Récit de la course : Trail de la Ste-Victoire 2004, par LTDB
L'auteur : LTDB
La course : Trail de la Ste-Victoire
Date : 20/3/2004
Lieu : Rousset (Bouches-du-Rhône)
Affichage : 3369 vues
Distance : 54km
Objectif : Pas d'objectif
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Le récit
La journée s'annonce radieuse...
Je m'apprête à entamer ma saison à l'occasion du Trail de la Ste-Victoire (54km-1700mD+/D-)...
J'effectue tranquillement la centaine de km entre mon domicile et le village de Rousset (13), lieu de départ et d'arrivée du trail...
Je vais y retrouver quelques NetTeamiens (Zenitramt, le GML et Serge) et un UFO (Bruyas)...
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes...
...et pourtant...
Pourtant y'à un truc qui cloche. J'ai comme une boule qui remonte du plus profond de mon être et qui me noue la gorge, m'empêchant de bien respirer. Que se passe t-il ?
Il ne m'a pas fallu une bien longue introspection pour en deviner la cause. Elle tient en un sigle : « EdM », et en une expression symbole de ralliement : « Franchir l'Horizon ».
Mais revenons quelques mois en arrière...
Durant le dernier trimestre 2003 l'Bourrin a eu l'idée géniale de vouloir mettre sur pied Franchir l'Horizon au profit des Enfants du Mékong. D'emblé je suis fana, je m'enquiers des dates et des tronçons et je commence à échafauder le parcours entre Toulon et Manosque. Il est vrai qu'au sortir des 100km du Spiridon Catalan qui furent un moment merveilleux je me sens invincible, je me crois capable d'enchaîner les ultras comme un poivrot engloutirait les ballons de rouge...
Et patatras... il y a eu les 4h du Pradet durant lesquels j'ai ressenti une violente douleur au mollet gauche. Ma fierté (ma connerie ?) m'ayant poussé à continuer, j'ai terminé l'épreuve avec un bout de bois à la place du mollet. Je stoppe donc durant les fêtes espérant que ces 2 semaines sabbatiques seraient suffisantes à ma rémission. Que nenni :-( Il n'en fut rien. Dès la reprise en CàP la douleur est réapparue. Je vais consulter un toubib et le verdict tombe : para-phlébite d'effort. Deux mois de traitement, plusieurs semaines d'arrêt de la CàP , reprise à l'issue sous certaines conditions, etc. Je suis abattu, brisé, anéanti...
Afin de ne pas déprimer je décide de rayer de mes prévisions toutes les distances d'ultra du premier semestre et de mettre un « ? » sur tous les trails mi-longs prévus. Ce qui veut dire que je jette l'éponge pour l'étape Toulon/Manosque de Franchir l'Horizon (120km) et que je renonce à ma participation aux 100km de Belvès. Une fois cette décision prise j'ai pris soin de sceller un lourd couvercle sur la marmite de mes désillusions afin de pouvoir me concentrer sur mon rétablissement.
Chemin faisant je reprends la CàP tranquillement et j'en réfère, comme convenu, à mon toubib. Il m'autorise une pleine reprise de mes activités en soulevant un petit bémol : limiter au maximum (pas plus d'1h30 / jour) les sorties CàP sur bitume, la répétitivité de la foulée pouvant être traumatisante pour un mollet tout juste rétabli. Tout est OK dans ma tête puisque j'ai depuis plusieurs semaines décidé de ne pas participer aux 2 ultras sur routes prévues. Et puis Franchir l'Horizon n'a pas encore débuté... Et puis je suis content quant à mon rétablissement...
Début mars, première fissure dans le couvercle. Première bouffée de mal-être... La caravane d'EdM vient de s'élancer à travers la France , des pôtes y participent... et je ne pourrais pas en être lorsqu'elle arrivera chez moi :-( Mais ça se passe pour l'instant à l'autre bout de l'hexagone... Et puis je pars une semaine en Savoie où je m'aère la tête... Bref, je n'y pense pas trop.
A mon retour de congés, la somme de travail en souffrance est telle que mon esprit est occupé dans la journée et bien fatigué le soir, si bien que même si les coureurs de Franchir l'Horizon se rapprochent à grandes enjambées de PACA, je parviens à rester détaché de l'évènement...
