L'auteur : agneau667
La course : Marathon vies Vierdes - Girona-San Feliu
Date : 17/2/2019
Lieu : catalunya, Girona (Espagne)
Affichage : 461 vues
Distance : 42km
Objectif : Faire un temps
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Récit de mon premier marathon : Marathon de Gérone (Espagne) 17 /02/2019
Introduction
Je me présente : Pierre, 37ans. Marié, deux enfants (Lily et Loïs). J’aime le running. Je cours depuis une petite dizaine d’années.
En 2017 j’ai fait une vingtaine de 10km et un semi (en 1h43 ). Je m’étais dit que je devais faire un marathon avant mes 40ans.
Je trouve, début de l’année 2018, sur le net, un marathon qui se termine pile poil à l’endroit de mes rêves, dans la ville où je suis sorti la première fois avec ma femme, dans cette ville où je pars en vacances chaque année avec elle et mes 2 enfants : Platja d’Aro. C’est le marathon de Gérone. Je vois cela comme un signe, je dois le faire.
Après avoir bien insisté auprès d’un de mes amis (Anh Tuan), nous décidons tous les deux de nous inscrire pour l’édition 2019. Ce sera son premier pour lui aussi.
J’ai chaque fois eu des difficultés pour terminer les quelques semi-marathons auxquels j’ai participé et je décide donc, 6mois avant le marathon, d’arrêter de faire des compétitions de 10kms quasiment toutes les semaines pour m’entraîner en endurance et en faisant beaucoup plus souvent des sorties longues. Cela portera ces fruits, j’ai fait 1semi en septembre (le semi vert d’Amay, 1h41 avec de belles montées) et 1 autre en octobre (le semi de Herve, 1h37, un peu moins valonné) et ce sans avoir les jambes dures sur la fin.
Je décide de suivre un entraînement de 12 semaines fourni par le magazine « running coach ». Je prends l’entrainement pour faire le marathon en 3h30. Ce n’est pas du tout mon objectif (j’aimerais déjà le finir et je serai content si j’arrive à le faire en 3h45-3h50) mais au vu de mes temps sur semi-marathon je me dis que c’est peut-être réalisable.
Et donc pendant 12 semaines, je me coltine 3 à 4 séances hebdomadaires. Je dois bien avouer que si au début j’étais fort enthousiaste, les trois dernières semaines j’en avais vraiment marre et je décomptais les entrainements restants avant le marathon. (Et j’étais tout sourire lors de ma dernière sortie le mercredi précédent mon marathon !) J’ai néanmoins suivi l’entraînement à la lettre, remplaçant juste le semi-marathon par un trail de km.
Espagne, nous voilà !
Nous prenons l’avion à Bruxelles le samedi matin (ha oui, nous sommes Belges !) et atterrissons à Barcelone fin de matinée. Là, après 1heure d’attente, nous obtenons enfin les clés de notre voiture de location (ne réservez JAMAIS une voiture sur goldcar, gros conseil) et nous arrivons à Platja d’Aro vers 14h30. Vite au magasin chercher de quoi déjeuner (du pain de du fromage pour moi) et de quoi dîner le soir (des pâtes au poulet). Nous mangeons sur la terrasse de l’appartement. Il y a grand soleil c’est super agréable. Nous décidons d’aller à pied chercher nos dossards (2km). Arrivé au hall omnisport, nous remarquons qu’il y a une grande file pour le retrait des dossards pour le 10km, une file moyenne pour celui des 21km et personne pour celui du marathon. Il n’y a que 210personnes inscrites au marathon. Personnellement ca m’arrange assez, je n’aime pas être trop serré au départ.
Nous rentrons, dinons, petit film et au lit.
Jour J :
Debout à 5h30.
Et oui, le marathon de Gérone ne forme pas une boucle. Il part de Gérone pour finir à Platja d’Aro. Nous devons être au point d’arrivée à 7h du matin pour prendre le car qui nous amenera à Gérone où le départ se donne à 9h.
Difficile de déjeuner si tôt, je me refais des tartines de fromages, prépare mes gourdes (en ceintures) et prend mes 4 barres énergétiques. Petit tour aux wc et hop, on est parti !
