Récit de la course : Trail du Sancy - 60 km 2015, par cabalex

L'auteur : cabalex

La course : Trail du Sancy - 60 km

Date : 27/9/2015

Lieu : Le Mont Dore (Puy-de-Dôme)

Affichage : 2777 vues

Distance : 34km

Objectif : Objectif majeur

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Championnat de France de Trail court-34 km

LE SANCY ET LE TRAIL A L’HONNEUR

D’UN CHAMPIONNAT DE FRANCE REUSSI

 

« Le succès n’est pas la clé du bonheur. Le bonheur est la clé du succès. Si vous aimez ce que vous faites, vous réussirez  »

                                                                                Albert Schweitzer

 

La course à pied en nature ou trail a le vent en poupe. Un nouvel exemple : les 3ème championnats de France de la discipline ont eu lieu le week-end dernier dans le massif du Sancy, en Auvergne, autour de la station du Mont Dore. Le concept est simple : réunir le même jour sur un parcours offrant tous les ingrédients du trail (dénivelé, technicité, beaux paysages, mise en valeur d’une région) les meilleurs spécialistes de l’Hexagone après avoir validé une qualification fédérale sur une coupe de France que l’on appelle aussi le Trail Tour National. Bien que n’étant pas un cador de la discipline, j’ai validé ma place lors d’ « une course de la soif », en juillet dernier au trail de Faverges (Haute Savoie), en pleine canicule. Durant l’été, j’ai aussi pu parfaire mon pied montagnard dans le Beaufortain (Savoie), les monts du Lyonnais et un dernier test, il y a trois semaines, dans les Monts d’Or près de Lyon, lors de la Nuit des Cabornes. Ces différentes sorties m’ont bien préparé à défier le dénivelé exigeant du championnat de France de trail court (34 km, 2400m D+). Si mon volume d’entraînement n’est pas conséquent, je compense par mon expérience des efforts longs. Les Templiers l’an dernier, plus tous les trails courts de cette année (Beaujolais, Ardéchois, Francheville, Faverges) m’ont permis d’engranger des repères, de la confiance et le plaisir de découvrir de belles régions en famille.

 

ENGAGEMENT TOTAL

 

Arrivés la veille de la course, nous avons tout de suite apprécié le cadre verdoyant de la Bourboule et du Mont Dore, les toits en ardoises des maisons, l’architecture 1900 des bâtiments, les magnifiques séquoias du Parc Fenestre et l’air pur, à plus de 1000m d’altitude. Ce dimanche matin, la météo est favorable et je propose à Laurence et Lucile de nous croiser au sommet du Puy de Sancy (1885m), point culminant du Massif Central, sur le final de la course.

Le parcours du trail court est à la fois alléchant et un peu effrayant. 2400m de dénivelé positif sur 34 km, c’est un condensé rare de difficultés, à la hauteur des beaux panoramas à venir. D’abord, une belle montée en sous bois pour arriver au col de Croix Morand, au milieu de pâturages ventés. Les sensations sont bonnes, l’engagement est total car l’ascension est longue d’une dizaine de kilomètres. Quelques échelles sont à franchir ici ou là afin de passer d’un terrain à un autre. Le peloton serpente sur des sentiers en monotraces à tel point que l’on distingue nettement l’avancée des coureurs. Certains participants sont munis de bâtons pour mieux grimper les côtes qui s’enchaînent, je préfère prendre appui sur les genoux avec mes mains. Ces bâtons me semblent inutiles pour cette distance et de plus gênent le passage pour doubler. Je signale toujours mon dépassement par une direction « à droite » ou « à gauche » ponctué d’un remerciement. Les côtes s’enchaînent sans répit et je veille à bien me ravitailler régulièrement, le début d’hypoglycémie et de crampes trois semaines auparavant aux Cabornes m’ont rappelé à la vigilance. Arrivé au sommet de la première difficulté, peu avant le Col de la Croix Saint Robert, on n’a pas le temps de contempler le paysage encore un peu embrumé qu’il faut dévaler la pente. Je me laisse surprendre sur un appui, glisse et me retrouve par terre dans l’herbe, me relève aussitôt. La chute fait partie des aléas du trail car les terrains sont variés et on aperçoit les pièges au dernier moment parfois. Une autre glissade surviendra plus loin mais je dévale les sentiers avec agilité, cela requière tout de même beaucoup d’attention. La différence se fait en montée et aujourd’hui les jambes répondent positivement. Une succession de montées et descentes s’effectue ainsi sur des arêtes de lave durcie. Nous traversons en partie la chaîne des Puy d’Auvergne. Je commence à dépasser de plus en plus de concurrents mais le tracé du trail long (60 km, 3350m D+) est maintenant commun à mi-course, donc je me fie à mes sensations et à mon allure. Après une belle descente technique en forêt, nous atteignons la vallée de Chaudefour, creusée par des glaciers oubliés. C’est une réserve naturelle nationale où des consignes strictes sont à respecter : rester sur les sentiers, ne pas couper les lacets, ne pas jeter de détritus. Le trail a parfois un impact négatif sur l’environnement, les sanctions vont jusqu’à la disqualification du coureur mais n’est pas souvent appliquée.

