L'auteur : le centriste
La course : Marathon des Puys
Date : 22/10/2017
Lieu : Clermont Ferrand (Puy-de-Dôme)
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Distance : 42.195km
Objectif : Terminer
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Le dernier (?) rendez-vous de ma saison était fixé à 9hrs le dimanche 22 octobre à Clermont-ferrand. J'avais réussi à poser mon samedi afin de mettre toutes les chances de mon côté pour réussir mon premier marathon.
Le moins que l'on puisse dire est que la veille de la course ne fut qu'une longue attente. Ma femme et mon fils partirent faire du shopping à Clermont et du coup je n'avais pas à me soucier du dossard, ils le prendraient entre deux magasins. Je restais à la maison avec ma fille en tentant de me concentrer sur ce qu'elle pouvait avoir à me dire. Il m'en fallut de la concentration car comme d'habitude elle avait décidé de ne pas respirer, trop occupée à parler sans cesse. La journée sembla durer une éternité, impatient que j'étais de savoir ce que ma préparation allait donner. A ce moment là je ne sais toujours pas avec quel meneur d'allure je vais partir. Celui des 4hrs? J'ai peur de le regretter à la fin en me rendant compte que j'aurais pu faire bien mieux. Celui des 3h45? L'idée me paraît bonne mais ceux qui me connaissent n'arrêtent pas de me rabâcher que je devrais viser les 3h30. Celui des 3h30 donc? J'ai pas vraiment de repères sur route mais 42 bornes à 5mins/km, cela me paraît bien trop optimiste pour moi. J'ai fixé ma préparation sur 4hrs, préparation quelque peu tronquée donc autant les 4hrs me paraissent un poil pessimiste, autant les 3h30 me paraît un objectif bien trop haute. En fin de journée je me décidai donc pour suivre les 3h45. Après tout mon objectif de départ sur ce premier marathon est d'arriver en moins de 4hrs, voire en moins de 3h45 si possible.
Il est 6hrs ce dimanche 22 octobre quand le réveil sonne. Le temps de m'enfiler un bon petit déjeuner, de m'habiller et toute la famille est dans la voiture alors que 7hrs n'a pas encore sonné. Non seulement je fais lever tôt ma femme et mes enfants mais en plus ils doivent se coltiner mon stress. Sympa le dimanche. Il n'est pas encore 8h15 quand on trouve une place pour se garer à proximité de la place de Jaude. L'heure du départ est encore loin mais on ne peut pas dire qu'il y ait foule et une animation du tonnerre. Je trottine un peu avec mon grand, je me change, un petit pipi et le départ ne va pas tarder. Il devait y avoir un sas de départ pour les coureurs solo, un pour les duos et un pour les quatros et en fait il y a...rien. Tout le monde est mélangé et à cinq minutes du départ les meneurs d'allures sont aux abonnés absents. A deux minutes du départ les 4 hommes drapeaux arrivent et se mettent directement sous l'arche. Par chance, je me suis mis devant, je me dis que le trou ne sera pas trop dur à combler mais nombre de coureurs n'auront pas cette chance et n'auront donc pas pu profiter de cette aide. C'est maintenant l'heure du départ.
Je savais qu'il ne fallait pas que je parte trop vite du coup j'avais branché mon appli et grâce à mes oreillettes je connais mon rythme kilomètre par kilomètre. Malgré tout je pars vite. Je rejoins le meneur des 3h45 et je l'entends dire que le meneur d'allure des 3h30 est parti comme un dingue. Grand bien lui fasse, j'ai peur de rien moi! Je décide donc, contrairement à toute logique et la tactique que j'avais décidé, d'essayer de le rattrapper. Idée de génie. Premier kilomètre: 4"40. Je me dis que je vais trop vite et en plus je rattrappe absolument pas le meneur des 3h30. Deuxième kilomètre:4"38. Je sais que je dois ralentir car je dois être facile sur les premiers kilomètres mais je le fais pas. Je sais aussi que je cours à ma perte en courant comme ça. Troisième kilomètre: 4"40. Pour courir en 4hrs je dois faire des kilomètres en 5mins40 et là je cours une minute plus vite par kilomètre. Faut vraiment que je ralentisse. Sur les 10 premiers kilomètres il n'y en aura que deux au dessus des 5mins/km et je passe la première dizaine en 48mins 42scdes. Je suis plus qu'en avance sur mon objectif.
J'enchaîne.Entre le 10ème et le semi marathon je tournerais entre 4"50 et 5"20 du kilomètre. C'est débile, je vais bien trop vite et je le sais, mais comme je me sens bien je continue. Je me dis: "encore un et je ralentis...encore un et je ralentis..." et je passe les bornes sans fléchir. Du coup je passe le semi en 1h45 environ. On slalome beaucoup sur la chaussée, on monte les trottoirs, on descend, le parcours est pas exceptionnellement beau c'est clair. J'avais peur de perdre du temps au ravito à cause du monde mais en fait pas du tout. Je commets l'erreur, que je savais devoir éviter, de ne pas m'arrêter aux ravitos ni même de ralentir. Je chope un verre à la volée et vogue la galère. J'ai pris ma ceinture et deux flasques du coup je ne manque de rien. L'arrivée sur la place de Jaude qui marque la fin de la première boucle me fait du bien moralement puisque ça marque la fin de la montée. Il faut savoir que ce marathon est pas hyper plat: une partie plutôt descendante pour commencer, 50m de D- sur les cinq premiers kilomètres, et une partie en montée ou faux plat montant pour finir avec 75m de D+ sur 6 kms. Franchement j'ai l'habitude des trails mais là je dois avouer que lorsque je suis arrivé sur la place de Jaude je me suis dit que la fin de la deuxième boucle, la partie en montée quoi, allait faire mal.
