Récit de la course : Auray-Vannes - 21,1 km 2014, par Krapo07

L'auteur : Krapo07

La course : Auray-Vannes - 21,1 km

Date : 14/9/2014

Lieu : Auray (Morbihan)

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Distance : 21.1km

Objectif : Battre un record

3 commentaires

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J’Auray dû me méfier …

Après une première réussie sur semi il y a un an (http://www.kikourou.net/recits/recit-15211-semi-marathon_de_lyon-2013-par-krapo07.html), puis une confirmation quelques mois plus tard sur le semi de Nuits Saint Georges (1h50, temps amélioré de plus de 3min sur un parcours plus difficile), je m’apprête à prendre le départ du semi-marathon Auray-Vannes relativement confiant.

Après un printemps et un début d’été que j’ai consacré exclusivement au trail, avec une belle progression  (LUT 23km, L’Ardéchois 20km, Passerelles du Monteynard 34km, …), je décide de revenir à la route pour participer à cette classique qu’est le semi Auray-Vannes. L’objectif, ambitieux, est de le boucler en 1h45.

La prépa se passe sans problème, je me sens en pleine forme et en pleine confiance. Même le départ à 15h ne m’inquiète pas trop puisque j’ai déjà eu à gérer des départs à cet horaire et que cela s’est toujours bien passé.

J’arrive sur le site du départ (à Pluneret et non à Auray !) en avance, je m’échauffe tranquillement puis je trouve une bonne place sur la ligne. Il fait beau et chaud sous le soleil breton.

15h, c’est parti, la course commence. Je trouve rapidement mon allure de croisière autour de 4’45 au km, légèrement en avance sur mon objectif. J’ai quelques douleurs au ventre mais je me dis que ça va passer, les jambes déroulent sans problème. Le parcours est vallonné mais pas de grosses côtes pour l’instant.

La première grosse côte, c’est celle du village de Baden, au 8ème km. D’un coup la route se rétrécit et s’élève : un mur. J’attaque la montée confiant, mais à chaque pas le cœur monte un peu plus, les jambes sont de plus en plus lourdes, la tête chauffe, je me sens presque partir. Le souffle coupé je suis obligé de m’arrêter et de marcher quelques mètres pour reprendre mes esprits. Je suis perdu, en surchauffe, j’ai littéralement explosé dans cette côte. A ce moment-là, je dois avouer que j’ai envisagé l’abandon. Je repars tant bien que mal et je prends le temps de bien boire et manger au ravito qui arrive. Je décide de réduire un peu l’allure et je m’accroche en essayant au maximum de limiter la casse, en espérant que mon second souffle arrive au plus vite.

Je passe au 10ème km en 51’ , les dégâts sont limités et j’ai encore espoir. Je tiens comme ça à peu près jusqu’au 12ème km. La succession de faux plat montant et descendant me fait mal, je savais que le parcours était assez dur mais pas à ce point. Je me rends compte que je suis parti beaucoup trop vite, que j’ai sous-estimé la difficulté du parcours ainsi que la chaleur. Il fait chaud, le soleil tape fort, le vent dessèche.

A chaque fois que je jette un œil à la montre je vois que mon allure faiblit. Pourtant je n’ai pas l’impression de ralentir. Je suis de plus en plus dans le mal, je serre les dents, les kilomètres qui défilent lentement paraissent interminables.

La fin de ma course est un calvaire. J’ai dû envisager de jeter l’éponge à peu près à chaque kilomètre. Je suis en roue libre mais je souffre. Je me fais doubler, doubler, doubler. Sur le bord de la route je suis étonné par le nombre de coureurs arrêté, pris en charge par des médecins ou le public. D’autres marchent ou sont en souffrance comme moi.  Le moral est bas, surtout que je vois me dépasser tour à tour les meneurs d’allure 1h50 puis 2h. J’ai abandonné tout objectif de chrono, je veux juste finir. A bout de force, je suis obligé de marcher dès que la route s’élève. Même le soutien du nombreux public ne suffit pas à me booster. Dans la terrible côte du Vincin, je passe devant ma famille la tête basse.

