L'auteur : poucet
La course : Trail Verbier St-Bernard
Date : 7/7/2012
Lieu : Verbier (Suisse)
Affichage : 3366 vues
Distance : 110km
Objectif : Pas d'objectif
Partager : Tweet
43 autres récits :
Le Verbier Saint Bernard était la dernière grosse répétition en vue de la Diagonale des Fous. L’occasion également d’aller découvrir le Valais et une épreuve toute jeune, 100% made in Suisse, qui s’est déjà taillé une belle réputation dans le petit monde du trail. Je n’ai pas été déçu du voyage …..
Le parcours
Le parcours c’est vraiment LE point fort du Verbier Saint Bernard. Il nous emmène au cœur de la haute montagne sans se montrer trop exclusif. Les montées sont forcément longues, et permettent d’apprécier le décor somptueux qui nous entoure. On trouve quelques passages vraiment dur, mais ça ne tourne jamais à de l’escalade ….. . J’ai particulièrement apprécié les sentiers en crêtes et en balcons dans les alpages, ces passages qui permettent d’allonger une petite foulée tranquille tout en dévorant des panoramas à couper le souffle …. Comme une impression de voler. Hormis quelques traversées délicates dans les pierriers, les descentes sont globalement courables et j’y ai pris beaucoup de plaisir.
Je ne me souviens plus précisément les mots employés par Manu Gault, sourire en coin, pour qualifier le final de La Chaux …. Quelque chose comme “c’était juste abominable”. Ce parcours doit rester mythique a répondu, non moins malicieux, le sympathique GO …. Il l’est assurément. Il le serait encore plus si les bâtons y étaient prohibés.
L’ambiance
Est-ce la météo maussade, avant, comme après la course ???? Est-ce le fait d’avoir fait le déplacement en solo ???? Le site de la course fait “pro”, c’est sûr. Mais j’ai trouvé que tout ça manquait un peu de chaleur, de ferveur ….
Un p'tit mot de Florent Troillet, à quelques minutes du départ ... Florent était l'un des favoris du jour, et a du renoncer au dernier moment sur blessure ...
J’imagine que l’arrivée des premiers à mis le feu à Verbier, en fin d’après midi …. Mais pour le finisher moyen qui termine au cœur de la nuit, après une telle épopée, c’est un peu la douche froide …. (d’ailleurs les douches étaient effectivement froides !!!). Le temps de faire la photo officielle, de récupérer le superbe tee shirt finisher, et on se retrouve avec une gamelle de pâtes dans un chapiteau à moitié dessert …. Franchement, ça fait bizarre. J’ai enfourné le tout, sans conviction …
Par contre, pendant la course et notamment sur les points de contrôles, c’était parfait …. Dés bénévoles souriants, dévoués et disponibles. Beaucoup de jeunes, des gamins même, pour donner un coup de main, remplir les bidons … Très bien.
Champex ....
La Fouly ...
Le Grand Saint Bernard ...
L’organisation
Sérieux, c’est le mot qui me semble coller à l’organisation du VSB. Balisage impeccable, y compris de nuit. Ravitos réguliers et bien fournis. Prestations à la hauteur de l’événement, sauf donc pour ce qui concerne la ”gamelle de pâtes finisher” …. On aurait supporté un p’tit dessert, un coca, voir une p’tite mousse ....
Le joli maillot finisher Columbia est un produit ultra technique qui semble promettre tous les avantages pour la course nature. Un truc vraiment utile que j’ai hâte d’essayer sur le terrain.
Le site internet n’est pas très pratique et un peu froid (hormis la très belle vidéo), à l’image de l’ambiance générale, mais le suivi Live est très bien fait et à permis aux copains de suivre l’évolution de l’affaire de me tenir informé de ma position par SMS ….
Ah oui, encore un petit bémol, forcément, pour l'inscription "obligatoire" par Internet .... Vive la liberté.
