Récit de la course : Trail de la Pointe de Caux 2011, par xaxa

L'auteur : xaxa

La course : Trail de la Pointe de Caux

Date : 18/9/2011

Lieu : Gonfreville L'Orcher (Seine-Maritime)

Affichage : 1260 vues

Distance : 48km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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No Stress !!

                          Stress

Mon fils de 10 ans la veille de la course, en route pour passer chercher le dossard: "Papa tu es stressé avant de faire une course ?"

Tiens bonne question dis moi !

Après quelques explications pour le rassurer sur un stress normal avant des évènements inhabituels (il me disait ça pour avoir participé à une course à pieds en mai et avoir ressenti cette anxiété), je réfléchis.

Effectivement il a raison, je suis stressé avant cette course, et la plupart des autres (toutes plutôt) faites auparavant.

Pourtant je ne risque pas grand chose, je ne joue pas la gagne alors ?

Un mélange d'appréhension de s'être correctement ou pas préparé pour finir la course proprement, de découvrir des gens et un environnement relativement inconnu, de la gestion des ravitaillements, de ne pas se blesser (les petits bobos connus vont il tenir le coup ?) et quand même un stress qui pousse plus ou moins à faire de son mieux une fois qu'on a un dossard sur le dos.

Pourtant je sais bien que je ne serais pas bien placé à l'arrivée, mais le fait de parler courses à autrui les questions reviennent toujours sur un "combien de temps tu comptes faire ?"

Alors du coup je me pose la question et je me met une certaine pression, un objectif que je dois atteindre ...

Tiens autre source de stress: comment s'habiller ? Changement de temps par rapport aux dernières semainees, un peu plus froid et beaucoup plus humide. Veste pas veste grosse veste petite veste ?

5h du mat

Mmmmmm dormir. Ben non pas là. Je me suis réveillé et entre les averses qui ont l'air copieuses à l'oreille, les bourrasques de vent, et ce stress qui me titille, la nuit sera finie.

Un petit déjeûner habituel et c'est parti dans la nuit noire, en voiture sous une méga averse digne d'Hollywood.

7h30

Montée dans le car, bien rempli, je file à l'arrière pour une des dernières places d'où je vois toutes ces têtes majoritairement grisonnantes. Ca cause peu, sauf entre les groupes qui se connaissent, le stress ?

On s'abrite des averses et du frais dans le gymnase de Gournay, tout le monde se prépare, l'organisation insiste sur la sécurité.

Discussions sympathiques avec quelques coureurs dont des forumeurs de Raidlight qui eux jouent clairement la notion de faire le plus vite possible, un autre qui voie les courses comme de bonnes ballades, un autre encore qui ne sait pas comment se vêtir.

9h

Top départ sous un temps incertain, et effectivement durant une bonne moitié de la course il y aura quelques averses mais pas trop violentes, je pars avec la veste que j'ouvrirai, fermerai retirerai en montée pendant les 10 premiers kms, avec le sac camelback à l'abri dessous. DSC 0085

Père Dodu

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Juste devant moi sur cette photo se trouve un coureur (short bleu casaque blanche) qui porte un T-shirt fétiche avec un grand logo Père Dodu derrière, nous nous recroiserons souvent le long du trajet et nous arriverons comme au départ ensemble malgré des rythmes différents !

Planification

Cette course de 48km comporte 2 ravitaillements/passages de relai pour les coureurs en équipes, j'avais donc planifié ma course en fonction, avec choix de prendre suffisamment d'eau et de nourriture pour zapper le 1er ravitaillement, enfin juste grignoter un truc au passage.

En fonction de mes allures d'entrainement sur sorties longues dont la plus importante de 3h sur terrain similaire à la course, j'avais tablé sur un rythme tenable d'un peu plus de 10km/h avec donc arrivée optimiste 4h30, 1er ravito 1h16, 2ème 2h50 (et pourquoi pas moins si je suis en super forme hein hein hein ?!) plus raisonnable 5h.

Etape 1 Gournay-Rolleville



Bon le départ nous savions qu'il y a vait un goulet en montée 500m après.

Un peu hésitant entre partir vite pour limiter le ralentissement mais se "cramer" ou partir lentement coute que coute, puis courir plus vite après le goulet sur une longue partie roulante, je fais un entre deux, départ environ fin du premier 1/3 du peloton, je suis donc comme tout le monde à l'arrêt puis au ralenti quelques temps avant de relancer.

Alternance de parties roulantes mais venteuses ou je déroule à plus de 12km/h et de parties en chemin très collantes mais que pour l'instant je franchis assez allègrement, en essayant de choisir les moins mauvaises trajectoires.

Une côte que je fais en partie en marchant pour gérer la durée avant un épisode dit du "champ de maïs" qui laissera des souvenirs dans l'imaginaire collectif des concurrents : un terrain meuble et collant des débris de maïs, des ornières et un peu de pentes.

Ambiance dans le peloton: "boudiou ça casse les pattes !"

