L'auteur : Anne-Laure_70
La course : Swiss Irontrail T 201
Date : 28/7/2017
Lieu : Pontresina (Suisse)
Affichage : 2250 vues
Distance : 133km
Objectif : Pas d'objectif
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28 au 30 juillet 2017, St-Moritz-Davos
St Moritz est un petit village de bergers/vachers/paysans de montagne indigents . Ce hameau miséreux est situé au bord du lac du même nom dans un cadre de montagnes et de lacs absolument fabuleux, et ça c’est vraiment vrai : attention à la luxation de l’iris et à la fracture de la rétine.
Cette année encore, me revoilà au départ de cet ultra-trail dans les Grisons. Ce sera la quatrième année consécutive, après le T81 et le T121 en finisher, et le T201 en 2016, soldé par un abandon sur maladie au 140ème km dans des conditions météo dantesques (Ici : http://www.kikourou.net/recits/recit-19167-swiss_irontrail_t_201-2016-par-anne-laure_70.html ).
J’ai donc une revanche à prendre. A l’automne 2016, je fais donc du T214 mon unique objectif 2017. Je m’inscris dès le mois de décembre.
(Pass Lunghin lors d’une reconnaissance)
Mais en janvier, « mauvaise nouvelle » : je suis sélectionnée pour l’Ultra Trail du Mont-Blanc, alias UTMB, alors que je m’étais inscrite juste pour voir et être prioritaire l’année suivante. Zut, car il n’y a qu’un mois entre les deux courses. Nouveau planning : le T214 en objectif n°1, et l’UTMB en objectif secondaire, et si la météo n’est pas bonne au T214, se rabattre sur le T133 la veille du départ et faire de l’UTMB l’objectif principal.
(Forcellina lors d’une reconnaissance)
Mi-mai, une vraie mauvaise nouvelle cette fois : fracture de fatigue du 3ème métatarse du pied droit. 6 semaines à faire du Home Trainer, des exercices de renforcement musculaire, du gainage et à marcher sans plier le pied. Je révise encore une fois mon programme : ce sera le T133 du Swiss Irontrail fin juillet en mode entrainement/préparation et ne pas prendre le départ en cas de météo défavorable, et l’UTMB devient définitivement mon objectif principal 2017.
Pour moi, le plus du T133 : le départ est donné à 22h00. Ce sera donc une bonne préparation pour l’UTMB et son départ à 18h00 et une nuit blanche d’entrée de jeu, ce que je n’avais encore jamais expérimenté. De plus, je pourrai voir comment mon pied réagira. Autre plus : après la première montée, les parcours des T214 et T133 se rejoignent, et il y aura donc un peu plus de monde sur les chemins (mais avec 109+137 partants sur les deux courses, on ne va pas se marcher dessus non plus, n’est-ce pas ?)
Vu que mon Super Ravitailleur a sévèrement chuté à VTT 10 jours avant la course et qu’il est fortement diminué, je vais peut-être aussi devoir me débrouiller seule.
(Mon assistant personnel, fidèle au poste, malgré les douleurs)
Jusqu’à maintenant, j’ai toujours considéré un ultra comme une course d’équipe avec mon ravitailleur personnel pour m’assister 24/24. Or l’assistance privée à l’UTMB est très restreinte et règlementée comme chacun le sait. Bref, en cas de défaillance de Super Ravitailleur ici, il me faudra faire sans et ce sera un bon exercice pour l’UTMB.
Bien entendu, comme d’habitude, je n’ai aucun objectif de classement, mon but étant d’avoir du plaisir jusqu’au bout et de rester en bonne santé.
Nous sommes 137 partants. Tout se passe dans le cadre enchanteur et bucolique du troisième étage du parking souterrain Serletta : deux tables pour des formalités expédiées en 2 minutes, aucun contrôle de matériel, les concurrents étant considérés comme suffisamment adultes et expérimentés pour savoir quoi mettre dans leur sac, une autre table avec de quoi remplir ses flasques (produits Sponser), de quoi se préparer les sacs d’allègement, un tapis de chronométrage au pied de l’escalier et c’est tout : j’adore cet état d’esprit.
21h30, tout le monde attend sur une terrasse au-dessus du lac : le soleil vient de se coucher, le ciel est magnifique, tout rose et ensuite tout étoilé avec la lune. La nuit va être enchanteresse, ce qui me changera car sur mes 3 précédents ultras, c’était brouillard, pluie ou neige.
