L'auteur : richard192
La course : Ultra Trail du Vercors
Date : 8/9/2012
Lieu : Autrans (Isère)
Affichage : 1853 vues
Distance : 85km
Objectif : Terminer
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Presque 3 ans après avoir gouté à la pratique du trail me voilà engagé sur mon 1er ultra. J’ai profité de cette saison pour augmenter progressivement les distances et les durées d’effort pour arriver prêt en septembre. Aurais-je imaginé m’engager sur une course de +80 km et de 4500m de D+ en 2009. NON !!!
Après 3 semaines de coupure relative (pas de montagne à l’île de Ré?), j’ai repris dès mon retour le dénivelé. La 1ère sortie a été catastrophique au point de m’inquiéter mais les suivantes ont été rassurantes pour m’assurer que seule une blessure pourrait m’empêcher de terminer.
J’arrive donc à Autrans en confiance en retrouvant quelques têtes connues et expertes en longues distances : Lamiricoré est là ainsi que Dude avec qui j’ai profité d’une bonne sortie en Chartreuse 15 J avant. Finir est l’objectif majeur, mais j’ai en tête de le faire en moins de 12 H même si ça peut paraître un peu stupide de se projeter sur une course dont je n’ai pas l’expérience.
Autans Engins
Les 5H n’ont pas sonné que le départ est lancé. Je pense qu’avec la sono la moitié du village était réveillée. Je m’élance en compagnie de Dude dans la 2nde moitié du peloton qui tarde à s’étirer. C’est ma 1ère expérience en nocturne et j’ai vraiment de la chance. Le temps est parfait (»10°C), le ciel est dégagé et le fléchage est digne des nocturnes du puy du fou avec des flambeaux le long du sentier.
Rapidement Dude m’indique de faire ma course sans chercher à rester ensemble. Le parcours est suffisamment long pour se retrouver plus tard. Je me sens bien malgré l’heure matinale, alors je prends mon rythme modéré par un single au sein d’un peloton sur les 1ères pentes. Petit à petit & au profit de quelques relances, j’en profite pour remonter jusqu’au sommet une quinzaine de place. Le sommet est atteint finalement assez facilement malgré les 700m de D+. On s’engage sur le plateau de Sornin, non sans observer Grenoble illuminé au milieu de la brume. La descente se fait tranquillement au sein d’un groupe de 4-5 coureurs. Mais à mi-descente, un débalisage nous force à nous arrêter et à chercher le bon chemin. Après quelques minutes et le retour d’une bonne dizaine d’autres, on retrouve trace et nous voilà à Engins pour un ravitaillement éclair.
Engins - St Niziers
Dès la sortie d’Engins, on s’engage dans un single, un coureur visiblement à l’aise en montée prend la tête en coupant au travers des 1ers lacets. Je me dis que ça ne va pas être raisonnable de le suivre, mais sans le vouloir vraiment, nous allons faire la montée ensemble. Une fois le pas de la bergère et les encouragements de la Patrick Family, je prends le relai jusqu’au ravito de St Niziers sous les encouragements des quelques spectateurs matinaux présents. Le temps de recharger la poche et c’est reparti après avoir rangé la frontale. Déjà 20 km et 1000 m de D+ et je n’ai pas vu le temps passé après 2h26. C’est plutôt bon signe.
St Niziers - Lans
Je n’ai pas la moindre idée du classement, mais les sensations sont toujours aussi bonnes. J’aspire à arriver à Villars frais. Alors je ne cherche pas en faire trop. La remontée de la piste de ski à la sortie de St Niziers se fait à un rythme soutenu, mais même si je récupère quelques coureurs, mes relances restent modérées à partir du plateau des Ramées jusqu’à Lans. Un arrêt d’une petite minute seulement pour recharger la poche. J’ai profité jusqu’à présent de gels et barres de céréales pour m’alimenter mais je reste à l’écoute du moindre signe négatif de mon estomac. Visiblement, il a l’air prêt à supporter une journée au régime bien particulier. Je suis toujours en ligne avec mon objectif en passant à Lans après 4H.
Lans – Villard
Je vais enfin découvrir le sentier Gobert tant décrit par les kikoureurs. Avant cela, il faut monter vers les Allières. Je connais bien le chemin pour l’avoir emprunté partiellement lors du trail du pic St Michel 2010. Il fait bon, le soleil commence à sortir et les randonneurs nous accompagnent de leurs encouragements.
