Récit de la course : L'Ardéchoise 2006, par zézé
L'auteur : zézé
La course : L'Ardéchoise
Date : 17/6/2006
Lieu : St Félicien (Ardèche)
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Distance : 216km
Objectif : Pas d'objectif
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Le récit
4h46, le réveil sonne. Je m'étais donné une minute de grâce la veille, histoire de paresser au lit une minute de plus...bon, il faut se lever, la nuit n'a pas été terrible, mais celles d'avant oui, on fera avec.
Petit déjeuner en me forçant un peu, toilette, rangement de la maison que j'ai ouvert hier soir après sa fermeture hivernale, je range mes affaires dans la voiture, je coupe eau, gaz, électricité, j'embarque la poubelle, je vérifie une dernière fois que le frigo est vide: c'est bon, on y va.
5h30. Le soleil commence à se lever, le plafond nuageux est bas, la journée s'annonce maussade. Sur la route, de plus en plus de voitures, mais moins que l'an dernier je trouve. Par exemple au Fort du Pré à St Bonnet le Froid, il n'y a personne sur le parking, alors que l'année passée à la même heure ça s'agitait, on montait des vélos sur les toits des voitures, d'autres dans les coffres... Bon, quand même, avant Lalouvesc, la file de voitures grandit, à Lalouvesc les courageux partent à St Félicien en vélo. Puis beaucoup de vélos dans la descente vers St Félicien.
6h15, arrivée au parking "Gibet". Préparation, j'y vais, ça y est: descente vers la ligne de départ. Dire qu'il faudra remonter tout ça tout à l'heure !
6h30, ligne de départ. Je me suis inscrit assez tôt pour avoir un dossard "prioritaire", c'est bien, on n'est pas trop serrés. Il y a juste à attendre 7h30, ça va être pénible avec les deux guignols au micro (et en plus leur montre doit avancer de 5 minutes, vu leur compte à rebours).
7h30, départ. Si je tiens mon objectif, moins de 8h sur la Volcanique (171 km), je serai de retour avant 15h30. Départ impeccable, pas d'attente, pas de piétinement. C'est parti. Premier col sans effort, même le petit passage raide avant Pailharès s'avale sans souci. En haut, un cyclo dit à son copain "On est trop facile, si on continue comme ça on va coincer plus loin". Je regarde mon compteur, c'est vrai, je suis un peu trop facile moi aussi, mais c'est si bon...
Col du Buisson, aller. Super, mais il faut commencer à manger, le petit déjeuner est loin, et le ravito de Mézilhac encore plus. La descente s'amorce, il pleut, c'est bien, ça rafraîchit, mais la route est glissante: je me fait peur une ou deux fois, et quasiment à chaque virage il y a un type par terre.
Lamastre, toujours aussi bien décoré, et quelle ambiance ! Lapras, la route est goudronnée, la semaine dernière quand j'y suis passé c'était un chemin de terre, il fallait slalomer entre les engins...
Les Nonières, arrêt poubelle et pipi. Dans la descente, juste avant le Cheylard, je vois plein de cyclos qui réparent leurs roues: c'est beau les pneus légers, mais c'est pas solide ! C'est ce que je me dit en les voyant, mais en fait un gars m'apprends que quelqu'un a jeté des clous dans la descente ! Il y a des cons partout décidément.
Le Cheylard, les choses sérieuses commencent. Je me retrouve le plus lent (puisque tout le monde me double, mais que je ne double plus personne !), mais la reconnaissance de la semaine dernière m'a montré qu'un départ trop rapide en bas se payait dans les lacets avant Mézilhac. Du coup, pédalage en souplesse, cardio peinard. Plus loin, je m'accroche pendant quelques kms à un groupe qui me double, mais ils vont trop vite pour moi, je les lâche (façon de parler !). Peu après Dornas, croisement vers Mézilhac, la pente se durcit un peu, je me remets à doubler des concurrents. Sardige, je m'interroge: arrêt boisson, ou pas ? Finalement je continue. Les 7 km de lacets, après, me font mal, mais moins que la semaine dernière. Je me fais doubler, mais je double aussi, c'est un peu mieux qu'en bas (mais j'ai mal aux jambes !)
Mézilhac, enfin le ravito. Je mange un peu de tout, des dames me font goûter de la crème de marrons sur des petits-beurre, c'est excellent (et ça doit être le cauchemar des diététiciens...). Le plein d'eau, et c'est reparti vers le Gerbier. Les premiers km de côte sont un peu durs au début, il faut retrouver le rythme, mais le vent est avec nous, et à cet endroit c'est appréciable: la semaine dernière, j'ai fait Mézilhac-le Gerbier avec un vent glacial de face, c'était terrible.