J'ai passé la mi-course largement en avance sur mon objectif des 4hrs et même sur celui des 3h45 puisque je suis dans un rythme qui m'emmènerait vers les 3h30. J'enchaîne toujours et du 21 au 31ème kilomètre un seul kilomètre se fera en plus de 5min20 (5"36). Pourtant, lorsqu'arrive le 28ème kilomètre je me dis que ça va être impossible de tenir ce rythme et que la course va rapidement se compliquer. Ce n'est pas pour autant que je ralentis mais j'ai l'impression d'être collé à la route. Au 31ème je commence à être dans le dur, je le boucle en 5"45 mais c'est pas le temps qui m'inquiète, plutôt la manière. A ce moment là je sais que je finirai normalement sous les 4hrs. De mémoire c'est lorsque l'on arrive aux lignes de tram que j'explose. Il ya un peu de monde, un peu d'encouragements mais le verre d'eau et le sucre qui avaient rallumé ma flamme quelques minutes auparavant me semblent bien loin. Au 35eme kilomètre je m'arrête une première fois mais je repars. Au 37eme j'explose.Il me faudra 7mins 33 secondes pour le boucler. Je ne suis plus lucide, je ne pense pas à m'arroser la tête ou les jambes, je suis vidé. Plus de carburant, plus de mental. J'ai pourtant bien mangé et j'ai bu suffisamment je pense. J'enlève mes écouteurs, savoir mon temps au kilomètre ne m'avancera à rien. Je regarde juste le temps global et je me dis qu'avec un peu de chance et de volonté je devrais passer sous les 3h45. Je marche plus que je ne cours et franchement il me semble être le seul à marcher. Je reçois quelques encouragements des autres coureurs. L'un me dit de profiter de la descente pour récupérer. J'ai juste la force de lui dire que je ne fais que ça récupérer en ce moment, que c'est repartir que j'aimerais bien. On rigole mais je n'avance pas plus. Je peste tout seul au milieu d'immeuble. Je me souviens d'un coureur qui me dépassera à bonne allure. En vélo on aurait même dit qu'il m'a déposé. Je le vois se retourner et m'encourager: "ça se fini un marathon. Allez!". Lui le court en duo mais j'avoue que ça fait du bien à entendre et je me remets à trottiner. La partie montante est un calvaire. Je m'attends à voir l'homme-drapeaux des 3h45 fondre sur moi avec son groupe mais il n'en est rien pour le moment. Ma femme m'envoie un SMS pour me dire que le meneur des 3h30 vient d'arriver et me demande où je suis. Je lui réponds que je ne suis pas loin mais que j'ai explosé en vol.
Explosion ou pas l'arrivée se rapproche. Ma femme m'annonce qu'elle est les enfants sont après le Mc Do donc je garde mes dernières forces pour trottiner par là-bas. La montée se termine je redémarre avec l'énergie du désespoir. Virage à gauche puis à droite , la place se profile. Je perds un peu de temps à chercher ma petite famille mais j'arrive à ne pas les louper! J'embrasse ma fille et mon petit m'emboîte le pas pour finir et je franchis la ligne avec lui. Je n'apprendrais que le soir mon temps officiel: 3h 43mins 54secondes! Objectif plus qu'atteint! Je ne suis ni surexcité ni ému, je suis juste mort de fatigue, heureux et fier. On me débarrasse de ma puce, on me passe la médaille autour du cou et on me dit d'aller chercher mon fromage! Pour la petite histoire ma femme m'annoncera que le meneur des 3h45 a fini dans le même temps que moi vu que j'ai perdu de nombreuses secondes à chercher ma famille mais ça n'a aucune importance. J'ai fini, j'ai atteint mon objectif et je ne rêve que d'une bonne douche. Par chance elles sont dans un gymnase proche de l'arrivée.
En conclusion (de ce pavé), moi qui avais dit que je ne ferais jamais de marathon éprouve une grande fierté. De l'avoir fini bien sûr mais aussi (et surtout?) de l'avoir bien préparé en m'accrochant malgré les événements contraires, sportivement parlant, de l'été. De m'être fixé un objectif, qui se sera révélé cohérent, et de l'avoir atteint. Je préfère définitivement le trail mais j'avoue avoir hâte de refaire un marathon pour voir si je peux faire mieux en évitant les erreurs que je connaissais mais que j'ai tout de même commis. Je dois aussi avouer que c'est bien plus dur physiquement que ce que je pensais. J'ai eu bien plus mal aux jambes le soir et les jours suivants que pour le trail de 42kms que j'ai fait au printemps! Dernière chose, j'ai du mal à retrouver la motivation pour courir. J'y vais par habitude et par envie aussi mais il y a un peu de lassitude, la coupure va me faire du bien je pense.
En ce qui concerne le marathon des Puys à proprement parler, il m'est difficile de juger et je ne peux comparer puisque c'était mon premier marathon. Je dirais juste que je m'attendais à un parcours plus plat que ça (220m de D+ au total, autant de D-) et que courir en ville, surtout faire deux fois la même boucle n'est pas ce que je préfère. Il aura fallu beaucoup bifurquer et la circulation était vraiment présente. De ce que j'ai entendu des autres marathoniens, l'ambiance était pas vraiment géniale voire absente, aussi bien sur le parcours qu'au départ et à l'arrivée par rapport à d'autres marathons. Les ravitos étaient conséquents en quantité mais l'organisation absente lors de la première boucle. Lors de la deuxième c'était mieux: on nous tendait les verres, le sucre etc etc...Après je pense qu'il ne faut pas oublier que c'était une première édition et après tout l'essentiel est atteint: offrir des licences sportives à 200 enfants par le biais du Secours Populaire partenaire de la course!
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