L'auteur : bottle
La course : Andorra UT Vallnord / Ronda dels Cims
Date : 21/6/2013
Lieu : Ordino (Andorre)
Affichage : 3300 vues
Distance : 184km
Objectif : Terminer
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45 autres récits :
(65) Ronda del Cims (Andorre)
21-23 juin 2013
184km - 12200m D+
Avez-vous jamais imaginé parcourir tout un pays d’un seul coup ?
Tour géant de toute la Principauté d'Andorre, en passant par le point culminant, le Pic du Comapedrosa à 2.942 m, en longeant la frontière. Sous la pleine lune durant les jours les plus longs.
Comment résister à une telle proposition de l'Andorra Ultra Trail Vallnord ?
L’an dernier nous étions 3 avec Tony et Rémi à tenter le tour. Malheureusement notre épopée s’est arrêtée à mi-parcours. Nous avons souvent cherché les causes de cet arrêt sans vraiment trouver de réponse. Pas de gros pépins mais une multitude de petites choses qui font qu’après une vingtaine d’heures la volonté d’avancer nous a quitté. |
Nous revenons cette année sans Tony hélas retenu pour des raisons diplomatiques mais avec la ferme intention de boucler cette Ronda qui en 2 éditions n'a pas encore dépassé les 150 finishers.
Coté logistique nous ne répétons pas l'erreur de 2012 en voulant rentrer le dimanche soir à la maison ce qui nous avait mis la pression sur le timing de course. Le retour se fera le lundi après une nuit de repos sur place. Nous pourrons ainsi exploiter les 62h maxi autorisées pour la Ronda.
Cette année la course a lieu du 21 au 23 juin, c'est tôt dans la saison pour un ultra trail de montagne. Pour nous, coureurs de plaines, la préparation s'est faite sans aucune sortie montagne. Il ne faudra pas s'emballer dans les longues ascensions. Le seul avantage de cette date est que les 2 nuits que nous allons passer dehors sont les plus courtes de l'année, on se console comme on peut.
Les conditions météos des derniers mois et la quantité de neige encore présentes dans les Pyrénées ont amené l'organisation à modifier le parcours initialement prévu. Le parc naturel de Sorteny au Nord et le pic du Comapedrosa, point culminant de l'Andorre, ne sont pas accessibles en sécurité pour la course. Un parcours de repli est prévu pour ces parties. L'organisation annonce que le dénivelé supprimé est compensé en distance. De plus lors du briefing d'avant course, Gérard et Valérie, nos 2 GO en chef, nous informe que l'ascension du Bony de la Pica (2406m) et/ou l'Alt de la Capa (2600m) peuvent être également détourné à cause d'orages prévus en fin de journée du vendredi. La météo pour la course s'annonce plutôt bonne. Vendredi : beau le matin, pluies avec orages possibles en fin de journée, samedi et dimanche : beau. Les températures resteront fraiches pour la saison.
Le profil remanié donne tout de même 12200m D+
Nous arrivons à Ordino jeudi vers 15h. Nous passons récupérer le pactage (dossard, tenue compression complète aux couleurs de l'Ultra Trail Vallnord, les 2 sacs pour les bases vie, le célèbre pack de bouillon de poule et quelques bricoles habituelles). La dotation d'avant course est bien garnie.
En attendant le briefing en français prévu à 18h, nous buvons une bière en terrasse avec gideon et ses amis bataves. On trouve toujours quelques têtes connues habituées de ce type de course.
18h les espagnols et catalans (langue officielle de l'Andorre) libèrent la salle de cinéma pour le briefing du reste du monde. Les français sont les + nombreux mais il y a de nombreuses nationalités dont une délégation japonaise avec photographes et cameramen (normal ). Rappel du parcours, des consignes de sécurité, de la météo incertaine pour vendredi, etc ...
Avec rémi on trouve un petit restau avec repas coureur puis direction l'hotel. Préparation du sac et au lit de bonne heure, la prochaine nuit dans un lit ne devrait être que celle du dimanche soir.
