L'auteur : La Tortue
La course : Swissman Xtreme Triathlon
Date : 25/6/2016
Lieu : Ascona (Suisse)
Affichage : 1920 vues
Distance : 226km
Objectif : Terminer
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2 autres récits :
Des palmiers du lac majeur aux neiges éternelles de l'Eiger :
le swissman 2016
Le Swissman, au départ c’est une idée de mon Ami Raspoutine avec qui j’ai déjà partagé de nombreuses aventures, notamment le Norseman 2012. J’ai eu la chance d’être tiré au sort pour l’édition 2016 (seulement 250 dossards pour des milliers de demandes), mais pas lui.
Aussi après ma grosse gamelle de vélo à l’entrainement en Espagne le 9 avril (trauma cranien, côte cassée, entorse cervicale, etc…) et alors que tout le monde me disait que c’était foutu pour le Swissman, j’ai au contraire fat le maximum pour récupérer du mieux possible et être au départ pour ne pas laisser passer la chance d’avoir eu ce dossard si précieux. Une gros merci, à mon ami et ostéopathe Victor, qui a fait des miracles avec ses doigts de fée !
Le Swissman, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un triathlon IronMan « xtrem » sur le même format que le Norseman : on part d’un endroit et on ne revient jamais en arrière. Une course "depuis les palmiers d’Ascona sur les rives du lac majeur aux neiges éternelles de l’Eiger", tel est le slogan du Swissman. Il faut donc sa propre voiture d’assistance et on doit être assisté d’au moins 1 supporter officiel qui prépare les ravitaillements, les transitions et qui doit effectuer avec son concurrent les derniers kilomètres du marathon qui sont en ascension. La particularité supplémentaire du Swissman est qu’il n’y a rien à gagner même pour les meilleurs (1 magnum de champagne au premier, et c’est tout) et qu’il n’y a aucun classement et aucun chronométrage. Seule votre heure d’arrivée figure sur la liste des finisher publiée après la course. Le sport à l’état pur, « just for fun », voilà une philosophie qui me plait bien.
http://www.suixtri.com/docs/SWISSMAN2016_Finishers.pdf
La natation est prévue dans le lac majeur à Ascona, superbe cité balnéaire aux allures méditerranéennes, à la frontière italienne, avec une végétation luxuriante qui surprend en plein cœur des alpes suisses. Ensuite cap vers le nord pour 180 km de vélo à destination de Brienz, sur la rive est du lac du même nom via les cols du St Gothard, du Furkapass et du Grimsel, avec environ 4000 mètres de D+ annoncés. Pour finir, le marathon longe ou surplombe le lac depuis Brienz jusqu’à Interlaken pendant 15km environ puis s’enfonce dans la vallée qui mène à Wengen pour bifurquer vers la station très cosi de Grindelwald. Il reste alors 9 km de montée bien raide pour atteindre les pistes de ski de la « klein scheidegg » à 2000m d’altitude. Une bien belle balade en perspective !
Outre la beauté et la difficulté des parcours, le charme et le gros plus de ces triathlons xtrem est que cela se court « en équipe ». En effet, seul, rien n’est possible. On est directement tributaire de son équipe de soutien et le partage et l’intensité des moments vécus n’en n’est que plus intense.
Selon le vieil adage « on ne change pas une équipe qui gagne », je repars avec la même support team qu’au Norseman : mon épouse au volant, et mon fils pierre-louis à l’assistance technique et alimentaire. Aucune inquiétude donc de ce côté car on est bien rodé.
Le team Tortue sur une aire d’autoroute vers Mulhouse : Claire, Pierre-Louis et la Tortue
Comme au Norseman, le plus dur (une fois qu’on a le dossard), c’est la mise en place logistique : il faut prévoir le voyage (1200 km depuis Nantes), prévoir le logement au départ et à l’arrivée, prévoir les ravitos pour être complètement autonome pendant la course. Et il faut bien admettre que ça fait un gros budget, surtout en Suisse où les prix sont exorbitants. Mais comme le dit le slogan de l’Altriman, « les folies sont les seules choses que l’on ne regrette jamais » et comme la vie est belle mais courte, autant se faire plaisir et vivre l’instant intensément.