St Moritz, 1780m, 22h00 zéro minute et zéro seconde, départ.
Ça commence directement par une grimpée pour sortir du parking. Quatre options : les escalators, les ascenseurs, un funiculaire, ces trois pour les spectateurs évidement, et pour nous les supers cadors de la course à pied et de l’ultra-trail, je vous le donne en mille : les escaliers naturellement.
Nous commençons donc par trois étages d’escaliers et même pour les premiers ça ne part pas 4 à 4, alors jusqu’ici ça va, j’arrive suivre le rythme de tête 😉. Nous débouchons à l’air libre dans la rue principale. Les Ferrari, Rolls Royce et boutiques de luxe du Badrutt’s Palace Hôtel n’étant pas à ma portée (financièrement s’entend…), nous prenons un détour de quelques marches et un petit raidard pour rejoindre d’autres boutiques (un peu) moins luxueuses du centre-ville et redescendre vers le rond-point où nous serions arrivés directement. Mais bon, l’organisateur a certainement voulu nous faire admirer toutes les échoppes de luxe, Aston Martin et autres Bentley.
Un peu de goudron avant d’emprunter le sentier très roulant qui mène au Musée Segantini. Sentier assez large pour progresser à deux de front donc doubler ou se faire doubler aisément.
Une descente, on passe sous la route et voilà le palace suivant : le Kempinski Grand Hôtel, dit le Kemp’, avec les pauvres vacanciers tous sur le pas de leur humble gîte pour nous encourager. Merci 😊 !
Après ces 25 premières minutes de course tranquille, ça monte enfin, sur une route forestière, donc assez large pour prendre son vrai rythme sans vouloir s’accrocher et/ou sans bouchonner. En même temps, avec 137 participants au départ, ça ne va pas trop bouchonner.
Puis voilà un sentier un peu plus accidenté avec des marches, jusqu’au Hahnensee, un charmant site, avec un restaurant, très fréquenté le week-end et à voir absolument (de jour naturellement). Cette nuit, il y a même une personne qui nous encourage. Est-ce le tenancier ? Je l’ignore car à ma grande honte, je n’ai pas jugé utile de m’y sustenter lors de la reconnaissance. Merci à lui 😊.
Le sentier continue à monter et n’est par endroit pas bien marqué car il y de gros blocs à grimper ou contourner. En suivant quatre gars, je ne fais pas attention au balisage lumineux. Je lève la tête et aperçois plus haut une lampe qui se déplace à toute vitesse : bizarre, car ici en principe cela ne fait que monter. En fait le gars a perdu le sentier et redescend maintenant au pas de course en jardinant au milieu des rhododendrons. Nous avons tous dévié sur la droite. Je trouvais aussi qu’on était assez proche du bord d’une falaise que j’avais repéré lors de la reconnaissance. Je me rappelle qu’un promeneur était allé au bord pour admirer la vue. Je décide de continuer de monter droit vers la pente, il y a l’air d’avoir un chemin où je suis. Je retrouve le sentier quelques mètres plus loin et quelques dizaines de mètres de d+ plus haut que les autres gars qui sont redescendus : bien joué Anne-Laure, voilà une remontée fulgurante au classement 😊.
Ensuite c’est un pierrier avec un sentier bien marqué qu’il ne faut pas perdre. Pour débouler ensuite sur un sentier roulant avec une vue magnifique sur la vallée (ceci de jour bien entendu…).
(Nuit)
(Jour)
Presque 2 heures de course, altitude 2551 m, 780 m d +. Je suis un peu en avance sur mon roadbook, je me sens bien, j’ai la forme, mon pied va bien, il fait bon, c’est génial ! C’est la bifurcation pour la cabane Surlej plus haut sur la gauche. Notre sentier part à droite à plat en direction de Sils. C’est un peu plus loin que les parcours du T133 et T2014 se rejoignent. Nous ferons route/chemin/sentier/pierriers ensemble jusqu’à l’arrivée à Davos, en récupérant encore les L43 bien plus tard à Lenzerheide.
Je me fais dépasser par un gars dans la longue traversée avant la descente sur Sils-Maria et rattrape deux gars du T214. Les sentiers sont secs et la nuit est claire, c’est vraiment fabuleux. A Sils, 1h40 du matin, j’attends les deux comparses du T214 que j’ai doublés car dans le village j’aperçois deux personnes éméchées qui n’ont pas l’air très cool. A part eux, il n’y a personne à cette heure avancée.
