Récit de la course : Sierre - Zinal 2013, par juliomix

L'auteur : juliomix

La course : Sierre - Zinal

Date : 11/8/2013

Lieu : Sierre (Suisse)

Affichage : 964 vues

Distance : 31km

Matos : Salomon XT wings3
Sac D4 12L

Objectif : Faire un temps

4 commentaires

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Belle découverte du trail et de SZ par la même!

Un récit tardif vaut toujours mieux que pas de récit du tout.

 

Je vais peut-être m’inspirer de celui de Polosh38 pour savoir par où commencer ! Rendez-vous est donc pris à la maison en ce weekend du 10-11/08 avec mes comparses polosh38 de la région lyonnaise mais aussi Sébastien qui nous a rejoints depuis la capitale (peu de dénivelé par chez lui mais un sacré passif de coureur), on retrouvera également au départ de la course Jérémy qui lui est du coin (avec de sacrés courses à son actif mais jamais encore la SZ).

Effectivement nous arrivons juste à temps pour la récupération des dossards, selon un autre point de vue on pourrait dire qu’on a très sérieusement optimisé notre temps de sommeil et que l’on a limité celui d’attente dans le sas de départ puisqu’arrivés dans ce même sas il ne reste il me semble que 5min.

Comme on a peur de rien, on s’est bien entendu inscrit sur le départ élite à 9h30. Le départ va bientôt être lancé avec devant nous quasiment tout le peloton de l’élite, ce départ en queue de peloton ne sera pas gênant en tout cas pour moi car je n’ai aucune idée de ce que je peux attendre de mes jambes sur une telle course sachant que le début de la CAP s’est fait en janvier pour moi et que l’entrainement n’est pas suffisant pour claquer une perf sur ce parcours exigeant (le sera-t-il même pour terminer ? ma plus grosse sortie à ce moment-là 15km avec 450mD+) ! Polosh table sur 5h, j’avais en tête 4h30 mais je ne savais pas l’époque ce à quoi j’allais me mesurer.

L’hélico est là mais à moins de se casser bras et jambes dans le sas de départ il n’y a quasiment aucune chance que nous fassions partie du direct de ce jour.

La météo de ce dimanche 11 est effectivement parfaite à savoir, il fait beau, un grand soleil brille mais il a plu durant la semaine dans la région de Sierre, de fait les températures sont fraiches ce qui nous réjouit, on aura au moins pas à gérer une température trop importante ce que l’on pourrait attendre en ce début aout, oufff.

 

Top départ !

0-4 km (Sierre-Beauregard, temps de course 0h46, 560m D+)

On part en petite course sur cette portion goudronnée qui n’a qu’une seule utilité : étirer gentiment le convoi, malheureusement ce n’est pas suffisant et nous allons subir de nombreux ralentissement dès que le chemin va se rétrécir dans le début de la montée. Cela monte fort, très fort, on était prévenu mais je ne suis pas certain que j’étais prêt. Jérémy nous a déjà semés dès la portion goudronnée et nous ne le reverrons qu’une fois la ligne d’arrivée passée. Paul est parti plus tranquillement mais nous ne sommes qu’à quelques mètres puisque nous nous croisons dans un virage. Je suis toujours en compagnie de Sébastien qui a décidé de faire la course à mes côtés même s’il aurait très facilement pu suivre Jérémy loin devant. Premier ravito, j’avale quelques tranches d’orange, une demi-banane et un morceau de choc et on repart rapidement car il nous reste encore une belle portion de montée raide.

4-7 km (Beauregard-Ponchette, temps de course 1h40, 1285m D+)

Comme on en a pas eu assez cela continue de monter très fort dans les sous-bois c’est agréable de profiter de cette fraicheur alors que la machine est déjà bien monté en température, on se demande ce que ça va donner en sortant du bois en plein soleil. Je continue ma course, parlons ici plutôt de marche avec Sébastien. On fait un petit arrêt photo/vidéo devant le panneau des 5 4000, c’est alors qu’un coureur nous dit « qu’on n’est pas là pour faire du tourisme » ! On fait quand même ce qu’on veut surtout que cet arrêt nous a au minimum couté 30s, énorme sur une course de 31km !!!

Je crois que c’est à Ponchette qu’ils annoncent que l’on est à 30% de notre temps final, un petit calcul rapide et cela nous amène aux alentours de 5h ! La perspective des 4h30 est déjà effacée alors que nous n’avons fait que 7km !!! Ça fait mal au moral mais on se dit que l’on a encore un peu d’avance sur les barrières horaires de milieu et de fin de course.