Nous arrivons à Ascona le jeudi après-midi sous un soleil de plomb et 33°C au mercure. Pas un souffle d’air, pas un nuage, le choc thermique avec le temps pourri que l’on a à Nantes depuis des semaines est saisissant ! On découvre la plage et le lac (ça ressemble un peu à la plage d’Embrun en beaucoup plus grand bien sur car le lac d’Embrun est une grande mare aux canards comparé au lac majeur). Promenade et diner dans les rues d’Ascona où est organisé un festival de jazz et nous profitons des différents orchestres en plein air, surtout Pilou, grand fan de musiques en tout genre.
La végétation « tropicale » d’Ascona
Les palmiers à la montagne, c’est juste…magique
La plage publique, lieu de la sortie natation
Ca fait envie !
Les touristes en balade
Jazz en soirée, Pilou se renseigne
Ascona by night
Le vendredi, toujours sous une météo caniculaire, je me fais ma petite journée habituelle d’avant course: petit décrassage pour reconnaitre le début du parcours qui est assez alambiqué, puis sieste, récupération des dossards, briefing, préparation de tout le binz pour le lendemain, et…finale du top14 au Camp Nou devant presque 100.000 spectateurs, moment magique avec la victoire des valeureux Racingmen à 14 contre 15, belle leçon de courage et d’abnégation dont je tenterais de m’inspirer pour le lendemain !
On a signé, à vous de trouver où (pour info, j’ai des grands bras et je peux écrire en hauteur !)
Reco de la vallée du haut-tessin, c’est beau sous le soleil
Un petit affluent du Tessin
Briefing dans une salle surchauffée !
Avec Thomas, que j'ai retrouvé avec plaisir au briefing, un très sympathique allemand d’Hambourg rencontré à l’Altriman l’an dernier et son chien Paula
Nuit très courte et agitée, et à 3h45 nous sommes au parc à vélo avec Pilou pour préparer T1. L’orage menace au loin, mais tous les concurrents montent comme prévu à 4h15 dans le bateau qui doit nous mener aux iles de Brissago à 4 km au large. Mais le bateau ne part pas car on attend l’évolution de la météo. En effet, l’orage se rapproche de plus en plus. Je suis à côté d’un responsable qui suit l’évolution de l’orage sur les radars météo. A 4h45, la nouvelle tombe, la natation est annulée et remplacée par 4km de CAP pour étaler le peloton. Je suis déçu car je me faisais un plaisir de nager dans ce lac magnifique mais la décision va très vite s’avérer la bonne. En effet, à peine avons-nous rejoint le parc à vélo qu’un orage terrible éclate. Il pleut des cordes, les coups de tonnerre résonnent dans la montagne et les éclairs illuminent les montagnes aux alentours. C’est magnifique, mais il faut bien reconnaitre qu’on est mieux à l’abri qu’au beau milieu du lac. La tempête est tellement forte à ce moment-là, que je crains même une annulation complète de la course. Mais comme souvent en montagne, ça se calme, et ça se dégage doucement.
Le grand chef accueille lui-même chaque concurrent avec un petit mot sympa à la montée sur le bateau
Bienvenue à bord
La grosse tache rouge_orange au sud ouest, c’est ce qu’on va se prendre sur la tronche dans quelques minutes
A 5h45, il pleut encore pas mal, mais les éclairs ont cessé et nous partons pour 4 km de CAP autour du golf d’Ascona. N’ayant pas prévu de tenu de course particulière, je suis en tenue de vélo avec une vielle paire de tatanes pourries. Ça part comme des avions autour de moi et au bout de 500m, je suis…dernier ! Mes vieux genoux qui n’aiment pas courir, surtout à froid, me font souffrir et je veux les ménager au maximum.
La première petite CAP : C’est presque aussi mouillé que si on avait nagé !