Je suis super excité, tout heureux. Après 6mois d’entraînement, nous y sommes ! On se dit bonjour (hola) avec les autres (peut être) futurs marathoniens et on attend impatiemment pour rentrer dans le car.
H-2, catastrophe :
10minutes avant de prendre le car, je suis pris d’une envie soudaine d’aller faire la grosse commission. Cela m’arrive quelque fois avant une compétition, le stress. Je cherche donc tout mort dans le hall omnisport des toilettes, trouve enfin un wc homme, rentre à l’intérieur, baisse mon short, me penche et là, TCHAK, je me bloque complètement le bas du dos. J’ai une douleur fulgurante au niveau de mon coccix, je ne sais plus me relever. Je ressors tant bien que mal des toilettes. Mon ami m’attendait à la porte. Je le vois, lui dit que ca ne va pas du tout, me couche par terre, attend un peu. Ca ne passe pas, je décide de me relever, de marcher un peu, rien n’y fait je suis tout courbé, la douleur est bien présente et ne part pas. Je vais un peu m’isoler, pleure de rage. Je reviens vers mon pote, lui expliquant que je ne saurai jamais courir dans ces conditions. Il me dit qu’il ne faut surtout pas, de fait, mais que je peux quand même monter dans le car. Au pire j’abandonnerai sur la ligne de départ.
On rentre dans le car, je m’installe au milieu, juste devant la porte, pour pouvoir un peu étirer mes jambes. Tous les joggeurs dans le car ont le sourire aux lèvres, et moi je suis au bord des larmes, c’est immonde. Une des organisatrices prend le micro pour expliquer, en catalan, les dernieres consignes. On applaudit, elle sort. Ma douleur est toujours aussi atroce et je me dis que je ne tiendrai jamais comme cela dans le car. Je me lève donc, retourne à l’avant du car, demande au cariste si je peux prendre le micro, puis demande, dans un anglais pitoyable, si quelqu’un n’aurait pas une pommade anti-inflammatoire. Heureusement, un autre belge assis à l’avant comprend ma demande, et redemande, au micro, si quelqu’un pourrait m’aider. Je reçois alors d’un espagnol une pommade. Je ne sais pas du tout ce dont je me suis tartiné mais je remercie de tout cœur cet homme. Cela m’a permis de faire le voyage en car, j’ai même un peu somnolé.
H-30min : arrivée à Gérone :
Nous sortons du car, la douleur est toujours présente mais me semble un peu plus supportable. Je dis à mon ami que je vais un peu courir, voir si c’est faisable. Je commence à trottiner et après 50m je dois m’arrêter, la douleur me coupe la respiration. Mes dernières illusions s’envolent, je pleure à nouveau et ne voulant pas que l’on me voie, part en marchant dans des ruelles de Gérone. Je râle, je crie, je suis vulgaire… Après quelques minutes, je remarque que je n’ai pas plus mal en marchant qu’en restant immobile et je décide de refaire un essai, en trottinant très lentement. Et là ca marche ! J’ai mal, mais c’est supportable, je ne dois pas aller trop vite (9,5km/h max) mais j’arrive à respirer et je trouve même que c’est moins douloureux en courant qu’en ne faisant rien du tout. Je vais revoir mon ami, lui explique que je vais tenter le coup, en abandonnant au pire au premier ravito et en me donnant comme objectif à chaque fois le ravitaillement suivant. Je lui dis aussi que je courrai à du 9,5km/h, donc qu’il ne doit surtout pas m’attendre (Anh Tuan partait pour le faire en 4h, avec une base de 11km/h).
Je retrouve ensuite deux personne du groupe facebook « marathon’s addict » qui m’encouragent aussi (un tout tout grand merci) et une des deux personne me refile 3 anti inflammatoires. J’en prends un de suite, on verra pour la suite. Je décide de laisser ma ceinture-gourde dans le car, impossible de la prendre avec mon mal de dos et met dans mes poches mes barres vitaminées.
H-5min :
Tout le monde est sur la ligne de départ et il y a un abruti qui fait des vas et viens sur la place pour ne pas avoir mal au dos. (si t’as pas compris, l’abruti, c’est moi). Le fait de courir ainsi me fait remarquer que je peux tenir l’allure de mon pote sans problème.