 

7-12 km (Ponchette-Chandolin, temps de course 2h24, ~1600m D+)

 

Le départ de Ponchette est quelque peu laborieux pourtant c’est une partie plane cela fait longtemps qu’on en avait plus vu (en fait est ce que l’on en avait déjà vu ???? ah oui pendant 50m sur l’aire de départ) sur laquelle on pourrait aisément envoyer mais je ne sais pas ce qui se passe et je n’ai pas envie de repartir, je sens bien que Sébastien aimerait repartir et que ses jambes le titillent mais perso la motivation n’est pas là, merci Sébastien pour m’avoir laissé faire mon cheminement intérieur qui m’a permis de finir par me dire que c’était le moment.

On finit donc par repartir à notre rythme et on déroule tant bien que mal sur cette partie semi-roulante avec quelques belles descentes dans lesquelles je retrouve le plaisir de la descente alors que Séb me fait part de son désamour de la descente, il envoie néanmoins fortement dans ces portions et n’a aucune difficulté à me suivre.

12-16 km (Chandolin-Tignousa, temps de course 3h03, ~1800m D+)

 

On décolle tranquillement de Chandolin, ou j’ai fait re-remplir mon camel quand on sent une sorte de pression s’installer dans les personnes autour de nous et tout le monde ne fait plus que parler de barrière horaire. Celle-ci est fixée à 12h45 à Tignoussa ce qui nous donne après calcul 50’ pour cette étape entre Chandolin et Tignoussa. Aux dires de nos « accompagnants » et selon leur expérience de l’année précédente cela est tout à fait faisable mais il ne faut néanmoins pas trainer. Le ton est donné.

C’est alors qu’apparaissent mes premières crampes, il me semblait bien que tout se passait trop bien pour une première course, un arrêt de 30s et on repart, cela semble suffire à faire passer la crampe (mollet et cuisse). La pente est beaucoup plus douce que précédemment et on peut accélérer légèrement afin de ne pas rater cette barrière horaire. On finit par arriver à Tignoussa avec si mes calculs sont bons à peine 10-15’ d’avance sur cette barrière horaire, on pense immédiatement à Polosh qui est on le sait derrière nous mais où et surtout à combien de temps de cette foutue barrière horaire ? Pour nous en tout cas, c’est bon mais il faudra finir en moins de 6h30 si l’on veut être classé, mais au vue de la première estimation cela devrait être possible.

Ce ravitaillement est plutôt bien achalandée et il y a même des masseurs, je me laisserai bien tenter, allez non on ne craque pas et on ne se déconcentre pas, on repart immédiatement en direction de l’hôtel Weisshorn.

16-19.5 km (Tignousa-Weisshorn, temps de course 3h48)

 

Une belle partie roulante avant d’attaquer l’une des dernières montées avant la grande descente vers Zinal. La montée se passe bien mais elle est longue et on se sentirait bien mieux avec une bonne bière à la main à l’arrivée.

On arrive à Weisshorn et ce point de vue (quasiment le plus haut de la course) est vraiment superbe sur la vallée qui s’étire à nos pieds et sur les montagnes alentours. On voit quelques villes/villages dans la vallée mais ne connaissant pas la course : impossible de dire s’il s’agit de Zinal ou pas ?

Le ravitaillement est cette fois-ci tout maigrichon, il faut quasiment avoir un ticket de rationnement pour obtenir un carreau de chocolat ou un bout de banane, heureusement les bénévoles ont toujours le sourire mais je prévoirai plus sur les ravitos de fin de course que ce qui était présent cette fois-ci (ou alors il faudra passer plus tôt les années à venir ;-)).

 

19.5-22 km (Weisshorn-Nava, temps de course 4h20)

 

Il me semble qu’entre ces 2 ravitaillements le chemin commence à mériter une certaine attention à l’endroit sur lequel on place ses pieds : je m’explique nous sommes désormais dans un single avec à gauche la pente raide vers les hauteurs et à droite la pente très raide vers le bas (on est pas loin du précipice à certains endroits) mieux vaut ne pas basculer à droite et passer par la gauche est inenvisageable.

