L'auteur : La Tortue
La course : Triathlon Challenge Roth
Date : 18/7/2010
Lieu : Roth (Bavière) (Allemagne)
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Distance : 226km
Objectif : Pas d'objectif
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Cr Roth 2010-07-17
Je suis à 3 jours de l’Embrunman et je me décide enfin à taper ce Cr du « Roth Challenge ». Si je ne le fais pas maintenant, je risque ensuite de ne plus le faire, et ce serait dommage tant cette course est totalement à la hauteur de sa réputation. Quand j’ai commencé le tri, voilà déjà 2,5 ans déjà (j’ai l’impression que c’était hier !), c’était pour terminer l’Embrunman, épreuve mythique, dont j’avais entendu parler à la TV depuis des années. Le mot « d’IronMan » me disait bien quelque chose aussi, mais le « Challenge Roth » m’était totalement inconnu.
Pourtant dans le monde du triathlon, « faire Roth », est quelque chose de très « côté ». En fait, si j’ai bien compris, le label « Challenge » est le cousin, ou plutôt, le concurrent du label « IronMan ». Ce sont deux marques concurrentes qui se disputent le leadership au niveau mondial. IronMan ayant, une bonne longueur d’avance, tant de part son ancienneté que de part le nombre de manifestations organisées annuellement. Et si Hawaï est le temple des « IronMan », Roth est « la Mecque » des « Challenge ». A la différence près mais non négligeable que pour Hawai, il faut faire un temps qualificatif alors que pour Roth, n’importe quel péquin comme moi peu s’y inscrire à conditions de s’y prendre de très bonne heure.
Ensuite, « IronMan ou IM», un peu comme « frigidaire », est devenu un nom commun pour désigner une longueur de triathlon (3,8 km nat, 180 km de vélo et 4,195 km de cap), mais pour les triathlons qui n’ont pas le label IM, il faudrait théoriquement parler de « format IM ». Embrunman, Altriman, Chtriman, par exemple, ne sont pas des IM, mais des triathlons longue distance, au format IM. Suis-je clair ?
Bon, ce n’est pas grave, tout ça relève, selon moi, du détail et n’enlève rien à la magie de ces courses !!!
Le papy avait dit un jour : «la tortue, avec son gros c.l et ses capacités de rouleurs, il est plus fait pour Roth que pour Embrun ». Peut être (il a souvent raison l’ancêtre), mais ma priorité était Embrun, donc j’ai commencé par ça. Ensuite, j’ai tellement entendu parler de Roth autour de moi, que je me suis décidé à m’inscrire (il faut s’y prendre presque 1 an à l’avance, dès que les inscriptions s’ouvrent en septembre pour une course en juillet suivant !).
Tous les ans, j’aime bien me fixer en début de saison, 1 ou 2 gros objectifs majeurs sur lesquels je compte m’investir pour l’année. Pour 2010, c’était, « les pèlerins des antennes », CO de 24h en solo, organisée par le Poc dans son beau pays de l'hérault et le « challenge Roth », triathlon format IronMan. Deux objectifs bien différents mais j’aime bien la diversité, cela permet de varier les entrainements. D’aucun diront que ce n’est pas possible de se préparer correctement dans des disciplines aussi différentes, ce à quoi je réponds qu’au contraire cela permet d’éviter la lassitude et permet d’être plus polyvalent.
J’ai donc fait une grosse saison hivernale de CO pour préparer les pèlerins, et une excellente préparation foncière au printemps. Parallèlement, j’ai perdu une petite dizaine de kilogrammes pour m’alléger sur le vélo et en CAP. En revanche, la perte de ma bouée naturelle a fait que j’avais beaucoup de mal en natation, ma « flottaison » naturelle se trouvant pas mal perturbée. Mais avec tout ça, mi-avril, j’étais dans une forme comme jamais je n’avais connue (record battu de 3’ sur semi, et je me sentais vraiment « facile » sur le vélo et en CAP). Hélas, un vilain virus est venu attaquer lâchement mes hépatocytes ; résultat une hépatite aiguë qui entrainera mon abandon aux Pèlerins, mon premier abandon, (blessure aux quadri), après 8h de course et une très grande déception car c’était la première fois que je ne menais pas à bien un objectif majeur !
