Récit de la course : Trail des Marcassins - 34 km 2013, par ilgigrad

L'auteur : ilgigrad

La course : Trail des Marcassins - 34 km

Date : 3/2/2013

Lieu : St Brice Sous Forêt (Val-d'Oise)

Affichage : 2109 vues

Distance : 34km

Matos : Salomon Speedcross
sac Ultimate Direction / WASP

Objectif : Se dépenser

4 commentaires

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in the boue for love

récit du Trail des Marcassins 2013 – 34km

également disponible sur mon blog: in the boue for love 

 

J’avais terminé le mois de janvier sur les rotules ; les quelques heures à courir dans la neige sur la Romeufontaine (Font-Romeu, 66) m’avaient sérieusement épuisé et augmenté ma capacité à collectionner tous les virus qui traînaient autour de moi. Mais, avec un Ultra-Trans Aubrac (105km) qui approche à grands pas, il n’était pas question de relâcher la pression surtout que, sur le papier, un trail de 34km à 20mn de Paris, ça doit pouvoir s’avaler facilement.

Les Marcassins, ça sonnait comme une ballade sympathique et j’étais plein de confiance en allant retirer mon dossard samedi après midi à à Saint-Brice sous Forêt, une jolie petite ville en lisière de forêt, coincée entre Sarcelles et, au nord de Paris.

Anne m’avait convaincu d’aller repérer l’itinéraire la veille, histoire de quitter la maison le plus tard possible tout en conservant suffisamment de temps pour nous préparer une fois arrivé à proximité du stade de Saint-Brice. Bien entendu, j’ai loupé la sortie d’autoroute et passé de trop longues minutes à errer dans le labyrinthe des ruelles de Sarcelles, un jour de marché.

J’ai finalement réussi à garer la voiture à un bon kilomètre de la ligne, un quart d’heure avant le départ. J’ai à peine eu le temps d’enfiler une première couche thermique Mizuno, le short Salomon Exo Wings qui m’accompagne sur la quasi-totalité de mes sorties trail et surtout, les Speedcross que j’avais étrenné quinze jours avant, sur la Romeufontaine. J’ai appuyé sur le bouton de ma montre Garmin 910, et l’écran est resté désespérément vierge. J’étais pourtant persuadé de l’avoir rechargée la veille… Sur le départ d’une course on a tous ses petites habitudes et les l’idée de ne pas pouvoir  suivre, en course, mon allure, ma fréquence cardiaque, ou d’avoir une vague idée du temps et de la distance parcourue m’a un peu ébranlé.

J’ai couru jusqu’à la ligne de départ sur laquelle j’ai retrouvé Benoît, souriant et confiant qui faisait sa première expérience sur une telle distance en trail. Je n’avais aucune inquiétude quant au fait que son expérience vaudrait la somme de toutes les miennes et qu’il se retrouverait plus probablement que moi sur le podium. Il m’a dit que Matthieu nous attendait un peu plus loin sur le chemin pour prendre une photographie du départ.

Je n’avais pas encore repris mon souffle quand le starter a donné le signal du départ.

J’étais un peu troublé car un autre groupe de coureur s’est élancé, à une cinquantaine de mètres, sur notre droite. Un terrible doute m’a envahit et j’ai demandé à Benoît de me confirmer qu’il courait bien le 34km et non le 17km. Il y avait effectivement deux départs pour la même course, de part et d’autre du ruisseau que nous devions longer pendant les cinq cents premiers mètres.

Je me suis calé derrière Benoît et ai pris son rythme qui m’a semblé tout à fait raisonnable pour un début de course. J’ai interpellé Matthieu qui nous attendait à deux cents mètres de la ligne avec son appareil photo ; pour la première fois de ma vie, on me photographiait en tête d’une course ; je n’étais pas peu fier. Et puis mon pied s’est enfoncé dans une boue profonde et j’ai découvert ce que serait la nature exacte de cette course. C’était Verdun.