Ma course
22 heures de course pour boucler ces 110 bornes. Et pourtant cette journée est passée très très vite. Pour résumer, j’ai connu trois épisodes ……
Une première partie 100% plaisir, jusqu’à La Fouly, suffisamment frais pour lever les yeux et profiter au maximum de la beauté des paysages. En courant simplement à mon rythme, sans chercher à accrocher un groupe, en descendant relaxe, sans jamais taper dedans. La première ascension au levé du jour, avec les troupeaux de chamois pratiquement à portée de main, s’est déroulée comme dans un rêve ….
J’ai fait une première pause à Sembrancher, pour refaire le niveau du camel et repartir avec un bidon de 640. Champex est arrivé très vite, pour un petit grignotage. Les derniers kilomètres avant La Fouly, point stratégique ou l’on avait un drop bag, m’ont parus un peu plus longs ….
Là, je me suis accordé une vraie pause, probablement vingt minutes. D’abord pour manger …. bouillon, pain, fromage. Faire un p’tit tour aux toilettes …. Très bien les WC réservés aux coureurs, dommage que le PQ était en option (détail merdique ….). Puis j’ai pris le temps de remettre un coup de Nok et de repartir avec des chaussettes propres et une seconde paire de Trabucco, à l’amorti quasi neuf
Le deuxième épisode nous fait rentrer au cœur de la course et m’emmènera jusqu’au Col de Mille. Le cadre est somptueux, le plaisir est toujours là, mais il faut commencer à gérer … Je repars de La Fouly derrière une fille, Camilla. Avec ses bâtons, elle monte très régulièrement et me décroche. Je repasse devant quand c’est courable. On va faire un petit chassé croisé avant d’attaquer vraiment le dur du Col de la Fenêtre … et là, terminé, Camilla s’envole.
J’ai toujours de bonnes sensations mais pourtant je me fais doubler régulièrement. Final dans la neige, génial ….
Enfin on bascule, et d’après mon profil je pense tomber direct sur le ravito du Grand Saint Bernard. Perdu, il faut remonter pour atteindre le ravito. Pas grand-chose certes, mais a cet instant de la course, ”pas grand-chose” c’est déjà beaucoup. Et mentalement ça fait très mal …. Bref me voilà enfin au Grand Saint Bernard ou je retrouve Camilla. Une autre fille décolle quand j’arrive. Ca caille, j’enfile vite les manchettes. Ma boisson énergétique commence à m’écœurer, je fais le plein du camel uniquement avec de l’eau et je prépare un bidon de 640. J’avale vite un bol de bouillon et je repars ….
Ca grimpe encore vers le Col des Chevaux … j’ai un groupe à vue mais j’ai l’impression de perdre régulièrement du terrain. Après la bascule, le début de la descente est dangereux, mais ensuite on arrive sur un terrain plus a ma convenance et je reprends pas mal de monde. Au bas de la combe il y a un contrôle ”secret” ( ???) . Le gars nous annonce 6km jusqu’à Bourg St Pierre …. 6km pas les plus attrayants du parcours, qui m’ont parus interminables.
Dans la vallée il fait chaud, il y a beaucoup de monde à Bourg Saint Pierre et les applaudissements sont un premier réconfort …. Au ravito l’autre fille décolle quand j’arrive. Je reste au menu bouillon, pain, fromage qui passe très bien. Je repars avec le plein d’eau et un bidon de 640 pour attaquer le Col de Mille. En quittant le village, un panneau indique ”Col de Mille 4H” …. Le genre d’info qui tue !!!!
Encore une jolie montée avec toujours des décors de rêve, et des pourcentages qui forcent à piocher un peu … Je reviendrai sur un coureur local un peu en détresse, on fera un petit bout ensemble avant qu’il ne décroche ...
Lorsqu’on aperçoit la cabane de mille et le chapiteau du ravito, le chemin est encore très long. Là j’aurai à mon tour un gros coup de bambou … L’ami suisse qui s’est refait la cerise me repasses comme un lapin. Quelques dernières photos avant que le soleil ne tombe définitivement et je débouche enfin au Mille, à sec …. Il était temps !!!