J’ai alors décidé de reporter mes « espoirs » sur Roth. Mais la maladie était bien là, une immense fatigue, entre autre, caractérisait cette foutue hépatite, et il m’était impossible de m’entrainer comme je le souhaitais. La nuit, je me réveillais complètement en sueur, les draps trempés, ou j’étais pris de crampes terribles dans les jambes et les mains ! En fin de journée, j’avais les jambes tellement gonflée par l’œdème que je portais des bas de contention (c’est comme ça que j’ai découvert l’intérêt des chaussettes de compression que je ne pensais être qu’un gadget ou un effet de mode, mais qui ont bien leur intérêt). Dans la journée, je m’endormais fréquemment au travail, impossible de lutter contre le sommeil. Un jour, je me suis même endormi au guidon de mon vélo, ce ne sont que les gravillons du bord de la route qui m’ont réveillé sinon j’allais droit au fossé.
Bref, je sentais bien que toute la machine était déréglée de l’intérieur. Ce qui était très curieux, c’est que par moment, je me sentais tout à fait bien, ces moments duraient 1 à 2 heures, et disparaissaient aussi subitement qu’ils étaient apparus, un peu comme s’il y avait un interrupteur « marche/arrêt » sur ma carapace ! Au bout de 2 mois à trainer les pieds comme ça et avec le moral en rideau, je commence à me sentir un peu mieux, mais toujours pas possible de faire des entrainements longs. J’essaie donc d’optimiser au maximum avec des séances plus orientées sur la qualité que sur la quantité. Le plus vexant est que je sens bien que le physique est là, que la machine est prête si seulement je retrouvais un semblant de jus.
Début juin, je fais le triathlon CD des Sables d’Olonne, sans aucune préparation particulière, mais avec de super sensations et un super chrono. Je me dis que ça y est, je suis débarrassé de cette cochonnerie, mais le bilan sanguin réalisé dans les jours suivants fut très mauvais et sur le tri de préparation suivant (MD de Sireuil), je serais obligé de m’arrêter au bout de 10 km de CAP, blessure aux ischios.
Mon médecin m’explique que non seulement mon hépatite me fatigue, mais le foie ne fonctionnant pas bien, il ne joue plus son rôle de filtre et que cela peut expliquer mes blessures musculaires par un phénomène « d’encrassement". Bon, nous sommes mi-juin, Roth est dans 1 mois, et même si je suis d’un naturel optimiste, je commence à me résigner à n’y aller qu’en touriste, pour accompagner mon ami Olivier qui s’y est inscrit aussi de longue date et nous devons y aller ensemble avec le camping-car prêté très gentiment par ses parents.
L’entrainement jusqu’à Roth sera donc très light, mais nous voilà, à 3, enfin sur la route de l’Allemagne (Roth se situe en Bavière entre Nuremberg et Munich) : Olivier, mon fiston Pierre-Louis qui veut assister au spectacle et ma pomme avec son foie en décapilotade, mais avec l’envie de voir enfin cette course dont j’ai tant entendu parler. J’ai revu mes objectifs à la baisse, il n’est plus question d’y faire un chrono, mais juste d’essayer de ne pas me blesser pour pouvoir terminer et prendre un maximum de plaisir sur cette course de légende.
Il nous faudra 24h, pauses comprises, pour rallier Nantes à Roth (1300 km). Et quand on débarque au centre organisation, c’est une grande claque qu'on se prend en peline poire! Le décor est assez impressionnant. Tout le village et je dirais même toute la région ne respire que triathlon. Il y a des banderoles partout dans tous les villages concernés par le parcours : « We are triathlon », ce sera le slogan du week end !
Partout des banderoles de bienvenue !
La zone et le stade d’arrivée
La ruine des porte-monnaies !
Je me suis décidé à acheter une paire de « compression ». j’ai toujours pensé que c’était un gadget qui ne servait à rien, mais j’ai changé d’avis depuis que je les porte régulièrement, surtout en fin de journée
Dossard 1629, pauvre petit français, cerné par les internationaux !
Olivier, Pilou et la Tortue, impressionnés par une telle organisation !
Remise des dossards, digne d’une organisation UTMB.
Après avoir récupéré très facilement les dossards, on jette rapidement un œil au site et au fantastique village triathlon, et on se met à la recherche d’un lieu pour poser notre petite maison à roulette.La difficulté vient du fait que la natation et T1 se situent à Hipolstein qui se trouve à 10 km de T2 et de l’arrivée (Roth village) et qu’avec le camping-car, nous ne sommes pas très mobiles. Nous optons pour essayer de trouver une aire de stationnement sur la zone de départ. Nous ne sommes pas les seuls à avoir l’idée !!!