C’est à ce moment-là que l’on rencontre nos premières difficultés (on va les appeler comme ça), on se cale dans le rythme d’une demoiselle qui avance parfaitement pour nous et on se retrouve bloqué derrière un mec qui est à bloc mais clairement moins rapide que nous, je pense qu’on perd pas loin de 5 min derrière lui, il ne peut pas ne pas nous entendre, ni ne pas sentir qu’il est à taquet alors que derrière ça trépigne, rageant comme situation quand on sent qu’on a les jambes pour avancer surtout quand depuis le début les autres concurrents ou bien nous même faisons tout pour laisser passer des concurrents plus rapides ; il finit par comprendre et se range sur le côté. On avance alors toujours derrière notre lièvre quand on se retrouve à nouveau derrière un boulet, on traine, on traine et je finis par profiter d’un pierrier (pas forcément le meilleur endroit pour passer sur le côté), Seb me suit mais je paye cette accélération 300m plus loin par l’arrivée d’une crampe, je dois ralentir et m’arrêter quelques secondes sur le côté, heureusement nous lui avions repris suffisamment d’avance et il ne nous rattrapera pas.

Si ma mémoire est bonne le ravito de Nava est une sorte de ravito sauvage avec une voiture le coffre ouvert qui distribue de l’eau de source aux coureurs passant par-là : assez sympa et tellement imprévu comme coin pour un ravito.

 

22-26km (Nava- Barneuza, temps de course 4h50)

 

On attaque maintenant la fin de la course et surtout la descente (pour le moment douce). Cela se fait en longeant les reliefs qui parfois reviennent fortement en longues boucles et qui donne l’impression de ne jamais avancer et de difficilement se rapprocher de Zinal.

En regardant la montre et en écoutant son physique on sait qu’on arrivera à Zinal (en tout cas Je sais car je ne me fais aucun soucis pour Sébastien qui malgré son passé de pistard n’a aucune difficulté dans la montagne), nous n’avons pas rattrapé de temps voir on en a même perdu un peu mais ce n’est pas grave car le chrono sera pour une année à venir.

En arrivant à Barneuza, je pensais être accueilli par les cors des alpes mais les joueurs ainsi que leurs accompagnatrices sont tranquillement en train de boire un coup et les cors sont rangés, quel dommage cela doit être exceptionnel d’arriver dans ce lieu accompagné de cette musique.

 

26-31km (Barneuza-Zinal, temps de course 5h28:22)

 

On repart de Barneuza en sachant ce qu’il nous attend, une descente légère comme précédemment suivie d’une violente et longue descente. Depuis Nava certaines portions sont très techniques, pierrier ou slalom entre les rochers dans lesquels je me régale et je saute comme un petit cabri, Sébastien qui a peur pour son genoux me suis facilement dans ces pentes encore douces et pas trop traumatisantes pour les cuisses.

La pente s’accentue et l’on finit par déboucher sur « la pente » de SZ, on dirait un bout de piste noire avec quelques passages tracés par l’usure au milieu de cette pente, les vidéos que l’on peut trouver sur internet donnent une idée mais ne reflète pas la complète vérité qui est beaucoup plus rude que ce à quoi on peut penser. On descend fort et Séb manque de s’en mettre une. Arrivés en bas de cette pente et au vue des vidéos je me dis que le bitume est bientôt là, quelle erreur on rentre alors dans la forêt (petit coup au moral, on aimerait maintenant que ça se termine) avec une descente au moins aussi raide que précédemment si ce n’est plus, il faut maintenant rajouter branche, racines et tout ce qui pourrait à ce moment précis de course (fatigue, stress…) et dans ces conditions devenir très dangereux. Seb est derrière et me dis qu’il me fait confiance sur l’allure à adopter pour avancer sans se mettre en danger et tomber, je choisis de suivre un rythme plutôt rapide sans complétement éteindre le cerveau et prendre plus de risque. Cela s’avère assez payant car nous ne tomberons pas mais nous doublerons près de 20 personnes entre le dernier ravito et l’arrivée.

Les jambes font mal et les pieds tapent dans le fond de la chaussure mais on ne peut pas ralentir, on ne peut plus ralentir, pas maintenant, tenir, tenir, encore un peu, encore si peu.