Après une longue descente et 2 petits coups de cul on arrive à Rolleville, sa traversée de rivière bien remplie d'eau marron (avec ma taille modeste ça sera au-dessus du genou et une petite torsion de cheville au passage sans conséquence), le ravitaillement et passage de relai pour les équipes.

Comme prévu je ne m'arrête pas juste un verre de coca et 2 abricots en passant.

Le temps ? 1h17 pour 1h16 prévu mais dites donc ça va pas mal, allez c'est reparti.

Etape 2 Rolleville-Gonneville



Monsieur le photographe autour des étangs dans de l'herbe et quelques cms d'eauDSC_1118.jpg



Bonne petite montée après le chemin de fer, toute cette zone que je connais bien je me sens très à l'aise je passe mieux les difficultés que les petits copains autour de moi.

Je retrouve mon "Père Dodu" qui se paye des glissades puis une bonne gamelle sans conséquence je l'aide quand même à se redresser.

Et là ça commence à changer les chemins sont toujours et plutôt de plus en plus glissants, je commence à être moins gaillard progressivement.

Dans la petite remontée vers le cimetière de Turretot je retrouve un coureur avec lequel j'avais échangé dans le gymnase qui pioche je l'encourage, on se reverra à l'arrivée, lui les lèvres cyanosées: "on l'a fait".

Grand période plate du km 20 au 28 environ, zone que je considérai roulante et sans difficulté, mais avec le vent et la boue, je commence à avoir mal aux ischio-jambiers ! Oula petit coup au moral je ne suis pas arrivé !

Toujours penser à manger (ça je le fais bien toutes les 30mn en gros, barre et pompotes), boire j'ai l'impression de le faire régulièrement par petites gorgées.

J'arrive tout de même avec l'aide des autres coureurs à maintenir un rythme de course assez régulier et correct 10-11km/h.

Ca commence à être long certains marchent, moi pas trop, et content de voir le ravitaillement !

Surtout que ma petite famille est là pour m'encourager et m'aider à remettre de l'eau dans la poche !

Tiens d'ailleurs je me rend compte que je n'ai pas autant vidé la poche qu'en théorie.

Je prend le temps qu'il faut pour remettre mon ravitaillement prêt à m'aider à affronter la fin.

Au chrono j'arrive ici vers 2h55 et repart vers 2h57 sur mon tableau de marche de passage à 2h50 (annoncé à ma famille) ça me parait pas mal du tout !

Etape 3 Gonneville-Arrivée Etretat

Je repars assez optimiste je papote avec un bénévole puis avec la 3ème féminine du parcours complet que j'éclaire sur la fin du parcours qu'elle ne connait pas.

Certes les chemins sont difficiles, le temps pourri mais je n'ai pas froid je suis dans un rythme convenable alors en avant vers l'arrivée !

Bon problème la partie descendante dans le bois de Beaurepaire qui aurait pu permettre de se refaire tranquillement avant les dernières côtes, est en fait un vrai champ de bataille, entres les énormes ornières le reste est un terrain de boue ou tout appui doit être réfléchi et, coûte de l'énergie pour rester debout, il repleut fort en plus.

Je rame j'ai vraiment de plus en plus mal aux ischio je me demande même si ça va pas finir par lâcher.

A la sortie du bois avant de remonter quelle surprise et plaisir de revoir ma petite famille qui sort sous la grosse pluie pour m'encourager !

Dans ce coin, pour vous dire les conditions, même les routes sont envahies de boue.

Km 35 Je sais qu'il reste maintenant 5 côtes, la première je la monte en trottinant je rattrape un rare coureur qui a des bâtons, il est en phase de reprise et ça l'aide.

Vu mes douleurs croissantes de jambes je me dis que ça m'aurait sûrement servi, je fini comme les autres autour de moi en marchant.

En haut les toujours sympathiques bénévoles sont sous la tempête et nous encourage merci !

Par contre mes jambes me refusent de repartir en courant je les sens durs durs avec des douleurs vraiment importantes, j'essaye de courir mais ça ne semble pas possible.

Bon ben je me rappelle des conseils d'ultracoureurs lus: "patienter les douleurs apparaissent et disparaissent"

Il fait un vrai temps de chien sur le plateau vent fort, pluie forte, température fraiche surtout à marcher, par contre je me sens bien abrité sous ma veste.

Je me fais forcément doubler avec souvent des encouragements merci !

Après la traversée de la grande route, j'arrive à retrottiner, et Père Dodu me rattrape, je vais un peu mieux j'arrive à recourir (doucement) avec lui, descente dans le bois, je fais très attention ça glisse on voit rien et silex, ça va à peu près dans la souffrance et lentement.

2ème des 5 côtes je me retrouve parmi un groupe de 5 coureurs qui se connaissent, ça papote pas mal, moi je m'accroche à leur rythme je reprend même un peu la tête quand ça relance mais hop juste après, de nouveaux fortes douleurs de mes jambes bout de bois, ça finit avec un chemin en torrent qui en montée lente que je fais en marchant, puis la route je marche toujours et malgré le plat puis de la légère descente je suis incapable de recourir.

