA 3 : 45km – 1:05’ / 4h57
Je laisse le ravitaillement avec un coureur du 100km. On court ensemble pendant une heure à bonne allure. Nous ne discutons pas beaucoup mais après 4heures de course, c'est appréciable un peu de compagnie. De nouveau, nous sommes surement un peu trop rapides sur ces sentiers, mais ils sont très ludiques. Nous sommes de vrais grands enfants. Ça tourne beaucoup et nous devons rester concentres. Plusieurs fois, nous voyons les intersections à la dernière seconde. C'est ensoleillé mais pas trop chaud. Ma casquette me protège du soleil et nous sommes souvent dans l'ombre des arbres. Ce tour se conclut en une heure, et c'est un marathon en moins de 5 heures.
Au ravitaillement je perds le coureur du 100km et je remplis mon sac à dos de barres de protéines, mets de la crème anti frottement et demande à Delphine d'encourager Nico. On devrait se voir de nouveau en fin de journée (il est 11h).
GRAFTON MESA 3 : 45km -> GOOSEBUMP 2 : 55km – 1:04’ / 6h01
Sur la route de retour vers le premier ravitaillement, je marche sur cette route en me protégeant la bouche de la poussière soulevée par les voitures. Nous tournons rapidement à droite et c'est reparti dans le sens inverse sur cette large route en terre. A part quelques 4x4, je double quelques coureurs, mais cette fois ma course solitaire commence. Je vais bien et j'aurais peut-être dû modérer mon allure ici. J'arrive au ravitaillement suivant assez fatigue. J'avais cette fois plus de 40 minutes d'avance sur l'estimation de 20 heures de course.
GOOSEBUMP 2 : 55km -> GOOSEBERRY : 68km – 2:00’ / 8h01
Au ravitaillement, je m'arrête pour mettre mon t-shirt manches longues que j'avais dans mon sac à dos. Ce vent est frais. Je mange quelques bretzels, remplis d'eau. Je repars en marchant, même si c'est plat. Les ultras sont une succession de hauts et de bas. Cette fois j'étais à un bas... Les chemins étaient superbes tout comme la vue, mais je devais ralentir. La course est encore longue et je dois franchir la ligne d'arrivée. Seulement après 55km de course c'est tôt, mais il faut avancer!
Je me fais doubler par de nombreux coureurs, et j'espère qu'ils étaient sur le 100km.Je suis certain de ne pas être le premier de la course, sinon les bénévoles m'auraient prévenu! On rencontre de nombreux cyclistes en VTT qui profitent des sentiers. Ces rochers modelés par des milliers d'années d'érosion du vent et de la pluie. J'en profite pour prendre quelques photos.
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Ça prend une éternité pour rejoindre le bout de ce Mesa. Il n'y a que quelques pierres et un panneau disant demi-tour. Il n'y avait aucun control par l'organisateur. Ça aurait été très facile couper court ce tour, mais nous sommes ici pour courir 100 miles et pas 99! L'émotion monté à ce point, je prends quelques photos et repars sur la partie Sud du Mesa.
C'était plus une marche qu'une course, quelques coureurs me doublent. Le plus important est que je progressais toujours. Les autres coureurs ne sont pas beaucoup plus rapides. Il leur ne faut pas loin de 15 minutes pour prendre 50m d'avance. Il y a un petit ravitaillement, mais je ne remplis pas ma poche a eau. C'était une erreur car je pensais le prochain ravitaillement moins loin.
GOOSEBERRY : 68km -> GOOSEBUMP 3 : 74km – 58’ / 8h59
Nous nous dirigeons au Nord, pour couper le Mesa. C'est un long chemin de 6km. Je n'ai plus d'eau et j'attends avec impatience de rejoindre le ravitaillement suivant.