A la sortie de Sils/Segl, au moment où je tourne à gauche en direction du lac et de Maloja, deux gars arrivent d’en face depuis la route cantonale. Ont-ils loupé la bifurcation à gauche ? Jusqu’où sont-ils allés ? Une chose est sûre : ils ne sont pas arrivés en transports publics, il n’y en a pas à cette heure.
Direction Maloja pour 7km de plus ou moins plat le long du lac. Pas le bout le plus intéressant et je n’aime pas trop courir aussi longtemps à plat. Mais j’ai une bonne avance sur mon roadbook et fais la connaissance de René qui vient de boucler les 100km de Bienne (Bravo encore) et qui n’a jamais couru d’ultra-trail. Selon lui, c’est très différent : ah bon, sans blague ?
Maloja, 1809 m, km 25, 3h08.
Nous arrivons au ravitaillement, un centre sportif/salle polyvalente. Ça sent un peu le fauve, ce n’est pas très grand et il y a plus de monde que les années précédentes, réunion des T133 et T214 oblige, mais je trouve une place pour m’installer. Super Ravitailleur est là et s’occupe de mon sac. Les toilettes sont nickel propres pour me changer et me débarbouiller un peu. Je bois un café avec une tartine de miel (MON miel), le pain de l’organisation est excellent.
Super Ravitailleur est réveillé depuis un bon moment, car comme il me l’explique, des Belges dans le véhicule à côté ont tenu une conférence sur les problèmes gastriques pouvant survenir sur de telles courses, avec exercices pratiques à l’appui… 😉
Après cette petite pause de 30 minutes, on attaque le Lunghin, 840 m d+.
Toujours de nuit, à la fraîche, c’est parfait. Lors de ma dernière reco avec un passage vers midi, ce fut grosse suée et attaque de taons.
Un p'tit film de la reco:
Un petit groupe d’une dizaine de personnes se forme et nous montons tous à la même vitesse, c’est cool. Et voir les lampes de ceux qui sont devant ou derrière, c’est sympa aussi, et cela ne m’est pas arrivé souvent sur mes ultras généralement très solitaires. (Mais bon, c'est pas la foule non plus...)
Le jour commence à se lever gentiment.
Après de bons passages bien minéraux sur la fin, nous arrivons au Pass Lunghin, 2645 m. Tout baigne, toujours la forme, le pied va bien, je suis contente. Deux minutes de pause pour manger une barre et faire quelques étirements avant la descente jusqu’au Septimerpass, 330 m d-.
Septimer, 2310m, une tente, pas de ravitaillement. Il n’y en a d’ailleurs pas sur toute la portion Maloja/Bivio, pas de fontaine ni de ruisseau non plus : par grosse chaleur, prévoir assez à boire, et il faut aussi savoir que sur ces 20 km en altitude, il n’y a aucun abri à part une baraque au Septimer : si la météo est défavorable, il faut en être conscient et prendre les bonnes décisions au bon moment.
Il y a uniquement un contrôle de passage au col Septimer. Bonjour aux 3 ou 4 bénévoles, merci à eux !
Cette année, la portion suivante a changé : c’est nettement plus long, avec du dénivelé positif et négatif supplémentaire, et plus technique aussi. Alors moteur pour le Forcellina, 360 m d+, pas trop technique et on y est assez vite. J’ai inséré quelques photos de ma reco de cette portion parmi les images suivantes, sauras-tu retrouver lesquelles ? (C’est un quiz pour que le lecteur reste attentif 😊)
Le chemin est varié, très bien marqué et balisé, aucun moyen de se perdre. On ne voit pas le col avant d’y parvenir.
Encore un pierrier, et voilà, Forcellina, 2672 m. Il est 6h30, le jour s’est levé, il fait beau et pas froid. C’est génial !
Courte descente un peu technique.
Puis une traverse sur un sentier un peu accidenté. La vue sur le val Avers est magnifique.
Fuorcla da la Valletta, 2586 m, il me faut à présent attaquer la longue descente pas du tout roulante sur Bivio.
Je rattrape un Belge du T214 qui n’a pas l’air d’aller bien. Il a mal au genou mais est bien conscient qu’il lui reste encore 6 km à souffrir jusqu’à Bivio. Il y arrivera tranquillement un peu plus tard car je l’ai aperçu dans la voiture de son suiveur en repartant de Bivio.