Je me fais doubler sans arrêt, ce qui ne me dérange pas en soi, mais je suis complètement frustré parceque je ne me sens pas fatigué en général, le moral est plutôt bon (il est hors de question d'abandonner) mais je n'avance vraiment pas !

Même marcher je suis obligé de le faire lentement à cause des douleurs dans toutes les jambes, des débuts de crampes par ci par là ...

Je me dis même qu'à un moment je vais vraiment plus pouvoir avancer.

Tiens justement j'arrive à la redescente vers le phare, des bénévoles sortent me voir de leur voiture: "vous finissez ? Parce que après il n'y a plus personne avant l'arrivée ?" Oula ils m'ont repéré manifestement !

Non non ne vous inquiétez pas je gère ! (enfin on va essayer hein ?)

Je ne veux pas abandonner après tout ça !!

La moitié de la descente le calvaire est toujours j'essaye quand même quelques étirements contre un poteau, et puis petit à petit c'est un peu moins là, je réessaye de courir, tiens c'est possible !!

Bon mais juste après c'est la 3ème côte !

Et bien ça ne me dérange pas je suis plutôt mieux à monter cette pente bon quand même très glissante mais qu'on est obligé de marcher, je suis de nouveau dans le même rythme que les autres !

Et en plus une éclaircie arrive en même temps !

Alleluïa !

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Je finis bien quasi euphorique, je peux recourir, jambes raides mais ça va, redescente sur la valleuse du Tilleul très glissante c'est difficile de rester debout le vent aidant ce que le sol n'a pas réussi à faire en dérobant les pas.

Je monte la 4ème sur 5 côte en courant jusqu'à la moitié, je rattrape un peu de monde et les encourage: "allez c'est fini on a réussi !" , la dernière est avalée sans difficulté (la descente entre deux était encore très glissante par contre)

Force est de constater qu'on est tous dans le dur avec des bons et des mauvais moments.

Je retrouve encore mon Père Dodu !

Alors là c'est sûr je finis avec lui après tout ça ça sera symbolique pour moi !

Je laisse donc filer certains et on finit tranquille en savourant, je soutiens moralement et un peu physiquement un coureur qui se sent limite pour arriver à finir la dernière descente.

Ligne passée avec mes enfants !

Bonheur réconfort, plaisir discussions avec les coureurs.

Il fait froid, la petite famille aussi souffre on rentre rapidement se mettre au chaud.

Bilan:

Grosse satisfaction d'avoir terminé ce trail.

Sur le papier ce n'était pas un trail difficile assez roulant, peu de dénivelé mais notamment avec les conditions de chemin et météo c'est devenu un trail je pense difficile.

Première leçon rester toujours humble face au terrain et la nature.

J'ai globalement adoré courir dans ces conditions difficiles même si mes jambes ne sont pas d'accord.

Grosse frustration d'avoir eu un passage aussi long dans la souffrance, tout en ayant l'impression que globalement j'allais bien, et d'ailleurs à la fin quand les douleurs musculaires étaient atténuées je courrais assez facilement.

2 jours après j'ai encore de fortes douleurs musculaires d'ailleurs mais ça s'atténue.

Côté chrono ça se finit en 5h29 pour 47.89 km (8.7 km/h de moyenne) soit la dernière étape de 18.5 km en 2h34 à 7,21km/h.

http://connect.garmin.com/activity/115265887

Une 140ème place sur 249 arrivants (283 au départ 297 inscrits).

Déception globale toutefois par à la fois sentiment de pouvoir faire mieux et d'avoir été trahi par la mécanique. (à revoir entrainement musculaire, hydratation peut être, départ plus lent ??)

Déception parce que je m'étais imaginé pouvoir peut-être glisser vers le début de l'ultra début décembre, mais vu le gros passage à vide vécu là je pense que c'est prématuré il me faut un peu plus de temps d'adaptation physique et psychologique.

Mais surtout déception parce que je méloigne de mon état d'esprit !!

Mon but en faisant du trail est de prendre du plaisir et de m'amuser en arrivant à finir des parcours difficiles, et là je suis en train de me mettre une pression sur des temps, des résultats, des objectifs, du coup je me stresse plus ou moins avant !

Resaisissons nous !

Je choisis donc de façon claire la voie de ne pas m'occuper du chrono, de juste prendre du plaisir, donc de plus gérer en transformant ces épreuves avec un dossard sur le dos en grande ballade sympathique avec les collègues de souffrance et les valeureux bénévoles !

Se faire mal peut-être oui, mais avec le sourire !

http://www.lbgonfrevillaise.com/categorie,le-trail-de-la-pointe-de-caux,3145753.html

2 commentaires

Commentaire de Woualy posté le 20-09-2011 à 19:17:08

Le but était de finir, tu l'as fait, c'est deja tres bien !
Je comptais faire moins qu'en 2010 ou j'avais été malade sur toute la course, ce ne sera pas pour cette année.
En tout cas ce sera une bonne prépa pour le Trail de Décembre sur le 82 Km, comme moi ;o)

Commentaire de xaxa posté le 20-09-2011 à 21:46:09

Effectivement ça peut servir pour plus long derrière :)

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