Je m'y arrête pour 15 minutes. Un coureur se repose sur un lit de camp. Je bois du coca et de l'eau assis sur une chaise. Je prends aussi de la nourriture (bretzels, fruits). Il y avait de la soupe et des pates mais je n'en ai pas envie. Quelques coureurs repartent sur le tour de Goosebery Mesa (j'ai fait le tour pendant les 3 dernières heures...) et quelques autres prennent le chemin qui redescend dans la vallée...
Je suis maintenant en retard de 15 minutes sur mon estimation de 20 heures. J'ai perdu une heure sur ce tour, mais la route est encore longue...
GOOSEBUMP 3 : 74km -> VIRGIN DESERT : 87km – 58’ / 8h59
Ok c'est parti, je laisse ce Mesa, 8 heures après l'ascension ce matin.
Mon genou droit me fait mal et j'ai du mal sur cette descente technique. 2 coureurs me doublent et c'est frustrant car j'adore ces descentes techniques. La descente est rapide, malgré ma marche lente. La vue était superbe, mais il fallait rester concentre sur les pierres. J'arrive rapidement à l'intersection ou nous nous sommes trompe ce matin. Arrive dans ce désert, nous avons la chance que la journée est fraiche.
Il y a des gros nuages dans la vallée. J'espère rester sec pendant la course. Je continue ma marche et seulement quelques coureurs me doublent. Il y a des cactus, de superbe fleurs rouges, des fleurs de toutes les couleurs. Au printemps, c’est le « blooming », le désert prend ses plus belles couleurs. Ces pistes sont un terrain de jeu pour les buggys. Le désert était asses humide avec pas mal de passages de rivières et sur certains passages, la piste était recouverte de boue.
C’est une longue marche qui commence. Parfois mon cerveau me propose de tourner à droite au prochain ravitaillement pour finir le 100km a Virgin. Je n’étais pas là pour seulement 100km, et je m’étais entraine dur pour ce 100 miles. Quelques coureurs prennent à droite ici…
En regardant, là-haut, le mesa, je pense aux coureurs qui regardent le désert, et Nico était surement la haut ! Ils seront finisher Samedi après-midi. Donc, arrête de penser à la facilité et concentre-toi sur le 100 miles.
Quand j’arrive au ravitaillement, j’entends : “Allez Jérôme”! C’était 17h15, et tous mes supporters étaient la! Merci à eux encore une fois! Je tape dans les mains, prends des photos! Je bois un coup, mange quelques bretzels et prends mon deuxième sac de ravitaillement. Je m’assois et me prépare pour la soirée qui arrive. Je change mes chaussettes, et vois que mes orteils sont dans un sal état. Les prochains 80km seront difficiles pour eux. J’ai une autre paire de chaussures, mais je décide de rester avec les Merrells. Elles sont légères, ont une superbe accroche et sont confortables. Elles sont juste parfaites pour cette course et les trails.
Le coureur assis à ma gauche ne sera certainement pas un finisher et était réconforte par sa femme. Il y a souvent une fine ligne entre continuer et arrêter un ultra !
Je me change et mets un t-shirt long. Je remercie mes amis et repars sur le 100 miles. Je prends aussi ma frontale pour la nuit. Je la laisse dans le sac à dos pour le moment, la nuit tombera dans quelques heures. Je confirme a Delphine que je devrais arriver vers 6heures du matin en 24 heures plutôt qu’à 2h ! (mon estimation optimiste en 20 heures n’est plus possible).
C’est parti pour une longue soiree dans le desert et une longue nuit dans les montagnes. A ce point de la course, j’ai une heure de retard sur mon estimation de 20 heures de course.
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VIRGIN DESERT : 87km -> VIRGIN DAM : 101km – 2:11’ / 13h26
D’autres coureurs sont quelques centaines de mètres devant, cette partie de la course est vraiment solitaire. Je continue ma marche et profite des dernières heures de jour avant une longue nuit dans la montagne.