Mais ce matin, alors que je sillonne paisiblement des routes du centre Var pour me rendre à Rousset, le couvercle de la marmite a rompu sous la pression et toutes mes désillusions, mes peines et mes souffrances sont sorties comme le diable sort de sa boîte. J'ai pris tout ça en pleine figure comme une volée de bois vert et je suis sonné. La réalité m'assaille : c'est ce WE que Franchir l'Horizon traverse ma région... c'est ce WE que j'aurais dû courir pour épauler La Langouste , L'Toro, Superfondu et les autres... c'est ce WE que j'aurais dû apporter ma pierre à l'édifice d'EdM en prenant le relais à Toulon pour le conduire jusqu'à Manosque... c'est ce WE que j'aurais dû courir sur ces routes où je roule actuellement... c'est... c'est ce WE que j'ai failli :-(
Tiens, je viens de passer St-Maximin, lieu où se déroulera la Via Aurelia Trail début avril !
Cette anecdote me permet de penser quelques instants au parcours de cette autre épreuve que j'aurai plaisir à refaire cette année. Pendant quelques minutes ma souffrance se fait plus diffuse, me laisse un peu de répit... pour reprendre de plus belle quelques hectomètres après.
Finalement j'arrive à Rousset dans un bien triste état. Je gare ma voiture juste devant la salle des fêtes et j'essaie de recouvrer un peu mes esprits afin ne pas faire une tête d'enterrement au retrait des dossards. Je sors enfin de mon véhicule...
L'entrée dans la salle des fêtes fut pour moi synonyme d'apaisement. Voir tous ces bénévoles affairés à la mise en place de la logistique m'a fait le plus grand bien. Une folle envie de me faire plaisir sur ce trail est remontée à la surface. J'ai certes pas totalement exorcisé mon absence à Franchir l'Horizon (l'exorciserais-je un jour ?), mais j'en ai accepté le fait. Je suis donc serein, tant mieux !
Il est 7h15, le départ aura lieu à 9h00, ce qui m'a permit de voir l'excitation des gens (coureurs et organisateurs) augmenter régulièrement à l'approche de l'heure « H ». J'en ai goûté chaque seconde, surtout au fur et à mesure que les connaissances arrivaient. C'est ainsi que j'ai salué, dans le désordre, Zenitramt et son pôte José, Alain et Francis, Noël... et bien d'autres. Un coup d'œil sur la liste des engagés afin de voir si d'autres noms connus seront de la partie et je tombe sur celui de Karine HERRY. Je souhaite vivement qu'elle soit là afin de faire sa connaissance. Ca n'est pas tous les jours que l'on peut côtoyer une grande dame (grande par le talent bien entendu) de l'ultra.
Ce fut chose faite sur la ligne de départ, en compagnie de Bruyas mais également de Namasté, un autre UFO qui s'était bien gardé de nous faire part de sa participation à ce trail.
Après un premier pointage des participants le départ est donné. Il est 9h00 précises.
Je décide de courir le maximum possible jusqu'au premier point d'eau 12km plus loin, j'ai besoin d'évacuer une bonne fois pour toutes ce mal-être qui m'enveloppe encore. De ce fait, mis à part le petit raidillon pour nous faire grimper la barre du Cengle, je cours sans arrêt jusqu'au point d'eau où je rattrape Zenitramt (1h20 de course). Je rajoute un peu d'eau dans mon camelbak, bois deux gobelets et reprend la route. La montée vers le Prieuré par le sentier Imoucha nous attend (550mD+).
Je commence avec la ferme intention de rester humble dans cette première véritable difficulté. Mais je suis facile, ça monte mais je ne fatigue pas. Je reviens aisément sur Zenitramt juste au moment où son pôte José me rattrape. Ce dernier nous distance et je reste quelques temps avec Zenitramt jusqu'à une petite descente, suivie d'une portion plate où je cours... et où je le lâche un peu. Dans le dernier mur je continue sur un bon rythme et arrivé sous le Prieuré je me retourne mais ne vois plus Zenitramt (2h30 de course).
Je pensais l'attendre mais une jolie descente s'offre à nous et comme il n'est pas un aficionado de ce genre d'exercice je décide de partir seul. La descente en question vers les Cabassols par le chemin des Venturiers est sympa sur le début... mais pénible par la suite : chemin avec des dalles bétonnées fort pentu. Pas marrant du tout :-(. Sur la fin de la descente je rattrape José, juste avant d'arriver au premier ravitaillement solide (2h50 de course).
Je profite de ce ravitaillement pour retirer quelques cailloux de mes chaussures, refaire le plein de mon camelbak, prendre quelques quartiers d'orange et quelques morceaux de gruyère et m'hydrater correctement. Je reprends donc la route en direction du col des Portes par le vallon du Delubre.
En regardant les jours précédents la carte je me suis dit que cette portion avait de fortes chances d'être pénible. Et je me suis pas trompé : 8km d'une piste vallonnée fort monotone durant lesquels j'ai alterné marche et course. Mais ce qui m'a un peu affolé c'est que j'avais l'impression d'être tout mou, cotonneux, sans jus. Etrange... Je parviens toutefois jusqu'au col des Portes où se trouve un nouveau point d'eau (3h55 de course). Je m'hydrate abondamment et prends la direction du Pic des Mouches, dernière grosse difficulté.