J’avais fait une reconnaissance du parcours sur Openrunner.com afin d’avoir une vague idée du profil de la course. Les côtes n’étaient pas très nombreuses et le premier kilomètre apparaissait relativement plat ; Le ruisseau du fond des Aulnes m’avait fait penser à ce célèbre poème de Goethe. Quand j’y repense j’aurais dû me douter que cela ne préfigurait rien de bon. Les chemins plats n’ont rien de roulant quand ils sont gorgés d’eau et mon calvaire a débuté.

Au bout de cinq-cents mètres je suis toujours second, nous tournons sur notre droite et franchissons la rivière. J’avance à 14km/h et je commence à réaliser que je suis peut-être en surrégime. Je décroche et laisse Benoit filer devant moi.

Les premiers coureurs  me dépassent alors qu’on progresse sur un léger faux plat toujours aussi boueux.

Je franchis le premier kilomètre en cinq ou sixième position en empruntant, sur notre gauche, la première petite pente du parcours. Vingt-cinq mètres de dénivelé jusqu’à ce que l’on atteigne enfin une route forestière sans boue. Un coureur m’interpelle, David, il a repéré mon petit sac Wasp de chez Ultimate Direction sur lequel j’ai épinglé le logo du Team Outdoor Paris. Il est lui aussi équipé de ce petit sac moutarde qu’il a acheté dans notre magasin préféré de la Porte Dorée. Il m’abandonne et poursuit sa course à l’assaut des premiers. Je suis dixième ou peut-être douzième ; je ne sais plus ; ça commence à défiler. Je décide de ne pas m’attarder sur cette hémorragie de place et de me concentrer sur les trente-deux kilomètres qu’il me reste à parcourir et qui promettent d’être un peu plus technique que je ne l’avais pensé.

 

Au deuxième kilomètre, avant d’atteindre le GR de pays, on attaque la première véritable bosse; une jolie monotrace qui suit une petite ravine. Un peu plus de 12%, cinquante mètres de dénivelé. J’avale ça la tête haute  sans rien lâcher ; Mon cœur cogne, on se sent vivant.

Le troisième kilomètre arrive vite.  On redescend de cinquante mètres. Ça donne le ton: des montée et des descentes ; une pente qui s’inverse tous les 500m, les cuisses apprécient. La descente est assez ludique ça serpente entre les arbres, le sol est moins boueux on peut envoyer un peu. Je compte les kilomètres au pif ; Le temps aussi. Aux environs du cinquième kilomètre, on atteint l’extrémité nord du parcours. On remonte alors vers un château d’eau.

J’interroge un gars qui court à mes côtés depuis un bon quart d’heure.  Il a une Garmin 310 à son poignet et doit savoir où nous en sommes. Il m’annonce 6.3km. Ça colle avec mon estimation. Je ne cours peut-être pas aussi vite que je le voudrais mais j’ai conservé le sens de l’orientation et un bon timing.

Les kilomètres défilent : sept, huit, la moitié de la première boucle. Je croise la route D123 que j’avais traversé quelques kilomètres plus tôt. La route forme comme une ligne médiane qui sépare le sud et le nord du parcours. Je suis revenu du bon côté…

On entame une belle descente qui s’achève sur une flaque d’eau large comme une piscine. Je suis mal préparé au triathlon alors je la contourne.

On retrouve la route forestière du début. Ce tracé est un labyrinthe : on passe et repasse sur les mêmes chemins et les mêmes routes, on longe le même ruisseau, dans un sens puis dans l’autre ; on croise des coureurs qui arrivent de partout. C’est déroutant.

Les coureurs du 17km  viennent à notre rencontre. On les identifie grâce au point rouge imprimé sur leur dossard. Un bénévole qui fait la girouette pour photographier les coureurs qui arrivent respectivement devant et derrière lui, annonce  qu’à ce niveau,  il me reste 8km et qu’il n’en restera que cinq lorsque je repasserai devant lui, dans l’autre sens. La réalité est plus dure, il faut en ajouter dix-sept; j’ai une deuxième boucle à parcourir.