Après avoir cherché, sans succès, à se poser sur la « zone commune », proche du départ à Hipolstein et de la « Rothsee » (un grand étang avec plage) déjà surchargée, je vois un panneau publicitaire : « camping à 400m ! » J’appelle sans grande illusion, en me disant que le seul camping « officiel » du coin doit déjà être bondé. « Ya, Ya », « gut », « kommen zi ! », en mélangeant mes bribes d’allemand scolaire et quelques mots d’anglais que mon interlocutrice teutonne parle difficilement, j’arrive à comprendre qu’il reste de la place !?!Je n’y crois pas, on est à 500 m du départ, juste en face, de l’autre côté du canal, c’est trop beau pour être vrai ! En fait, ce n’est pas un vrai camping, mais une auberge qui loue son « jardin/champ » pour le we : 6 euros par jour et par personne, douche chaude (typique, dans le local où ils égorgent les cochons d'habitude!), sanitaire et branchement électrique compris ! Je cherche le piège ou l’arnaque, vérifie bien que tout est ok avant de payer, mais non, il n’y a rien à redire. On a trouvé un coin dans le champ pour se poser bien confortablement ! Franchement, ne loupez pas cet hébergement, idéalement placé, si vous êtes en camping !
Notre auberge/camping d’accueil, la « Gasthaus Burblick », au lieu dit « Altberg » à Hipolstein
« Notre camp de base »
« la douche »
Nous sommes vendredi 16 juillet, fin d’AM et nous sommes posés ! on va pouvoir enfin se concentrer sur la course. Petite baignade dans la « RothSee » pour éliminer les traces du voyage, les sensations en natation sont bonnes et rassurantes, mon passage très difficile en natation s’est amélioré depuis quelques semaines, où j’ai repris un peu de poids et que j’ai pas mal revu ma « technique » pour arriver à avancer. Ensuite, retour sur Roth pour déambuler dans le village triathlon pour quelques emplettes et quelques souvenirs, impossible de résister devant autant de tentations !
Baignade délassante dans la Rothsee
Dans la nuit de vendredi à samedi, un orage terrible éclate et perturbe pas mal mon sommeil (je dors dans une tente à côté du camping-car pour ne pas encombrer l’espace commun). Mais le samedi matin, le soleil est revenu et nous allons pouvoir passer cette dernière journée conformément au programme que nous nous étions fixé : préparation du matos, mise en jambe (1h de vélo cool et 20’ de CAP enchaînée), sieste et dépose du vélo au parc.
La dépose du vélo au parc sera le premier moment fort de la course. Toujours la même organisation irréprochable et surtout, nous voilà vraiment dans l’arène, et on sent déjà une forme d’excitation monter autour de nous, même si personnellement, je me trouve étonnamment calme. Surement grâce à l’absence totale de pression que j’ai avant cette course. Mais, quand même, quel spectacle, tous ces vélos, tous plus rutilants les uns que les autres alignés bien sagement et recouverts par les housses fournies gracieusement par l’orga ! génial !
L’entrée du parc
Ça commence à se remplir
Mon clou en position (le casque m’a été prêté par Pascal du TCN, merci à lui ! la couleur rose me vaudra mon petit succès le lendemain au passage des villages)
Toujours mon vélo, bien protégé, car l’orage menace !
Ça en jette, non !
C’est par là qu’on sortira de l’eau demain matin ? Le clocher sous "quelle challenge" à droite sur l’autre rive est l’endroit où se situe note camp de base.
Le pont qui surplombe tout le canal
Le parc vu du pont, à gauche le canal de natation.
Après la dépose du vélo, direction le briefing et retour sur Roth même car je n’ai pas tout compris les transitions. Voilà comment ça se passe :
- Le départ natation se fait par vague de 150/200 gars environ toutes les 5’. Je suis dans la vague de « 7h », Olivier dans celle de « 7h05 ». La première vague, les pros, part à 6h ce qui laisse de la marge pour se préparer. Chaque vague a une couleur de bonnet différente, donc impossible de se louper !
