Récit de la course : La 6000 D 2013, par Natou

L'auteur : Natou

La course : La 6000 D

Date : 27/7/2013

Lieu : La Plagne (Savoie)

Affichage : 2117 vues

Distance : 63.3km

Matos : Asics Trabuco
Batons Leki
Sac Salomon Advenced Skin 12L

Objectif : Pas d'objectif

7 commentaires

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Ma 2ème 6000D

27 juillet 2013, 24ème édition de cette course des Géants. Une 2ème participation pour ma part. Après le Mont Aiguile et le Tour de Coulmes, cette épreuve se fera sous fond d’entraînement. Donc l’essentiel est de la mener au bout sans se griller !

Comme avant chaque course, j’angoisse toujours un peu même si  j’ai déjà participé à cette course 2 ans auparavant. Mais la préparation a été différente, alors on se pose toujours des questions.

Le départ est prévu pour 6H et la météo doit être caniculaire. Autant dire qu’il ne faudra pas négliger l’hydratation.

Mickaël et moi arrivons 10 min avant le départ à Aime (Altitude 673m). Nous sommes au fond du SAS de départ, mais cela ne nous pose pas de problèmes car je fais cette course en mode cool. L’entrée dans le SAS  permet de vérifier le bon fonctionnement de la puce.

C’est parti !!! Les premiers doivent bien être 300m devant quand nous franchissons la ligne de départ ! Les 6 premiers kilomètres permettent de s’échauffer musculairement, car c’est plat et les chemins sont bien larges ce qui permet à chacun de trouver son rythme sans se bousculer. A la sortie de Aime, nous prenons un chemin forestier. Je ressens à la fois la fraîcheur des sous-bois et déjà la chaleur dégagée par les coureurs. Un mixte qui apporte déjà une certaine moiteur… ah c’est sûr…il va faire très très chaud ! Je fais en sorte de ne pas aller trop vite. Nous empruntons ensuit une single qui monte dans la forêt. Je décide de m’aligner sur le rythme d’un coureur devant moi, ni trop vite, ni trop lent. Juste ce qu’il faut pour arriver au Hameau de Longefoy. Nous y sommes accueillis par les habitants qui agitent d’énormes cloches de vaches ! J’espère que ceux qui sont encore au lit n’avaient pas prévu de faire la grasses mat’ !

Tout va bien. Je prends un gel antioxydant, car c’est souvent en début de course que j’ai comme des débuts de crampes. Puis ça repart en direction de Montalbert. J’apprécie le peu de frais porté par une petite bise, malgré les premiers rayons du soleil qui viennent caresser la peau. Le parcours est toujours aussi agréable et je prends plaisir à traverser les champs. Cette année, une nouveauté est apportée au parcours : le passage par la piste olympique de bobsleigh. Cette nouveauté allonge le parcours de 3 km. Je me demande bien comment cela va être. A lire les lignes sur cette piste, on s’attend à affronter quelques pentes à forts pourcentages….

Nous y arrivons Mickaël et moi. Nous nous engouffrons dans cet « intestin grêle » d’1,5 km. Je trottine tranquillement. Tout va bien. J’arrive à passer quelques coureurs. La musique se cale à notre foulée, ou bien est-ce l’inverse ;-) A chaque virage, j’attends de voir la « difficulté », mais rien !!! Nous voilà sortis du serpentin, à la fois contente d’avoir parcouru cette piste de bobsleigh, et déçue, car je m’attendais à quelque chose de plus impressionnant. Bon et bien, il faudra plutôt prévoir de la descendre en hiver !!! Beaucoup de spectateurs sont venus nous encourager, et cette sortie se fait sous les applaudissements et les « Bonne fête Nathalie » !!! Et oui, c’est ma fête en ce jour de course !! C’est cool non !?!!

Plus que 5 km avant d’arriver au 1er ravito. Nous reprenons la piste forestière puis nous entamons un petit coup de cul qui nous permet d’atteindre le haut du télésiège des Coqs. Ah, je m’en souviens ! Il m’avait donné quelques suées 2 ans plus tôt. Mais aujourd’hui, je sens le bénéfice mes 2 ans d’expérience. Ça passe bien contrairement à quelques coureurs que je vois scotchés dans cette montée.

Voilà La Plagne-Centre en contrebas : ouf, on va pouvoir refaire le plein ! Et  là, nous apprenons, qu’ils n’ont plus d’eau !!! J’en reste bouche bée !! Ils ont des litres et des litres de coca et plus d’eau ! Nous essayons de récupérer le peu d’eau qu’il reste dans les bouteilles parsemées à gauche et à droite. Et il faut parfois montrer les dents quand un coureur vous arrache la bouteille ! GRRRR !!! Avec Mickaël et un autre concurrent, nous arrivons à remettre un peu de liquide dans nos poches. J’en profite ensuite pour attraper quelques morceaux de bananes et abricots secs. Et je repars suivie par Mickaël. Je suis un peu en rogne par rapport à l’organisation de ce ravito.