Vendredi 21 juin, réveil 5h30, petit dej dans la chambre puis direction la zone de départ. La maréchaussée andorrane veille
On retrouve sur la Ronda la convivialité et la sérénité parfois perdues sur certaines épreuves similaires. Avec 300 partants il n'y a pas de bousculade. On en arrive même à se faire des politesses pour passer le bip d'entrée du sas. Vas-y, après toi, je t'en pris, on a le temps, ... . Même les cadors des teams passent par le même circuit que les autres et nous sommes tous mélangés dans la zone de départ. Personne ne se précipite sur la ligne, on cotoie les Chorier (futur vainqueur dans le temps canon de 28h41, record de la course pulvérisé), l'italienne Canepa au palmarès impressionnant (1ère féminine en 36h19), Emilie Lecomte (3e féminine et 1ère française, un moment en tête mais qui a subi un gros coup de mou sur la fin, lire son CR), le japonais Yamamoto (vainqueur du GRP 2012 et 2e à 2h30 de Chorier), l'australien Cooper (3e à 13mn du japonais), etc ...
le sourire du départ avec l'ami gideon qui finira en 40h !
Tous les coureurs sont prêts, la musique monte et à 7h00 nous sommes lachés pour un long périple.
1ère partie : Ordino-La Margineda : 72km - 16h35 - 185e/301
Courte traversée d'Ordino et nous attaquons les sentiers. Nous prenons rapidement de l'altitude tout en restant en forêt. Le ciel est dégagé et dès que nous sortons des arbres vers la côte 2000 le soleil nous réchauffe rapidement.
En montant vers le col d'Arenes les 1er névés sont là. Cette partie a été modifié, le parc naturel de Sorteny n'est pas accessible, nous n'irons pas jusqu'au col. A 2200m le parcours s'oriente au Nord et progresse par ondulations essentiellement en forêt.
L'an dernier nous montions droit au col d'Arenes, cette année ce sera le dernier col avant l'arrivée. L'hélico vert de l'organisation fait un tour au-dessus de nos têtes, il s'approche à quelques mètres ce qui est assez rare, ça décoiffe. Je sors l'appareil photo et j'aperçois le passager qui nous fait de grands signes comme pour dire non. Sur le coup je pense qu'il ne veut que je prenne une photo. Mais nous comprenons rapidement que c'est pour nous dire que nous ne sommes plus sur le parcours, il faut redescendre et partir sur la gauche. Je ne sais pas si les gars devant nous ont suivi un balisage mais nous avons emboité le pas comme souvent. L'erreur est faible nous retrouvons rapidement le parcours. C'est la 1ère fois que je me fais remettre sur le chemin par un hélico .
Grosse descente (600mD-) sur le village d'El Serrat puis remontée dans le vallon de Sorteny pour trouver le 1er ravito vers le km19 atteint en 4h.
Les ravitaillements sur la Ronda sont un des points forts. Toujours bien garnis avec la célèbre soupe de poule locale et des bénévoles aux petits soins toujours prêts à donner un coup de main. Je crois que je n'ai jamais rempli ma poche tout seul.
Belle grimpette jusqu'à 2200m puis le parcours file vers l'Ouest dans le vallon d'Arcalis. On aperçoit la station de ski du même nom au loin. Ici encore le parcours a été modifié. Plutot que de monter à la station et passer le col au-dessus on descend en fond de vallée pour remonter sur l'autre versant. C'est l'occasion d'emprunter la piste rouge enneigée et de travailler son planté de baton.
Le ciel commence à se couvrir. Longue descente sur un chemin roulant jusqu'au village de Llorts où un ravito a été ajouté, km30 atteint en 6h. Nous sommes pointés 191e/301.
Cowpines andorranes
Du ravito 5 km de montée (600mD+) parfois rude pour atteindre le coll Cases puis Clot de Coma Aubosa (2155m). Longue traversée en forêt en gardant l'altitude et nous arrivons au-dessus du refuge du Pla d'Estany. Le plafond est bas et on constate que l'enneigement ne permet effectivement pas d'accéder au sommet du Comapedrosa. L'an dernier il y avait seulement quelques névés épars, cette année ce sont encore des conditions hivernales. De plus avec la fonte les torrents sont en furie et ça dégouline de partout.
On distingue les coureurs devant nous qui remonte le champ de neige jusqu'au refuge. Si vous regardez bien la photo il y en a dans les 2 sens car le parcours fait un aller-retour au refuge pour le ravito.
Pour traverser le torrent il faut franchir un pont de neige. Il semble solide mais par sécurité on garde un peu de distance avec rémi.
Nous arrivons au ravito du Pla d'Estany km40 en un peu de 9h (182e/301). Nous sommes sur un rythme qui nous convient et qui doit nous permettre de passer sans problème les barrières horaires.