Je continue la descente le long du torrent sur un sentier défoncé par les vaches. Ça ressemble plus à un itinéraire de cross-country qu’à un sentier de randonnée pédestre, merci les copines. Nous rejoignons ensuite une route d’alpage carrossable (avec une fontaine vers l’alpage au cas où) puis carrément du goudron avant de couper via la piste de ski pour arriver à Bivio.
Bivio, 1769m, km 44, 9h01.
J’ai énormément d’avance sur mon roadbook, Super Ravitailleur ne se trouve pas au poste de ravitaillement. Je ne m’arrête pas, ne fais que monter les marches du bistro, le temps de dire bonjour à tout le monde et me voilà repartie. Désolée, car l’année passée, l’accueil y avait été super sympa.
Je me dirige donc directement vers le bus qui est parqué de l’autre côté de la route, pile à l’endroit prévu. Mon ravitailleur est réveillé et en forme 😊 Travail d’équipe, à chacun son boulot : il s’occupe de mon sac, pendant que je me change, mange et fais un micro sieste.
Et il est déjà temps de repartir pour Savognin. Il fait grand beau, j’ai toujours la forme et aucune douleur nulle part. J’ai une avance de 2h50 sur mon roadbook, donc mon moral est au top. C’est comme cela que je conçois un ultra-trail.
La montée est facile et j’ai un gars en ligne de mire et un T214 qui me suit. Nous traversons les marais… qui ne sont pas détrempés YES. On garde les pieds au sec, et c’est bien la première fois en peut-être 5 ou 6 fois que j’y suis passée.
Descente sur Alp Natons courte et remontée de 300 m d+ sur Kanonensattel en deux temps trois mouvements, rien à voir avec la galère de l’an passé.
(Derrière moi, Felix)
Le soleil commence à cogner, et pour ne pas risquer le coup de chaud plus tard, je fixe mon couvre-nuque sur ma casquette.
Descente sur les hameaux de Salategnas et Tigias (Alp Flix). Quelques personnes se trouvent sur la terrasse du restaurant et nous encouragent au passage. Pas de ravito officiel, alors remplissage de la gourde à la fontaine du hameau. A côté, une autochtone fume une cigarette devant sa maison, assez loin pour ne pas nous intoxiquer avec sa fumée mais assez proche pour me demander d’où je viens. Je lui réponds que moi c’est juste de St-Moritz mais que l’autre compagnon, Felix, est parti lui hier matin de Davos. Chapeau à nous deux de la dame et bonne journée ! Merci !
Nous poursuivons en direction de Savognin par des routes carrossables. Nous croisons plusieurs groupes de randonneurs avec des chevaux qui nous encouragent (les randonneurs, pas les chevaux). Ensuite des sentiers, des routes forestières et goudronnées où on ne voit plus personne, malgré le fait que nous soyons samedi et que c’est une journée magnifique. Il commence à faire de plus en plus chaud à mesure qu’on redescend en altitude. Je suis en compagnie de trois ou quatre autres traileurs et tout le monde profite des fontaines et des ruisseaux que nous croisons.
Tinizong, à partir de là c’est quasi plat jusqu’à la prochaine base de vie. Je rejoins un gars du T214 qui a de la peine à marcher mais il répond qu’il arrivera à Savognin sachant qu’il y encore environ 4 km sur un sentier bucolique et pour randonneurs du dimanche. Oui, mais sauf que cette année, c’est vraiment bucolique car le tracé a été rallongé. Felix quant à lui pense que nous monterons en direct au-dessus de Savognin pour redescendre droit en bas. En papotant avec lui, j’apprends qu’il a participé à toutes les six éditions du Swiss Irontrail, mais que l’an passé, il a abandonné à Samedan au km 70, dégouté par la pluie (petit sirop 😉… moi j’avais abandonné au km 140).
L’itinéraire finalement nous fait bien d’abord redescendre à Tinizong et remonter ensuite jusque sur les hauts de Savognin. Du coup c’est un peu longuet. La température dépasse les 30°. Pour éviter un coup de chaud comme celui que j’avais subi au Trail Verbier-St Bernard, je ralentis jusqu’à un rythme de promeneur du dimanche. Effet collatéral : c’est encore plus long. Les pieds chauffent un peu, mais je garde un bon moral.