- Au parc à vélo, et à côté de votre vélo, vous ne pouvez laisser que : chaussures vélo, casque, lunettes. Il n’y a pas de chaise, ce n’est pas là que vous vous changez.
- Le reste du matériel d’habillage nécessaire pour le vélo se situe dans un sac « rouge » que l’on dépose soit même dans une zone spéciale et qu’il faut récupérer soit même en sortant de l’eau.
- Juste après la sortie de l’eau, vous récupérez donc votre sac rouge et il y a une immense tente avec des bancs et des « helpers » qui vous aident à vous habiller. Vous remettez vos affaires de natation dans le même sac et vous ne vous occupez plus du sac. Une fois habillé, vous pouvez sortir de la tente, récupérer votre vélo et partir. Cela évite d’avoir des affaires qui trainent et d’avoir des embouteillages dans le parc. C’était nouveau pour moi, mais ça c’est très bien passé.
- A T2, dès que vous avez franchi la ligne, un « helper » récupère votre vélo et vous ne vous en occupez plus et un autre « helper » vous donne le sac « bleu » que vous avez fait déposer la veille avec vos affaires de CAP dedans. Ensuite, vous entrez dans une tente, et là encore, un autre helper est à vos petits soins pour vous aider à vous habiller. Vous mettez vos affaires de vélo dans le même sac et vous filez courir sans vous occuper de rien.
- Après l’arrivée, vos récupérez tout votre matériel en parfait ordre, bien aligné et en quelques secondes, tout cela dans une organisation irréprochable ! Franchement, hormis à l’UTMB, je n’ai jamais vu un tel niveau d’organisation et je dirais même de professionnalisme ! Chapeau et rien que pour ça, il faut faire cette course au moins une fois. Je reprends l’écriture de ce CR au lendemain du marathon d’Embrun, et je me rends encore mieux compte du degré d’organisation comparé à Embrun où partout règne une ambiance de joyeux capharnaüm à tous les échelons de l’organisation !
Briefing en français (il y en a un en allemand, en anglais et en espagnol aussi !), clair, efficace, parfaitement organisé (comme tout reste) !
Après le briefing, une bonne assiette de pate avec une escalope de dinde (c’est moi qui suis préposé à la « glucidification » des champions !), et au lit de bonne heure. La journée va être longue demain !!!
5h du mat ! Réveil, petit dej très copieux, habillage, je suis hyper zen ! Olivier un peu moins et on se dirige vers le départ. C’est là qu’on se rend compte à quel point nous sommes bien placés, car il y a un monde fou, et traverser le pont au dessus du canal n’est pas une mince affaire. Je récupère mon vélo dans le parc, je vais déposer mon sac rouge à l’endroit prévu et je retourne m’habiller pour la natation puis j’admire la sortie de l’eau des pros en attendant mon heure de départ dans le sas.
Avec Olivier, juste avant le départ
La natation :
Il y a un premier sas sur la berge dans lequel vous entrez 10’ avant votre heure de départ, puis mise à l’eau à 5’ du départ et on attend dans un deuxième sas aquatique le top départ derrière une corde tendue au milieu du canal. A l’heure H, la corde se lève et les fauves sont libérés ! Je suis quasiment en première ligne et ça part sans bousculade et sans taloche. En fait, les sas sont remplis par des gars en fonction du niveau donné à l’inscription, donc on est censé avoir à peu près le même niveau, même si certains sont plus ou moins forts en natation. Avec ce système, l’organisation assure la gageure de faire partir 3600 gars sans aucune bousculade ! là encore, génial !! La natation se fait dans un canal, par un long aller/retour. Je nage près de la berge pour avoir un point de repère et ne pas trop zigzaguer. Tout va bien, au bout de 400m environ, comme toujours, je trouve mon rythme et mes douleurs aux épaules, que j’ai toujours en partant à froid, disparaissent. Voilà « déjà » le ½ tour ?! 25’ de course, c’est curieux, je savais que la mi-course était un peu plus loin, mais là quand même, c’est très rapide ? Je repars dans l’autre sens, et des gars des vagues suivantes, reconnaissables à leur couleur de bonnet différentes, commencent à me doubler. Petit point qui remonte le moral, j’en rattrape aussi des vagues précédentes. Mais comme tout ceci se passe après plus de 1000m de course, cela se fait sans bousculade. Je nage toujours le long de la berge. 1h de course et nous revoilà devant la zone de départ, mais il faut en fait aller virer la bouée du deuxième ½ tour beaucoup plus loin, après être passé sous le pont où se masse une foule énorme. Je trouve le temps un peu long et je commence à coincer un peu. Enfin, le ½ tour et je pioche un peu pour finir. La sortie de l’eau se fait par un pan incliné où vous attentent des helpers avec de l’eau jusqu’au ventre qui vous aident à sortir. 1h17, ok, c’est conforme à ce que je pensais faire, ni plus, ni moins en raison des problèmes que j’ai eu en natation au printemps.