L'accès au Comapedrosa étant inaccessible nous contournons le massif par le Sud. Descente en fond de vallée jusqu'à 1600m puis remontée vers la station de ski d'Arinsal. Pour la plupart d'entre-nous, nous ne connaissons l'Andorre que par sa porte d'entrée du Pas de la Case et ses supermarchés détaxés. Si on pousse une peu à l'intérieur on découvre un pays montagneux composé de magnifiques vallées équipées de nombreuses stations de ski. Toutes les constructions sont en pierre et les villages sont tous charmants.
ravito d'Arinsal
La pluie n'a pas encore fait son apparition, l'Alt de la Capa (2572m) est encore accessible. Nous remontons jusqu'au sommet de la station de ski puis par les crêtes nous atteignons le Coll de Turer (2152m).
Encore 500m de D+ et nous sommes à l'Alt de la Capa (2572m) où Albert nous accueille au son de sa Guaïta, sorte de cornemuse locale, lointaine cousine du célèbre David . Nous retrouvons ici le parcours initial
Direction plein Sud vers le Coll de la Botella (col de la bouteille) . Ils sont sympa à l'Andorra Ultra Trail, ils vous mettent des cols à votre nom . Malheureusement la pluie s'est invitée à la fête, il faut se couvrir en conséquence. Le col est accessible en voiture et la 1ère barrière horaire y est positionnée à minuit. Il est 19h30 nous sommes sereins sur le timing.
Longue traversée à niveau où l'on croise des pistes de ski jusqu'au Clot du Coma del Prat. La montée au Bony de la Pica (2402m) est annulée, la pluie redouble, la nuit arrive, l'organisation préfère nous faire redescendre en vallée.
Ce sera la partie la moins plaisante du parcours. Longue descente sur le village de Sispony avec des dévers herbeux très boueux et de belles gamelles dans la boue. S'en suit un long cheminement en fond de vallée au-dessus de la capitale Andorra-la-Vella. On progresse sur une impressionnante passerelle en béton en surplomb du torrent dont le débit est hallucinant. 12km où on peut dérouler, à la frontale, pour rejoindre la 1ère base vie de La Margineda, nous passons sous les 1000m d'altitude.
Entrée dans la base vie à 23h35 soit 16h35 de course. Nous sommes pointés 185e/301. Nous récupérons notre sac de change et décidons de prendre notre temps avant de repartir, 1h pour se changer, prendre une douche (tiède), manger, recharger le sac et 1h de sieste si on trouve un matelas de libre. Il faut avoir quitter la base vie avant 5h du matin nous avons de la marge.
Contrairement aux ravitos, la base vie mériterait une petite amélioration, en particulier pour le repos. Nous sommes dans un gymnase et il y a seulement 5 tapis de gym posés au sol pour tous les coureurs. Certains coureurs qui ont une assistance se sont faits réserver un tapis, les places sont chères.
Rémi passe voir le podo après sa douche, je commence par manger puis je tente une douche, elle est tiède mais supportable. Changement complet de la tenue puis on devise sur la possibilité de se reposer. On décide de s'allonger par terre, c'est dur et froid mais avec la fatigue je réussis à fermer les yeux pendant 1h. Rémi me réveille, il n'a pas pu dormir, on se prépare pour repartir.
2ème partie : La Margineda - Pas de la Casa : 138km - 40h21 - 149e/301
2h pile d'arrêt. On craignait le choc thermique en sortant de la base vie mais la température est fraiche mais supportable. 2km où on longe la route puis on attaque la pyramide qui nous a terrassé l'an dernier. 1000m de D+ en 5km pour atteindre le Coll de la Gallina (col de la poule) à 1911m suivi de 1100m de D- en 7km jusqu'au point le plus bas du parcours Sant Julià (890m).
Nous abordons la montée avec la certitude peut être un peu prétentieuse que nous allons l'avaler sans problème. D'abord sur un sentier qui monte raide on rejoint ensuite un chemin plus large vers la côte 1500 puis à nouveau un sentier droit dans la pente qui coupe les lacets. On débouche au col après 2h10 d'ascension accueilli par les bénévoles du ravito. On entame la descente sereinement pour arriver au bout de 2h à Sant Julià. Nous sommes à la moitié du parcours, le jour se lève sous un ciel dégagé, nous éteignons les frontales, la température a bien baissé. Comme d'habitude sur ce type de course le lever du jour réveille le métabolisme du corps et fait oublier un temps la fatigue.
Nous traversons la route principale d'Andorre pour filer vers la partie Est de la principauté.