Quelques coureurs me doublent lorsque nous laissons le désert pour entrer dans le canyon. Ce canyon est superbe. Au bord de la falaise, au-dessus de la rivière, on voyait d’autres coureurs. Le canyon était profond et un coureur de l’autre cote a 20m était en fait quelques kilomètres plus loin sur le sentier.
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Je vois le prochain ravitaillement, mais j’y arrive au bout de 10 minutes. On retrouve les coureurs du 100km qui ne s’arrêtent pas ici, car ils sont sur leur sprint final, et essaient de finir avant la nuit. Je m’arrête longuement aux toilettes, puis prends un peu de nourriture solide (bretzels, fruits, bonbons, mais je ne prends pas de soupe, ni de pates car je n’en avais pas envie). J’étais content car pendant la Leadville 100miles en 2012, j’étais malade à ce moment de la course et je ne pouvais ni manger ni boire entre les km 90 et 120. Je connais mon estomac et il est important de prendre toutes les calories possibles, mais en laissant l’estomac tranquille. Je n’ai pris aucun gel sur ce 100 miles, mais j’ai mangé de nombreuses barres de protéines recouvertes de chocolat blanc ou au lait. C’est surement ce que mon estomac préfère.
VIRGIN DAM : 101km -> SMITH MESA : 114km – 2:11’ / 13h26
Les coureurs du 100km étaient de nouveau sur le même chemin pour quelques kilomètres. Ils étaient beaucoup plus rapides. Sur le pont au-dessus de la rivière, je retrouve Francesco qui est venu me saluer avant la nuit. Je lui souhaite bonne course sur le semi-marathon du Samedi matin, on fêtera nos résultats Samedi soir !
Nous remontons vers la route principale avec les coureurs du 100km. Ça devient sombre, mais j’ai encore quelques minutes avant de devoir allumer la frontale. On traverse la route et les coureurs du 100km entrent dans Virgin, alors que nous continuons tout droit.
Je vois la frontale du coureur qui me précède a 200m. Il sera ma motivation pour monter fort cette cote. Je mets la frontale sur la tête sans l’allumer. Nous devons monter 500m pour arriver à 1600m d’altitude. La monte est entièrement sur route. J’allume la frontale et elle va rester allumée pour 10 heures. Moins si je cours plus vite… Subitement je sens une douleur très forte a l’arrière de mon pied droit. Une grosse ampoule vient juste d’exploser et la douleur est énorme. Finalement au bout de 5 minutes, la douleur commence à diminuer, et je peux me reconcentrer sur la montée. Le coureur devant a des bâtons et je le reprends enfin. Je lui souhaite bonne course, mais continue ma progression et bientôt, je ne vois plus sa frontale.
J’arrive au ravitaillement en haut de cette montée ou un feu de camp réchauffait les volontaires. Ils auront une longue et fraiche nuit ici. Je les remercie, sans eux nous ne pourrions courir. Ils m’offrent du bacon qui cuit sur le barbecue, des pâtes, mais je refuse et continue mon régime a base de bretzels, et de fruits. L’autre coureur arrive juste quand je repars du ravitaillement.
SMITH MESA : 114km -> VIRGIN BMX : 129km – 3:09’ / 18h49
Pendant les prochaines 3 heures, je ne vois que quelques frontales au loin, mais je cours complètement seul. J’entends quelques bruits dans les feuillages de quelques animaux dérangés dans leur montagne. Ça me rappelle l’histoire que nous discutions avec Nico et Lino le matin. Ce trailer qui a tué un lynx a main nues. Les bruits devaient être plutôt des oiseaux ou petits rongeurs… Le sentier était très technique, et mon allure était surement la même que les coureurs devant / derrière. Je me concentre sur les panneaux, car plusieurs fois je dois retourner en arrière pour retrouver le bon chemin. C’est très fatigant mentalement, et la nuit est encore longue. Après un tour au sommet de la montagne, je commence la descente.