Départ :
C’est parti. Enfin, on voit les coureurs partir car avec mon pote on est à 100mètres du départ, ben oui je trottinais toujours. On passe la ligne de départ, j’ai l’impression que mon visage va se déchirer tellement je souris. Je suis heureux. Mais craintif, j’ai peur de ce qui va arriver avec mon dos.
Avec mon ami on dépasse petit à petit des joggeurs, s’arretant à hauteur des francophones pour leur parler. Nous sommes d’ailleurs tombés sur un francais, super sympa, qui faisait le marathon en crocs…
Nous arrivons au premier ravitaillement. Mon ami me demande si je continue et là, je suis étonné, je remarque que cela fait 1bon kilomètre que ma douleur a quasi disparu. Nous continuons ensemble mais je remarque que j’ai envie d’accélerer et que d’un autre coté, je fais souffrir mon pote à vouloir aller un peu trop vite pour lui. On continue ensemble, on se marre, on passe vraiment de chouettes moments. Au ravitaillement du 10km, il s’arrête pour boire (je bois toujours en courant) et cela m’oblige à fortement ralentir. Je lui explique alors que je vais bientôt essayer de courir à ma vitesse prévue. Il me dit d’y aller.
Km12- seul au monde :
Vers le 12ème km, j’abandonne donc mon pote, en me trouvant intérieurement un peu dégueulasse de le laisser seul. Je me retrouve aussi seul, dans tous les sens du terme ( je te rappelle qu’on est 200partants). Je cours à une vitesse d’un peu moins 12km/h avec pour objectif à chaque fois de rattraper la ou les personnes devant moi. A chaque fois que je rattrape un groupe, je reste un peu avec eux, tape la causette si ils en ont envie puis réaccélère pour rattraper le groupe suivant.
J’ai ainsi pu parler avec une femme de 48 ans qui faisait son 98ème marathon (chapeau) et à un barcelonais qui en était à son 114ème (rechapeau). Cela m’a permis aussi de remarquer que mon anglais était encore satisfaisant. Surtout, mais surtout, je m’amusais comme un fou, profitant chaque instant des paysages (le marathon se déroule sur une ancienne voie de chemin de terre). J’arrive au 21ème km, 1h56. L’objectif de finir en moins de 4h est réalisable (pour le reste on va oublier !)
Km30- Mais il est ou ce mur ?
Ben en fait, on nous a menti, il existe pas le mur du 30ème km,c’est juste une légende…
En fait il se trouve au km 36 !
Km 36- Allo mes jambes ?
Cela faisait 2,3km que je suivais un petit jeune qui était le lièvre parfait (12km/h) et je commençais à me dire que j’allais le doubler pour que lui aussi se serve de moi comme lièvre quand ma jambe gauche commenca à se durcir. Je ralentis alors, tournant au alentours de 10,5km/h, me disant que ca va passer, que c’est juste une raideur. Mais non ça ne passe pas. Enfin si, ça passe : de la jambe gauche à la jambe droite et ainsi de suite. J’essaye de me rassurer, me disant que j’ai bu à chaque ravitaillement, gardant à chaque fois la bouteille d’eau pour boire à petites gorgées pendant 2 kms, rien n’y fait. Cela ne part pas. Je décide alors de marcher un peu, pour faire partir la douleur. Bonne idée, elle est partie, mais pas de suite : dès que j’ai commencé à marcher une grosse crampe me prend la jambe gauche. Je continue à marcher 200m en glaudiquant, massant ma jambe pour que la crampe parte. Cela fonctionne. Je recommence à courir, j’ai les jambes raides, mais hors de question de m’arreter à nouveau, je ne veux plus revivre cela !
Km40- Arrivée à Platja d’Aro.
Ca y est ! Je suis en terrain connu. J’ai fortement ralenti, du 10km/h plus ou moins. La personne devant moi est à la même vitesse et la personne derrière moi n’arrive pas à me rattraper, je me dis qu’on doit tous être dans le même état. Cela me fait penser au livre « marche ou crève de S.King ». J’arrive sur la digue, et là apparement on enmerdait plus qu’autre chose les gens. La digue était bien remplie de personnes (c’était desert sur tout le parcours sinon) et on devait slalommer entre les passants. Cela n’empeche pas mes lèvres de s’étirer au maximum, je suis heureux, j’y suis presque !!!