Le moral revient un petit peu quand je vois le panneau du 20ème kilomètre : le plus dur est fait, je vais tout de même arriver à la boucler cette course.

A l’arrivée dans le stade, à 100m de la ligne, un homme est en train d’être réanimé par le Samu. Cette image me frappe. Je n’ai pas le cœur à sprinter pour finir. J’apprendrais plus tard qu’il est malheureusement décédé. Je passe la ligne en 2h03, le temps est anecdotique …

Après la ligne d’arrivée c’est l’hécatombe : les coureurs tombent comme des mouches à l’arrivée. La femme qui passe la ligne juste devant moi s’effondre, rattrapée par un bénévole. Les secours sont débordés, un appel est même lancé pour demander s’il y a des médecins dans le public.

Au final en voyant tout ça, je me dis que même si j’ai bien merdé mon objectif, ce n’est pas si grave que ça. Ma défaillance au 8ème km était un cri d’alarme de mon corps pour me dire stop. J’ai fini dans la difficulté mais sans jamais me mettre dans le rouge, c’est bien là l’essentiel.

J’ai toujours pensé qu’on apprend plus dans les échecs que dans les victoires. Au final il y a plein de choses pour moi à retirer de cet échec :

-          D’abord c’est le premier (surement pas le dernier me diront les plus aguerris) échec de ma « carrière » de coureur. Ça me rappelle que la course à pied est un sport difficile et que l’échec fait partie de la vie du coureur.

-          Ne pas partir trop vite ! D’habitude je suis le roi du negative-split, je pars toujours trop doucement, … et bien c’est mieux comme ça !

-          Mauvaise gestion de l’avant course : une fringale sur semi au bout de 8km ça fait pas sérieux. En y repensant je sais que je ne me suis pas assez alimenté avant la course.

-          Mauvaise connaissance du parcours. La prochaine fois je prendrais le temps de mieux étudier le parcours au lieu de me dire « c’est un semi, même vallonné ça sera moins pire qu’un trail » … sauf qu’en trail on peut monter en marchant et gérer son effort, pas sur un semi.

-          Toujours écouter son corps, si il dit stop c’est qu’il y a un problème. C’est peut-être le seul point positif : j’ai su finir raisonnablement. Si après ma défaillance j’avais gardé le même rythme, je partais droit dans le mur.

Malgré tout ça, cette course est magnifique et j’y reviendrais pour oublier cette déception. Magnifique pour son cadre, son paysage. Magnifique pour son public, son ambiance « Tour de France ». Magnifique pour sa difficulté ….

3 commentaires

Commentaire de lolo44 posté le 16-09-2014 à 22:21:40

Beau récit qui résume bien ce que j'ai vu
Pour mon 5ème Auray Vannes, j'ai terminé juste devant toi en moins de 2h - mon plus mauvais temps sur semi - mais j'ai levé le pied dès le 3 ème km, trop chaud ! j'ai couru tranquillement sans jamais me mettre dans le rouge; bonne récup à toi