Transition express puisque je n’ai que mon casque et mes chaussures de vélo à enfiler et à 6h10, trempé comme si j'avais nagé, j’enfourche mon destrier à roulettes, très surpris de voir qu’il y a encore pas mal de monde dans le parc à vélo qui se change. Ca m'a toujours fait marer ces triathlètes qui s'entrainent des heures pour gagner quelques toutes petites minutes en natation et qui passent 10' dans un parc à vélo pour se pomponer !
Les 50 premiers km sont assez roulants avec de longs faux-plats montants et descendants. Je profite de ce terrain qui m’est beaucoup plus favorable que la haute montagne qui nous attend pour remonter beaucoup de monde sans non plus trop quicher car il faut ménager les cuissots. La pluie se calme et je commence à sécher pour la première fois de la journée.
Alors qu’il est bien précisé dans le règlement que les véhicules suiveurs doivent prendre l’autoroute qui longe notre petite route et nous attendre ponctuellement à des endroits bien indiqués sur le road book où il est facile d’attendre son coureur, il y a bon nombre d’abrutis qui ont demandé à leur voiture de prendre la route des vélos et c’est insupportable voire dangereux de devoir rouler dans les voitures accompagnatrices. La bêtise humaine est décidément sans limites et quand elles sont atteintes malgré tout, il y a toujours des crétins pour les repousser !
Mon équipe de choc m’attend bien sagement au village de Boido (km 50 environ). Ravitaillement rapide et ça repart. On s’enfonce de plus en plus profondément dans la vallée du haut-Tessin. La route s’élève sérieusement, les choses sérieuses vont commencer et la pluie revient au pied du col du st Gothard, au km 80 environ, j’étais juste sec !!!
Boido, la route a séché
Deuxième petite pause dans les premiers lacets du St Gothard
Le Gothard est un massif montagneux qui sépare la suisse italienne du sud de la suisse allemande du nord . Il y a 3 façons de le franchir dans le sens sud/nord : le tunnel autoroutier que nous avons pris pour venir, le col par la route nationale et le col par la célèbre route appelée « la Trémola » que nous allons emprunter alors que les voitures prennent la nationale. Enfin, on va pouvoir pédaler pénard sans gaz d’échappement et dans le silence. La Trémola, c’est 12 km d’ascension à 7% de moyenne ; ce n’est pas énorme, mais cela se corse quand on sait qu’il y a environ 8 km de route pavée. Des pavés que je pensais assez plats d’après les photos vues sur internet, mais qui vont s’avérer beaucoup plus cahoteux que je ne le pensais. Le vélo saute sans arrêt et le rendement est plus que mauvais. Les chocs de la route me secoue et me tiraille la côtelette, et avec la flotte incessante, je vais trouver le temps bien long sur ce passage, d’autant que le paysage est assez bouché et que je n’ai pas les vues magnifiques alentour pour me divertir. Après avoir vu me passer un nombre incalculable de gonzes, j’atteins tranquillement le sommet où m’attend mon équipe de choc avec des vêtements chauds pour la descente et surtout de bonnes paroles de réconfort.
Le Gothard sous le soleil (photo web)
Le Gothard quelques mois plus tôt !
Sommet du Gothard
Pour redescendre vers le nord, il n’y a que la route nationale. Heureusement, car je craignais aussi des pavés et avec cette flotte c’est déjà pas facile sur le goudron de la nationale. J’effectue une descente prudente et sereine. Mon vélo qui guidonnait à mort il y a 1 mois dans les Pyrénées ne bronche pas grâce aux réglages faits par Laurent de chez Obobike (un peu de pub pour cette maison sympathique).
Descente du Gothard, attention ça glisse !