Nous abordons la plus grosse ascension de la course, quasiment 1800m D+ d'une traite pour atteindre le Pic Negre (2942m). On arrive rapidement au ravito de Coma Bella à 7h30 du matin un peu plus de 24h depuis le départ. Surprise on trouve ici des lits de camp neufs avec des couvertures qu'on aurait apprécié à la base vie. Ils sont installés dehors et ça caille dur. Certains tentent une sieste, on a pas prévu de trainer.
Nous poursuivons notre ascension toujours en forêt, on passe devant un parc d'attraction qui semble encore fermé. Nous approchons de la frontière espagnole que nous allons longé jusqu'au sommet du Pic Negre, tantôt coté Espagne tantôt coté Andorre. Une fois sorti de la forêt on découvre un paysage étonnant. Des sommets arrondis, herbeux sans aucun arbre et une large piste qui monte vers le sommet. Cette fin d'ascension est frustrante, chaque fois qui arrive au sommet d'une bosse il y en a une nouvelle et on cherche en vain le sommet. Le soleil est de la partie on peut quitter quelques couches de vêtements.
Avant le sommet des bénévoles sont là pour un pointage. Encore un bout et nous voilà au sommet, nous avons passé les 100km. On aura mis 5 bonnes heures pour monter depuis Sant Julià.
Dans l'ascension finale nous sommes rejoins par 2 japonais que l'on retrouvera régulièrement jusqu'à l'arrivée. J'entame la discussion en anglais, mon japonais se limitant aux quelques mots de judo appris pendant les années de compétition de mon fils, je ne voyais pas comment placé un hajimé ou un matté dans la conversation . Nous (je devrais dire je) avons souvent taper la discute avec d'autres coureurs sur le parcours. Je peux dire que j'ai également bien travaillé mon espagnol sur la Ronda .
Le parcours initial prévoyait une descente directe sur le refuge de Claror mais le passage rocheux est trop enneigé. Nous aurons droit à une petite rallonge de 7km. Nous descendons par les crêtes jusqu'au Collada de Caülla (2147m). Les parcours de l'Ultra Mitic et de la Ronda del Cims se retrouvent et les bénévoles encouragent tous les arrivants. Nous allons avancer en compagnie de quelques dossards jaunes.
La descente continue sur des lacs magnifiques puis on remonte le vallon pour passer le Collada Prat Primer (2493m).
Le ravito de Claror est atteint à 14h. La chaleur commence à se faire sentir. Nous sommes pointé 151e/301 pile poil au milieu du peloton. En réalité le peloton s'écrème de lui-même, les places gagnées sont pour la plupart dues aux abandons. Nouvelle montée au Collada de Mitjana (2426m) puis descente dans le vallon jusqu'à la côte 2000.
Longue remontée dans un vallon vers le Coll de l'Illa. La chaleur et la fatigue me tombe dessus, j'accuse le coup sur cette partie. Nous faisons de courtes poses de 5mn allongés dans l'herbe pour récupérer. Le refuge de l'Illa où se trouve le ravito semble ne jamais arriver. L'environnement est minéral on cherche au loin une construction. Nous arrivons enfin au refuge à 18h20 un peu rincé par cette ascension interminable. Malgré notre progression laborieuse nous avons gagné 2 places 149e/301, nous ne sommes pas les seuls à ramer sur cette partie. Il y a une barrière horaire à minuit au refuge. Je me demande pourquoi mettre une barrière à un endroit accessible uniquement à pied. Ceux qui se feront arrêter ici devront descendre le lendemain à pied, dur dur.
Après une pose réparatrice nous grimpons encore jusqu'au col d'Illa (2545m). On bascule pendant quelques km en Espagne en suivant un vallon qui descend sur le GR11. Le parcours s'oriente au Nord, nous repassons en Andorre et par une rude grimpette droit dans la pente nous atteignons Portella Blanca point de jonction des 3 frontières. Nous avons ici un pied en Andorre, un pied en Espagne et un pied en France . Nous avons parcouru 135km en 38h30, le jour décline. Les jeunes bénévoles nous accueillent comme toujours avec le sourire. Rémi m'appelle car il trouve que je traine à discuter.
L'enneigement sur cette partie est important. L'organisation avait conseillé de prendre les crampons, nous les avions. Nous ne les avons pas utilisés mais je dois reconnaitre que sur cette partie si j'avais été seul je les aurais mis. Les névés sont parfois très en pente et avec la fatigue un pied mal positionné peut entrainer une grosse glissade.