 

LA FRANCE FORTE

 

Dans l’ascension finale, celle du Puy de Sancy, j’ai encore de la ressource, je pense à Laurence et Lucile qui doivent m’attendre au sommet et je ne veux pas les décevoir. Elles ont utilisé le téléphérique du Sancy et gravi les 860 marches sur un escalier de bois. La pente en lacet est spectaculaire, le final dans la caillasse ressemble à un zigzag digne des lacets de Montvernier (Savoie), découverts cette année sur le Tour de France cycliste. Au sommet, les encouragements se multiplient car les stigmates de l’effort se voient sur nos visages. Là, je retrouve Laurence et Lucile, heureux de les saluer, les remercie de leur présence et j’entame la longue descente vers l’arrivée. D’abord, les fameux escaliers de bois, puis des monotraces avec de nombreux cailloux, je me demande encore comment j’arrive à dévaler tout cela aussi vite et sans tomber. Mon truc : anticiper les obstacles et ralentir quand c’est nécessaire. Je suis plus à l’aise sur des terrains mixtes (route et chemin), j’apprécie tout de même d’évoluer dans un cadre magnifique, avec traversées de ruisseau, je distingue même le cri de marmottes, à près de 1500 m d’altitude. La fin de la descente est plus facile et je profite des sentiers plus roulants pour allonger la foulée et forcer l’allure. Je dépasse un à un des coureurs, 34 ou 60 km, qu’importe, je finis bien. A l’arrivée, au bout de 4h15 d’efforts maîtrisés, j’ai la satisfaction de boucler mon premier championnat de France d’athlétisme à mon niveau (190ème sur 395 coureurs classés sur le 34 km), conforme à mes capacités du moment. Je félicite les régionaux Aurélien Caillet (1er espoir sur 60 km), un jeune traileur talentueux de Tassin, Sébastien Hours, le leader du trail au club de l’ESL ainsi que Fabien Antolinos, traileur reconnu et récent 6ème de l’Ultra Trail du Mont Blanc. L’organisation de ces championnats de France a été impeccable, une densité de niveau assez élevée, un beau parcours technique avec quelques panoramas à 360° qui méritent d’être contemplés en mode randonneur.

 

Tous ces ingrédients font de la course à pied en nature une discipline à la mode : des coureurs sur route viennent sur le trail pour oublier un peu le chrono et varier les parcours et ambiance, de jeunes coureurs très prometteurs zappent désormais la piste voire le marathon pour intégrer directement des équipes de trail structurées grâce à l’aide d’équimentiers. Résultat : la France est à la pointe des nations au niveau mondial et cette discipline du trail vient d’être reconnue récemment par la Fédération internationale d’athlétisme. Pour ma part, le trail n’est pas une spécialité en soi, j’aime varier les distances et les formats de course, sur route et chemins. Le danger du trail se situe notamment dans l’inflation des distances proposées (et notamment l’ultra-trail, distance au-delà de 80km en nature) et du temps de préparation que cela exige, au détriment de sa famille et de la santé. On a l’impression que l’être humain a besoin de toujours dépasser ses limites, je préfère comme l’a dit si bien le documentaliste Luc Jacquet, cette semaine à l’Institut Lumière de Lyon, lors de l’avant première de son dernier film, « La Glace et le Ciel » sur le réchauffement climatique et le portait bouleversant du glaciologue, Claude Lorius, faire partie des bons gestionnaires de nos ressources.

 

 

 

 

 

 

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