Il n’y a ensuite que quelques km de plat pour se ravitailler avant d’attaquer le Furkapass, 15 km à 7.5%. Là aussi, pas de pourcentages monstrueux, mais la route est très étroite et la circulation assez dense. Les voitures suiveuses sont toutes obligées de passer par là et il y a en plus la circulation normale avec des bus qui se croisent et qui provoquent des petits bouchons parmi lesquels il est parfois un peu difficile de trouver son chemin et où il faut être prudent. Mais, le soleil fait enfin son apparition, la vue se dégage sur les sommets, et je peux m’adonner à mon sport favori : la contemplation du paysage en montant tranquillou à 10 km/h. La neige est de plus en plus présente à l’approche du sommet à plus de 2400m où m’attend patiemment mon équipe avec des chips et du coca. Régime qui n’est pas des plus diététiques mais la diététique, ce n’est pas mon point fort !
Enfin, un peu de soleil pour réchauffer le corps et le cœur !
2400 m d’altitude, la neige est encore bien présente.
Pilou fait le mariole au sommet du Furka
Descente de 10 km environ, très rapide car la route est bien sèche, très large et bien dégagée et tout de suite ça remonte sur 6 km pour passer le dernier col, le Grimsel, pas trop long ni trop méchant en pourcentage mais les jambes commencent à être un peu molles. Dernier arrêt au sommet où j’ai failli louper mon équipe qui était allée se restaurer au bistrot du coin.
La Tortue scotchée à 10 km/h maxi dans le Grimsel
Mon équipe fait des selfies en attendant que je passe
Sommet du Grimsel, ça commence à tirer dans les pattes.
Lac encore gelé au sommet du Grimsel
Après 20 bon km de descente très rapide, on passe un tout petit colu du 2 km environ qui casse bien les pattes d’autant qu’on se reprend un méga orage au sommet. Il reste 15 km de plat, sous des trombes d’eau avec une pluie limite grêle qui cingle le visage. On empreinte une toute petite route agricole, surement très jolie et bucolique un dimanche matin sous le soleil, mais maintenant j’en ai vraiment marre et je n’ai qu’une envie : arriver à T2 et retrouver un peu de réconfort auprès de mon équipe.
On se reprend au saussée mahousse sur les 20 derniers kilomètres, heureusement que je ne suis pas en sucre, j’aurais complètement fondu !
Le parking du lac de Brienz où m’attend ma voiture suiveuse avec mes fidèles supporters est transformé en piscine. Le haillon de la tortue-mobile me sert de maigre protection car même si il pleut j’ai envie d’enlever mes affaires de vélo détrempées et puantes, de me sécher et de m’équiper tout neuf pour le marathon. Je prends tout mon temps et après quelques bisous d’encouragements, je repars en compagnie de mon ami Thomas de Hambourg qui ne m’a finalement rattrapé qu'à la fin du vélo.
Avec Thomas, motivés au départ du marathon
Thomas est un excellent coureur, aussi quand il se met à trotter dès la première bosse, je n’essaie même pas de l’accompagner et je commence en marchant tranquillement car la pente est forte d'entrée et il faut que mon diesel chauffe un peu.
Les 2 premiers km, bien raides, nous mènent au célèbre passage de la cascade. Le chemin passe sur une passerelle sous la roche derrière une cascade assourdissante et le lieu est encore plus spectaculaire que les photos et vidéos que j’ai pu en voir. Clic clac, selfie souvenir pour mes vieux jours.
Passage derrière la cascade
Vue imprenable sur le lac de Brienz et ses petits châteaux
Très vite, je me rends compte que je n’ai pas choisi les bonnes chaussures. Je suis parti en Altra, très légère et à la semelle assez fragile, hors nous sommes en plein trail sur un chemin assez cahoteux et avec des successions de montée et descentes. Au km8 je retrouve mon team, et j’en profite pour changer de chaussure, mais les km qui vont suivre se font tout sur bitume et je regrette ce changement !
En fait, ces hésitations avec les pompes ne sont qu’une prise de tête bien futile ; la vérité, c’est que je commence à ne plus avancer. Comme souvent après 1h de course, j’ai les cuisses complètement dures et je me traine péniblement entre 6' et 7’ au km.
On longe le lac sur une route bitumée, c’est très joli mais c’est assez monotone et ça tape sur mes vieux genoux.
Ca me change quand même des bords de l’Erdre !