11h05, passage à Lachamp-Raphaël. La feuille de route est respectée pour l'instant. La route devient un agréable faux-plat, puis une descente vers les Bourlatiers. Après, ça remonte dur sur les Coux, dans le raidillon devant la ferme pas mal sont scotchés, je les double, ça me fait du bien. Enfin voila le Gerbier des Joncs, il est 11h30, si je veux je peux faire les Sucs -non, je déconne...
J'essaie de me relaxer un peu dans la descente vers St Martial, mais ça roule fort, et la route n'est pas privatisée, il faut surveiller partout, devant, sur les côtés, derrèire. Je descends avec un type de la Talaudière (c'est écrit sur son maillot), à toi à moi, après St martial je le laisse partir. Arrivé à Arcens, je laisse le ravito de côté, je m'arrêterai à St Martin Valamas.
12h, St Martin de Valamas. Presque une demi-heure d'avance sur la feuille de route ! Oui, mais j'ai mal aux jambes, et le moral est bas, il manque encore la montée de St Agrève, celle de Rochepaule, le Buisson retour...Le ravito est dévasté, rien à voir avec ce que c'était les années d'avant quand je faisais les Boutières (120 km), mais il est vrai que j'y étais bien plus tôt. Je trouve quand même de quoi m'alimenter, je remplis mes bidons, et je vais m'asseoir sur un banc quelques minutes histoire de reposer mes jambes. Puis je repars.
La montée démarre tranquillement, mais je la connais par coeur, c'est juste après St Julien Boutières que les choses sérieuses commencent. On se met à doubler beaucoup, beaucoup de cyclos, sur des vélos disons...improbables (VTT Carouf, VTC Casino, vélos hollandais...). Quel courage de faire les Boutières avec ce matériel ! D'ailleurs, ils ont l'air d'en baver...
St Julien Boutières, ça y est, je suis dans le dur. Je gère comme je peux, je calcule: "bon, bientôt Intres, puis la première épingle à droite, après c'est le viaduc du petit train, là c'est dur, jusqu'à la deuxième épingle à droite, après c'est la ruine à droite où il y a souvent un ravito liquide, puis après ça gère jusqu'à St Agrève". Je me remotive comme je peux, je me dis que le ravito de St Agrève est 2 km avant le col de Clavières, il faut donc retrancher 2 aux chiffres inscrits sur la route qui décomptent les km restant avant le col...
Et puis...Rhaaa, ça y est, la pub du resto à droite, c'est bon, j'y suis, plus que quelques hectomètres de côte, puis c'est l'étang à gauche, je mets les watts...et paf! je déraille dans le rond-point à l'entrée de St-Agrève, je m'en mets plein les mains en remettant la chaîne, je m'essuie sur mon cuissard.
Il est 13h40, finalement je n'ai pas trop perdu de temps dans la montée. Ravito: je mange bien, je remplis mes gourdes, et je vais m'asseoir à l'ombre un moment. Puis je repars, direction Rochepaule. Il est 14h, vu l'état de mes jambes je crois bien que c'est cuit pour l'objectif.
Le col de Clavières est tout de suite là, puis le faux-plat casse-pattes de Freydaparet, et c'est la descente sur Malleval: la route est à nouveau privatisée, c'est un régal de trajectoires et de virages coupés. Le bitume est tapant, cassant. Arrive le pont de l'AigueNeyre, départ de la montée sur Rochepaule. En général (cad l'été, quand je roule dans le coin), je trouve cette montée plutôt cool, avec juste un petit coup de cul en haut. Là c'est différent, c'est dur de suite ! Mais bon, peu à peu je prends le rythme, et finalement ça passe plutôt bien. En haut, je m'arrête presque sous la douche installée à l'entrée du village, c'est bon après l'effort. Arrêt quelques minutes au ravito (de toute façon c'est bloqué, même ceux qui ne comptent pas s'arrêter sont obligés de mettre pied à terre), le temps d'engloutir quelques quartiers de citron, ça me fait un bien fou.
Descente sans souci, puis on arrive dans la vallée du Doux. Là, comme d'habitude, pas de bavardages, comme si tout le monde pensait aux terribles 15 % qui arrivent...Je roule peinard, 30-35, en me conditionnant pour ce dernier col, et en repassant mentalement chaque tronçon. Puis le voila.
