L'auteur : Thomas74
La course : Trail des 3 Couvents - La Grande Chartreuse - 46 km
Date : 28/4/2019
Lieu : St Laurent Du Pont (Isère)
Affichage : 1668 vues
Distance : 46km
Matos : Chaussures Altra Olympus 2.5
Objectif : Balade
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Gardant de bons souvenirs de l’édition 2018 je décide de rempiler pour cette année. Puis c’est cool cette course on démarre à 8h… petit tour sur le site web : départ à 7h30. Merde. Bon ce n’est pas grave je ne suis qu’à une heure de route… petit tour sur viamichelin : 1h40. Merde. Eh bien réveil à 4h20 dimanche matin, ça pique. Mais bon assez mal dormi, toujours peur de ne pas me réveiller à temps… bref. Du METALLICA surpuissant (Ride the Lightning) dans la voiture me réveille et j’arrive avec la patate.
Sur place je retrouve l’ami katman, je prends de ses nouvelles, toujours blessé, il compte gérer tranquille. Je bois un petit café vite fait et zou, sur la ligne de départ. 3-2-1-bim, je laisse passer touuut le monde, mais absolument TOUT le monde. Mon état d’esprit est d’aborder ça comme une sortie longue pour préparer le gros morceau de fin mai : le GR73. Je suis dernier, ou quasiment. L’année dernière, terrain sec, j’avais mis 8h19. Les conditions du jour sont hivernales donc je me dis, 8h20-8h30, en finissant à l’aise, ce sera très bien !
De saint Laurent du Pont (km 0) au Pont Saint Bruno (km 18)
Je connais le parcours, j’arrive avec pas mal de volume dans les jambes. Une petite fatigue globale mais je me suis reposé les trois jours précédant la course. La tête est là. Première montée : ça bouchonne comme je l’avais anticipé. Le rythme des derniers est lent, le cardio ne bouge pas, c’est l’échauffement. Je suis l’un des rares sans bâtons alors que tout autour de moi ça pic-pic-pic allègrement. Je suis curieux de voir ce que je vaux sur cette distance et ce terrain glissant (boue/neige du début à la fin) : eh bien franchement aucun souci. C’est même très ludique et joueur, je m’éclate bien. Moi qui la plupart du temps ne jure que par le soleil et les sentiers secs, je me prends à vraiment savourer l’instant présent. S’appliquer à poser les pieds correctement. Les mains libres. Un début de saupoudrage blanc aux alentours. La Chartreuse s’en retrouve embellie.
Arrivé en haut, je constate avoir mis 1h20… contre 1h15 l’année dernière. Je pensais avoir à tort mis 1h l’an passé donc sur le coup je me dis « ah ouais quand même… ». Mais je ne m’emballe pas, je reste à mon aise. Hop première descente sur piste entre neige et boue. Là débute le mode pacman : reprendre petit à petit les coureurs que je vois devant moi, lentement mais sûrement. J’adore doubler et déteste quand c’est à moi que ça arrive. Partir doucement et finir fort.
Une courte montée un peu technique, très sympa et on redescend, sur le sentier je double enfin katman (je commençais à me dire qu’il allait me mettre une mine, bien que blessé et moins entrainé ! Haha). Un petit coucou et je continue. Nous voilà sur une ancienne route fermée à la circulation. Le vent est passé par là, c’est plein de cailloux et d’arbres tombés, c’est génial. On franchit le tunnel des agneaux (faut lever un peu les pieds). A la sortie, la vue à droite est superbe, tout est drapé d’un manteau blanc. Cette lumière hivernale particulière confère une ambiance mystique. Putain, je suis content d’être là. A notre gauche le premier couvent, la Chartreuse de Currière avec sa zone de silence.
https://www.youtube.com/watch?v=dOZHrFTIrCY
Du pont Saint Bruno (km 18) à la Correrie (km 29)
Arrivé au premier ravito en 2h40 contre 2h30 l’année dernière. Je ne traîne pas, arrêt une minute pour manger et je repars dans la foulée. J’ai assez d’eau pour tenir jusqu’au prochain ravitaillement. Deuxième grosse montée, la plus dure selon mon souvenir. Mais en fait non, je suis super à l’aise, le but ne pas monter le cardio, rester dans ma zone de confort, mais je continue à reprendre des places progressivement. La météo jusqu’à présent est à l’alternance entre petite pluie, forte pluie avec du vent, grésil… mais parfois il neige, parfois nous avons quelques brèves éclaircies, autant de stimulations pour le corps et le cerveau, nous sommes dans les éléments…
Photos avec l'aimable autorisation de : Thomas Capelli photographies - La Chartreuse à l'état pur - https://thomascapelli.fr/
Le col d’Arpison avalé, il nous reste à redescendre jusqu’au prochain ravitaillement. Cette partie est un peu plus technique, ça glisse sans arrêt, je m’applique à ma foulée, quelques glissades au passage c’est marrant… sans oublier de lever la tête pour de temps en temps contempler le décor.