Il y a foule sur les berges
La corde se lève pour chaque sas avec une musique bien prenante et un jet d’eau tirer depuis un bateau pompe. En plus une petite brume très hamiltonienne ajoute à la solennité du moment !
Un sas vient de partir, le suivant se met en place depuis la berge
Vue depuis le canal, à droite les vagues de 5’ et à gauche ceux qui reviennent de façon plus parsemée !
La sortie de l’eau
Les sacs rouges sagement alignés qui attendent leur propriétaire et au fond à droite la tente d’habillage et au fond à gauche la vague des bonnets rouges qui attend dans le sas sur terre avant de rentrer dans l’eau
Je récupère mon sac rouge, je rentre dans la tente et je me change, bien aidé par une charmante helpeuse teutonne. Comme il faisait un peu frais au départ, j’ai choisit de ne pas mettre la trifonction sous la combi pour ne pas partir mouillé. Je ne le regrette pas, car il fait encore un peu frais, même si cela va me faire perdre quelques secondes. Je file à mon vélo, je cours assez facilement dans le parc. J’enfourche le vélo une fois sur la route, mets les chaussures avec les "p'tits élastiques qui vont bien", sans chaussette, et zou, c’est parti. J’ai pris du temps à T1 malgré tout car il m’a fallu faire une longue pause pipi.
En route pour le vélo !
Le vélo :
J’ai décidé de faire le vélo à la sensation, avec 30km/h de moyenne comme objectif bas. Il faut faire deux boucles que l’on m’a annoncées comme plates et roulantes, avec du vent qui se lève sur la deuxième boucle. Ca part vite : 40 km/h dès le premier faux plat descendant. Je laisse aller, les jambes tournent bien. Le premier village arrive très vite, avec une ambiance de folie et un premier ravito où je vais pouvoir encore admirer l’organisation allemande. Ce sont des militaires qui tiennent ce premier ravito. Le ravito s’étale sur 150 m au moins avec dans l’ordre (toujours le même à tous les ravitos): les bidons d’eau, ensuite les bidons de boisson énergétique, puis les barres, puis les gels, puis les bananes puis à nouveau de la boisson énergétique puis de l’eau. Pour chaque poste, il y a au moins 4 ou 5 bénévoles qui tendent les bidons ou les barres ! Génial et parfait ! En fait, à part l’eau, j’ai prévu assez peu de prise de ravitaillement et, normalement, je suis autonome avec ce que j’ai emporté. Le parcours vélo se fait dans une superbe campagne très verte. Les 60 premiers km sont bouclés en tout juste 1h45 ! C’est rapide, très rapide, mais je me sens bien ! Et pourtant le parcours est beaucoup moins plat que je ne le pensais. Bien au contraire, c’est assez vallonné avec de longs faux-plats montants ou descendants et de jolis petits coups de cul bien raides qui cassent les pates, mais dans lesquels un chaleureux et nombreux public vous encourage. J’ai changé un peu ma façon d’aborder les coups de cul. Avant, j’avais tendance à les monter assis en moulinant au maximum, maintenant c’est l’inverse, je monte plutôt avec un gros braquet en danseuse ; ça me permet de changer de la position aéro et de me détendre le dos tout en faisant travailler les cuisses différemment, ce qui me repose un peu. En revanche en position aéro, j’ai gardé une fréquence de pédale supérieure à ce que je vois des autres triathlètes qui sur leurs vélos aéros, avec roue lenticulaire pour la plupart, emmènent des braquets énormes que mes jambes, habituées à du 50/14 à 16 ne me permettraient pas.
Tranquille sur les prolongateurs.