Entre le dixième et le onzième kilomètre on enchaîne une succession de boucles dans un sens puis dans l’autre; on croise à chaque fois des coureurs qui arrivent dans l’autre sens mais on ne sait jamais s’ils sont devant ou derrière. Des montées et des descentes; c’est assez ludique pour qui a des jambes.

On rejoint une nouvelle fois la large route forestière que suit la ceinture verte (GR) une longue descente de 700m dont on voit le bout au loin. Mais ce n’est pas pour tout de suite car on repart pour une nouvelle boucle en forêt avant de revenir sur la route sur laquelle on peut enfin se relâcher pendant 500m.

Je retrouve le bénévole qui fait la girouette et je comprends qu’il me reste cinq kilomètres sur cette première boucle et que les types qui arrivent face à moi sont, en fait, 3km derrière.

 

Une fusée en débardeur et en short déboule à fond et me laisse sur place. Je comprends vite qu’il est le premier du 17km. J’espère voir Matthieu dans son sillage mais il tarde à me dépasser.

Le second  du 17km me double deux minutes plus tard. Ils peuvent y aller, ils sont sur la fin.

 

On longe des terrains de sport en lisière de forêt. J’imagine que ce sont ceux du stade de Saint-Brice Sous Forêt et que je suis en train de terminer mon tour. J’interroge un garçon équipé d’un GPS. Il m’annonce 14km. Il m’en reste 3. Ça n’en finit pas. Il reconnait, lui aussi, l’écusson du TOP sur mon sac. Il évoque Agnès et me chambre un peu sur ma vitesse. Je lui réponds que c’est une sortie tranquille en endurance et que je rentre, après la course, en courant  jusqu’à Paris.

 

Un kilomètre plus tard je rejoins les faubourgs de Montmorency. Ce n’est pas encore fini. Il faut remonter jusqu’à la forêt pour une dernière descente jusqu’au point de départ.

Matthieu me double. Il est quatrième.

 

J’atteins enfin le ravitaillement. Je prends un verre d’eau glacée au bar. Je me renseigne sur l’horaire. 1h35 pour faire dix-sept kilomètres, c’est très moyen. En mettant le paquet sur la deuxième boucle je devrais pouvoir m’en sortir honorablement.

Je me suis fait à la boue ; Je n’aime pas beaucoup mais une fois qu’on a compris qu’il est vain d’essayer d’éviter les flaques en sautillant d’une « berge » à l’autre et qu’il vaut mieux y aller carrément sans se poser de question, ça finit par passer.  Dès les premiers mètres je me rends compte que ce nouveau tour sera différent. Le chemin qui a été piétiné successivement par tous les concurrents du 34km puis par tous ceux du 17km est devenu impraticable.

Je comprends mieux l’origine du nom de ce trail. Les Marcassins. J’ai l’impression que des hordes de sangliers sont passés devant moi. Les Speedcross n’y changent rien; la boue colle aux chaussures et on soulève à chaque pas cinq-cents grammes de glaise. Je n’avance pas. Ma course ressemble à ces  cauchemars où l’on tente de fuir mais un câble invisible vous retient sans que vous ne puissiez rien y faire.

 

 

Je retrouve les mêmes chemins, mais je prends moins de plaisir qu’à mon premier passage. Mes jambes sont lourdes. La descente sinueuse entre les arbres au troisième kilomètre m’apparaît moins ludique.  Je sors une barre Mac’Amande Fenioux. Je n’ai rien pris sur les dix-sept premiers kilomètres et j’espère que cela me donnera un petit regain d’énergie.

Je ne cours plus sur les bosses. Je les monte en marchant ; c’est mauvais signe. Je prends du retard.

Au château d’eau je sais qu’il ne me reste onze kilomètre mais Je suis à la dérive. Mon maillot est trempé et cela provoque des douleurs au ventre. J’en ai un de rechange dans  mon sac mais je rejette l’idée d’une pause. Cela me ferait perdre beaucoup de temps pour un gain dérisoire ; une distraction inutile. Je décide de serrer les dents et de faire l’effort de conserver ma place, voire d’en grappiller quelques unes.