Commentaire de mickael56 posté le 16-09-2014 à 23:27:34

Bonsoir,

Auray Vannes est une course réputée " difficile" par son parcours et un temps souvent ensoleillé ( l'été indien Breton) ...Et oui en Bretagne il pleut que sur les C...
Perso je visais 01H45. J'etais entrainé donc confiant pour atteindre cet objectif...
A 14H00 en arrivant sur le parking du carrefour market de Pluneret, le temps est nuageux et il fait déjà chaud ( 26 degrés). J'hésite à prendre ma casquette... Je décide de la laisser, on aurait dit qu'il allait pleuvoir. Ma femme me dit " mets la , ça te coute rien" .. Ce petit détail m'a été salvateur.
14H45 ... les 6500 personnes sont rassemblées pour prendre le départ, on est nombreux, très nombreux.
Le speaker insiste sur la méteo et demande aux coureurs de ne pas aller chercher une "surperformance" et de prendre du plaisir avant tout... message prémonitoire ?
15H00 ... Top Départ sous la musique et une ambiance propre à Auray Vannes.. J'en ai encore des frissons. L'émotion est présente..
Je suis très mal placé ( près du lièvre des deux heures) ... Je regrette encore cette "maladresse" mais impossible de me frayer un chemin parmi les milliers de coureurs.
Je mets environ deux kilomètres pour trouver mon allure et surtout un peu d'espace pour la foulée..
Je ne regarde pas ma montre, je gère ma course à la sensation, je rejoins le lièvre de 01H50.
La côte de Baden ( que je connais pour y avoir habité et m'y être entrainé) n'est pas un soucis, je suis encore en "sous régime" et préfère garder du stock après le10éme kilomètre....Je le passe en 51 mn, on était à côté Krapo07 ...
Je décide donc d'accélérer, et trouve un compagnon d'aventure pour aller chercher le lièvre d'01H45
Je suis bien, mes jambes suivent, mon souffle est bon..... Bref que du bonheur. Je double certains coureurs complètement essouflés et exténués.....Je perds mon "compagnon d'échappé"
Jusqu'au 15 ème je me sens bien, et je suis parti pour réaliser mon objectif, j'aperçois au loin le drapeau d'01H45.. J'y suis presque..le public est la, en masse. ( sur les ronds points, les carrefours...tout le monde applaudit, chante, donne de l'énergie..
Je prends les 6 derniers kilos pour une formalité mais un point de côté douloureux vient gripper mon allure et je n'arrive pas à maintenir mon rythme. Passé le 17 ème je n'ai plus du tout de jus et j'ai mal à ce point de côté, très mal. Je commence à douter, j'ai chaud, je me fais dépassé... le moral n'est plus la.
Ouf , un peu de faux plat descendant (ça change) pour récupérer et "attaquer" la cote du Vincin . Mais je ne suis pas d'attaque et je peine à lever mes jambes pour monter cette cote. C'est dur, très dur et je me dis que l'option accélération au 10 eme était prématuré... je suis fatigué.
Il reste 3 km et le mental revient, la douleur du point de côté commence à s'atténuer.. Un homme au tee shirt vert , en face de moi tombe et n'arrive plus à se relever.. Je regarde autour de moi, on souffre , tous
L'arrivée au stade se fait en 01H48, je suis heureux car les 06 derniers kilomètres ont été un verritable enfer.. Je limite la casse. Un homme est à terre. C'est terrible, il ne se relèvera plus jamais.
J'ai également beaucoup appris sur cette course. Je la recommande même si elle est difficile. Deux choses que je recommande pour ceux qui ne connaissent pas ce semi :

La gestion ( départ - mi parcours - gestion ravito..) est primordiale. Ne partez pas trop vite et réservez vous du "stock" mini jusqu'au 12 ème

La sensation : il faut écouter son corps, pas son chrono. Si les entrainements ont été bons, le reste suivra... Donc ne cherchez pas la surperf ou la comparaison avec une autre course. Ce semi est atypique.

Et puis la vraie satisfaction .... c'est quand vous échangez votre dossard pour un vrai bol breton.

Sportivement,

Mickael

Commentaire de Benman posté le 17-09-2014 à 11:15:29

C'est marrant, à lire ton récit, je me retrouve très bien dans ma dernière course qui avait lieu la semaine précédent sur semi également (chrono 10 min en deçà de l'objectif argggh). La chaleur est très perturbante, surtout cette année où nous n'avons guère eu l'occasion de nous entraîner vraiment sous le chaud. Il faut positiver comme tu le fais, toute expérience est bonne à prendre pour revenir encore plus fort.

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