Km17 : je retrouve mon équipe, j’en ai marre et je suis crevé, mais rien que pour eux, il faut finir et puis, j’ai tout le temps car j’ai de l’avance sur les barrières horaires. Dans ces moments difficiles, je sais qu’il ne faut pas se prendre le chou, ne pas regarder la montre, bien manger, bien boire, profiter du paysage et attendre que ça revienne…
…et quelques km plus loin, ça revient ! je ne me fais plus doubler, le temps me parait moins long, je retrottine tranquillement et je commence même à remonter des gus. Du coup le moral revient et je « déboule » au km 24 où m’attend à nouveau mon team pour un dernier ravitaillement.
Km 24 du marathon, les jambes et le sourire sont revenues !
On se donne rdv à Grindelwald, au pied du dernier col, 9 km plus loin. La route s’enfonce de plus en plus dans la vallée montagneuse et le chemin devient beaucoup moins monotone.
Quand j’arrive à Grindelwald, Pilou a déjà fait valider les sacs à dos avec le matos obligatoire pour la montée finale. Comme au Norseman, les derniers km d’ascension doivent obligatoirement se faire avec son supporter. On attaque « dré dans l’pentu » avec Pilou et il est convenu que Claire nous retrouve au sommet en prenant le train à crémaillère. Je lui dis (mais sans trop y croire) qu’il nous faut 2 h pour monter.
En effet, ces 9 km m’ont été annoncé comme terribles. On part de Grindelwald Grund à 900 m d’altitude pour monter à la « klein scheidegg » à 2061 m. Ca fait une jolie grimpette, avec l’Eiger, le Monch et la Jungfrau qui nous surplombent du haut de leur 4000 m mais nous ne les verrons malheureusement pas de la journée car ils sont dans les nuages.
Ca attaque très fort avec de gros pourcentages dans les 2 ou 3 premiers km. Pilou me tire par la main et c’est d’une efficacité redoutable. J’ai retrouvé des jambes et le gamin est frais comme un gardon. On double a gogo. Ces dépassements le motive encore plus et le font redoubler d’énergie et je suis même obligé de lui demander de lever un peu le pied dans les parties les plus raides car j’ai un peu de mal malgré son aide très précieuse. Et puis on est pas à quelques minutes prêt, autant déguster ces instants difficiles mais magiques, seuls dans la montagne, entre père et fils. On est sur les bases de 12’ au km, ce qui dans ces pentes très raides est quand même très bien.
Montée dans les alpages, raide mais régulier.
Contrairement au Norseman où il faut monter dans des marches népalaises irrégulières qui cassent les cuisses, là c’est raide mais régulier sur chemin ou petite route et il est facile de trouver un rythme et de s’y tenir sans faire d’à-coups. C’est un effort qui convient très bien à mon gros diesel qui n’aime pas les changements de rythmes.
La montée vers la petite sheidegg
A la vitesse où l’on monte, j’ai même peur que Claire nous loupe à l’arrivée, hors je veux absolument passer la ligne avec mon team au complet. Je n’ai plus de batterie et je ne peux pas la prévenir de notre arrivée imminente.
Après avoir doublé un nombre incalculable d’équipe qui se font la bosse en mode rando, on commence à apercevoir les premières remontées mécaniques, puis quelques spectateurs et tout à coup apparaissent les lumières des chalets. Nous n’aurons finalement pas eu besoin des frontales.
Dans la petite rue de la station de ski, on nous encourage, et on peut lire sur le visage des spectateurs une certaine forme de respect pour tous les concurrents, même des lambinous comme nous et ça fait bien plaisir. Une dernière petite bosse et c’est la ligne droite finale avec la haie de drapeau où Claire nous attend !
La gare d’arrivée
A ce stade du récit, les mots sont trop faibles pour décrire la joie du moment. Il n’y a pas de plus grand bonheur sportifs que de passer une ligne d’arrivée en équipe. Il faut profiter au maximum de ces trop courts instants. 16h d’effort pour ces quelques minutes de bonheur, certains diront que c’est idiot, mais moi je re-signe tout de suite !