Quand j'étais dans le dur en montant sur St Agrève, je m'étais rassuré en me disant que ce fameux début du col du Buisson, je pourrai toujours le faire à pied si je coinçais. Mais, comme d'habitude, en y arrivant, je me dis que ce serait tricher. Alors je mets tout à gauche sur le pont, et j'attaque le raidard. Bientôt en danseuse, je trouve mon rythme respiratoire, j'ai en point de mire l'orchestre du premier virage, super ça passe, repos dans le virage, puis à nouveau danseuse pour arriver au deuxième virage, puis je m'assois, et je rentre une dent, 3ème virage, carrefour vers Lafarre, ça y est le dur est derrière moi, manquent plus que les deux bouts raides juste avant Molière.
Au carrefour je prends un verre d'eau au passage, c'est bon. Dans la petite descente qui suis, un cyclo me dit que le plus dur est derrière nous, je lui réponds que non, il faut encore passer Molière...Donc voila les deux bouts raides, puis le virage à gauche avant Molière, le cimetière sur la gauche, je quémande un arrosage à la dame qui est là tout les ans avec son tuyau d'arrosage, puis ça se calme, un gros 4 est inscrit sur la route, c'est cool jusqu'à un peu plus loin que 3...
Passé 3 (donc plus que 3 km de côte!), je coince, je trouve ce km interminable. Ouf, voila le carrefour où le 2 est écrit par terre, ça sent l'écurie. J'essaie de rentrer encore une dent, pas possible, je reste sur le 30x23 (!). Je guette le transfo EDF à gauche, au bout d'un long moment le voila, puis c'est le 1 par terre ! Je scrute en avant, dans l'attente des lacets...les voila, je jette mes dernières forces, plus que 500m, 400m, 300m, je rentre 2 ou 3 pignons, 200m, je passe sur le 42, et...
Rhaaaaaaaaaaaa !!!!!!! Buisson retour ! ça y est, il n'y a plus qu'à se laisser glisser...
Je fonce dans la descente, mais je n'ai plus de force, je n'arrive pas à emmener le 52x12, je navigue entre 52x17 et 52x13. Pailharès passe, puis c'est plus plat, plus plat, et à 2 km de l'arrivée ça remonte, je suis complètement rincé, je passe sur le 30x21 (!!), mais la vue des premières maisons de St Félicien me donne des ailes, je mets le 42, puis la plaque, et...
C'EST L'ARRIVÉE !!!!!!!!!
Il est 15h40, j'ai presque tenu ma feuille de route. Plus tard, au gymnase, je vois mon temps affiché: 8h09mn11s, soit 9mn de dépassement, soit moins de 2% de dépassement, pas trop mal, mais je suis déçu quand même, les sensations n'étaient pas au rendez-vous. Le cardio ne me renseigne pas, entre les interférences et les décrochages je n'ai d'infos que sur le dernier tronçon Rochepaule-Buisson retour-St félicien, mais avec un max à 224 ça m'étonnerait que les chiffres soient bons...Pourtant ce cardio Polar est sensé éviter les interférences ?!?
Après c'est la routine, vélo à la consigne, récupration de la caution de la puce, visite au gymnase parce que la taupe souffle et pour voir mon temps, repas englouti. Pendant ce temps à la sono qui inonde tout le village les deux guignols du matin font le tirage au sort, c'est insupportable de connerie, j'espère que l'an prochain ce sera mieux, tout le reste de l'organisation est tellement top que ça fait vraiment tâche.
Je m'en vais, en me demandant si j'aurai le courage de remonter en vélo la voiture, mais non, je n'en peux plus, j'attends la navette avec un groupe de cyclos d'Yssingeaux, on discute le coup, la navette arrive. Il y a une petite dispute entre deux cyclos pour savoir lequel monte en premier, c'est normal, tout le monde est fatigué, mais finalement il y a de la place pour tout le monde.
Dans la monte de Mézilhac et dans celle de St Agrève, et aussi avant Lachamp-Raphaël, je me suis demandé ce que je foutais là, et que c'était bien la dernière fois qu'on m'y prendrait. Mais avec le recul, ce qui reste, c'est la satisfaction d'avoir terminé presque dans les temps, et surtout l'accueil extraordinaire partout, l'organisation sans faille, le plaisir de participer à une grande fête. Donc à l'an prochain, pour une Ardéchoise encore meilleure....
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