Arrivé à la hauteur de l’auberge des Allières, le personnel s’affaire : c’est le jour de la réouverture. Une fois franchie cette petite difficulté, je m’engage seul sur un single que j’affectionne jusqu’à la séparation entre le sentier Gobert et la montée vers le col de l’arc. C’est assez ludique entre rochers et racines, mais il faut être attentif. Et voici le fameux Gobert : 3 km de pur bonheur avec une vue magnifique sur la plupart du parcours et des villages. Je distingue Villard que je dois rejoindre et qui s’éveille doucement. Je m’inquiète de temps en temps du balisage car obnubilé par mes pensées, j’en oublie d’être attentif. J’arrive enfin au bout du sentier et il faut descendre vers Villars. C’est pour moi vraiment la 1ère très grosse difficulté, une descente raide avec peu de virage, elle fait mal aux cuisses et aux pieds et j’ai hâte d’en terminer. Ouf, c’est enfin fini et je débouche sur Villard qui est maintenant plus animé. Les boutiques sont ouvertes et il y a plein de monde dans les rues. Le parcours longe la grande rue jusque sur une place où a été placé le ravito. Des duos s’échauffent dans les rues adjacentes.
J’ai prévu un arrêt plus long avec changement de chaussettes et rechargement en gels et barres des poches avant. Je suis en confiance, je n’ai pas encore pioché. Côté objectif, c’est toujours OK en quittant Villard après 5h43 d’effort.
Villard – Corrençon
C’est reparti pour la portion dont on sait qu’elle sera décisive pour les leaders mais aussi pour tous les autres qui souhaitent seulement terminer cet UTV. La chaleur a commencé à gagner le plateau et maintenant le parcours n’est plus abrité par l’ombre des arbres notamment après la 1ère montée vers combe charbonnière. Je continue ma progression non sans m’inquiéter du chemin qui reste à parcourir jusqu’au sommet. Je distingue bien des voies au loin sans savoir si le parcours y passe. Je retrouve progressivement des coureurs au gré du retour de duos ou en rattrapant des solos. Le paysage est lunaire avec quelques touffes d’herbe. C’est vraiment magnifique. Quelques lapiaz sont à franchir et j’ouvre complètement l’avant de ma chaussure sur l’un d’eux. Là, je sens que le vent est en train de tourner et me demande comment vais-je pouvoir finir les 30 derniers km ?
Je préfère attendre Corrençon pour envisager une réparation de fortune. J’arrive enfin au sommet à proximité du lac artificiel. C’est vraiment curieux, avec la présence de randonneurs venus déjeuner, on a l’impression d’être en vallée. On attaque alors une descente délicate avec de fortes pentes et des sentiers remplis de pierres. Malgré mes 2 L d’eau au départ de Villard, je n’ai plus rien à boire. Selon le duo qui m’accompagne, il nous reste 30 min jusqu’à Corrençon. Ça peut être fatal pour la fin… Je l’abandonne à la suite d’un arrêt pour retirer quelques cailloux entrés dans cette chaussure « aérée ». Je retrouve enfin la végétation et bifurque sur la gauche où la pente se fait plus inclinée. On arrive au passage délicat de cette descente escarpée où une corde permet d’escalader les rochers sous l’œil vigilant d’un bénévole.
La fin de la descente vers Corrençon est plus douce, je n’ai pas de mal à relancer et un peu surpris de ne pas ressentir encore de crampes après 65 km. Je suis fatigué mais pas explosé.
Corrençon – Méaudre
A l’arrivée au ravitaillement de Corrençon, je croise avec plaisir le Bouck qui va accompagner une amie et Toto38 en duo mode tranquille. Je fais un gros ravitaillement et laisse les bénévoles me recharger la poche à eau. Vraiment cool cette assistance ! J’ai pris sur les conseils de Dude, une bande d’élasto et je crois que s’il avait été avec moi, je l’aurais embrassé car elle m’a sauvé la fin de course. 3 tours de bande élastique autour du pied, Toto me demande si je suis blessé mais il n’en est rien.
Je repars, avec 10-15 minutes de retard (9h05 de course) sur mon objectif, mais satisfait de savoir que je finirai ce 1er ultra. Je n’ai plus de doute.
Le chemin continue droit dans la pente en direction du bois Barbu. La montée est longue mais pas extrêmement raide. Alors, je ne cherche pas aller trop vite mais juste conserver le rythme. Une fois au sommet, la redescente au travers du bois est vraiment sympa. A l’abri de la grosse chaleur, l’odeur des pins me rappelle les vacances et le terrain est assez souple sur les épines pour ne pas endommager les muscles et articulations déjà bien sollicités.