Le pilou, 85 kg de tortue à tirer pendant 9 km, ça l’a un peu fatigué quand même !
Et voilà, le meilleur moment de la journée !
Thomas qui m’avait mis plus de 45’ dans la vue sur les 33 premiers km n’est finalement arrivé que 4’ avant moi ! Et oui, en bonne vieille tortue, je reste fidèle à la maxime, "rien de sert de courir, il faut partir à point…"
Tortue, Thomas, Angelika, Pilou, 2 team finisheuses au sommet.
Au Swissman, pas de classement, pas de chrono, pas de temps intermédiaire, juste une liste de finisher par ordre alphabétique, avec pour chacun seulement son heure d’arrivée : 21h51 pour nous, mais comme je ne sais pas exactement à quelle heure je suis parti, j’ai dû mettre environ 16h, dont 20’ pour la première CAP, 9h de vélo environ, 4h30 pour les 33 premiers km du marathon (1000m de D+ environ) et 1h55 pour les 1200m de D+ des 9km de la dernière montée. Avec les transitions ça fait peu ou prou 16h. Loin des 13h50 du Norseman 2012, quand j’étais au top de ma forme, avant mon embolie pulmonaire, et surtout avec 4 ans et 7 kg de moins au compteur. J’ai retrouvé une façon de courir que j’avais à mes débuts en ultra trail : tout en plaisir, en gestion des barrières horaires, avec un détachement quasi complet du chrono. Je ne pensais pas qu’en triathlon on pouvait arriver à courir de cette façon, mais en fait contraint et forcé par mon physique qui baisse, je suis bien obligé de m’y mettre et cela me plait aussi. Il faut juste mettre son petit ego de côté quand ça double de partout en vélo dans les cols. Et c’est avec cette philosophie que je vais attaquer mon septième Altriman dans 1 semine.
Le lendemain matin, on remonte tous à la klein sheidegg , mais cette fois par le petit train à crémaillère pour la photo finish et la remise des t-shirts tant convoités. Comme dirait mon cousin qui habite dans le ch’nord : « Il fait beau, puisqu’il ne pleut pas ». On a droit à un concert de grosses "trompettes" suisses comme dans Astérix ches les helvètes, et à un dernier moment d’émotion avec les photos des finishers et supporters.
Ça grimpe dur ! C’est le plus haut train d’Europe avec un terminus au pied de la Jungfrau à plus de 3400m d’altitude.
Petites mines au réveil. Pour l’équipe aussi, la journée d’hier a été difficile !
Il doit falloir un souffle de swissman pour jouer d’un tel instrument !
Où on est ???
Un petit zoom pour vous aider à trouver.
Après l’effort, le réconfort : ma support team devant le rayon de chocolat de la Coop de Grindelwald : une tuerie comme dirait mon amie savoyarde Kristel qui s’y connait en chocolats suisses
C’est l’heure du départ de notre charmant petit hotel très propre (on est en Suisse !) et du retour dans notre plat pays nantais
Pour conclure, je dirais que ce Swissman est une bien belle course. A mettre sur les tablettes de tout triathlète longue distance. Je pense qu’en difficulté, c’est un peu plus dur que le Norseman ou l’Embrunman, mais beaucoup moins dur que l’Altriman et encore moins que l’Evergreen228 qui reste de très loin le plus dur des triathlons extrêmes que j’ai eu la chance de boucler. Dommage pour la météo qui nous a empêchés de profiter pleinement de paysages fabuleux.
Et surtout le GROS plus, comme au Norseman, c’est la support team avec qui on partage une journée d’intenses sensations et une émotion fantastique à l’arrivée.
Merci Claire, Merci Pilou, sans vous rien n’aurait été possible ! Je vous aime…
Bien amicalement,
La Tortue
PS : Entre les deux photos ci-dessous, seulement 10 semaines se sont écoulées, ce qui me fait dire plus que jamais : « là où il y a une volonté, il y a un chemin ». Lao Tseu
09/04/2016 : hôpital de St Celoni, Espagne 25/06/2016 : Grindelwald, Suisse
Kenavo les poteaux et rdv pour de prochaines aventures…Mais ils sont vaches les suisses, avec un t-shirt comme ça vous avez pas intérêt à manger trop de chocolat car ça fait bien ressortir les bourelets inutiles !!!