Il reste le Coll dels Isards (2659m) à passer avant la descente sur le Pas de la Casa. La nuit est tombé nous progressons à la frontale. Cette partie est très technique, rocheuse et la neige ne facilite pas la progression. L'organisation a installé de nombreuses cordes pour nous permettre de passer en sécurité mais c'est parfois un peu chaud. Nous rejoignons les pistes de ski du Pas de la Casa et nous descendons jusqu'aux lumières du bourg. Cette partie nous a bien trempé les pieds, nous avons hâte d'arriver à la base vie.
On traverse les rues où quelques fétards du samedi soir font encore un peu de bruit. Nous entrons dans la base vie à 23h21 (40h21 de course) toujours 149e/301. La barrière horaire est à 8h du matin nous avons de la marge. Il fait chaud dans la salle ça fait du bien, il faudra faire attention en sortant.
Même protocle, 1h pour manger, se changer (pas de douche l'eau est froide), recharger le sac et 1h de sieste. A ce niveau du parcours il y a moins de monde et on réussi à squatter un matelas. Je dormirai 50mn, rémi a toujours du mal à dormir. Rémi me demande si on ne devrait pas faire une pose plus longue car nous avons de la marge sur le timing. Je lui propose de repartir et de faire une pose sur le parcours à un ravito si le besoin s'en fait sentir. Je sais d'expérience que le final sur un ultra trail est souvent laborieux. Si on peut passer Port Dret (2610m) avant le lever du jour on aura de grandes chances d'aller au bout sans pression.
3ème partie : Pas de la Casa - Ordino : 184km - 58h47 - 132e/301
C'est parti pour le 3e et dernier morceau. Il reste 2 sommets qui flirtent avec les 2600m et un peu plus de 40km.
La température extérieure est plutôt douce pour l'horaire. Nous devons descendre sous le Pas de la Casa jusqu'à la côte 1800 par le vallon où coule l'Ariège qui délimite la frontière franco-andorrane. Puis à gauche toute, il faut remonter le long vallon qui mène au Port Dret (2612m).
Nous allons galérer un long moment sur cette partie. Le sol est une espèce de tourbe humide et ça ruisselle de tous cotés. Il y a de nombreux torrents à traverser, la quantité d'eau qui descend est parfois impressionnante. Malgré nos efforts il est impossible de garder les pieds au sec. Le balisage ne suit évidemment aucun sentier, nous sommes obligés de chercher les balises en nous arrêtant.
Arrivé sous le 1er névé on se laisse entrainer sur la droite et on se retrouve coincé au pied d'un passage enneigé pas vraiment avenant. On redescend pour retrouver le balisage qui contourne en fait le névé par la gauche. Il y a 1 ou 2 passages techniques entre rochers et bordure de névé. Nous atteignons un 1er col à 2565m mais l'ascension continue en suivant la crête au Sud. 2h30 pour cette ascension. Après la montée une grosse descente de 600mD- droit dans la pente herbeuse. Je prends mon temps sur cette partie usante pour les cuisses. Rémi m'a largué on se retrouvera au ravito.
A la côte 2000 on croise la route qui descend du Pas de la Casa vers l'Andorre où le ravito de Bordes d'Envalira nous attend. Il est 6h du mat, le jour vient de se lever, le feu de bois des bénévoles nous réchauffe agréablement, nous sommes pointés 141e/301. On tente de sécher nos chaussures mais on risque d'y laisser la semelle. Il y a de la pizza chaude au ravito quel délice !
Les 25km suivants devraient passés sans encombre si on regarde le profil. 3 ou 4 petites montées de 200m D+ avant d'attaquer l'ascension finale. Sauf que l'on a 150km dans les jambes et 47h d'effort.
Nous descendons en fond de vallée jusqu'à Soldeu (station de ski) puis après une courte grimpette, on remonte plein Nord dans le Val d'Inclès. Cette vallée me fait penser au Val Ferret italien que l'on emprunte sur l'UTMB. Le ciel est bleu, le soleil pointe son nez, le paysage est verdoyant, on arrive au bout du vallon où, luxe suprême, on nous propose le café et les croissants au ravito (km158, 137e/301). On serait bien resté quelques heures mais on a un truc à finir.