Km42- Finisher !!!
Je tourne à gauche dans une petite rue, l’arche est plus loin, dans le fond. C’est un grand moment. Les marathoniens qui viennent de finir m’encouragent, me félicitent sur le parcours, certains se rappelant le grand blessé du car. J’arrive sur le tapis (rouge ou vert, je ne sais plus) passe l’arche d’arrivée. HEU-REUX.
Je regarde ma montre, il me faut du temps pour comprendre. Au départ, je ne me voyais pas finir, à la mi course j’ambitionnais les 4h. J’ai fait 3h49m21s.
Je prends vite une bouteille d’eau et retourne sur le parcours, je ne veux pas rater mon pote ! Là j’encourage à mon tour les arrivants, tapant dans les mains des joggeurs avec qui j’ai papoté sur le parcours. ET mon pote arrive, heureux lui aussi. Son temps 4h15m.
Il me dit en arrivant. « Je suis heureux, mais c’était mon premier et mon dernier ! ». Mon œil, là il se prépare pour le marathon d’Anvers en avril !
Post-marathon :
Bon la partie moins drôle maintenant, l’apres marathon. Mon corp se refroidit assez vite et 30min après l’arrivée, ma douleur dans le bas du dos a fait un retour fulgurant. Le soir on va au resto, ca passe encore. Le lendemain matin, je ne sais de nouveau plus me tenir droit. Le retour en Belgique est un enfer et dès mon arrivée je prends rendez vous le soir même avec mon osthéopathe.
Je me suis bloqué le dos car tous mes muscles étaient tendus à max à cause de l’excitation du départ et j’aurais fait un faux mouvement en me penchant pour m’assoir sur les toilettes. Le côté rassurant : le fait d’avoir fait le marathon n’a aggravé en rien mon blocage ( j’aurais eu juste eu mal beaucoup plus tôt, le fait d’avoir couru a gardé mes muscles au chaud). Mon osthéo me débloque en partie en me donnant un rendez vous le jeudi pour finir le boulot.
Le mardi je vais donner cours (ha oui, je suis prof de math) , j’ai mal mais ca passe. Le mercredi je retourne à l’école et là je me fais une énorme contracture sur tout le coté gauche du dos en sortant de la voiture. J’en hurle de douleur. J’arrive salle des profs, ca passe. Je me relève à un moment, tout baigne, et 30sec plus tard la contracture revient, pire. Je rentre chez moi, dans la voiture, tout va. Je n’ose pas en sortir, de peur d’avoir encore cette maudite contracutre. Je le décide tout baigne, et 30 sec apres, c’est repartir. Grosse contracture. Je prends vite rendez-vous chez mon osthéo (et chez ma doc).
Le verdict est sans appel, tous mes muscles sont en train de se contracter car je ne les ai pas assez alimenté apres mon marathon et ils continuent à demander énormement d’energie. Mon osthéo ne veut pas me manipuler, je dois d’abord me soigner
Je reste donc 4 jours la plupart du temps au lit, sous valium, à boire enorrmement d’eau, de boissons sucrées et à m’enfiler de barres énergietiques. Malgré tout cela je perds 2kg.
Je revois mon osthéo ensuite, il me débloque la fin de mon dos et maintenant tout roule.
C’est ma grosse conclusion pour mon futur marathon (et oui j’en referai !) Penser à l’apres marathon, bien boire et bien manger.
Après le marathon de Gérone, j’ai bu quelques bières mais quasi pas d’eau. Le lendemain pour repartir en Belgique, j’ai juste bu 2 cafés et n’ai pas mangé…
Dans les entraînements marathons, il est toujours bien expliqué ( et de très bonne façons, je ne critique pas) comme se préparer mais on ne parle que très rarement de ce qu’il faut faire après un marathon.
Alors gros conseil : après un marathon, bois bois bois, mange du sucré. Et pas que 24h, il m’a fallu 10jours pour ne plus perdre de poids !
Merci de m'avoir lu !
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