Arrive enfin le bitume et son lot d’émotion (qu’il me faut contenir pour continuer à avancer) : l’arrivée est proche, je vais retrouver femme et fils qui nous attendent depuis ce matin, je vais finir cette première course, je suis très heureux même si c’était dur mais la fin est là toute proche. Allez on se reconcentre et on avance sur le bitume, je connais aussi ce parcours par cœur grâce aux vidéos et j’allume alors la caméra pour immortaliser cet instant, une courbe à droite puis un grand virage à gauche et ce sera l’arrivée. Juste avant le dernier virage j’aperçois Jérémy ainsi que ma petite famille, quelle bonheur de les voir et de se savoir si près du but, quelques photos sont prises au vol et on file vers l’arrivée. On prend le virage et on aperçoit 50m plus loin le chrono : 5h29:45, Sébastien me lance « allez Julien on fait moins de 5h30 », alors je ne sais pas d’où proviennent ces forces mais on se lance dans un sprint après 31km, 2200D+ et 5h30 de course pour finir dans ce temps qui n’a finalement aucune utilisé si ce n’est pour un égo de dernière seconde : 5, 4, 3, 2….1. On franchit la ligne pile-poil à 5h30. La vidéo de ces 50 derniers mètres pourrait donner le mal des transports à un marin aguerri tellement ce sprint de fin de course nous fait passer du sol au ciel et du ciel au sol à chaque foulée et mouvement de bras associé.

On s’arrête quelques secondes puis on va récupérer notre diplôme et là quel étonnement 5h28:22, comment est-ce possible ? Ah mais bien sûr, le temps chrono est celui qui correspond au départ de la course mais étant en fin de peloton on a donc mis quasi 2 min pour passer l’arche de départ et déclencher notre chrono !

Massage par des sportifs amateurs qui nous félicitent tout en me traitant de fou d’avoir commencé par SZ comme premier trail, puis douche, puis massage n°2 par les physios, puis repas et nous voilà repartis pour rentrer au bercail.

 

Merci à vous deux : D et M pour nous avoir accompagné et soutenu. Quel bonheur, quelle joie de vous apercevoir dans ce virage après 5h27 de lutte acharnée et quelles émotions de penser à vous pour se remotiver lorsque la course devenait dure et que le mental avait besoin de cela pour relancer la machine. Merci.

Merci à Sébastien d’avoir partagé cette course à mes côtés, c’est toujours plus facile à plusieurs !

Bravo Jérém pour ton temps : 50’ devant nous, ce lièvre-là état trop rapide pour moi !

Bravo Polosh tu n’as pas démérité et je suis certain que SZ nous reverra bientôt, maintenant on sait à quoi s’attendre. Rdv en tout cas en décembre pour la Sainté en solo mais en duo ;-) !

 

Bravo d’avoir survécu à la lecture de ce récit, vous êtes maintenant prêt à finir une Sierre-Zinal.

4 commentaires

Commentaire de polosh posté le 18-09-2013 à 11:55:55

Prem's sur le commentaire ;-) Bravo pour ce CR tant attendu!!
Bon ben cette fin de course s'est gérée avec brio à ce que je vois! Bravo à Seb et toi d'être restés ensemble tout le long: bel esprit de duo! J'étais franchement trop loin à Tignousa, et à te lire, pas sur du tout maintenant que le genou ait tenu le reste de la course...
Bon ben on la reverra cette SZ, mais avec un peu plus de prépa quand même ;-)
Encore bravo et RDV en décembre pour une autre "rando"!!

Commentaire de juliomix posté le 18-09-2013 à 12:19:41

Joli polo pour cette réponse quasi-immédiate. Ravi que le CR plaise!

Effectivement Seb a été obligé de subir mon maigre rythme mais c'est vraiment sympa de courir à 2!
Concernant la fin du parcours, elle est clairement très éprouvante pour les genoux et les quadris dans cette descente infernale!
C'est sur qu'on la reverra cette course!

Tu parles d'une rando! lol on va en chier mais à 2!

Commentaire de Arclusaz posté le 18-09-2013 à 12:13:10

c'était une bonne idée de commencer par cette petite course avant de venir découvrir les sentiers des monts du Lyonnais !

non, franchement, c'est impressionnant d'avoir pu finir un tel morceau avec aussi peu d'expérience : le potentiel est là, c'est sûr ! les chronos vont descendre, descendre,....
RDV le 07 décembre pour courir le 08.

Commentaire de juliomix posté le 18-09-2013 à 12:21:34

Effectivement cette petite (comme tu le dis) course n'était pas une mauvaise idée.

Le potentiel je ne sais pas, en tout cas la motivation est là, c'est le + important je crois! A côté de ça, j'espère bien pouvoir faire descendre les chronos par la suite.

Alors rdv en décembre!

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