Nouvelle succession de boucles de montées et de descentes; difficile de savoir où je suis ni dans quelle direction j’avance. Je croise encore une fois le bénévole-photographe-girouette. J’ai compris le truc : 8km ce coup-ci, 5km au prochain passage. Cette fois-ci il n’y a pas de tour à ajouter, la fin est proche…

La route forestière qu’on emprunte, qu’on quitte et que l’on retrouve. Encore cinq.

Les stades en lisière de forêt ; plus que trois.

Les faubourgs de Montmorency ; deux.

Un coureur me double. Il va vite. Je ne comprends pas comment quelqu’un qui arrive des abimes de la course peut conserver une telle vitesse. A ce stade les gars rapides sont devant moi, pas derrière. Je m’accroche à lui mais il s’éloigne inexorablement.

Un dernier passage en forêt ça descend. J’accélère. Je vois la ligne. Il la franchit avant moi.

C’est terminé.

Anne m’attend avec un verre de vin chaud. Sympa, je suis glacé.

Elle a terminé son 17km en à peine plus de deux heures. Pas mal, pour une première expérience en trail sur cette distance.

Le sympathique garçon qui m’avait chambré au quatorzième kilomètre est là. Il promet de cafter ma déchéance à Agnès. Je ne pourrais pas lui laisser croire que j’ai talonné Benoît pendant toute la course et évoquer une scandaleuse erreur de chronométrage. Je revois également David, le client de Team Outdoor au sac Wasp qui m’avait laissé sur place au quatrième kilomètre. Il est sixième.

Je lis sur le panneau d’affichage que Benoît termine deuxième ; pas mal pour une première. Matthieu est quatrième du 17km, mais je le savais, j’avais compté les coureurs avant qu’il ne me dépasse.

Je termine 68ème en 3h38. Petite déception : j’aurais pu être bien meilleur en gérant ma course plus sérieusement.

Je garderai, malgré toute cette boue et mon chrono misérable, un excellent souvenir de cette course. Le balisage était parfait et l’accueil des bénévoles et des organisateurs très chaleureux ; le parcours compte beaucoup de monotraces et de petites ou grosses bosses très ludiques ; Le Trail des Marcassins est  infiniment moins monotone que ne l’est l’Eco-Trail. Et puis, en y repensant, même la boue me manque un peu.

également disponible sur mon blog: in the boue for love 

4 commentaires

Commentaire de PhilippeG-640 posté le 16-02-2013 à 14:55:09

Bonjour Ilgigrad,

Bien raconté, j'aime toujours lire et comprendre les impressions des autres participants ;-)
C'est vrai que tu es parti un peu vite ! (j'ai du te doubler, désolé)
Sinon: bonne récup et surtout bonne préparation de l'UTA, j'ai participé à sa 1ère édition et si tu ne pars pas trop vite, tu vas adorer !!
@+
Philippe

Commentaire de ilgigrad posté le 17-02-2013 à 20:11:51

Merci Philippe,

Oui apparemment tu m'as doublé et, vu ton temps, tu n'as pas du attendre trop longtemps pour le faire.
J'essaierai de prendre autant de plaisir sur l'UTA que toi lors de la première édition; cependant, ce sera ma première expérience sur cette distance et je risque surtout de prendre cher !
A bientôt,
David

Commentaire de PhilippeG-640 posté le 18-02-2013 à 16:34:42

Non, tu peux vivre très bien cet ultra si tu peux te tester sur un 50km avant (comme l'eco trail de Paris par ex) et si tu pars doucement.
Maintenant, avant de passer sur un 100km je suis monté progressivement en km sur 2 ans...
Bonne préparation.

Commentaire de ilgigrad posté le 18-02-2013 à 17:31:11

j'ai déjà fait l'Eco-trail 50km en 2011, quelques marathons en montagne et les templiers en 2012. l'UTA sera aussi une préparation à la Maxi-Race puis à la CCC cet été.
Je suivrai ton conseil; je serai très prudent et je partirai très lentement.
Je jouerai la gagne une fois passé le 85ème kilomètre ;-)
Bien à toi,

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