Comme j’ai toujours une avance confortable sur mon roadbook et la barrière horaire, j’en profite pour appeler mon ravitailleur qui m’attend de pied ferme et en forme à côté de l’école/base de vie. Je lui demande de me retrouver à la fontaine après le pont.
Savognin, 1172 m, km 67, 14h.
Depuis un moment, je rêve en effet d’un bain de pieds dans cette fontaine à côté de l’école, mais c’est raté : l’eau est verdâtre...
Tant pis pour la fontaine, du coup, pour me rafraichir, ce sera une vraie douche froide à la base de vie, c’est pas mal aussi 😊 La base de vie/poste de ravitaillement de Savognin est calme, avec de l’espace, des toilettes et des douches propres. J’y récupère mon sac d’allégement.
Manger ? Certes : sandwich, pain, saucisson, fromage, cacahouètes, un peu de salade de pasta maison, cake au chocolat, de la diététique olympique ! Digne de celle d’Usain Bolt (mais oui, vous savez, c’est le gars qui ne court que 0.1 km et 0 m d+, alors que là j’en suis déjà à 67 km et je ne sais plus combien de m d+). Pas de pâtes ni de pommes de terre chaudes de l’organisation, pas envie, il fait trop chaud.
(A noter la propreté des lieux...)
Pendant ce temps, mon ravitailleur s’occupe de mon sac. Vu la chaleur et l’avance sur le roadbook, nous prenons la décision de faire une nouvelle micro sieste de 20 minutes.
Je repars complètement requinquée. Je passe à côté du lac avec tous les baigneurs, il me faut slalomer entre les linges de bain.
Je reste sur un rythme tranquille et supporte très bien la chaleur sur la montée de Riom et Salouf avec quelques portions sur routes goudronnées.
L’organisation nous fait redescendre plus en direct sur Mon car il y a des tirs dans la forêt. Gagné encore 10 minutes. Vers Del, nous avons droit à un ravito sauvage par deux trailers qui proposent de l’eau et du coca bien frais. Un groupe de touristes est en train de boire l’apéro devant un autre chalet. Et du coup on passe devant une fontaine à la sortie du hameau. Je ne m’y arrête pas, j’ai rempli mes flasques auprès des deux trailers. Malgré la chaleur, pas de risques de dessécher sur ce tronçon, n’est-ce pas ?
Arrêt (encore) à la fontaine de Mon pour se rafraichir, puis descente assez raide jusqu’à Tiefencastel. Les chemins sont secs et c’est vraiment agréable. Arrêt à la fontaine (bis, ter ou quater, je ne sais plus) à Tiefencastel et papotage avec des randonneurs étrangers qui se rafraichissent également. C’est le point le plus bas de la course : 850 m. Il est 18h05.
Redépart en direction d’Alvaschein en mode randonnée tranquille par cette chaleur bien gérée. J’arrive encore à bien boire et manger et j’en suis très contente : pour l’instant, que du bonheur, et la suite de la course s’annonce sous les meilleurs auspices.
Mistail, une ferme isolée au milieu de rien dans un océan de verdure : je laisse passer un groupe de 5 oies qui n’ont pas l’air hostiles et qui se déplacent d’un bon pas, le pas des ultra-traileurs. Avant Alvaschein, surprise 😊, Super Ravitailleur est là au bord du chemin ! C’est cool de se sentir soutenue. Je profite de sa présence pour examiner mon pied car j’ai l’impression d’avoir une cloque. Et oui, zut, j’ai une petite ampoule sur l’extérieur du talon droit. C’est la première fois que j’en attrape sur un ultra. Est-ce une conséquence de la chaleur, ou de ma pause forcée de ce début d’été à cause de ma fracture de fatigue ? J’essaie de la percer mais sans succès. Tant pis, un Compeed et redépart.
Une fois Alvaschein passé, ça grimpe sur une route en épingle dans les prés, suivi d’un sentier assez raide en forêt. A l’entrée de Lantsch/Lenz, je suis encouragée par un supporter qui attend ses copains qui font le T214. Un bout de causette avec lui. Merci !
A la sortie de Lantsch, je me rends compte que j’ai oublié de rajouter sur mon roadbook la portion « de plat » jusqu’à Lenzerheide. Le parcours est différent cette année et finalement plus long que je pensais, et en plus pas très intéressant avec une grande ligne droite en montée sur le trottoir de la route principale. Heureusement, Super Ravitailleur est là au bord de la route avec de quoi remonter les niveaux de liquide dans mes flasques et remonter aussi le moral des troupes ! Merci !