J’ai vu les vidéos de cette descente technique de flying monkey. Les frontales devant sont déjà dans la vallée, et je n’en vois pas derrière. Tout au loin dans la vallée, les lumières doivent être celle du prochain ravitaillement. La lune éclairait la vallée et les montagnes tout autour. C’est une très belle nuit pour courir, malgré le froid ! La descente est très technique, avec la montagne à gauche et la falaise à droite. Puis le chemin disparait, je me suis perdu. Je me retourne et vois les signes, je suis donc sur le bon chemin. Je regarde devant et 3 mètres devant je vois une corde. Elle est fixée plus haut et des nœuds améliorent la prise. Le sentier continue quelques mètres plus bas. Ce passage est surement difficile pour ceux qui souffrent de vertige, mais dans le noir c’est surement plus facile, car on ne voit pas vraiment la hauteur de la falaise.
Sur l’article d'Amy P, elle a pris cette photo du passage avec la corde (ils passaient de jour les années précédents):
https://www.bibbz.net/viewDetailedReport/596b0102957a3d0017f3f007
Une vidéo sur YouTube de VTT sur le sentier:
J’arrive rapidement dans la vallée et après quelques kilomètres j’arrive au ravitaillement de BMX. Je vois enfin des humains après avoir marche pendant 3 heures dans les montagnes. J’arrive juste avant 1h du matin, avec 3 heures de retard sur mon estimation de 20 heures. J’aurais dû courir mes derniers kilomètres, mais il me reste encore une longue boucle et je devrais terminer vers 6heures du matin, comme je l’avais dit à Delphine hier soir. Un coureur arrive et est ovationné par ses amis. Il devrait arriver dans 25 minutes, et gagner la course…
Je prends mon dernier sac recouvert de glace. Il doit faire juste un peu plus de 0 degrés. Il y a une tente avec un réchaud à gaz, et je m’assois à côté du réchaud pour me changer. Je mets mes collants chauds, un maillot première couche manches longues, un t-shirt manches longue très épais, et ma veste goretex. Les supporters et les volontaires sont dans des couvertures autour d’un feu de camp.
VIRGIN BMX : 129km -> GUACAMOLE 1 : 143km – 1:44’ / 20h33
C’est parti pour la dernière partie de la course. Le départ est solitaire (pour changer), je rencontre juste 2 chevreuils (enfin énormes à taille US !) qui viennent dans la vallée pour boire dans la rivière. Il y a beaucoup de boue et je n’ai pas le choix et dois mettre les pieds dans la boue jusqu’aux chevilles. C’était glacé et les chaussures sont remplies de boue. Puis arrive la rivière, et il n’y a pas de pont. La rivière était trop large pour la franchir en sautant, je dois donc traverser avec 3/4 foulées dans l’eau. Au moins ça lave les chaussures.
Ensuite on doit gravir cette courte cote (100 mètres de gain d’altitude). Ça monte dré dans le pentu, sans vraiment de sentier. En arrivant au sommet, le parcours redescend directement dans la vallée. On perd 100 mètres de dénivelé. Il faudra emprunter le même sentier au retour.
Je commence la dernière grosse montée sur cette route pour 4x4. Quelques 4x4 passent en soulevant des nuages de poussière et j’utilise mon buff pour me protéger. Ils doivent monter au ravitaillement. Je vois quelques frontales au loin devant moi. Elles apparaissent et disparaissent au gré des virages. Je vois mon ombre sur le chemin, et me retourne, mais je ne vois aucune frontale. Je me retourne plusieurs fois, mais je ne vois pas de frontale ? C’est une hallucination ? Non en fait c’est la lune qui dessine mon ombre au sol. J’en rigole encore… J’en profite pour regarder le ciel et toutes les étoiles, c’est superbe. J’ai vraiment de la chance d’être ici… Il n’y a pas de nuage, et la nuit était très belle, mais très froide. Je vois aussi le bord de la falaise au-dessus de moi, et des frontales qui éclairent les arbres. Ils sont sur le dernier tour du Mesa.