Va, on oublie et en route, direction La roche de Mio (altitude 2681m). On reprend un sentier large avant de monter via un court single au-dessus du lac des Blanchets. Je lève la tête et j’aperçois la Roche de Mio. Je reprends ma petite foulée et j’attaque la montée. Je suis bien. Mickaël est plus bas derrière moi. Un petit signe de la main afin de m’assurer que tout va bien. Plus on approche de la fin de la montée, plus on se sent pousser par les spectateurs venus nous encourager. Passage par le point de contrôle  avant de me lancer la descente vers la col de la Chiaupe (altitude 2492m). Bananes et abricots secs… ce sont les seuls aliments que j’arrive à prendre, car ils passent tous seuls.  La descente passe bien, le terrain est très roulant. Mais le col de la Chiaupe n’est pas à côté !

Ca y est ! Je suis un peu inquiète car je vois le chrono qui avance.  Il ne me reste que 2H pour monter et redescendre du glacier. Ah !! ce chrono !! Il ne prend jamais de pause celui-là ! Je ne vois plus Mickaël derrière moi, mais je suis persuadée qu’il n’est pas très loin. Je refais le plein de ma poche à eau et avant de repartir, je scrute le sentier qui va me mener au Glacier de Bellecôte. Je vois les coureurs qui me précèdent avancer lentement. Faut dire qu’il y a un sacré mur à passer dans les pierriers et la neige bien présente pour cette édition. Je m’élance accompagnée par un jeune coureur inquiet de voir qu’il reste un bon morceau à gravir ! Nous échangeons quelques mots et je le rassure. Il décide de se mettre dans mes pas. Nous croisons les coureurs qui en redescendent et qui nous encouragent à leur tour. Nous doublons quelques coureurs avant de nous retrouver sur le single dont la pente raidit au fur et à mesure. Je suis toujours bien. Ma progression est régulière et je savoure le fait d’avancer sans « souffrir ». Je me suis enfermée dans ma bulle, le regard se posant à quelques mètres seulement de mes pas. Mon compagnon de route décroche et m’informe qu’il manque d’oxygène. Je lui suggère de se poser un peu, bien boire car le soleil tape fort, et de reprendre doucement. Pour ma part, je rattrape le coureur devant moi. J’aimerai arriver à le passer car tous les 3 pas, il s’arrête net et je suis à deux doigts à chaque fois de lui rentrer dedans. Le plus difficile est que cela me stoppe sur la pointe des pieds !!!

Les cloches et les encouragements des spectateurs se font entendre de plus en plus. La neige apporte une luminosité très très forte. Je reste les yeux rivés au sol, sauf pour la photo :D.

Je jette un coup d’œil en arrière afin de voir si j’aperçois Mickaël. Mais la luminosité est trop forte (et je n’ai pas pris mes lunettes de soleil !!!) et j’ai du mal à distinguer les coureurs les uns des autres.

Passage au point de contrôle, et je repars. La traversée jusqu’au télésiège de la Traversée (Altitude 3045m) se fait dans la neige. Devant moi le concurrent se transforme en pantin désarticulé. Il rouspète à chacun de ses pas, car il glisse. « Fais ch… ! Ça glisse »… « Ben, oui je lui réponds. Il y a de la neige. Les appuis sont différents ! »… « Ouais, mais je n’aime pas la neige ! Ça m’emmerde !! »…  « Ben fais des courses où ça ne monte pas si haut, et arrête de te plaindre ! ». Je finis par le doubler, car il me gonfle un peu. Pour ma part, je m’éclate comme pour un trail blanc. Je reprends ma foulée tranquillou. Voilà que le parcours bascule vers la descente en direction du Col de la Chiaupe où est fixée la 1ère barrière horaire. Mais c’est génial : je glisse sur la neige (comme au ski), je déroule dans la caillasse et hop me voici au point de contrôle ! Il m’aura fallu 1H20 pour faire cette boucle. Au final, une grosse demi-heure d’avance sur la barrière horaire.

Je ne m’arrête pas longtemps. Je suis boostée par un regain d’énergie induite par une super montée du moral. C’est reparti pour le chalet du Carroley qui marque le début de la dernière difficulté de la course : la montée au Col de l’Arpette (altitude 2337m). Le fait d’avoir fait la course 2 ans auparavant, me rappelle qu’il faut en garder sous le pied.  Je déroule à mon rythme. Les cuisses chauffent !! Cela me rappelle que les entraînements en descente sont aussi importants que les montées !

Beaucoup s’arrêtent au chalet du Carroley, cherchant le moindre coin d’ombre. Les organismes souffrent par ces températures. Je profite qu’il n’y ait personne dans la 1ère partie de cette montée pour reprendre ma route. Cela me permet de grimper à mon rythme et d’accéder à l’Arpette sans difficulté. Que demander de plus ? !  Youpi, direction Belle-Plagne !!! Bon il ne faut pas trop relâcher la « vigilance » car c’est  à ce moment-là que je m’étais faite une cheville ! Ça descend tranquillement. Beaucoup marche déjà ! Il reste 24 km environ avant l’arrivée.