A la relance dans les coups de cul, alors que beaucoup montent en force sur les prolongateurs
Me voilà, après 70 km, revenu à Hipolstein, tout prêt du départ, et c’est là que se passe l'un des coups de cul les plus célèbres du triathlon (avec le Pallon d’Embrun peut être) : le « Solarberg » ! C’est une patate de 500 m de long à 10/12% environ, mais que vous passez dans une haie de spectateurs façon « alpe d’huez ». Tous ceux qui ont fait Roth m’ont parlé avec émotion de ce passage. Et, bien que je sois prévenu, ce que je vois au pied de ce mur me fascine et m’impressionne. Il y a devant moi, juste après un virage à droite des centaines de personnes qui encouragent TOUS les concurrents de la voix et du geste ! Je me retrouve coincé derrière une italienne qui monte à 10 à l’heure !!! Tant pis, ça me laisse du temps pour apprécier ce moment génial. J’ai des frissons dans tous le corps et même quelques larmes de joie et d’émotion qui me montent aux yeux ! Un moment très fort de ma vie sportive. Dans la bosse, j’aperçois Pilou qui prend des photos ! Les « holàs » se lèvent devant moi, et je ne me rends compte que la bosse est finie que parce que la haie d’honneur s’arrête ; mais à aucun moment je n’ai senti la pente pourtant sévère à cet endroit, tant les encouragements sont porteurs !
Le Solarberg, après la banderole rouge : c’est par où qu’on passe ??? Au début, il y a des barrières pour prendre le virage et se placer et après c’est le bain de foule !
J’aperçois mon Pilou dans la foule ! Je vais lui donner mon porte-bidon de selle qui s'est dévissé et que j'ai coincé dans ma trifonction.
Le photographe est placé en haut de la bosse, en bas il y a encore plus de monde !
Bon le premier tour n’est pas encore tout à fait fini, il faut encore faire une petite boucle autour d’Hipolstein avant de repasser par la zone de départ et s’élancer pour une deuxième boucle. Je ne suis absolument pas entamé, et j’attaque de plus belle le deuxième tour, et ceci d’autant mieux que je connais maintenant le parcours et que je sais à quel moment relancer ou au contraire calmer le jeu. Le vent s’est levé mais il ne gène pas tant que ça. Quand les jambes sont là, tout va ! Je gère beaucoup mieux mon effort sur ce deuxième tour, même si le vent commence à devenir gênant sur les parties exposées du parcours. Toujours de long faux-plats, où il faut être toujours en prise pour être efficace. Km120 : 3h30 de vélo, toujours au même rythme. Je m’alimente bien, mais ce que j’avais prévu commence à s’amenuiser. Je pioche donc dans le ravito de la course : banane, gels, barres, j’essaie un peu de tout, mais pas la boisson énergétique, me contentant de la mienne ou d’eau fraiche.
Les km défilent, le soleil est bien présent, le vent est gênant mais il a chassé les brumes matinales : le pied !
Me revoilà (déjà ?!) à Hipolstein, et j’attends avec impatience le deuxième passage dans la haie d’honneur. Il y a moins de monde que tout à l’heure car les premiers sont déjà passés deux fois, mais quand même c’est super. Là encore, je ne sentirai pas la pente.Allez plus que 20 km environ, que j’avale à fond et je débouche sur T2 après 5h20 de selle, soit 5’ de plus pour ce dernier tiers, mais j’ai fait une longue pause pipi et le vent sur la fin devenait relativement fort.
A T2, un jeune helper récupère mon vélo dès la ligne franchie, je récupère mon sac de CAP que me tend un deuxième « helper » et je m’assoie sur un banc de la tente d’habillage quand une charmante « helpeuse » commence à sortir mes affaires de CAP, ranger mon casque de vélo et essaie même de me mettre mes chaussettes ! Bon, ça je peux le faire tout seul, d’autant qu’il faut que je mette un peu de vaseline avant. En moins de 2’ je suis prêt à partir, mais je fais une pause de quelques minutes pour un arrêt technique urgent, car les intestins commencent à me taquiner sérieusement et je crains voir revenir les problèmes que j’avais eu à l’Altriman l’an dernier et qui m’avaient empêché de courir pendant les 15 premiers km. Cette fois l’arrêt aux toilettes m’a fait du bien et dès que je sors de T2, je sens que les jambes sont là.
Le marathon :
Je me dis de ne pas partir trop vite, mais mon GPS indique un premier km en 4’40 !! Ouh la, doucement quand même. Je vais un peu lever le pied, mais sur les dix premiers km je vais être aux alentours des 5’ au km ! Rapide, très rapide même, mais je me sens bien donc je continue.