No comment !
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10 commentaires
Commentaire de L'Dingo posté le 02-07-2016 à 06:19:51
Quand on ne peut etre le premier à finir un Xtrem Tri , ni meme à etre sur la liste, on garde le plaisir immense de commenter en first position l'exploit d'un ami :-)).
Pétang! je ne sais pas si la carapace est bosselée, mais en tout cas elle est bien étanche,isotherme, avec un gros gros coeur dedans (full respect) :-).
Comme aurait pu dire Lao-Tseu (s'il s'était entrainé, lui): "Au dela des limites, y a plus de limites" aaarff !!
Bon Altriman dans une semaine.
Et Bravo à ta Team-Choc
Commentaire de LtBlueb posté le 02-07-2016 à 09:49:54
Tu as eu raison d'attendre le w-e pour le sortir celui la, je n'aurais pas eu le temps de le lire avant :)
Comme l' a écrit notre dingo national, pas souvent la mais fidèle et toujours la pour les grandes occasions, je me suis régalé à te lire...
Bravo à toi, merci à ta team et quel magnifique victoire collective !!!
Commentaire de campdedrôles posté le 02-07-2016 à 15:57:14
Merci pour le partage de cette aventure familiale, et bravo pour ton opiniâtreté après ton accident !
Commentaire de philkikou posté le 03-07-2016 à 23:08:16
Là où il y a une volonté il y a un chemin.....et une Tortue et sa team !!!! Quelle aventure sportive, humaine.... En toute simplicité, humilité...et humidité ( dommage pour la nage annulée et le météo pas au top.... Et quelle idée de mettre des pavés en montagne...heureusement pas en descente). A lire tes récits on a parfois l'impression que tu as raconté une petite coursette, alors que tu t'attaques à du lourd !!! Ta remise sur pied physique après ton accident est bluffante... Bon Altriman en oubliant le chrono, mais pas le plaisir... !!!! Et vivement le prochain récit....
Commentaire de augustin posté le 04-07-2016 à 09:51:03
comme toujours c'est bien écrit, on se surprend à être à tes côtés lors de la course, merci pour avoir fait partager cette course "root"!
bravo au champion et à l'équipe de choc!
Commentaire de anyah posté le 04-07-2016 à 21:33:27
super récit, super famille, super athlète : bravo !
Commentaire de raspoutine 05 posté le 10-07-2016 à 13:44:03
Mais quelle aventure ! Bien d'accord avec Lao Tseu, qui se sera directement et très largement inspiré de la légende du Carapacidé ! J'ai idée que tu va encore faire des étincelles cette année ! Y'a pas ! Tu étais au bon endroit ! On retrouve l'athmosphère des triathlons extrèmes comme on les aime ! Grande est la force est puisée dans la team ; ça va non seulement très loin, mais toujours plus haut !!
N'oublie pas de prendre rendez-vous avec les méduses du Loch Ness... Hum.... tel que s'annonce le prochain extrème, tu vas sûrement marcher sur l'eau !
(... et qui sait ? on ira peut-être leur faire des bisous ensemble ?)
Encore bravo !
HEIA !!!!
Commentaire de raspoutine 05 posté le 10-07-2016 à 13:47:47
... "La Tortue + Pilou" au dessus de la montagne du SwissMan, mais c'est bien une affaire d'équipe cette course !
Commentaire de Baboon posté le 20-07-2016 à 22:07:50
Toujours un régal de lire tes récits.
Peut-être te croiserai-je en Octobre sur l'AlpsMan d'Annecy ?
Commentaire de La Tortue posté le 20-07-2016 à 22:51:57
c'est bien possible. j'y pense à cet alpmans car j'aime beaucoup les premières éditions
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