L'auteur : Coureur du 34
La course : FestaTrail - Marathon de l'Hortus
Date : 21/5/2016
Lieu : St Mathieu De Treviers (Hérault)
Affichage : 2141 vues
Distance : 42km
Objectif : Pas d'objectif
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Deux ans après ma première participation, je remets les couverts pour ce 44 kms avec 1800m de D+ qui relie Claret à St Mathieu de Tréviers à l’occasion du Festatrail.
J’ai un peu entretenu la caisse depuis le Trail des Terrasses du Lodévois mais sans plan d’entraînement précis. Objectif : faire mieux qu’en 2014, et pour plus de détails, lire mon CR du Marathon de l'Hortus 2014 ici.
Matin du départ, les conditions météo sont excellentes, avec un temps couvert mais pas (encore) de pluie et une légère bise. J’ai oublié ma montre GPS, ce qui n’est pas un problème car je connais parfaitement le terrain. Le nombre de participants augmente d’année en année sur le Festatrail avec plus de 400 trailers sous l’arche.
Le Marathon de l’Hortus, c’est une première moitié assez roulante sans difficulté assassine jusqu’à Valflaunès au km 22. La seconde moitié par contre est une autre paire de manches avec une grosse bosse qui m’avait fait mal en 2014 pour rejoindre les crêtes, puis un plongeon au pied des falaises, une longue remontée sur le Pic face nord avant la dernière montée du Pic face sud en dessert.
Je pars un peu fort pour éviter les bouchons du premier monotrace qui succède aux quelques kilomètres de larges pistes principalement montantes. Mon cardio grimpe avec le dénivelé, j’espère que ça ira. Au moins ça ne coince pas sur le monotrace raide mais court qui nous amène sur la crête de Taillade. Là, la piste s’élargit à nouveau et l’on peut se refaire la cerise. Puis nous replongeons vers Claret par une sente très caillouteuse dans laquelle je dépasse quelques coureurs prudents. Première bosse : checked!
Nous traversons le village de départ et direction le Lac de Claret par une petite route. Premier ravitaillo au barrage, 2 verres d’eau dans le gosier et nous quittons le goudron pour la 2nde bosse du jour qui nous amène sur le plateau de l’Hortus par une faille dans les rochers. Toujours aussi beau et agréable, nous empruntons une longue draille, traversons le domaine départemental du Mas Neuf avant de plonger cette fois-ci sur Lauret. J’avale les kilomètres comme si la route était un sirop, tout va bien. Second ravitaillo à Lauret, 2 verres dans le gosier, 2ème bosse checked!
La troisième bosse du matin arrive après une bonne portion de route et un passage devant l’Auberge du Cèdre alors que le trail repart gentiment à l’assaut de l’Hortus. Le rythme est bon et je fais un brin de causette sympa avec un trio de V2 (Master 2 on dit désormais). Tout en haut, nous apercevons Valflaunès au loin. Nous replongeons dans les falaises puis en sous-bois vers ce village rejoint après la traversée roulante de vignes et champs.
C’est LE gros ravitaillo de mi-course, temps de passage officiel 2h47. J’y mange du gruyère pour le goût salé, bois 2 verres par souci d’originalité et repars de Valflaunès mi-confiant, mi-pas confiant vers L’Hortus où les choses sérieuses commencent. Petit coup d’œil aussi vers le géant local en haut à gauche : Pic Saint Loup Akbar !
De nombreux coureurs du relais placé à Valflaunès me déposent comme des flèches. Je m’accroche en vain à la 3ème féminine : c’est l’histoire de ma vie, elle terminera devant moi évidemment.
Ca monte progressivement entre vignes et champs et puis ce n’est plus progressif du tout, c'est même agressif. Un coupe-feu abrupt nous amène au pied des falaises et nous entamons le monotrace raide en sous-bois qui débouche sur les crêtes. Ca grimpe sévère, une montée comme ça c’est un peu le baiser de la mort. Pas le choix devant la difficulté, je suis en marche, à l’instar des sympathisants de Macron.
Mais voilà que les crampes débarquent sans carton d’invitation. Merde, comme en 2014, je dois gérer tant bien que mal. Sur les crêtes de l'Hortus et leur vue fabuleuse, c’est de pire en pire, je m’arrête, m’étire maladroitement, repars, fait chier… mes mollets sont branchés sur du triphasé. Je me sens comme Bill Murray dans « Un Jour sans fin », pour moi, ce sont les crampes qui font leur éternel retour.
Arrive la faille rocheuse vertigineuse qui nous redescend cette année sans corde ni ménagement au pied de l’Hortus. Je m’en tire plutôt bien, les crampes m’ont oublié très momentanément.
Dans un grand pierrier, un coureur nous dépasse littéralement tout schuss, une descente de malade, waov!