Le seul truc un poil pénible de ce marathon, c’est le parcours. On court le long du canal (toujours le même depuis ce matin, on commence à le connaitre !) et c’est très très monotone !!!
Plat, mais monotone la digue du canal !
Km 10, quelques boucles de vire-vire dans un village bruyant et animé qui relance un peu et nous voilà reparti dans l’autre sens le long du canal où je croise Olivier qui doit être 4 ou 5 km derrière moi. Il est bien plus fort que moi en CAP normalement (record sur marathon en 3h15 je crois, alors que j’en suis à 3H42) donc je nous vois bien finir à peu prêt en même temps.
Il fait très chaud maintenant, mais j’avance, j’avance….
Passage au semi en 1h50, et je vais à nouveau libérer mes boyaux qui me font un mal de chien. Ouf, ça va mieux comme ça. Et me revoilà le long du canal, vers le nord cette fois ! Toujours aussi monotone. On tourne à droite et on rentre dans la forêt. Le passage est très sympa, mais c’est là que je commence à coincer.
Du 25 au 35 km, je vais souffrir, mais voyant un super chrono se profiler, je ne vais rien lâcher, et je vais me faire mal. Je recroise Olivier, mais il me semble que mon avance s’est un peu augmentée par rapport à tout à l’heure. Il faut dire que si je ne suis pas très bien à ce moment là, il ne me parait pas beaucoup mieux ! Je ne peux plus rien avaler de solide depuis le début du marathon et les quelques verres de coca que j’ai essayé d’avaler sont repartis en marche arrière aussi vite qu’ils sont arrivés ! Bref, je suis à sec, je tente un gel qui me fait du bien et je finis mieux, d’autant que je pense pouvoir passer sous les 10h30 à ma montre (en fait, elle n’est pas callé sur le chrono officiel). Les derniers km dans Roth même sous les vivats de la foule sont superbes. Je suis à fond (du moins sur le plan cardio-respiratoire), même si ma vitesse de course ne doit pas dépasser les 11,5 à 12 km/h.
Les derniers km dans les rue de Roth
Dans le dernier virage, je vois Pilou qui fait des photos, mais il n’a pas le droit de rentrer avec moi dans le stade. Le dernier tour de stade est magique, je « vole » sur le tapis rouge maintenant, et je m’aperçois à ce moment là que j’ai presque 10’ de décalage avec la pendule officielle.10h43, temps officiel, pour 3h50 au marathon ! Super chrono ma fois, surtout vues mes incertitudes au départ avec toutes les perturbations qui ont ponctuées ma préparation.
La dernière ligne droite ! Yesssss !
Et voilà ! Encore une belle médaille !
Après la ligne d’arrivée, toujours la même organisation au top. On me propose une énorme choppe de bière ! Non merci ! Déjà que je ne bois pas de bière en temps ordinaire, mais là avec ces intestins bloqués depuis plusieurs heures, il ne faut rien me proposer.Je n’ai qu’un envie : m’assoir car j’ai les jambes en feu d’avoir essayé de cavaler après ce chrono ! Roth, un « sprint » en fait ! Avec un parcours vélo exigeant mais très roulant de part la qualité du bitume (aucune secousse pendant 180 km sauf quelques nids de poule au passage d’un barrage sur 100 m maxi) et un marathon tout plat où il faut vraiment tout donner pour ne pas gaspiller le temps précieux gagné sur le vélo. Après 5 ou 10’ de pause complète, j’ai une faim de loup que me tombe dessus. Et tout ce qui se présente sous la main est englouti. Et il faut dire que le ravito d’arrivée est pantagruélique et très varié : laitage, sandwich multi-variés, gâteau, fruits, boissons en tout genre ! Il y en a pour tous les goûts.Je récupère mon troisième sac qui m’attend à l’arrivée, je me change et je cherche Pierre-Louis. Dans la foule, je ne le trouve pas. Olivier non plus, je vais donc au point de rassemblement que nous nous étions fixé. J’attends longtemps, toujours rien ; Et j’ai toujours faim ! Je retourne à la tente d’arrivée, je fais un deuxième repas consécutif et je retrouve enfin Olivier puis Pilou !
Olivier dans le dernier km !