En arrivant au centre de Belle-Plagne, j’aperçois Mickaël !  Malade dans la montée du glacier, il a été rattrapé par la barrière horaire. Je ressens sa tristesse car cette course était pour lui importante : elle lui permettait d’avoir 2 points UTMB supplémentaires. Je le laisse dépitée.

J’arrive à Bellecôte au 3ème ravito. Mickaël est à nouveau là. Il est descendu avec les bulles. Il me demande si tout va bien et m’encourage dans la poursuite de ma course. Cela fait déjà 8H que je suis dans la course. Il reste moins de 20 km… mais avec quelques bosses !!!

Et hop, voilà la Natou qui repart !! Toujours autant d’encouragements des spectateurs, et cela fait chaud au cœur. En route, je fais la connaissance de Françoise, V2F. Et nous voilà en train de papoter… blablabla sur plusieurs kilomètres. Et bien quand on en est là, c’est que les voyants sont au vert, non ?

Je laisse Françoise qui décide de couper sa foulée avec un peu de marche. Elle finira 3ème V2F. Bravo Françoise !

Il fait vraiment très chaud. Heureusement nous retrouvons de l’ombre à travers les bois. A chaque cours d’eau que nous traversons, arrêt des coureurs pour trempage de casquettes !! L’ambiance est bon enfant. Depuis quelques temps, je double et me refais doubler par une concurrente, Stéphanie. Nous rions à chaque fois que nous sommes au même niveau. Elle me propose de finir avec elle jusqu’au 4ème ravito à Montchavin (altitude 1207m). Nous y arrivons ensemble et sommes accueillies par la musique !!! Elle n’est pas belle la vie !!

Stéphanie est déjà repartie. Je la laisse filer.Je refais le plein de vitamines et je repars….sans avoir refait le plein de ma poche à eau.

Il reste 9 km, et sans eau et avec cette forte chaleur (il fait 38°)….ça va être dur dur. Quand je m’en rends compte, je comprends mon erreur. Je suis à sec !!!! Heureusement, on m’annonce un point d’eau (tuyau d’arrosage improvisé) à 4 km de l’arrivée !!! Ravito salutaire !! Le mot « arrivée » résonne de plus en plus dans ma tête au moment où j’atteins la piste cyclable. Mais 3 km sur du bitume en faux plat montant, et bien ce n’est pas toujours facile ! Emmenée par une folle envie de franchir cette ligne d’arrivée, j’alterne course et marche jusqu’à l’entrée de Aime. J’y retrouve Mickaël. Voici enfin l’arche ! Un grand sourire pour la photo finale et une énorme sensation de bien-être…mais qu’est-ce que j’ai soif !!!! :D

 

Me voilà avec une 2ème 6000D en poche. 10H50 pour 63.3 km et 3800 D+ (10 min de plus qu'en 2011, mais avec plus de km et sous une forte chaleur). J’en suis très heureuse. Le moral est boosté !!

En route pour Courchevel X-Trail…non, ce n’est pas pour moi, mais j’espère de tout mon cœur de Mickaël arrivera à terminer cette nouvelle course. Je serai là pour l’accompagner sur les derniers kilomètres de cette course. En attendant, récup en mode vélo !!

7 commentaires

Commentaire de Ironmickey posté le 05-08-2013 à 15:00:46

BRAVO mamour. Tu es extraordinaire. Je suis toujours très admiratif sur tes capacités à encaisser de telles épreuves dans ces conditions climatique. C'est bon pour l'UTMB, même si celà reste une autre histoire... ;-)

Commentaire de Jean-Phi posté le 05-08-2013 à 16:35:02

Bravo belle perf et avec un magnifique sourire ! Chapeau !

Commentaire de a_nne posté le 05-08-2013 à 16:51:20

Bravo pour ta course et ce beau sourire à l'arrivée fait plaisir !
J'ai aussi eu le droit à des "Bonne fête avec un jour de retard" :-).
On a du se croiser une ou 2 fois, tu finis finalement un bon 1/4heure devant. Bravo !

Commentaire de Rodgers posté le 05-08-2013 à 22:38:17

YYYéééééé Bravo super Natou, trop fastoche la 6000D pour Natou !!! enfin euhhh quand même y'en a qui se lance dans de ces galères !!! c'est pas moi qui.... quoique !!!
Merci pour ce beau récit de la part de Rodger's, Bises...

Commentaire de matos posté le 07-08-2013 à 15:20:31

Bravo Natou ! Ton récit m'a fait revivre ma 6000D 2011, (qualificative UTMB 2012).
Tu as très bien géré ta course et le résultat est là... De bonne augure pour ton prochain UTMB qui approche à grands pas...

Commentaire de raspoutine 05 posté le 07-08-2013 à 22:14:18

Bravo à toi, une jolie perf' qui montre toute ta préparation pour le rendez-vous majeur autour du Mont Blanc. a n'en pas douter, ce sera pour toi un grand, grand moment !

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 30-08-2013 à 11:16:50

Qué belle fille et qué beau sourire malgré la chaleur ... Bravo !

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