Ouf, fin du trottoir, on s’enfonce un peu dans la forêt.
Le sentier longe plus ou moins la route cantonale puis traverse le golf, le camping pour finalement arriver à Lenzerheide.
Lenzerheide, 1470 m, km 91, 21h.
Pas de bol, j’y parviens 30 minutes avant le départ du L43. Une foule de concurrents attendent le départ. Sympa leurs encouragements ! Ce qui l’est moins, c’est qu’ils prennent de la place, et surtout il y a la file d’attente devant les toilettes. Donc, en attendant le départ de l’autre course, je mange et m’occupe de mon ravitailleur (qui est à présent bien marqué par la fatigue, après tout cela ne fait que huit jours qu’il est passé sur le billard).
21h30, départ des concurrents du L43 sous la pluie, enfin de la place (oui, je suis un peu agoraphobe par moments 😊).
Petite douche pour nettoyer les jambes et les pieds avant d’aller chez le spécialiste pour ma cloque. Il ne veut pas me la percer (on ne perce pas les cloques selon lui, chacun a le droit d’avoir un avis, n’est-ce pas ?) et me remet un Compeed. Bof, pas terrible, mais on fera avec.
Sauf que quand je prévois de repartir, il tonne et il pleut… Comme j’ai plus de 6 heures d’avance sur la barrière horaire, nous décidons d’attendre un peu.
Micro sieste de… 2 heures. Il peut toujours. Je n’ai aucune envie de monter à 2600 m de nuit sous la pluie, j’ai suffisament donné les années précédentes, alors non merci. De plus, ma cloque n’est pas percée et mon ravitailleur pas au top.
Stopper ici n’a que des avantages : ne pas aggraver davantage la cloque et avoir plus de temps pour la guérir, ne pas prendre froid, éviter le plan galère d’une nuit sous la pluie en altitude et ainsi garder de la force mentale pour l’UTMB. Nous décidons par conséquent d’arrêter les frais ici et de tout miser sur l’UTMB un mois plus tard.
Bilan de mon Swiss Irontrail 2017 : un super entrainement de 91 km durant lequel j’ai eu énormément de plaisir 😊. Et 91 km et 4300 m d+ en 23 heures sur un rythme tranquille pour moi : je suis très contente. Je reviendrai certainement.
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3 commentaires
Commentaire de Gougnafe posté le 27-11-2017 à 16:48:23
Bonjour Anne-Laure,
Bravo pour la course et merci pour le chouette récit et surtout pour les photos qui me rappellent de beaux souvenirs (parce notre cerveau est bien fait et élimine les mauvais).
Je pense que je suis le gars de la T214 qui peinait a marcher :-)
Je me suis acharné et j'ai fini presque sur une seule patte.
Je ne le regrette pas car c'était la dernière année pour la 214 qui n'est plus au programme en 2018.
Commentaire de Anne-Laure_70 posté le 28-11-2017 à 19:53:28
Hello,
Bravo à toi pour ta pugnacité ! Chapeau d’avoir fini alors qu’il restait encore au moins 60 km (si c’était bien avec toi que j’ai évoqué les 4 km jusqu’à Savognin) :-)
Moi aussi je regrette qu’il n’y ait plus de 201 ou de 214. Je pars sur le 127 en 2018 et j’espère qu’il y aura de nouveau du plus long à l’avenir :-)
Et au plaisir de te revoir sur une course :-)
P.S. J’adore ton pseudo ;-)
Commentaire de Gougnafe posté le 01-12-2017 à 07:39:34
Oui c'est cela, il restait bien 60km, j'ai mis 2 mois à m'en remttre :-{
Sympas les photos, surtout celles des ravitos (pas tjs top, ras le museau des pates Migro !), c'est moins grandiose que les paysages mais presque + chargé de souvenirs !
Au plaisir en effet de se re-croiser.
Pour 2018 ce sera plutôt la swiss peaks 360 de mon côté, les suisses romands sont quand même bien plus chaleureux que leurs voisins alémaniques... et puis finir le parcours en plongeant dans le Léman c'est tenant ;-)
PS : Gougnafe c'est un hommage à l'arbre inventé par le binome jubilatoire de signé Furax : Francis Blanche & Pierre Dac.
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