De la Correrie (km 29) au Col de la Sarriette (km 38)
Second ravito atteint en 2h contre 2h10 l’an passé. Cool me voici dans les mêmes temps qu’en 2018. Ravitaillement express, je mange un peu, rempli mes bouteilles, deux minutes max et en route. On passe à proximité du deuxième couvent, plus en retrait, celui de la Grande Chartreuse (à 2km du musée qu’on peut visiter). Voilà on a fait les 2/3 du parcours, les sensations sont très bonnes : je me décide d’allonger un peu plus le pas, d’être moins en touriste, et de voir ce que ça va donner. Une dernière montée, moins raide que les précédentes mais plus longue… plus que dans mon souvenir, d’ailleurs. D’autant que c’est tout dans la neige, la vitesse est moindre. Un petit groupe me double d’un bon pas au début : pas question de me laisser distancer, je m’accroche au wagon. Ils ralentissent au milieu tandis que je tiens le rythme. Je m’efforce de trottiner quand je peux sans me mettre dans le rouge. Un autre gars est avec moi, un chouilla plus lent peut-être mais son rythme me convient bien. Je reste sagement derrière afin de me préserver pour la suite. Je le largue après mais une grosse envie de ch… me pourrie un peu la montée et me fait perdre quelques minutes pour faire mon affaire une fois enfin trouvé un fichu coin sur ce single… et puis punaise, elle n’en finit pas cette montée… pfiou, légère baisse de moral à ce moment (comme quoi même sur une distance dite moyenne ça arrive). Le temps de finir ce que j’ai à faire, le petit gruppetto que j’avais déposé me redouble. Oui mais non ! Je les dépasse à nouveau.
Une courte descente avant un dernier coup de cul et enfin voilà le col de la Ruchère qui signe la fin de cette montée longuette. Je regarde ma montre : malgré le petit coup de moins bien, j’ai mis 25 minutes de moins que l’année dernière.
Du Col de la Sarriette (km 38) à l’arrivée (km 46 ? 48 ?)
Ravito très rapide au Col de la Sarriette. Il reste une dernière longue descente technique. J’ai un gros coup de boost mental : même en étant aussi lent que l’année dernière, je ferai moins de 8h à l’aise. Je double un coureur fatigué, lui explique la suite, faut gérer tranquille. Je me sens encore super bien physiquement, les jambes RAS, la tête est là. J’aborde cette descente sereinement. Ça va être très technique, certainement encore plus difficile vu la neige et la boue. Mais je m’en fous. D’ici au dernier ravito j’y ai mis une heure en 2018. Je m’attends à ce que ce soit la même. Je trottine, me sens très à l’aise alors j’accélère un peu... aucun souci. Un déclic se produit. J’accélère à nouveau. Oh, bordel… à ce rythme si ça se trouve… je vais pouvoir jouer le sub 7h30 ? Moi ? A cette pensée me voilà devenu une bête sauvage. L’esprit de compétition, surtout contre moi-même, se réveille. Je déroule allègrement, joue avec le sentier, me sens être une flèche, complètement euphorique. Les cailloux, les racines, la neige, la boue, les dévers, n’ont pas d’emprises sur moi, les quelques coureurs que je rattrape sont autant de cibles à dépasser. Vroum, voilà le dernier ravito. Tout dévalé en 35 minutes. 7h10 de course. Il reste quatre kilomètres. C’est jouable mais faut pas traîner ! Je fonce. C’est à proximité que se trouve le troisième couvent (la Piquetière, visible depuis Saint Laurent du Pont), mais je n’y prête pas attention. Je cours, double un dernier coureur, l’encourage puis me concentre. La route remonte un peu, j’alterne marche rapide et trot. 7h20 de course. Deux kilomètres restant. Je déroule sous la pluie battante. Me retourne de temps en temps pour m’assurer que personne ne me rattrape (haha). Les jambes répondent moins. Je me mets à haleter de plus en plus, ne respire plus que par la bouche, focalisé sur mon objectif. Putain c’est dur ! Je tente de résister tant bien que mal mais j’accuse le coup, le régime baisse. Les 7h30 sont dépassées, c’est mort, mais je suis tout près du but ! Dernier regard en arrière, personne, devant voilà l’arche d’arrivée, j’accélère une dernière fois. Et voilà. 7h31 et quelques. Je reprends mon souffle. Repense à cette balade. Shooté aux endorphines. Le vent, la pluie, la neige. Je suis bien.
...
Une bière le temps de revenir sur terre, puis l’excellent plat de pâtes à la bolognaise me requinquent. L’organisation avec son équipe de bénévoles est géniale. Et chapeau d’avoir osé maintenir le parcours, on évite les replis bidons. Très bonne ambiance intra coureurs. Nombre plafonné à 200 max au moment des inscriptions : c’est ce qu’il faut, bien que ce ne soit pas de la longue distance on est parfois seul avec soi-même.
Je me rends de plus en plus compte que j’adore cette distance. Les ultras font rêver, oui. Mais on s’éclate tout aussi bien sur ces formats plus courts. Je reviendrai en 2020, en en faisant un vrai objectif chronométrique.
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4 commentaires
Commentaire de Rich posté le 01-05-2019 à 09:13:38
Merci pour ce récit et tes commentaires sympa Thomas. Passer de 8h19 en 2018 à 7h31 cette année, avec les conditions que vous avez eues et un parcours plus long de 2km, super progression. Et 35mn entre le RAV3 et le RAV4, tu as vraiment envoyé car j'estimais 30mn pour la tête de course. Avec le couteau entre les dents en 2020, les 7h n'ont qu'à bien se tenir...
Commentaire de Thomas74 posté le 02-05-2019 à 13:20:37
Oui le sub 7h sera l'objectif l'année prochaine. 30 minutes pour les plus rapides à la dernière descente ? Challenge accepted !
Commentaire de Katman posté le 03-05-2019 à 13:12:41
Magnifique course Thomas! En partant dernier tu as relevé un gros challenge, je te pensais largement devant moi dès le départ! Belle gestion, physiquement affûté, rien à dire!! Et bien beau récit, empreint de bien plus de note positives que ne le serra le mien. Je n’ai rien contre la course, bien au contraire, elle m’a trop posé de problème pour que je ne la respecte pas.. mais mes nausées ont muté en amertume lol...
Commentaire de Thomas74 posté le 03-05-2019 à 13:45:15
Il faut partir doucement comme ça on a les cannes pour relancer sur les derniers kilomètres. Tu reviendras en forme prendre ta revanche.
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