J'ai tout de suite la confirmation que j'ai plus de pêche. Autant j'avais été « facile » dans la dure montée du Prieuré, autant là, alors que le pourcentage est moindre, je suis scotché. Tant pis, je prends sur moi. C'est à mon mental que donne les rennes en lui indiquant où se trouve le sommet : conduis-moi là haut ! J'y arrive, lucide, après 4h35 de course. Que la vue est belle ici ! Je regarde au loin, en direction de la caravane « Franchir l'Horizon » et je leur envoie mentalement tous mes souhaits de réussite, ponctué d'un « Qu'est-ce que j'aurais aimé être des vôtres aujourd'hui ! »
Un organisateur avertit par walkie-talkie le PC course de mon passage puis me dit que c'est tout schuss jusqu'à Puyloubier. Oui mais tout schuss comment ? Car je vois bien le village en dessous... et je vois aussi que la pente paraît par endroits hallucinante... Advienne que pourra ! La seule chose qui me chiffonne c'est que je ressens comme une brûlure sous le talon droit. Une ampoule serait-elle en train de s'allumer ?
Les 200 premiers mètres de D-, jusqu'à l'oratoire de Malivert, se passent sans encombre. C'est un joli sentier, certes fort empierré, mais agréable, sur lequel je trottine. Mais arrivé à l'oratoire, on bascule tout droit sur Puyloubier. 400m D- en moins de 2km par un sentier bien glissant. Je décide de faire le cabri sur les grosses pierres plates se trouvant de part et d'autre du sentier car elles me paraissent moins glissantes. Je pense avoir fait le bon choix car j'arrive sans encombre au bas de ce toboggan. Sans encombre musculairement parlant mais pour ce qui est de l'ampoule c'est pas pareil : j'ai tout l'arrière du pied en feu. Chaque appui est douloureux et il me reste encore 12km à faire lorsque je parviens au dernier ravitaillement, à Puyloubier (5h10 de course).
Là aussi je prends 5 bonnes minutes pour m'hydrater et pour me décider si je continue ou pas, la brûlure étant de plus en plus handicapante... Il m'a simplement fallu penser à deux sigles pour balayer les doutes qui pouvaient persister :
- EdM : si j'avais participé à l'étape Toulon / Manosque, aurais-je abandonné ? Non. Donc je continue !
- CTU : j'ai fait que 42km et donc je peux pas « scorer » à la CTU. Donc je continue !
Je quitte donc Puyloubier pour 12km qui furent un vrai calvaire (1h30 pour les faire). Tout d'abord 2km de montagnes russes par le vallon de l'Aigle. J'en bave dans chaque bosse et ça me brûle dans chaque descente, mais je serre les dents. S'en suivent ensuite une dizaine de km interminables, au milieu des champs de vignes avant d'arriver enfin à Rousset et de franchir la ligne, main dans la main avec un gars avec qui je faisais le yoyo depuis Puyloubier, après 6h48'09'' de périple.
Après 2 bonnes bières bien fraîches et une bonne douche bien chaude, me voilà changé et à la recherche de quelqu'un pouvant soigner mon ampoule car je ne me vois pas conduire jusqu'à chez moi dans cet état (j'ai 1h15 de route à faire). Je demande aux pompiers et ils me montrent le docteur. En guise de docteur, une charmante doctoresse qui s'est parfaitement occupée de mon pied. Une fois fait je retourne dans la salle des fêtes pour aller manger. Je m'aperçois qu'il y avait également de charmantes kinés. Dommage que mes muscles soient OK car je me serai bien laissé tenter ;-)))))))
A table, sympathique repas, tirage au sort de dossards gagnants (et pour la première fois de ma vie j'ai été choisi), échange d'impressions avec les participants, remerciements auprès des organisateurs, connaissance de Mme Zenitramt, etc.
Il est 18h00 lorsque je salue les connaissances encore présentes et me décide à rentrer chez moi, satisfait de ma journée. Satisfait bien entendu que mon mollet ait tenu, satisfait de mon chrono malgré le manque de foncier, mais surtout satisfait d'avoir accepté que la caravane d'EdM ait traversé ma région sans que j'en fasse partie. Mais la vie est ainsi faite et nul doute que d'autres initiatives de cet acabit verront le jour dans l'avenir et là j'en serai !!!!
Maintenant le regard est tourné vers la Via Aurélia dans 2 semaines, mon inscription est partie ce matin.
Amicalement.
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