Je n’ai ni gagné ni perdu de position. Je réduis la distance avec les coureurs devant mais ils sont encore loin. Je croise encore quelques coureurs dans leur descente vers BMX.
GUACAMOLE 1 : 143km -> GUACAMOLE 2 : 149km – 1:54’ / 22h27
Quand j’arrive au ravitaillement, je passe sur le tapis de chronométrage puis vais boire un coca au ravitaillement. Un volontaire m’indique le chemin à suivre. Il me faudra quelques minutes pour trouver le bon sentier. Cette boucle est difficile à suivre et je croise un coureur qui me dit de rester attentif au fléchage. Cette boucle est interminable. Des coureurs se perdent. C’est le fléchage, et aussi la fatigue! Je double quelques coureurs et c’est bon pour le moral. Je rencontre 3 coureurs dans la mauvaise direction, même avec 6 yeux ils ne sont pas arrivé à suivre le fléchage. Ils continuent la boucle en sens inverse. J’espère qu’ils ont fait la boucle en entier et ne seront pas devant moi sur la ligne d’arrivée. Maintenant, je commence a être attentif au classement. Je croise quelques coureurs qui commence leur boucle, et finis enfin ma boucle et arrive au ravitaillement. J’ai perdu une heure sur mon estimation sur cette boucle de 6km. Le GPS me donne 9.4km.
GUACAMOLE 2 : 149km -> VIRGIN BMX : 158km – 1:20’ / 23h47
Ici je rencontre de nombreux coureurs sur leur dernier tour. Je suis motivé et essaie d’accélérer en pensant à cette longue descente sur cette route en terre. Je pense à terminer cette course en moins de 24 heures. J’ai 1h30 pour courir 12km. Je reprends la course, et continue aussi longtemps que possible sur cette descente. Je double quelques coureurs qui marchent. Je rencontre des coureurs qui marchent dans la montée, et je pense rencontrer Nico… J’ai toujours un mot d’encouragement “Good Job Runner”
Je profite de cette descente et me sens fort. En regardant ma vitesse après la course, je me rends compte que j’étais très lent. Mon kilomètre le plus rapide dans cette descente était 5’31”/km, mais après 150km, j’avais l’impression d’être rapide!
J’arrive dans la dernière montée. Cette cote de 100m, puis 100m de descente. Elle se passe bien et je commence à penser à la buckle après ces 100 miles. Ça va être juste pour finir en moins de 24 heures. Mes tendons sont douloureux, mais je continue à y croire. Les coureurs que je croise me demandent s’ils devront repasser par cette cote de 100m de nouveau et je leur confirme, et ils donnent des noms d’oiseau a l’organisateur! Cette fois je franchis la rivière avant de mettre les pieds dans la boue. Les chaussures seront boueuses pour la photo sur la ligne d’arrivée.
Le parking du ravitaillement est cette fois remplis. Je loupe Nico qui se changeait dans la voiture avant la dernière boucle. Je pointe au ravitaillement et laisse mon sac dans la zone pour le retour à l’arrivée sans m’en servir. Il est 5h47 et je ne passerais pas sous les 24 heures de course.
VIRGIN BMX : 158km – VIRGIN : 161km – 29’ / 24h16
Une dame m’aide à trouver la bonne route, entre les voitures garées de partout. J’appelle Delphine pour lui confirmer mon arrive dans une vingtaine de minutes. Elle confirme que Lino m’attend à l’arrivée et elle va le rejoindre. Elle vient d’aider Nico à se changer à VIRGIN BMX.
Je suis seul dans cette longue partie dans le noir. Aucune frontale devant, et aucune derrière. L’émotion m’envahit. Je profite de ce moment, et quelques larmes montent ! Il y a des mois d’entrainement, la fatigue de ces 24 heures de course, donc toutes ces émotions liées à la fatigue font que je suis vraiment avec des émotions très fortes.