Débute alors le troisième et dernier épisode. La nuit est maintenant tombée, fini le spectacle visuel, d’autres sensations spécifiques à la course nocturne apparaissent. Il s’agit maintenant de mobiliser les dernières ressources pour rallier l’arrivée au mieux.
Le vent souffle fort, le chapiteau du ravito est vraiment bienvenu. Je repasse les manchettes, le coupe vent, le buff …. Même le bol de bouillon n’arrive pas à me réchauffer. L’autre fille n’est pas là et Camilla arrive, j’ai du perdre du temps. Je refais les niveaux, j’enfile les gants, allume la frontale et j’attaque la descente en grelotant.
Quelques kilomètres plus loin, j’ai trop chaud, il me faudra débâcher. Cette descente est très longue, un peu scabreuse au début. Ma Led Lenser plein phare est un sacré atout. Comme les cuisses assurent encore, je ramasse pas mal, dont une fille sur le bas (Diane qui finira 1ère V2).
Je sais que la dernière montée est terrible, je ne m’attarde donc pas au ravito de Lourtier pour profiter des bonnes sensations du moment. Trois minutes peut être : un bol de soupe, un bout de fromage, le plein du camel et c’est reparti.
A la sortie du village, on prend à gauche et on est tout de suite en action, dans cette montée infernale, avec des passages de folie …. Il faut chercher profond pour avancer, doucement, très doucement. Mais avancer, toujours avancer, ne pas abdiquer face à cette rude montagne.
Au détour d’un lacet je prends une frontale dans la tronche … Ben ça alors, c’est l’autre fille, Ute, qui est en train de bricoler son matos. Je la laisse repartir devant …. Avec ses bâtons, elle monte bien régulièrement. Je suis tant bien que mal, en poussant sur les cuisses. On est en forêt, et on ne voit pas grand-chose, à part la pente.
Puis on débouche enfin dans une prairie, on aperçoit enfin des frontales et ont devine la lueur du point de contrôle tout en haut. On double quelques concurrents arrêtés, assis, allongés, les yeux hagards … On est en plein dans le mythique.
Un couple complètement planté au milieu du raidard, probablement des concurrents de la petite, ne s’écarte pas …. Je mets un coup de gaz pour déboiter à l’arrache dans l’herbe et je poursuis à l’énergie. Ute décroche à ce moment.
L’approche du contrôle est moins pentu, on navigue sur un sentier étroit dans les prairies, avec quelques traversées humides. Je renonce à courir, c’est trop glissant. Une frontale s’écarte devant moi, en passant je peux lire son prénom sur le dossard : Jeannette.
J’arrive enfin à La Chaux, le dernier contrôle. Les bénévoles ont toujours un petit mot sympa. Sous la tente il y a pas mal de monde, visiblement bien entamé. Ute arrive et repars la première … elle vient de doubler Jeannette, et doit sentir que le podium est proche. Je trouve ça très beau, cette belle bagarre sportive entre filles ….
Jeannette suit de prêt, mais elle est visiblement blessée. Elle speak english et je ne comprends pas tout. Un bénévole lui balance un coup de bombe derrière la cuisse et la miss repars courageusement en boitillant.
Pendant ce temps je suis occupé à changer les piles de la frontale qui donne quelques signes de faiblesse. Pas question de prendre de risque dans la dernière descente, avec le phare au max c’est quand même bien mieux. On nous annonce 7 bornes jusqu’à l’arrivée …. Echaudé par la panne sèche du Col de Mile, je remplis quand même le camel.
J’avale enfin mon bol de soupe et repars en petite foulée dans le faux plat d’approche vers la descente finale. Je reviens rapidement sur les deux filles qui me précédent et j’attaque la descente bon train. Le début est très agréable, en lacets, je me régale … la suite se corse un peu, plus de pente, beaucoup de racines, ça glisse. Je me retrouve sur les fesses à plusieurs reprises.