Nous progressons par un long faux-plat en sous-bois, en bordure de vignes et dans les pins jusqu’au 4ème et avant-dernier ravitaillement, peu avant le col de Fambétou. Cette fois-ci, je refais le plein du camelback que j’avais totalement siphonné, avale un Tuc, du gruyère et quelques verres de Salvetat et du Coca. Les crampes rôdent toujours sournoisement et j’ai le bide qui hésite entre l’évacuation par la voie nord ou la voie sud, ça ne va pas très fort. En 2014, j’avais eu un second souffle à ce niveau mais pas en 2016, va falloir serrer les dents sinon je serai bon pour l’extrême onction.
La remontée du Pic face nord se passe moyennement : je hais les crampes et elles me le rendent bien, et comme si ça ne suffisait pas, mon bide leur fait écho pour ne pas être en reste. Pas le choix, je reste parcimonieux dans l’effort pour contenir mes bobos.
La montée face nord s’achève ainsi péniblement avec la bascule au col des Tours ruinées vers Cazevieille. Je suis à la peine aussi dans la descente qui nous amène au dernier ravitaillement où je prends, devinez quoi, 2 verres d’eau avant de repartir en marchant vers le Pic face Nord sous une chaleur qui a pris quelques tours au thermostat.
L’ascension du Pic face sud, c’est un peu le mur des lamentations. J’avance tellement peu que je reculerai presque. Les crampes sanctionnent chaque tentative de relance et je n’arrive plus à manger ni boire. Je suis dans la panade et encore, je dois être en dessous de la vérité. Je me fais déposer régulièrement, j’oublie les objectifs de temps, mon espoir de battre mon record s’est consumé avec les douleurs aux jambes et au bide, seulement terminer m’importe désormais.
Bascule à La Croisette sous le maître des lieux puis longue portion très technique vers l’arrivée.
Les crampes me mordent régulièrement les mollets, j’ai la rage et cette descente ressemble à la Voie Lactique pour moi. Soudain, une plus forte que les autres, la Mère des crampes, me cloue littéralement sur place. Je m’assoie en gueulant fort de douleur et d’énervement, un cri à rendre jaloux Chewbacca. Je m’agite par terre, rien à faire, elle ne veut pas passer. Je vois impuissant mon mollet gauche se transformer en centrale électrique et se contracter frénétiquement, style Alien qui voudrait sortir de là ou qui jouerait de la harpe avec mes fibres musculaires.
Moi, je dis que les crampes devraient être interdites par la Convention de Genève, ce n’est plus possible.
Je gêne tout le monde, affalé que je suis en travers du monotrace. Un premier trailer s’arrête, se propose d’étirer le mollet gauche : ça semble marcher mais non, à peine repart-il que la crampe boomerang me revient violemment dans le mollet. Je n’en peux plus, voilà 5 minutes que je suis assis à lutter contre cette satanée malédiction. Un nouveau coureur s’arrête aussi dans un souci d’humanité pour mes jambes et prend le temps nécessaire à soulager le muscle, soit de très longues minutes : super cool de sa part, il est la munificence faite trailer !
Je peux enfin repartir en claudicant et conclure cette descente. Voilà-t-y pas que les V2 laissés à Valflaunès me récupèrent! Nous faisons les derniers kilos ensemble à une vitesse qui pour la première fois depuis longtemps est suffisante pour ne plus être dépassé. L’espoir revient d’autant plus qu’ils me disent qu’on devrait rejoindre St Mathieu autour de 5h40 de course. C’est dingue, j’étais persuadé d’avoir perdu des wagons de minutes depuis Cazevieille et tablais plutôt sur 6 heures de course.
Lorsque nos pas foulent le goudron bienfaiteur, l’acide lactique m’inonde à nouveau les mollets et je suis obligé de stopper mon effort. Damned, ces crampes prouvent que Dieu n’existe pas ou alors c’est un sacré enfoiré de première d’autoriser ça.
Je trottine de guingois et passe finalement la ligne d’arrivée en 5h35, tout content et surpris d’avoir amélioré mon temps précédent malgré une interminable lutte contre les crampes depuis l’Hortus et un bide chafouin qui m’ont gâché le plaisir de courir et fait perdre peut-être une 10aine de minutes. D’ailleurs, j’ai encore du mal une fois franchie la ligne, pas envie de me ravitailler et les crampes qui continuent leur harcèlement plus d’une heure après.
Je vais devoir relire « Le Trail pour les Nuls » et trouver enfin un remède à ce problème récurrent…
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1 commentaire
Commentaire de Mustang posté le 06-06-2016 à 21:05:32
Un très beau parcours très exigeant. Aie les crampes qui t'ont empoisonné ta seconde partie.
Bravo pour ta ténacité !
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