Ravito d’arrivée « à l’allemande », donc à la bière ! regardez le sourire de mon Ami Olivier, qui croirait qu’il vient de se taper un IronMan !
Podo, kiné, masseurs, il y a là encore une organisation top.
Retrouvailles, congratulations réciproques et nous récupérons tout notre matériel : vélo + sac bleu + sac rouge à T2 qui se situe à 500m de l’arrivée. De là, une navette nous ramène sur Hipolstein avec nos vélo ! Le top du top en matière d’organisation. Je l’ai dit plusieurs fois dans ce CR, mais c’est vraiment ce qui m’a le plus marqué sur cette course.Il restera aussi et surtout de grands souvenirs et de grands moments humains partagés pendant ces 3 jours avec Olivier et mon fiston.Quant à la « performance » chronométrique, franchement, même si j’en suis très content, ce n’est pas ce qui vient en première importance dans ce week-end. D’autant qu’avec une préparation optimisée et sans cette foutue maladie, sur ma forme du début du printemps, je pense que je pouvais faire encore mieux ! On ne le saura jamais, car même si c’est une course fantastique, je ne pense pas que j’y retournerai tant la logistique est lourde à mettre en place ! Et encore, grâce au camping car des parents d’Olivier, je pense que nous étions dans des conditions idéales. D’ailleurs, je viens de finir en Embrun, encore avec une logistique camping-car (en famille cette fois) et je pense que c’est la meilleure façon d’aborder les IM. On peu stationner à côté du départ, on trimballe le matos facilement, on voyage tranquillement et de façon bien moins fatigante qu’en voiture. Bref, c’est l’idéal, il va falloir que je me penche sérieusement sur le marché du camping-car d’occasion !!!!
Au revoir Roth, et merci pour toutes ces émotions !
Nos beaux diplômes ! Pour dire à nos petits enfants plus tard : « j’y étais !!! »
Merci Olivier, merci Pilou pour ce beau week-end sportif, mais pas que… (comme dit Olivier !)
En résumé, quelques images "officielles" :
http://www.youtube.com/watch?v=kQ9XyDNAcFk
La tortue sortant de l'eau (combi à bandes oranges sur les épaules, bonnet jaune clair et surtout zizagant vers la balustrade) après 1'30 et 2'00 de film
Sur le vélo : 2'18 (casque rose qui double) ; 4'40 (dans le solarbegr) ; 6'05 (en haut du solarbeg)
L'arrivée du marathon sur plusieurs angles : 6'30 ; 6'50 ; 7'10 ; 7'35
QUE D'EMOTIONS :-))))))
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Bien amicalement
La Tortue
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7 commentaires
Commentaire de largo winch posté le 23-10-2010 à 14:42:00
Toujours aussi riche tes comptes rendus, c'est toujours un plaisir à lire. Merci!
Commentaire de LtBlueb posté le 23-10-2010 à 18:22:00
bon à priori c'est "work in progress"
je reviendrai faire un saut des que tu auras fini!
le CR en texte sur la ML c'est bien pour les news à chaud
par contre, j'aime bien relire des gros trucs comme Roth , qui plus est en images !
Commentaire de ouster posté le 25-10-2010 à 07:17:00
Les photos en tant que cerise sur le gâteau ! Bravo :-)
Commentaire de gastéropode posté le 25-10-2010 à 20:31:00
Bravo pour ta course, merci pour ton CR qui donne envie d'y aller.
gastéropode
Commentaire de LtBlueb posté le 25-10-2010 à 21:25:00
chapeau l'ami ! y'a pas à dire mais un CR en photo ca vaut le détour : faudras que tu me rappelles où je l'ai vu ton olivier, je suis certain de l'avoir croisé quelque part ... mais où ?
Commentaire de raspoutine 05 posté le 26-10-2010 à 06:22:00
Fichtre ! Julien, t'es carrément ... Impressionnant ... Pas suffisant ... Extraterrestre ! Pour s'envoyer 2 IM après les soucis de santé que tu as eu ! Effectivement, ta carapace est solide !
Et puis, beau récit ; tu viens de me convaincre d'aller goûter un jour cette chope de l'arrivée.
J'attends ton récit d'Embrun avec impatience.
Mille bravos !
Commentaire de chorizo13 posté le 26-10-2010 à 10:13:00
d'enfer , je me suis eclaté a lire ton récit
merci de nous faire partager ces moments de sport et d'amitié
yves
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