Les lumières de la vallée nous appellent, nous aspirent, mais on a bien du mal à approcher. On débouche enfin sur un grand chemin, parfaitement balisé, qui repars en montée sur la droite …. J’ai eu un méchant doute, pensant un instant être reparti sur le début du parcours (n’importe quoi, quand je regarde le tracé après coup !!!). Et puis non, on passe enfin la butte et Verbier est tout de suite là, à portée de foulées ….
Alors j’envoie tout ce qui reste, passe comme un bourrin au milieu de quelques grappes d’éclopés, ramasse un ultime trailer à l’entrée du village et dévale la rue sous les applaudissements de quelques courageux spectateurs pour passer enfin sous l’arche de cette course vraiment magnifique. Heureux.
Podiums .....
Honneur aux filles .... pas de noms connus, et pourtant d'authentiques championnes .... les 7 premières du scratch sont à l'honneur .... Florence sur la plus haute marche (elle avouera que son objectif était juste de terminer !!!), manque Valérie la seconde, Ute la petite anglaise 3ème, puis Diane, Jeanette, Camilla, Yvette .... et toutes les autres. BRAVO les Super Miss !!!!
La p'tite Jeanette, de Singapour, 1ére sénior
Manu Gault, le grand favori qui a parfaitement assuré, grand vainqueur en établissant un nouveau record ...
Les sept premiers du scratch ....
Podiums V1F et V1H
Les jeunes de mon âge ....
Bilan
En fouinant un peu sur le site, on trouve ces infos : 304 partants sur la boucle (dont 21 femmes soit 6,91% des partants) et 172 seulement finishers (soit 56,58 % des partants), dont 14 femmes (soit 66,67 %). Pas de doute possible : cet ultra est taillé pour renter dans la légende du trail.
Je fini 57eme ( 7eme V2) en 22h03 …. Très loin de mon objectif de 20 heures, probablement trop ambitieux. Mais pourtant enchanté par cette superbe journée en haute montagne, satisfait d’avoir surmonté les petits coups de mou et d’avoir globalement bien géré l’affaire pour rallier l’arrivée dans de bonnes conditions. Une expérience complètement positive, avec pas mal d’enseignements à tirer dans la poursuite de ma préparation pour le Diagonale.
J’avais terminé l’Ultra Ardéchois à l’agonie, la Maxi Race m’avait rassuré …. Le Verbier confirme que je maitrise maintenant à peu prêt la distance. Manque quand même 60 bornes et 3000 D+ pour arriver au dosage Réunionnais ….. Mais plus que jamais la confiance est là. Reste maintenant à bien récupérer et a trouver la bonne mesure pour maintenir le bonhomme en état jusqu’à la mi Octobre.
Merci à tous les amis qui m’on suivi et encouragé via le forum CCK et les SMS
Accueil - Haut de page - Aide
- Contact
- Mentions légales
- Version mobile
- 0.06 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
5 commentaires
Commentaire de totoro posté le 11-07-2012 à 09:36:09
Quel superbe récit et des photos, juste magnifiques ! Tu nous donnes envie :-)
Merci et bravo pour ta course, place à la récupération !
Commentaire de Chris91 posté le 11-07-2012 à 21:14:11
un seul mot : Magnifique
Commentaire de le greg de draveil posté le 11-07-2012 à 21:30:14
Bravo et bravo. Il en fallait pour aller au bout. Si tu croises diane sur les routes alsaciennes, donnes lui le coucou du Greg. Nous avons fait 20 km cote cote. Reste le grr qui j'espère sera une formalite
Commentaire de philou73 posté le 11-07-2012 à 22:34:21
Très beau récit, on le vit avec toi et les photos sont superbes, bonne récup pour ton objectif de la réunion ;)
Commentaire de laulau posté le 12-07-2012 à 08:47:47
Récit bien agréable à lire avec de superbes photos pour un ultra trail à faire dans le futur !
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.