On redescend le Val d'Inclès par l'autre versant, une montée sèche de 200mD+ pour atteindre la côte 2000 et progresser vers l'Ouest. Ces 10km paraissent bien longs, ça monte un peu puis redescend on reste globalement à l'altitude. On va mettre 3h pour arriver au ravito d'Armania. Il est midi nous sommes au pied de la dernière ascension. Les bénévoles nous annonce l'arrivée à 16km avec 6km de montée (800m D+) et 10km de descente. Rémi a besoin de se faire soigner les pieds. Il me dit de partir et de ne pas l'attendre car il ne sait pas dans combien de temps il repartira. Il est fada , on a fait 160km ensemble en plus de 50h on ne va pas se séparer là. Je pars en lui expliquant que je ne passerais pas l'arrivée sans lui, il nous fait son petit coup de calgon le rémi mais ça va passer. 10mn plus tard il est sur mes talons quel bouricot !
2 grosses heures de montée est nous atteignons le Coll d'Arenes où nous sommes pointés 130e/301. Un petit ravito où rémi fait le guignol, le ciel s'est légèrement couvert et la température a baissé. Nous avons la banane car on est maintenant sur d'aller au bout dans les temps. Il est 14h40 nous attaquons la dernière descente.
C'est la dernière mais elle n'est pas plus cool que les précédentes. Mon genou droit décide d'utiliser son droit de retrait, après une âpre discussion et d'un commun accord nous décidons de descendre tranquillement . Je préviens rémi que je vais devoir assurer jusqu'à l'arrivée. Après 600m D- on emprunte une partie du parcours effectué au début. Petite remontée vers des prairies où des troupeaux de chevaux broutent avec leurs poulains allongés en pleine sieste.
La descente reprend de plus belle, droit dans la pente au milieu des arbres, je serre les dents et assure la pose du pied droit pour soulager le genou. Ca commence à être long. On arrive enfin au village au niveau de la route. Les derniers panneaux indicateurs des 3 courses sont tous dans le même sens c'est bon signe.
Un dernier chemin pavé avec des grosses pierres et nous arrivons sur la route d'Ordino. Nous apercevons à 1km l'arche d'arrivée. On tente de reprendre la course mais ça monte encore. A 200m de l'arrivée nous prenons notre plus belle foulée pour passer l'arche d'arrivée main dans la main avec rémi, heureux d'avoir bouclé cette Ronda del Cims 2013 en 58h47 pour 184km et 12200m D+. Nous finissons 132e sur 301 partants dont 145 finishers.
Gérard et ses bénévoles nous accueillent avec un bière bien méritée. Il nous faudra quelques minutes assis sur une chaise pour reprendre nos esprits. Nous récupérons notre veste finsher bordée.
Voilà nous avons vaincu la Ronda del Cims 2013, ce fut une belle et longue balade sur laquelle nous n'avons finalement pas souffert. Ce fut dur par moment, il y a eu des coups de mou mais pas de grosses défaillances.
Direction le centre sportif pour une douche et quelques soins mérités. Le repas de fin de course est dans un barnum installé en plein vent sur la place. On mange rapidement et direction l'hotel pour une nuit dans un vrai lit.
La Ronda del Cims est à ce jour la plus "grosse" course que j'ai terminé. C'est une course exigeante par son parcours rustique et parfois technique. L'organisation Andorra Ultra Trail Vallnord est exceptionnelle et au service des coureurs. Les bénévoles toujours attentionnés sont un vrai plus sur ce type d'épreuve. Si vous avez l'occasion d'y venir n'hésitez pas, il y en a pour tous les gouts avec 4 distances proposées.
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2 commentaires
Commentaire de Tibouli posté le 04-07-2013 à 16:37:53
Magnifique récit, christian et excellente gestion de votre course.
Un ultra de ce style ne peut se réussir qu'en allant tranquillement, à son rythme, en laissant passer les moments de doute mais en faisant preuve de grosses qualités mentales. La course à 2 est aussi un plus et quelle fierté de passer la ligne ensemble. La stratégie de la tortue ( qui finit la course, elle ! ) est souvent payante. C'est un peu ce que j'ai fait sur le Célestrail mais ça ne faisait même pas la moitié de ce que vous avez fait ! Bravo encore !!! et merci pour les photos. jean-charles
Commentaire de PaL94 posté le 04-07-2013 à 17:33:19
Bravo ! Cela illustre bien que ''Chi va piano, va sano e lontano''
Félicitations pour votre gestion de course. J'ai adopté la même et suis arrivé 2h aprés vous à la margineda (j'évitais les flaques d'eau)et nous sommes arrivés à peu de chose ensemble au Pas de la Case mais je ne me suis arrêté que 45 mn. Autrement nous aurions fini ensemble, ce qui m'aurait éviter de finir la course seul. Une autre fois ou ailleurs peut être.
Je te rejoins sur l'organisation et le bénévoles qui méritent tous notre gratitude
Bonne récup'
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