Une fois en bas, je traverse une route et m’engage dans la dernière grosse montée.
Le sommet est atteint avec patience et je m’élance dans une longue descente. On aperçoit au loin Méaudre et il y a bien 3 km pour l’atteindre sur une large piste. J’y arrive enfin : dernier rechargement de la poche, c’est fou ce que je picole en cette fin de course ! Je pense qu’il me faut une heure pour parcourir les 7 derniers km jusqu’à Autrans. Il est 16H23, les 12h ne sont plus envisageables, mais je me rebondis sur les 12h30. La traversée du bois du Claret n’est finalement qu’une montée, pas violente mais incessante. Je l’avais pourtant traversé lors des foulées de Méaudre l’an dernier. Bref, j’alterne marche et course. J’ai mal aux hanches mais moins quand je cours. Je sens que le tremplin n’est plus très loin, ce que me confirment des promeneurs que j’interroge. Ça y est ! J’entends le son de la sono du village, je descends tranquillement jusqu’au dernier km et aperçois un coureur pas très loin. Je décide d’accélérer, il m’en reste encore sous le pied ?
Autrans
Je passe la ligne en un peu plus de 12h21min, 17ème avec une belle satisfaction et beaucoup d’émotion d'en finir avec ce challenge.
J’ai traversé cette journée avec un grand plaisir et sans réelle lassitude malgré la longueur de l’épreuve hormis peut être les derniers km. Mais la vue d’Autrans à la sortie du bois du Claret m’a vraiment reboosté.
L’organisation a vraiment été parfaite: un tracé de qualité (merci Patrick !), un temps magnifique, un balisage rassurant et des bénévoles d’une extrême bienveillance avec des ravitos accueillants, des spectateurs enthousiastes et des masseurs peut être sans grande expérience mais drolement efficaces. Vraiment le top pour une 1ère. Alors merci à TOUS !!!
Merci à Joseph et Thomas pour une partie des photos.
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9 commentaires
Commentaire de ejouvin posté le 18-09-2012 à 22:32:42
Félicitations.
Finalement, nous sommes un peu tous pareils. On commence par 10km, puis on essaye le trail sur 20, et on finit par les Ultras (enfin pas moi encore).
Bravo pour la course qui doit donner plein d'émotions.
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 18-09-2012 à 23:00:45
"Je me demande comment vais-je pouvoir finir les 30 derniers kilomètres ?". Quelle phrase choc !
Premier ultra, 17ème, une gestion digne d'un cador, toutes mes félicitations Richard !
Commentaire de Jean-Phi posté le 19-09-2012 à 09:45:04
Belle perf, bravo !
Commentaire de DROP posté le 19-09-2012 à 09:50:54
Pour une 1ere, c'est un super résultat.
Bravo
Commentaire de the dude posté le 19-09-2012 à 14:20:07
Les grands esprits se rencontrent parfois et le Bouck a été + rapide que moi :)
Je reprend donc sans vergogne son propos: carrément impressionnant pour un premier ultra, j'étais confiant avant la course, je savais que tu avais la condition pour cartonner, la seule interrogation possible était sur la gestion...et tu l'as géré comme un chef, sans aucun passage à vide et avec une belle régularité.
Content que la bande élasto t'ait été utile pour une réparation de fortune (mais qui a tenu!).
Sinon j'ai déjà une intro pour un prochain récit, en 2013:
"Aurais-je imaginé m’engager sur une course de +120km et de 6500m de D+ en 2012. NON !!!" :)
Commentaire de richard192 posté le 19-09-2012 à 15:50:34
Merci à tous!!
Pour Bruno, celui-là CR je l'attends avec impatience;) mais tu vas vraiment en ch..r!
Commentaire de le_kéké posté le 21-09-2012 à 18:31:59
Bravo Richard, trop facile le trail, je suis jaloux moi
Commentaire de richard192 posté le 22-09-2012 à 08:05:36
Merci Philippe,
C'est exactement ce que je pense de ton écriture en lisant tes CR...
Commentaire de samontetro posté le 23-09-2012 à 19:30:23
Pour quel qu'un qui apprend... tu apprends vite! Quelle entrée dans l'ultra! Et je suis particulièrement fier que tu ais fait ça chez nous! Bravo Richard!
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