Les 2 derniers miles sont très long et chaque virage à droite m’éloigne de la ligne d’arrivée. Il y a une barrière avec une chaine pour entrer dans le village de Virgin. J’ai du mal à remettre la chaine, et j’entre finalement dans les rues illuminées de Virgin. Je suis seul dans les rues endormies de ce petit village. Il me faut encore quelques minutes pour descendre vers la rue principale. Je pensais qu’un policier ferait la circulation pour nous aider à traverser comme à Leadville, mais ce matin, je suis seul et je dois laisser passer quelques voitures avant de traverser la route. Je ne suis pas à quelques minutes prêtes.
Encore 100m et je traverse la ligne d’arrivée en 24h16. Je l’ai fait. Je suis si content ! Je partage ce moment avec Lino et Delphine. C’est 5 heures de mieux qu’a Leadville, Nouveau PB (Personal Best : record personnel).
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Je vais à la tente pour choisir ma boucle de ceinture. La buckle c’est ce que l’on vient rechercher aux USA. Elles sont tout faites à la main et sont toutes différentes, dans des couleurs différentes. Ils utilisent des feuilles, cailloux, branches trouvées le long du parcours. Leur taille est moins grosse que celle de Leadville, donc il sera plus facile de l’utiliser au quotidien.
Il faisait si froid sur la ligne d’arrivée que Lino et Delphine étaient gelés, mais très content de m’entendre dire que j’aimerai rentrer à l’hôtel tout de suite. Beaucoup m’ont demandé combien d’heures j’ai dormi après la course, mais le corps est rempli d’endorphines et les muscles étaient si douloureux que je ne pouvais pas dormir. Je suis reste au lit une trentaine de minutes après la douche mais je ne pouvais pas dormir.
Je suis donc descendu prendre un gros petit déjeuné. J’ai pris aussi des cachets pour les douleurs, et j’ai réussi à faire une sieste de 30 minutes.
Francesco a fait une bonne course sur le semi-marathon et il nous rejoint à l’hôtel, puis nous allons à Virgin voir l’arrivée de Nico. Nico termine son 100 miles en 30 heures, avec ses enfants. Très heureux lui aussi de cette 2eme buckle.
On profite de l’après-midi pour manger et boire quelques sodas au soleil. Nico est au lit et on le retrouve quelques heures plus tard pour quelques bières pour célébrer nos résultats.
On va au lit tôt ce Samedi soir, et on se retrouve tôt le Dimanche matin au petit déjeuner. Cette fois c’est un gros petit déjeuner pour reprendre quelques calories. Beaucoup de coureurs à l’hôtel ont du mal à marcher !
Après Leadville 2012, on a fait un remake de notre photo, Jules est plus grand et Eliott est arrivé :
Un banc, 2 coureurs, 2 buckles :
2012 - LEADVILLE
2019 - ZION
... En attendant la 3eme Buckle.
Merci à ceux présent a Virgin, merci a tous vos messages pendant ce superbe voyage aux USA !
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2 commentaires
Commentaire de bubulle posté le 04-06-2019 à 18:08:41
Récit sympaoù on retrouve l'esprit des courses US......merci pour tout !
Si tu as l'occasion et l'envie d'y retourner, je ne peux que te conseiller le Silverheels 100 miles dans le Colorado, début juillet. Je pense que plus roots, on peut difficilement faire...à côté Leadville ou Hardrock, c'est la Maxi-Race....:-)
Commentaire de Khanardô posté le 06-06-2019 à 16:18:14
Salut Jérôme. Quel plaisir de te relire. Bien loin du Chaberton et du Vercors, mais si proche encore néanmoins dans mon coeur.
A un de ces jours peut-être ?
Et bravo pour cette course !
Alain
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